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place, malgré les efforts des grenadiers autrichiens, chargés de protéger la retraité de leur général.

Marchant précipitamment & fans re fâche avec les débris de quelques bataillons de grenadiers, Wurmfer rejoignit une divifion de cinq mille hommes de cavalerie, & de cinq mille hommes d'infanterie, qu'il avoit, comme on a pu le remarquer plus haut, envoyée entre Vicence & Vérone, pour inquiéter Bonaparte ; c'étoit-là tout ce qui reftoit au feld-maréchal, de fon armée & de celle de Beaulieu fon prédéceffeur.

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La divifion du général Augereau s'étant rendue le 23 à Padoue, s'empara des bagages de l'armée autrichienne, & de quatre cents hommes qui les efcortoient. Wurmfer fe trouvoit entre l'Adige & la Brenta'; il lui étoit impoffible de franchir la dernière de ces rivières, défendue par les deux tiers de l'armée française; il ne lui reftoit de reffource que de fe jeter dans Mantoue. Bonaparte qui avoit prévu les intentions

du général ennemi, avoit laiffé dans Vérone le général Kilmaine avec une garnifon peu confidérable, il est vrai, mais qui manœuvra avec tant d'habileté, , que les efforts que fit Wurmfer pour pénétrer dans cette ville furent infructueux. Il apprit même le 23 au foir, que Maffena étoit à fa pourfuite; & touchoit aux murs de Vizence; n'ayant pas un moment à perdre pour éviter le malheur de fe voir couper, le maréchal fila toute la nuit le long de l'Adige, qu'il fit paffer à fes troupes à Porto Legnano, qui n'étoit plus occupé par les Français.

Il y a cinquante milles de Porto Legrano à Mantoue. Il faut traverfer la Nichafola, le Ménago, le Tartaro, le Tregnone & la Mollinella. La divifion de Maffena paffa l'Adige à Ronco fur un pont de bateaux', le 24 au foir : elle avoit ordre de fe porter rapidement à Sanguinetto, entre le Tréguone & le Ménago, pour couper le paffage à Wurmfer, tandis que le général Sahuguet, qui étoit devant Mantoue, de

voit détacher cinq mille hommes de fort corps pour s'emparer de Gouernolo & de Caftellara, pour couper tous les ponts fur le Tartaro & la Mollinella.

Pour se rendre de Ronco à Sanguinetto il y a deux chemins; l'un par la gauche en fuivant l'Adige coupe à Cerca la route de Porto Legnano à Mantoue, l'autre conduit directement de Ronco à Sanguinetto, Il falloit prendre le dernier chemin; les guides auxquels on fe confia conduifirent les Français fur Cerca, où l'avant-garde française arriva lorfque les Autrichiens paffoient le Ménago

Après avoir paffé certe rivière fans être inquiété que par la crainte d'être ferré de près, Wurmfer marcha toute la nuit du 24 au 26 fur Mantoue avec une telle rapidité, mettant fes fantaffins en croupe derrière fes cavaliers, qu'il arriva à Nogara, fans que la divifion de Maffena qui le fuivit à la hâre, pût le rejoindre. Arrivé là, il apprit qu'une divifion française l'attendoit pour lui barrer le paffage à Caftellaro,

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& que les ponts fur la Molinella venoient d'être coupés; Wurmfer, auffi froid qu'intrépide dans le danger, fe porte auffitôt fur le pont de Villa-Impensa; le général Charon se présente au même instant pour couper ce pont & lui fermer la marche; une action très-vive s'engage entre les Autrichiens & les Français; mais ces derniers ayant perdu le général Charon qui combattoit à leur tête, fe replient & laissent le paffage libre à Wurmfer, qui fe jette enfin dans Mantoue avec le peu de foldats qui lui restoient.

Bonaparte, informé de cet événement, crut devoir n'en preffer que plus vivement le fiége de cette place, dont la reddition lui paroiffoit nécessaire avant que de porter fes armes dans le cœur de l'Autriche comme il en avoit le projet, & fe foucia fort peu des ridicules préparatifs de guerre que le pape faifoit faire contre lui dans Rome; car il eft bon d'observer ici que l'arrivée de Wurmfer en Italie, les premiers fuccès qu'il avoit Tome XVI. 4°. Part.

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obtenus & la levée du fiége de Mantoue, avoient: occafionné une telle allégreffe à tous les ennemis des Français, dans ces climats, qu'on ne doutoit plus qu'ils n'en fuffent incontinent expulfés, ou qu'ils ne trouvaffent enfin leur tombeau dans les lieux mêmes chargés de leurs trophées. Cet efpoir confolant pour fa fainteté & pour fon nombreux clergé, étoit cause que le fubfide qui lui avoit été impofé, & les chefs d'œuvres de l'art qu'il envoyoit à Paris, avoient été arrêtés en route lorfqu'ils fe rendoient à leur deftination.

Le Directoire de France ayant renvoyé, ainsi qu'on fe le rappelle, les plénipotentiaires romains Petrachi & Vangélisti, on avoit effayé de renouer des conférences à Florence. Cette opération de la part de sa fainteté avoit été confiée au prélat Galepi & au moine Soldati; mais ces négociateurs manquant de pleins pouvoirs, parce que le pape croyoit de fon intérêt de traîner en longueur, furent renvoyés à Rome pour fe munir d'une autorité néceffaire pour en

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