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que

Malte qui fut fait prifonnier, ainfi trois cents hommes qu'il avoit fous fes ordres.

On fit également prifonniers à Bologne, le cardinal-légat, avec tous les officiers de l'état-major. A Ferrare, le cardinal-légat & le chevalier de Malte qui commandoient ce fort, furent pareillement faits prifonniers de guerre; ce dernier château renfermoit cent quatorze pièces de canon, Après la prifé de Bologne, une divifion française s'étoit portée fur Faënza, dont la conquête, ainfi que celle de Ferrare, devoit produire celle de la Romagne. Une autre colonne fe portoit à travers les Apennins fur Florence, pour marcher enfuite fur Rome: ces difpofittions achevèrent de jeter l'épouvante dans l'ame du pape, du roi de Naples & du grand duc de Tofcane qui, malgré la neutralité qu'il auroit dû obferver, avoit conftamment favorifé les Anglais dans le port de Livourne.

Bonaparte réfolut de mettre un terme

de

à cette partialité, en plaçant une garnifon dans Livourne. Cette entreprise, pour être exécutée fans verfer une goutte fang, exigeoit beaucoup d'adreffe; le général français eut recours à la ruse. Le grand duc, qui avoit été alarmé en le voyant approcher de fes Etats, lui dépêcha fon premier miniftre, pour lui obferver que le paffage par la Toscane ayant été refufé aux troupes napolitaines, la juftice exigeoit que les Français, en fe rendant fur le territoire du pape, ne violaffent -pas celui d'une puiffance neutre. Ce n'étoit pas fimplement le paffage des troupes françaises fur fon territoire, que le grand duc redoutoit, mais ce qu'il appréhendoit particulièrement, c'étoit la présence du foldat français dans Florence, & quand Bonaparte, poursuivant fon deffein fecret, dit au plénipotentiaire qu'il éviteroit cette capitale, en dirigéant fa marche fur Pise, il s'en retourna très-fatisfait, ne se doutant nullement de ce qui alloit arriver.

Le 8 meffidor, la divifion du général

Vaubois arriva à Pistoïa: elle passa l'Arno le lendemain à Fuchéchio. Alors les Français, au lieu de fe diriger sur Pise, prirent la route de Livourne, où ils entrèrent le 10 meffidor. Malgré le fecret avec lequel. cette expédition avoit été dirigée, les. Anglais en avoient fans doute été informés ; quarante bâtimens de cette nation fortirent du port deux heures avant l'arrivé de Bonaparte qui, ne craignant plus d'obstacles, prévint le grand duc de fon expédition, par une lettre dans laquelle, en se plaignant des vexations que les Français éprouvoient dans ce port contre le droit des gens; il l'affuroit que le parti qu'il étoit obligé de prendre ne troubleroit point l'harmonie qui régnoit entre la France & les Etats de Tofcane. :

Ce général fit arrêter le chevalier Spannachi

, gouverneur de la ville, accufé non feulement d'avoir favorifé le départ des Anglais, mais d'avoir fait tous fes efforts pour foulever le peuple, en lui représen

pas

tant que le petit nombre des Français arrivés dans Livourne pouvoit facilement être opprimé & défarmé. Ne voulant le punir lui-même, Bonaparte s'adressa au grand duc pour qu'il en fît juftice; & après s'être emparé dans Livourne, de tous les effets appartenans aux Anglais aux Ruffes & aux Autrichiens, il y laiffa une forte garnifon, fous le commandement du général Vaubois, & regagna fon armée en paffant par Florence, où il fut reçu grand due avec les témoignages de la plus intime cordialité & de la plus haute diftinction.

du

Le général français étoit alors la feule puiffance qui dominât en Italie; auffi employa-t-il tout fon pouvoir à confolider la nouvelle république qu'il avoit créé, & le peu de loifir que fes occupations & les Autrichiens lui laiffoient encore pour trai ter avec le pape & le roi de Naples qui désespérés des triomphes des armées françaises, & terrifiés, comme nous l'avons

dit plus haut, ne crurent pas devoir différer davantage d'entrer en accommodement avec la république françaife.

Le pape abandonnoit à la France les légations de Ferrare & de Bologne, & toutes les côtes maritimes du Golphe adriatique, depuis les bouches du Pô jusqu'à la citadelle d'Ancône. La cour de Naples promettoit huit millions, ou des munitions navales pour cette fomme; en conféquence, un armistice fut accordé à ces deux puiffances, qui s'emprefsèrent. d'envoyer, chacun de leur côté, des miniftres à Paris, pour négocier avec le Directoire un traité définitif.

Le prince Pignatelli fut chargé des négociations de Naples. La cour de Rome avoit choifi les prélats Vangelifti & Pétrachi, deux hommes confommés dans la politique, & que fa fainteté avoit honorés de fa confiance, dans la ferme perfuafion qu'ils viendroient à bout d'adoucir, près du gouvernement français, les conditions onéreufes qui lui étoient impo

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