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LE

CONVENTIONNEL JACOB DUPONT

Notre savant collaborateur, M. Aulard, a, dans le dernier numéro de la Révolution française, consacré une intéressante notice à Jacob Dupont, député d'Indre-et-Loire à la Convention, où il fit profession d'athéisme. Il a constaté que les renseignements biographiques manquaient sur ce personnage, qui mérite une place parmi les originaux du dix-huitième siècle, et il a convié les érudits à faire des recherches à ce sujet (1). Je réponds à cet appel en apportant un document nouveau que j'ai trouvé dans la collection Dubrunfaut et qui se rattache au fait suivant, déjà signalé par M. Aulard.

Au mois de pluviôse an VI, Jacob Dupont demanda la salle du Manège pour y établir des cours d'agriculture, de morale, etc. Dans sa séance du 11 de ce mois (2 février 1798) le conseil des Cinq-Cents statua sur cette demande et passa à l'ordre du jour. On ignorait ce qu'il advint par la suite. C'est ce que nous apprend la pièce suivante, dans laquelle Jacob Dupont annonce aux électeurs du département de la Seine, qui allaient se réunir en assemblée, qu'il commencera, le 20 germinal

(1) On ne connaît en effet sur ce conventionnel que ce que rapporte le Moniteur et le portrait satirique tracé par son collègue Mercier dans son Nouveau tableau de Paris et reproduit par M. Aulard. Je n'ai jamais vu d'autre autographe de Jacob Dupont que celui de la collection Dubrunfaut.

(9 avril 1798), un cours public et gratuit sur l'agriculture, les arts, la logique, la morale, les mathématiques, etc., dans la ci-devant église de Notre-Dame, à quatre heures du soir. Il invite les électeurs à assister à sa leçon d'ouverture:

« Aux électeurs du département de la Seine.

«Citoyens électeurs, j'ouvrirai aujourd'hui 20 germinal, jour de votre réunion, un cours public et gratuit sur l'agriculture que j'ai pratiquée pendant dix années, sur le commerce que j'ai appris à Bordeaux, sur les arts que j'ai appris comme Diderot, sur la logique de Condillac, sur les éléments de morale, extraits de la Philosophie de d'Alembert, sur les mathématiques pures, sur la mécanique, l'hydrodynamique, l'astronomie, l'optique ; après avoir conduit mes élèves aux cours de botanique, d'histoire naturelle, de chimie, de physique expérimentale et d'anatomie des professeurs au Jardin des Plantes, je leur en présenterai des résultats dans des répétitions ou conférences.

« Je terminerai le cours par la lecture du tableau historique des progrès de l'esprit humain par Condorcet, mon collègue aux Assemblées législatives et conventionnelles, mon intime ami.

« Mon projet est de former, dans un petit nombre d'années, un grand nombre d'instituteurs publics, pour la France, pour l'Europe, pour les deux mondes.

<< Il n'y a point dans le monde un aussi bel établissement; je le commencerai, je le finirai à Paris. Il mérite d'être protégé par vous, citoyens, par vos successeurs, que j'espère inviter à assister aux exercices publics que je présiderai et qui prouveront mes succès et ceux de mes élèves.

<< Je vous invite, citoyens, à me faire l'honneur d'assister à l'ouverture de ce cours; je le ferai dans la ci-devant église de

Notre-Dame, à quatre heures du soir puisse cette heure concourir heureusement avec le dépouillement d'un de vos scrutins.

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Tatre dévoué Concitoyen-
Jacob Dupont.

Combien de temps dura ce cours, c'est ce que j'ignore. Je me borne à apporter ce document et le fac-similé de l'écriture de l'ami et disciple de Condorcet. J'espère que des érudits du département d'Indre-et-Loire retrouveront la date de naissance de Jacob Dupont et nous fourniront de plus amples renseignements sur ce conventionnel.

ÉTIENNE CHARAVAY.

DÉPUTÉS DE TOULOUSE

A L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE

DU 5 MAI 1789 AU 30 SEPTEMBRE 1791.

Il est assez difficile de reconstituer l'histoire de la Révolution dans les 83 départements; Paris absorbe en quelque sorte l'attention et, d'un autre côté, les documents existent peu ou point dans les archives départementales et dans les mairies. A Toulouse, notamment, la partie des archives afférente à la Révolution n'est pas encore mise à jour, et la passion politique durant les années de réaction royaliste qui ont succédé à l'empire, a satisfait, en brûlant les documents, la haine qu'elle avait conservée pour les hommes.

Ce ne sera donc que par des reconstitutions lentes et pénibles qu'il sera possible d'écrire l'histoire si intéressante du mouvement révolutionnaire en province.

Voici, pour commencer, les noms des députés toulousains à la Constituante avec leurs adresses à Paris, adresses que nous avons relevées sur les listes tenues dès 1789 par les huissiers de l'Assemblée, afin de faire parvenir au domicile de chaque député les lettres et paquets.

Clergé.

François DE FONTANGES, archevêque de Toulouse.

de Chabannettes, curé de la paroisse Saint-Michel, 492, rue Saint-Honoré.

GAUSSERAND, curé de Rivière en Albigeois, aux Capucines,

425.

PONS, curé de Mazamet, 492, rue Saint-Honoré.

Noblesse.

Le marquis DE PANAT, chez M. de Larochefoucauld, rue des Saints-Pères.

DE MAUREINS, président à mortier du Parlement de Toulouse. Le marquis d'AVESNE DE SAINT-ROME, rue de la Chaise, 23. Le marquis D'ESCOULOUBRES.

Tiers Etat.

RABY DE SAINT-MÉDARD, citoyen de Castelsarrazin, rue de la Madeleine de la Ville-l'Evêque, 26.

DEVOISINS, avocat au Parlement, citoyen de Lavaur, rue de la Madeleine de la Ville-l'Evêque, 26.

MONSINAT, avocat au Parlement de Toulouse.

CAMPMAS, docteur en médecine, citoyen de Montpellier, chez M. de Penthièvre, hôtel de Toulouse.

FOS DE LA BORDE, docteur en médecine, maire de Gaillac, rue des Fossoyeurs, hôtel de Provence.

DE LARTIGUE, lieutenant général de la sénéchaussée du Languedoc, 376, rue Saint-Honoré.

VIGUIER, avocat au Parlement de Toulouse, rue Feydeau, 21. ROUSSILLON, négociant à Toulouse, rue Richelieu, hôtel de Béarn.

4° ANNÉE. -li.

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