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Delhi, capitale de l'empire, et ils y arrivèrent avec leurs troupes, le 7 mars 1739. Le vainqueur enferma le vaincu dans une prison honorable, et se fit proclamer empereur des Indes. Tout se passa d'abord avec beaucoup de tranquillité; mais une taxe que l'on mit sur le blé, causa un grand tumulte, et quelques-uns des gens du roi de Perse furent tués. Le lendemain, 11, le tumulte fut plus grand encore. Kouli-Kan monta à cheval, et envoya un gros détachement de ses troupes pour appaiser le tumulte, avec, permission de faire main-basse sur les séditieux, après avoir employé la douceur et les menaces. Le roi de Perse s'étant rendu dans une mosquée, y fut attaqué à coups de pierres; on tira même sur lui. Ce prince, se Jivrant alors à toute sa fureur, ordonna un massacre général. Il le fit cesser enfin ; mais ayant duré depuis huit heures du matin jusqu'à trois heures après midi, il y eût un si grand carnage, que l'on compte qu'il y périt au moins 120,000 habitans. Pour se délivrer d'un hôte si formidable, il s'agissait de lui payer les sommes qui lui avoient été promises: Kouli-Kan eut, pour sa part, des richesses immenses en bijoux, en diamans. Il emporta beaucoup plus de trésors de Delhi, que les Espagnols n'en prirent à la conquête du Mexi→ que. Ces trésors amassés par un brigandage de plusieurs siècles, furent enlevés par un autre brigandage. Le palais seul de l'empereur renfermoit des trésors inestimables, La salle du trône étoit revêtue de lames d'or; des diamans en ornoient le plafond, Douze colonnes d'or massif garnies de perles et de pierres précieuses, formoient trois côtés

du trône, dont le dais sur-tout étoit digne d'attention; il repré sentoit la figure d'un paon qui, étendant sa queue et ses ailes, cou vroit le monarque de son ombre, Les diamans, les rubis, les émeraudes, toutes les pierreries dont ce prodige de l'art étoient composé, représentoient au naturel les couleurs de cet oiseau brillant. On fait monter le dommage que causa cette irruption des Perses, à 125 millions de livres sterlings, Un Dervis, touché des malheurs de sa patrie, osa présenter à Kouli-Kan la requête suivante z « Si tu es Dieu, agis en Dieu; si tu es Prophète, conduis-nous dans la voie du salut; si tu es Roi, rends les peuples heureux, et ne les détruis pas.... Kouli-Kan répondit: Je ne suis pas Dieu, pour agir en Dieu; ni Prophète, pour montrer le chemin du salut; ni Roi, pour rendre les peuples heureux. Je suis CELUI que Dieu envoie contre les Nations sur lesquelles il veut faire tomber sa vengeance,» Le monarque Persan, qui étoit en droit de tout exiger de Mahommed, finit par lui demander en mariage une princesse de son sang pour son fils, avec la cession de toutes les provinces situées au-delà de la rivière d'Ateck et de celle de l'Indus du côté de la Perse. Mahommed consentit à ce démembrement, par un acte signé de sa main. Kouli-Kan se contenta de la cession de ces belles

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provinces qui étoient contiguës à son royaume de Perse, et les préféra sagement à des conquêtes plus vastes, qu'il eût conservées difficilement. Il laissa le nom d'empereur à Mahommed; mais il donna le gouvernement à un vice-roi. Comblé de gloire et de richesses, il ne songea plus qu'à retourner en Perse. Il y arriva

aprés une marche pénible, qui à ces ouvrages. Lorsqu'ils furent fut traversée par plusieurs obs- achevés, les traducteurs lui ert tacles que sa valeur et sa fortune firent la lecture d'une partie. II surmontèrent. Ses autres exploits plaisanta sur les mystères de la sont peu connus. Il fut massacré religion Chrétienne, se moqua le 8 juin 1747, par Saleh-Beg, de celle des Juifs, tourna Mahocolonel de la garde Aghuane, et met et Ali en ridicule. Ensuite, Mahommed, gouverneur de Tail fit enfermer les traductions des wus, de concert avec Ali Kouli- livres sacrés des Chrétiens et des Kan, neveu de Thamas, qui Musulmans dans une cassette, se fit proclamer roi de Perse. disant qu'il donneroit bientôt aux Le premier pénétra la nuit dans hommes une religion beaucoup la tente où Thamas étoit couché meilleure. Mais les affaires de avec la fille du grand - Mogol, Perse ne permirent pas heureuqu'il avoit épousée, après avoir sement à ce despote d'exécuter détrôné le père. « Les assassins un projet qui auroit été une dit un historien Persan, firent source de cruautés et d'erreurs une balle de paume de cette tête nouvelles. Ce prophète guerrier, que l'univers, peu de temps au- ennemi de la contradiction, auparavant, n'étoit pas capable de roit sans doute fait recevoir ses contenir.» Ses trois fils et seize rêveries à coups de sabre. Un autres princes du sang royal, des chefs des ministres de la refurent égorgés le même jour. ligion de Perse, lui ayant voulu Ainsi mourut ce prince, aussi représenter qu'il n'appartenoit brave qu'Alexandre, aussi am- pas au prince d'innover en mabitieux, mais bien moins géné- tière de dogme, Kouli-Kan ne reux et bien moins humain. lui répondit qu'en le faisant étran(Voy. BOUGAINVILLE) Ses con- gler. La crainte qu'il inspiroit quêtes ne furent marquées que étoit telle, qu'à son retour des par des ravages. Point de villes ré- Indes, au milieu même de la parées ou bâties; point de grands marche, il osa commander à ses établissemens. Il ne fut enfin soldats de remettre dans son tréqu'un illustre scélérat. Il aimoit sor tout ce qu'ils avoient pillé à l'excès les femmes, sans né- dans cette expédition; et ses gliger les affaires. Pendant la soldats obéirent. Il se contenta guerre, il vivoit comme un simple de faire distribuer à chacun d'eux, soldat; dans la paix il n'étoit pas cinq cents roupies, et une somme moins frugal. Sa taille étoit de un peu plus forte aux officiers, six pieds sa constitution fort qui reçurent sans ༡ se plaindre robuste; et sa voix extrêmement cette foible récompense de leurs forte. Quant à sa religion, il n'en travaux et de leurs fatigues. Voy. eut aucune. Son premier acte l'extrait historique qui est à la d'autorité en montant sur le fin de Nadir, tragédie par M. Du trône, fut de s'emparer de la buisson, représentée en 1780. On plus grande partie des biens des a une Histoire de Thamas Kouliministres de la religion. Il de- Kan, traduite d'un manuscrit Permanda peu de temps après, une san, par Williams-Jones, memtraduction en langue persane, de bre du collège d'Oxford, 1770. la Bible et de l'Alcoran. Les missionnaires Européens, les RabEins et les Mollas, travaillèrent

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KRACHENINNIKOW, (Étienne) né en 1713, fut du

nombre des jeunes élèves attachés aux professeurs de l'académie de St-Pétersbourg. Cette compagnie ayant envoyé quelques-uns de ses membres au Kamtschatka, par ordre de l'impératrice, en 1733, pour donner une relation de ce pays, le jeune Kracheninnikow suivit le professeur d'histoire naturelle. Il en revint en 1743, avec un grand nombre d'observations. L'académie le nomma adjoint en 1745, et professeur de botanique et d'histoire naturelle en 1753. Il mourut en 1755; il avoit été chargé par sa compagnie de dresser la Relation des découvertes des académiciens, et de la combiner avec celle de Steller, qui étoit mort en 1745. C'est cet ouvrage, écrit avec beaucoup de sincérité et d'exactitude, dont la traduction forme le 2e volume du Voyage de Sibérie, de l'abbé Chappe d'Auteroche, à Paris, 1768, 2 tomes en 3 volumes in-4°, avec figures, magnifiquement exécuté. Il avoit été publié à part en 1764. Il est divisé en quatre parties. La première comprend la description géographique des lieux; la seconde, histoire naturelle; la troisième traite des mœurs, des usages et des habitans; la quatrième, de la découverte et de la conquête du Kamtschatka par les Russes, et des établissemens qu'ils y ont formés.

KRANS. Voyez CRUSIUS. KRANTZ, Voyez FISCHET. KRANTZ ou CRANTS, (Albert) doyen de l'église de Hambourg, sa patrie, fut employé dans diverses négociations, et s'en acquitta avec autant d'intelligence que de zèle. Il étoit l'arbitre des différends, la res

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source des pauvres, et l'exemple de son chapitre. Cet homme es→ timable, parvenu à la vicillesse, mourut le 7 décembre 1517, laissant plusieurs ouvrages. Les plus connus sont: I. Chronica regnorum Aquiloniorum Daniæ, Suecia, Norwegia; Argentorati, 1546, in-folio, réimprimée à Francfort dans le même format, par les soins de Jean Wolff. II. Saxonia, sive De Saxonica gentis vetusta origine; à Francfort, in-fol., en 1575, 1580, 1581. III. Wandalia, sive Historia de Vandalorum origine; Cologne, 1600, in-fol., réimprimée avec plus de soin, en 1619, à Francfort, in-fol., par Wechel. IV. Metropolis, sive Historia Ecclesiastica de Saxonid, 1575, 1590 et 1627, à Francfort in--fol. Elle ne regarde que l'histoire de Westphalie et de Jutland. Tous les ouvrages de cet auteur offrent beaucoup de recherches; mais il se perd dans les origines des peuples, ainsi que ceux qui avant lui s'étoient mêlés de débrouiller ce chaos. Krantz, plus savant que critique, a beaucoup de penchant pour les fables, et pour les fables les moins vraisemblables. Il est d'ailleurs accusé de plagiat. On dit dans son Epitaphe qu'il étoit très éloquent; cela ne paroît guères par ses livres. Voyez-en la liste détaillée dans le 38e vol.. des Mémoires du P. Niceron.

KRAUSE, ( Chrétien-Gottfried) compositeur allemand, né à Sorau, en 1719, mort à Berlin en 1771, a publié un ouvrage estimable sur la poésie musicale, plus profond, mais écrit d'une manière moins séduisante que les traités d'Algarotti sur le même sujet.

KRAUSEN, (Ulric) habile graveur Allemand, dont nous avons l'ancien et le nouveau Testament très-élégamment exécutés en taille-douce. La délicatesse des figures fait rechercher le recueil qu'on en fit à Augsbourg, en 2 vol.in-fol., 1705. Les Epitres et Evangiles sont gravées séparément, un vol. in-fol., 1706. L'explication étant en allemand, cet ouvrage ne peut être recherché d'un François qu'à cause de la beauté des gravures.

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et

KRETZCHMER, (Pierre) né dans le Brandebourg, vers 1700, conseiller des domaines du roi de Prusse, mort en 1764, à 65 ans se distingua par sa patience laborieuse et sa sagacité en fait d'économie et d'agriculture. Il fit un grand nombre d'expériences sur ces matières ; une des plus curieuses, est celle qu'il développa dans un Mémoire, au sujet de la multiplication extraordinaire d'un grain d'orge. Ce fut en marcottant les tiges d'une touffe d'herbe produite par ce grain semé au printemps transplantées ailleurs, qu'elles produisirent d'autres touffes; et ainsi de suite, par le même procédé, ce grain d'orge produisit jusqu'à 15000 épis. Cette culture demande trop de bras pour être d'une utilité générale. Ce même auteur avoit tenté d'introduire en Prusse le labourage à deux charrues; il le proposa dans un autre Mémoire. L'idée n'étoit pas neuve: Olivier de Sérès en parle dans son THEATRE d'Agriculture; mais cette idée est une de celles qui sont plus avantageuses dans la théorie que dans la pratique.

KREUZ, (Frederic-CharlesCasimir, baron de) poëte Alle

mand, qui peut être surnommé l'Young de son pays, mourut en 1770, âgé de 45 ans. De grandes beautés, nulle méthode, des images sublimes et beaucoup d'obscurité, sont les principaux caractères de son poëme des Tombeaux, le plus étendu, comme le meilleur de ses ouvrages, imprimé à Francfort sur le Mein, en 1769.

KRODO ou CRODUS, (Mythol.) divinité des anciens Saxons, étoit représenté sous la forme d'un vieillard, portant une roue et un panier plein de fruits, ayant la tête nue et les pieds appuyés sur une perche. Heineccius croit que ce Dieu est l'emblême du soleil.

I. KROMAYER, (Jean) në en 1576, à Dolhen en Misnie, fut ministre à Eisleben, prédicateur de la duchesse douairière de Saxe, et enfin surintendant à Weimar, où il mourut en 1643, à 67 ans. On a de lui: I. Har monia Evangelistarum. II. Historia Ecclesiastica compendium. III. Une Paraphrase estimée sur Jérémie et sur les Lamentations:

elle se trouve dans la Bible de

Weimar.

II. KROMAYER, (Jérôme). neveu du précédent, né à Zeitz en 1610 mort en 1670, à 60. ans, Leipzig, où il étoit professeur en histoire, ́en éloquence et en théologie, ent une plume laborieuse et féconde. Entre ses nombreux ouvrages, nous citerons seulement: I.Theologia PositivoPolemica. II, Historia Ecclesiastica. III. Polymathia Theologica, etc.

KROUST (Jean-Marie) Jésuite, fut professeur de théologie plusieurs années à Strasbourg, puis confesseur de Mes

dames de France, et travailla quelque temps aux Journaux de Trévoux. On a de lui, un ouvrage en latin, en quatre vol. in-8", intiulé Institutio Clericorum ›, Augsbourg, 1767. Ce sont des méditations pour tous les jours de l'année, très-propres à former les prêtres à la sainteté de leur état, et au ministère de la chaire. Il a encore donné un vol. in-8° contenant une Retraite de huit

jours, à l'usage des ecclésiastiques; réimprimée à Fribourg en Brisgaw, 1765. On trouve dans ces livres le langage onctueux de l'Ecriture et des Pères. Il ne faut pas juger de ce Jésuite par ce qu'en dit Voltaire qui avoit eu à se plaindre de lui, ou plutôt, qui étoit mécontent du zèle qu'il montra contre ses opinions

erronées.

KRUGER, (Jean-Chrétien) hé à Berlin de parens pauvres, moit à Hambourg, en 1750, àgé de 28 ans, s'est distingué sur la

scène comme acteur et comme

poëte. Il est à présumer qu'il au roit contribué à illustrer le théàtre Allemand, si les travaux qu'exigeoient de lui sa qualité d'acteur et son état de médiocrité, ne l'eussent obligé à entreprendre des traductions, et si la mort ne l'eût surpris à la fleur de son âge, ainsi que Schlegel et Croneck, autres auteurs dramatiques du même pays. Outre la Traduction allemande du Théâtre de Marivaux, on lui doit un recueil de Poésies, imprimé à Leipzig en 1763. Les ouvrages qu'il contient, sont des Poésies diverses, des Prologues, et surtout des Comédies, dont les principales sont l'Epoux aveugle, les Candidats, et le Duc Michel.

KUHLMAN, (Quirinus) na→ quit à Breslaw en Silésie avec un esprit sage et pénétrant. Une maladie dérangea ses organes à l'âge de 18 ans, et il fut un des plus grands visionnaires de son siècle. Il se crut inspiré de Dieu; il s'imagina être dans un globe de lumière qui ne le quittoit jamais; il ne voulut recevoir aucune leçon, parce que, disoit-il, le Saint-Esprit étoit son maître. Cet infortuné, qu'il auroit fallu enfermer, fat brûlé l'an 1689, en Moscovie pour quelques pré dictions séditieuses. Il avoit parcouru auparavant l'Angleterre, la France, l'Allemagne, l'Orient; et malgré la facilité de l'esprit humain à adopter toutes les extravagances, il ne fit pas beaucoup de prosélytes. On a de ce visionnaire quelques écrits pleins des rêveries les plus absurdes. Il en préparoit un, qu'il devoit intituler La Clef de l'Eternité et du Temps; c'étoit la suite d'un ouvrage qu'il avoit publié en 1674 à Leyde, sous le titre de Prom dromus Quinquennii mirabilis.

KUHNIUS, (Joachim) professeur de grec et d'hébreu dans l'université de Strasbourg, né à Gripswald, mort en 1697 à 50 ans, laissa des notes sur Pollux, Pausanias, Elien, DiogèneLaerce, et d'autres écrits, dans lesquels on remarque un grand fonds d'érudition. Le plus connu est intitulé: Quæstiones Philoso→ phicæ ex sacris Veteris et Novi Testamenti aliisque Scriptoribus, trois vol. in-4°, Strasbourg, 1698.

KULCZINSKI, (Ignace) abbé de Grodno, né à Wlodimirs en Pologne l'an 1707, entra de bonne heure dans l'ordre de SaintBasile, et fut envoyé à Rome en

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