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famer des négociations définitives. Ce fut fur ces entrefaites que la faction qui dominoit le collége des cardinaux, ayant la ferme affurance que Wurmfer alloit rendre fon ancienne face à l'Italie, décida le pape árompre l'armiftice qui exiftoit entre lui & la France, & à contremander les fommes d'argent & les antiques qui venoient de partir pour la France.

Les chofes furent pouffées plus loin, beaucoup de Français furent infultés & maltraités dans Rome, & fa fainteté ofa charger le prélat Lagreca de prendre poffeffion de Férrare. Cette tentative ne fut pas heureufe: ce légat avoit à peine fait placer les armes papales fur la porte principale du palais, qu'il fe manifefta une fermentation confidérable parmi le peuple, & que la municipalité fit remplacer les armes de la république au lieu d'où le légat les avoit fait enlever. Lagreca, informé presque dans le même moment que les Français, au lieu d'être battus par Wurmfer, venoient de tailler en piè

ces les Autrichiens, crut prudent de fortir incognito de Ferrare, & de regagner Rome, où il fe croyoit plus en sûreté pour machiner la perte de l'armée de la république ; mais, au lieu de réuffir dans leurs deffeins, on verra bientôt que ce prélat & les autres cardinaux de fon bord entraînèrent la ruine du trône pontifical, & particulièrement celle du chef de la chrétienté qui, s'il n'eût été mal conseillé, eût probablement terminé en paix le reste de sa carrière au Vatican, & en s'épargnant bien des maux, eût également épargné à quelques dominateurs de la France la honte ineffaçable d'avoir inhumainement traîné de ville en ville & de fupplice en fupplice un vieillard refpectable aux yeux des hommes, refpectable aux yeux des rois, & dont l'humiliation ne pouvoit être un régal que pour le cœur d'un Jacobin. Mais n'anticipons point fur ces événemens majeurs ; avant que le fucceffeur de S. Pierre foit détrôné, il fe fera encore des négociations entre lui & le chef de l'armée d'Italie,

& les nouveaux fuccès de Bonaparte nous amèneront bientôt à en rendre compte.

Nous avons vu deux armées autrichiennes

anéanties par l'armée d'italie, & leurs généraux Beaulieu & Wurmfer continuellement battus; bientôt l'Autriche donna au général français un nouvel adverfaire à combattre, & une nouvelle armée à vaincre. La cour de Vienne fit choix du feld maréchal marquis d'Alvinzi, pour remplacer Wurmfer renfermé dans Mantoue. Desefforts prodigieux avoient été faits dans toutes les provinces autrichiennes pour opposer une troisième armée à Bonaparte, & Alvinzi, favorisé par le fénat de Venise qui lui facilitoit le paffage fur fon territoire, se trouva, dans les premiers jours de vendémiaire, à la tête de plus de quarante mille hommes, entre le Tagliamento & la Piave, deux fleuves qui defcendant des Alpes noriques, & fe jettent dans le golfe de Venife, entre les lagunes vénitiennes & celles d'Aquilée. L'intention d'Alvinzi étoit de s'approcher de l'Adige pour opérer fa jonction

avec les débris de l'armée de fon prédéceffeur, difféminés derrière l'Arifio, dans les montagnes qui féparent le Tirol du Vicentin.

Voulant s'établir à Caftel Franco, un parti autrichien fe hafarda de paffer à la droite de la Piava; mais Maffena, dont le quartier étoit à Baffano, depuis la déroute de Wurmfer, charge le chef de brigade Leclerc de l'en chaffer; cet officier tombe fur l'ennemi fi à propos & avec tant de précipitation, qu'il fe retire promptement à la gauche de cette rivière.

De fon côté, le général Vaubois contenoit l'ennemi derrière l'Arifio, mais les postes fe trouvant trop difféminés, le général en chef, pour tenir tête à un adverfaire fupérieur en forces fut obligé, comme il avoit déjà fait précédemment, pour défendre la ligne de l'Adige & les bords du lac de Garda, d'abandonner Vicence, Baffano, Trente & Rovérédo.

Les 12, 13 & 17 brumaire, il s'enga. gea plufieurs combats fur les rives de l'A

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dige; celui de Caldero, qui eut lieu le & dans lequel Augereau & Massena, conduffirent leurs divifions à la victoire, ne fervir qu'à augmenter encore la réputation de ces deux généraux, auffi intrépides foldats qu'officiers habiles. Bonaparte, abandonnant la conduite du fiége de Mantoue au général Kilmaine, s'approcha de l'Adige, & le 24 brumaire, l'armée française & l'armée autrichienne fe trouvèrent en préfence.

L'aîle droire des Autrichiens conduite par Davidovik fe trouvoit à la droite de l'Adige, entre ce fleuve & le lac: fon centre & fon aîle gauche occupoient fur la rive gauche du fleuve, la route qui conduit à Vicence. La droite des Eran ais étoit commandée par Maffena, la gauche par Vaubois, & le centre par Augereau.

Pendant la nuit du 24 an 25, le général français fit jeter un pont de bateaux fur l'Adige, entre les villages de Ronco & d'Albaredo. Les deux divifions d'Augereau & de Maffena avoient paffé à la gauche du

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