Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

RÉVOLUTION

ment.

[ocr errors]

FRANÇAISE

REVUE HISTORIQUE

DIRIGÉE PAR

AUGUSTE DIDE

[ocr errors]

SÉNATEUR.

COMITÉ DE RÉDACTION

[ocr errors]

J.-C. COLFAVRU, ancien représentant du peuple.

[ocr errors]

CARNOT, senateur, membre de l'Institut. ÉDOUARD CHARTON, sénateur, membre de l'Institut. JEAN MACÉ, sénateur, président de la Ligue de l'enseigneE. BRELAY, ancien ANATOLE DE LA FORGE, député de Paris. BORDIER, bibliothécaire honoraire à la Bibliothèque nationale. AUGUSTE DIDE, sénateur du Gard. - ÉTIENNE CHARAVAY, archiviste-paléographe.

conseiller général de la Seine.

- HENRI

[ocr errors]

TOME HUITIEME

JANVIER-JUIN 1885

[ocr errors]
[merged small][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][ocr errors][subsumed][merged small][graphic][subsumed][merged small][merged small][merged small]
[ocr errors][ocr errors]

LA RÉVOLUTION

FRANÇAISE

EUGÈNE PELLETAN

La démocratie militante et la République viennent de perdre un de leurs plus fermes et de leurs plus vaillants serviteurs. Eugène Pelletan est décédé au palais du Luxembourg, le 13 décembre dernier, frappé par une apoplexie foudroyante, à l'âge de soixante et onze ans.

Il appartenait à cette phalange de penseurs, d'écrivains, d'apôtres convaincus et désintéressés, plaçant au-dessus de tout l'amour de notre glorieuse et grande patrie, qui firent la Révolution et la République de 1848 et qui, après le triomphe du crime du 2 décembre 1851, restèrent inébranlables, stoïques dans leur foi politique, parce que, élevés dans l'étude et dans le culte de notre héroïque tradition de 1789 et de 1792, ils croyaient dans la morale supérieure et dans la suprématie nécessaire du principe de la souveraineté du peuple, et qu'ils ne concevaient pas, en dehors de la pratique rationnelle, loyale de ce principe, la réalisation de leurs aspirations de liberté, d'égalité, de justice, de fraternité.

C'est pour cela qu'on peut dire de lui qu'il descendait en droite ligne des hommes qui ont couronné d'un éclat et d'une

4C ANNÉE.— II.

37

gloire impérissables les dix dernières années du dix-huitième siècle. C'est pour cela qu'il poursuivit d'une haine implacable le second crime des Bonapartes contre la Révolution française, le crime du 2 décembre, cette débauche de sang, de pillage, de honte et de trahison.

Aussi, quand nous allâmes à lui, il y a quatre ans, à la veille du jour où devait paraître notre Revue, la Révolution française, et qu'il connut notre programme, son inspiration et son but, ce fut avec le plus vif témoignage de sympathie et de reconnaissance qu'il accepta, dans notre comité de patronage et de rédaction, la place que nous lui offrions entre ses vieux compagnons de lutte et les hommes plus jeunes qui ont puisé aux mêmes sources leur vénération et leur dévouement pour les principes, les grandeurs et les exemples de notre généreuse épopée révolutionnaire.

On a rappelé, dans la presse, la collaboration ardente de Pelletan dans tous les journaux qui, après le 2 décembre, avaient relevé le drapeau de la revendication et de la République; ses vigoureux articles au Siècle, au Courrier du Dimanche, qui lui firent une si légitime popularité.

On a rappelé sa double élection au Corps législatif en 1863 et en 1869, sa noble et fière attitude en face de ce Parlement frelaté et misérable de l'empire; sa modeste et laborieuse activité au sein du gouvernement de la Défense nationale; enfin, son influence bienfaisante dans cette pénible conquête de la République sur la conjuration monarchique, depuis le 12 février 1871 jusqu'à la chute des conspirateurs du 16 mai. Nous n'y reviendrons pas, mais nous ajouterons à tous les hommages rendus à la mémoire de ce noble caractère, de ce fier esprit, un souvenir qui nous paraît mériter de ne pas disparaître dans l'oubli.

Après son entrée au Corps législatif, Eugène Pelletan avait remarqué un camarade de résistance dans la bataille engagée contre l'empire; ce camarade légion s'appelait la franc-macon

« PreviousContinue »