Coup d'œil sur les travaux

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Société jurassienne d'émulation., 1882
 

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Page 44 - Le laboureur m'a dit en songe : « Fais ton pain, Je ne te nourris plus, gratte la terre et sème. » Le tisserand m'a dit : « Fais tes habits toi-même. » Et le maçon m'a dit :
Page 46 - L'esprit du souvenir pleure en paix dans ces lieux ; C'est là que, malgré l'âge et les derniers adieux, Se donnent rendez-vous les âmes, Les âmes de tous ceux qui se sont aimés là, De tous ceux qu'en avril le dieu jeune appela Sous les roses de sa tonnelle ; Et sans cesse vers lui montent ces pauvres morts ; Ils viennent, n'ayant plus de lèvres comme alors, S'unir sur sa bouche éternelle.
Page 49 - OETES à venir, qui saurez tant de choses, Et les direz sans doute en un verbe plus beau, Portant plus loin que nous un plus large flambeau Sur les suprêmes fins et les premières causes ; Quand vos vers sacreront des pensers grandioses, Depuis longtemps déjà nous serons au tombeau ; Rien ne vivra de nous qu'un terne et froid lambeau De notre œuvre enfouie avec nos lèvres closes.
Page 45 - J'ouvris les yeux, doutant si l'aube était réelle. De hardis compagnons sifflaient sur leur échelle; Les métiers bourdonnaient, les champs étaient semés. Je connus mon bonheur et qu'au monde où nous sommes. Nul ne peut se vanter de se passer des hommes. Et, depuis ce jour-là, je les ai tous aimés.
Page 34 - Le vase où meurt cette verveine D'un coup d'éventail fut fêlé; Le coup dut effleurer à peine : Aucun bruit ne l'a révélé. Mais la légère meurtrissure, Mordant le cristal chaque jour, D'une marche invisible et sûre En a fait lentement le tour! Son eau fraîche a fui goutte à goutte, Le suc des fleurs s'est épuisé; Personne encore ne s'en doute; N'y touchez pas, il est brisé. Souvent...
Page 55 - REPENTIR J'AIMAIS froidement ma patrie, Au temps de la sécurité; De son grand renom mérité J'étais fier sans idolâtrie. Je m'écriais avec Schiller: " Je suis un citoyen du monde ; En tous lieux où la vie abonde. Le sol m'est doux et l'homme cher! " Des plages où le jour se lève Aux pays du soleil couchant, Mon ennemi, c'est le méchant, Mon drapeau, l'azur de mon rêve !
Page 55 - Je ramasserai dans les tours Et les fossés des citadelles Les miettes noires, mais fidèles, Du pain sans blé des derniers jours; Dans nos champs défoncés encore, Pèlerin, je recueillerai, Ainsi qu'un monument sacré, Le moindre lambeau tricolore; Car je t'aime dans tes malheurs, 0 France ! depuis cette guerre, En enfant, comme le vulgaire Qui sait mourir pour tes couleurs; J'aime avec lui tes vieilles vignes, Ton soleil, ton sol admiré D'où nos ancêtres ont tiré Leur force et leur génie...
Page 38 - Nos palais sont pour les statues, Et tu sors de la main de Dieu! Ta beauté n'aura point de temple. On te marchandera ton corps; La forme sans âme, aux yeux morts, Seule est digne qu'on la contemple. Dispute aux avares ton pain Et la laine dont tu te couvres : Les femmes de pierre ont des Louvres, Les vivantes meurent de faim!
Page 36 - ICI-BAS Ici-BAS tous les lilas meurent, Tous les chants des oiseaux sont courts; Je rêve aux étés qui demeurent Toujours... Ici-bas les lèvres effleurent Sans rien laisser de leur velours; Je rêve aux baisers qui demeurent Toujours... Ici-bas tous les hommes pleurent Leurs amitiés ou leurs amours ; Je rêve aux couples qui demeurent Toujours...
Page 33 - Quand je vous livre mon poème, Mon cœur ne le reconnaît plus, Le meilleur demeure en moi-même, Mes vrais vers ne seront pas lus.

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