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Poste aux chevaux (1), après avoir écrit deux lettres. Par la première, il rétracte son arrêté de la veille et déclare aux autorités locales qu'il meurt de sa propre main pour épargner un crime à l'ignorance et à l'aveuglement : « Je sors de la vie avec un héritage de probité que je transmets à mes enfants, ainsi que je l'avais reçu de mon respectable père. »

Dans la seconde lettre, adressée aux comités du gouvernement, il s'exprime avec une énergie pleine de sang-froid : « Je n'ai pas été lâche en rendant un arrêté inexécutable; je voulais épargner beaucoup de sang et ne verser que le mien. J'avais même refusé pendant quatre heures avec courage cet arrêté insensé, lorsque la prudence, qu'on appellera faiblesse, me l'a fait accorder. Ma mort volontaire sera plus utile à mon pays qu'un assassinat. Mais avant de quitter la vie, j'ai voulu éviter à la Convention la peine de rapporter cet acte violenté, en le rétractant moi-même par ma lettre aux autorités constituées. Je meurs content de moi. »

La Convention rendit hommage à la mémoire de Tellier; le député Trouvé fit son éloge.

Son portrait a été gravé en 1790 dans la collection Dejabin et en l'an IV dans la collection Bonneville. En l'an IV aussi, Palloy fit frapper une médaille à l'effigie de Tellier, dont il adressa une épreuve à tous les représentants du peuple, avec une lettre imprimée, datée de Sceaux le 5 brumaire (2).

Outre les comptes rendus, rapports et brochures politiques qu'on a de ce Conventionnel, il est l'auteur d'un opuscule de 70 pages in-24 publié à Paris, chez Baudoin, en 1793, sous ce

(1) Acte de décès du 3o jour complémentaire de l'an III; archives municipales de Chartres.

(2) Il existe deux variétés de cette médaille en plomb et étain, au nom de A.-C. Letellier (sic), avec une inscription au revers faisant connaître que le plomb provient des balles tirées le 5 octobre 1795 par la garde nationale de Paris contre les troupes qui défendaient la Convention. (Voy. Hennin, histoire numismatique de la Révolution; Paris, Merlin, 1826, in-f°, p. 464 et planches 671-672).

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Quelques pensées extraites de divers moralistes pour

servir à l'homme de la nature devenu l'homme social.

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Jean-Nicolas Viquy est né à Commercy le 28 novembre 1737. L'acte de son baptême le dit fils de Jean Vicquit (sic) et d'Angélique Martin, sans autre indication.

En 1792 il exerçait à Bray-sur-Seine la profession de « tailleur de corps de femmes,» possédait quelque bien et jouissait dans cette localité d'une considération qui le fit nommer maire, puis député à la Convention.

Viquy vota avec la minorité des conventionnels lors du jugement de Louis XVI, et demanda l'appel au peuple.

Son instruction était fort incomplète, mais il avait un sens droit et le raisonnement juste. Envoyé en mission, il s'y comporta en homme de cœur et rendit compte de sa conduite dans une brochure publiée par ordre de l'Assemblée (imp. nat., therm. an III, in 8°). Sa signature figure au pied des lois et décrets imprimés à cette époque : il était inspecteur aux procèsverbaux de la Convention.

Après avoir continué de siéger au conseil des Cinq-Cents, en vertu de la Constitution de 1795, Viquy fut nommé par l'Assemblée électorale de Seine-et-Marne haut-juré près la hautecour de justice (28 germ. an VI). Il était encore investi des fonctions de président de l'administration municipale du canton de Bray lorsque, le 28 prairial an VIII, le premier consul le nomma membre du conseil général de Seine-et-Marne; mais il préféra se retirer à Orléans, où un emploi venait de lui être offert dans l'administration forestière.

Jean-Nicolas Viquy est mort dans cette dernière ville, chez son fils, le 10 septembre 1814 (1).

(1) Ce fils, épicier à Orléans, était né à Bray en 1776.

4e ANNÉE. — II.

TH. LHUILLIER.

70

LES

LUNDIS RÉVOLUTIONNAIRES

ET LA PRESSE DE PROVINCE

Dans une de ses dernières chroniques notre directeur M. Dide annonçait comme un fait prochain la publication dans les journaux républicains de province, d'études consacrées à faire connaître la Révolution; nous voyons avec plaisir que beaucoup de feuilles départementales sont entrées dans cette voie et préparent ainsi le centenaire.

A Paris, nous avons trois journaux importants qui consacrent des études hebdomadaires à la grande époque. C'est la Justice, où la critique révolutionnaire est traitée par un membre éminent de l'Université qui se cache sous le pseudonyme de Santonnax, c'est la République française où M. Marcellin Pellet tient brillamment la place créée par Georges Avenel et enfin c'est la République radicale qui publie le cent treizième Lundi révolutionnaire de M. Jean-Bernard.

Nos lecteurs savent que les Lundis révolutionnaires de M. Jean-Bernard sont l'histoire anecdotique, racontée semaine par semaine, des années de la Révolution; ces semaines ainsi publiées dans le journal deviennent des volumes sous le titre d'Histoire anecdotique de la Révolution française, dont le premier volume comprenant l'année 1789 a atteint déjà sa sixième

édition. Ce succès prouve qu'il y a un public nombreux préparé aux lectures de l'histoire de la Révolution.

Du reste la province ne reste pas en arrière et nous aurions cru difficilement aussi grand le nombre de journaux qui ont entrepris la publication des Lundis révolutionnaires de M. Jean-Bernard, si nous n'avions relevé nous-même la liste. suivante sur les registres de reproduction de la Société des gens de lettres.

Voici les noms de ces journaux qui font ainsi œuvre de propagande républicaine dans la meilleure acception du terme.

L'Union républicaine (Albi), le Patriote de l'Ouest (Angers), le Petit Patriote de l'Ouest (Angers), la République du Morvan (Autun), le Bulletin de Vaucluse (Avignon), l'Impartial (Blois), l'Authie (Doullens), l'Union républicaine (Fontainebleau), l'Avenir (Foix), la Voix du peuple (Montluçon), l'Union républicaine (Mâcon), l'Avenir du Rouergue (Millau), le Journal de Paimpol (Paimpol), la Gazette populaire (Nancy), le Mémorial des Deux-Sèvres (Niort), le Petit Rennois (Rennes), l'Avenir du Lot (Saint-Céré), l'Écho de l'Auxois (Semur), le Courrier de l'Yonne (Sens), l'Indépendant de la Charente-Inférieure (Saintes), le Patriote de la Charente (Saintes), l'Union Sarlovloise (Sarlot), le Journal de Tournus (Tournus), lé Bon citoyen (Tarare), la Réforme du Nord (Valenciennes), l'Écho des Cévennes (le Vigan), le Journal de Valence (Valence).

Comme on le voit, l'idée qui a été émise ici même est féconde en résultats et les journaux que nous venons de citer sont autant de propagateurs du centenaire qui se trouvera ainsi tout préparé, grâce aux efforts collectifs de tous les républicains.

Il faut du reste reconnaître que les Lundis révolutionnaires de M. Jean-Bernard, écrits dans une langue sobre et alerte, sans pédantisme ni boursouflure, sont on ne peut mieux taillés pour la reproduction. Ils retracent semaine par semaine, en faisant coïncider les dates comme pour les éphémérides, les événe

ments de la grande époque. A la suite de l'auteur nous pénétrons pour ainsi dire dans les coulisses de la Révolution, nous suivons les hommes célèbres dans leur cabinet de travail, dans les salons, dans les boudoirs, aux clubs, dans les coulisses des assemblées et dans la rue les jours de fièvre populaire. Comme l'a écrit M. Jules Claretie : « avec M. Jean-Bernard, le lecteur a l'illusion qu'il voit la Révolution. » C'est ce qui explique l'énorme propagande que font les journaux de province de cette œuvre de fière allure qui devient de jour en jour une œuvre populaire et qui nous aide dans l'accomplissement de la tâche que nos amis se sont proposée sur les divers points de la France.

HENRI PASSERIEU.

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