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GUICHARD, (Éléonore) fille d'un receveur des tailles de Normandie, morte d'une maladie de poitrine en 1747, à 28 ans, joignoit aux attraits et aux agrémens de son sexe, des lumières et de l'esprit. C'est pour elle que fut faite la chanson qui commence par ces mots :

Le connois-tu, ma chère Éléonore.

Elle est auteur de plusieurs Chansons, non imprimées, et des Mé– moires de Cécile, 1751, 4 vol. in-12 roman dont de la Place n'a été que l'éditeur..

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1. GUICHARDIN, en italien GUICCIARDINI, (François) naquit à Florence le 6 mars 1482, d'une famille noble et ancienne. Après avoir professé le droit, il parut au barreau, et avec un tel éclat, qu'on l'envoya ambassadeur à la cour de Ferdinand, roi d'Aragon. Trois ans après en 1515, Léon X le prit à son service, et lui donna le gouvernement de Modène et de Reggio. Parme ayant été assiégée, il la défendit avec beaucoup de valeur et de prudence. C'est ainsi du moins qu'il en parle dans son histoire; car, s'il en faut croire Angéli, auteur d'une Histoire de Parme, imprimée en 1591, personne ne montra pendant le siége moins de résolution que lui. Il tenoit toujours ses chevaux tout prêts pour s'enfuir; et il l'auroit fait, si les habitans ne s'étoient efforcés de le rassurer, et n'eussent repoussé vigoureusement l'ennemi. L'historien cité ajoute que lorsqu'il écrivoit, il existoit à Parme quantité de témoins oculaires qui pouvoient déposer de ce fait. Quoi qu'il en soit, après la mort de Léon X, et celle d'Adrien VI, son successeur, Gui

chardin devint gouverneur de Bologne, sous Clément VII. Le pape Paul III, trompé par les ennemis que son zèle pour l'exacte observation de la justice lui avoit faits, le priva de ce gouverne→ ment. Guichardin, obligé de retourner dans sa patrie, y vécut en philosophe, en homme de lettres et en citoyen, après s'être signalé dans les armes et dans les négociations. Sa mémoire est chère aux gens de lettres, par une Histoire en italien des principaux événemens arrivés depuis 1494 jusqu'en 1532. Son premier dessein avoit été d'imiter César, et de composer les Mémoires de sa vie; mais Jacques Nardi lui conseilla d'étendre son plan; et le croyant incapable d'être intimidé par les censures ou corrompu par l'espoir des récompenses, il lui proposa de faire l'histoire universelle de son temps. C'est ce que Guichardin exécuta, avec l'applaudissement de la plupart des littérateurs. Les seize premiers livres de son histoire sont d'une beauté achevée; mais les autres n'en approchent pas. Ses harangues, d'une longueur assommante, sont d'ailleurs écrites, comme l'histoire, d'un style pur et fleuri. On lui reproche d'être trop attentif à remarquer jusqu'aux minuties; de prêter trop facilement des motifs honteux et injustes; d'être trop prévenu pour son pays. La vérité ne conduit pas sa plume, lorsqu'il parle des François, contre lesquels il est trop passionné. Le style trop diffus de Guichardin donna occasion à une plaisanterie de Boccalini. Dans ses Raguagli del Parnasso, il feint qu'un citoyen de Lacédémone, ayant dit en trois mots ce qu'il pouvoit dire en deux (ce qui étoit un

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crime capital dans cette ville, où l'on épargnoit avec plus de soin les paroles, que les avares leur argent) fut condamné à lire une fois la Guerre de Pise, écrite par Guichardin. Le criminel lut, avec une sueur mortelle, quelques pages de cette histoire; mais la peine que lui causa la prolixité de ce récit, fut si grande, qu'il courut se jeter aux pieds des juges, et les pria de l'envoyer aux galères, plutôt que de l'obliger à la lecture fatigante de ces discours sans fin, de ces conseils si ennuyeux, et des froides harangues qu'on y fait pour des sujets fort minces, comme sur Ja prise d'un colombier. « Ces harangues diffuses, qui reviennent à tout moment, sont pour la plupart écrites dit Niceron d'un style languissant, et n'ont pas toujours assez de rapport au sujet dont il s'agit dans l'Histoire. Il y en a cependant qui ont leur mérite, et l'on a remarqué que les meilleures sont celles que fit Gaston de Foix au camp de Ravennes, et celle que le duc d'Albe prononça devant Charles-Quint, pour l'empêcher de mettre en liberté François I... » Les éditions les plus belles qui aient été faites de l'histoire de Guichardin sur l'original, sont celles de Venise, 1738, en 2 vol. in-folio, et de Londres, 2 vol. in 4.o On en publia la même année une traduction à Paris, sous le titre de Londres, en 3 vol. in-4°, par Favre, et revue avec soin par Georgon, avocat au parlement, qui l'enrichit de beaucoup de notes, et d'une préface, dans laquelle il trace en abrégé les principaux traits de la vie et du caractère de Guichardin. L'édition originale de son Histoire, im

primée à Florence en 1561, infolio et en 2 vol. in-8°, est fort chère. En 1755, il a paru une nouvelle édition de cet ouvrage à Fribourg en Brisgaw, en 4 vol. in-4°, faite sur le Manuscrit autographe de la bibliothèque Magliabecchi de Florence, qui répare les lacunes que les éditeurs avoient été obligés de faire en cédant aux circonstances. JeanBaptiste Adriani, ami de Guichardin, et son concitoyen, en a donné la Continuation, en deux vol. in 4. Cet homme illustre mourut au mois de mai 1540, à 58 ans. Il aimoit si fort l'étude, qu'il passoit des jours entiers sans manger et sans dormir. Quoiqu'il fût naturellement emporté, il parloit avec beaucoup de circons pection, et il ne se permettoit jamais la plaisanterie, lorsqu'on traitoit devant lui de choses im→ portantes. Il avoit un grand fonds de religion, de probité, de zèle pour le bien public. CharlesQuint lui donna des marques d'une estime particulière. Les officiers de sa cour s'étant plaints de ce qu'il leur refusoit audience, tandis qu'il entretenoit Guichardin pendant des heures entières: Dans un instant, leur répondit le prince, je puis créer cent Grands; mais dans vingt ans, je ne saurois faire un Guichardin... Jacques Corbinelli, Florentin tira de l'Histoire de son compatriote des Avis et Conseils en matière d'Etat, 1525, Anvers, in-4°; traduits en françois, Paris, 1577, in-8. Ce recueil plein de maximes de politique, prouve que Guichardin joignoit à l'expérience du gouvernement les connoissances historiques, qui suppléent quelquefois à cette expérience.

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le carême pour ramener plus facilement les Protestans, seigneur le fit mettre en prison, non à cause de cette opinion, mais parce qu'il l'avoit mise par écrit. C'est Anvers que Guichardin mourut en 1589, à 66 ans. Nous avons de lui: I. Une Description des Pays-Bas, infolio, 1587, en italien, et traduite en françois par Belleforêt, avec un grand nombre de figures. Elle est savante et curieuse. L'auteur n'avoit rien oublié pour s'instruire ; il s'étoit transporté sur tous les lieux qu'il décrit. La version françoise fut publiée en 1612, in-fol. II Raccolta di Detti e Fatti notabili, 1581 in-8.° III. Hore di recreazione, 1600 in-12; ce dernier a été traduit en françois par Belleforêt, 1576, in-16, sous le titre d'Heures de récréation, et Après-Dinées de L. Guichardin. IV. Des Mémoires sur ce qui s'est passé en Europe, depuis 530 jusqu'en 1560, Anvers, 1565, in-4.0 Il y blâme les impositions du duc d'Albe. Il fut aiguillonné par la gloire qu'avoit acquise son oncle, et s'il n'eut pas ses talens, il l'égala par ses connoissances.

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I. GUICHE, (Jean-François de la) comte de la Palice, seigneur de Saint-Géran, et maréchal de France, d'une famille noble et ancienne, se signala en diverses occasions sous les rois Henri IV et Louis XIII. Il eut beaucoup de part aux affaires de son temps, et mourut à la Palice en Bourbonnois en 1632,

à 63 ans. Il étoit neveu de Philibert DE LA GUICHE, maître de l'artillerie sous Henri IV, qui, à la journée d'Ivri, fit faire quatre décharges, avant que les ennemis eussent pu tirer un coup de canon. Le maréchal de la Guiche obtint le bâton par le crédit du duc de Luynes. Il servit avec distinction aux siéges qui se firent en 1621 en 1622. Il passoit pour avoir plus de bravoure que de talent. Le petit-fils de ce maréchal, Bernard de LA GUICHE, fut soustrait au moment de sa naissance, et eut un procès fameux à soutenir pour être réintégré dans son état, par arrêts de 1663 et 1666. Il mourut en 1696, ne laissant qu'une fille religieuse. Il étoit lieutenant général, et avoit été chargé de plusieurs ambassades.

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II. GUICHE, (Diane, dite CORISANDE D'ANDOUINS, veuve de Philibert de Grammont, dit le comte de) étoit fille d'un gentilhomme nommé d'Andouins, connu par sa bravoure. Ses charmes lui firent donner le nom de Belle Corisande. Elle étoit encore fort jeune, lors qu'elle épousà, en 1567, le comte de Guiche, gouverneur de Bayonne, mort au siége de la Fère en 1580. Demeurée veuve à l'âge de 26 ans, et ayant toute sa beauté, elle plut à Henri, roi de Navarre, si connu depuis sous le nom de Henri IV, qui l'aima éperdument pendant quelques années. En 1586, il se déroba de son camp pour aller offrir à Corisande, en chevalier errant, quelques drapeaux pris devant Castels, dont le maréchal de Matignon fut obligé de lever le siége. La passion du roi de Na-varre s'enflammant tous les jours,

états

il résolut d'épouser la comtesse de Guiche, Il demanda à d'Aubigné son sentiment sur ce mariage, en lui citant l'exemple de plusieurs princes, qui avoient donné la main à leurs sujettes. «SIRE, lui répondit d'Aubigné, les princes que vous citez, jouissoient tranquillement de leurs et vous combattez pour avoir le vôtre. Le duc d'Alençon est mort; vous n'avez plus qu'un pas pour monter sur le trône. Si vous devenez l'époux de votre maîtresse, vous vous le fermez pour jamais. Vous devez aux François de grandes vertus et de belles actions. Ce n'est qu'après avoir subjugué leur cœur et gagné leur estime, que vous pourrez former un hymen qui aujourd'hui ne feroit que vous avilir à leurs yeux. » Henri profita du conseil de ce fidelle et sincère serviteur, et se dégoûta peu à peu de sa maîtresse. Elle mourut en 162.., laissant, du comte de Guiche, Antoine de Grammont, Ile du nom, et une fille, nommée Catherine, qui épousa le comte de Lauzun, François-Nompar de Caumont. Sa figure ne s'étoit pas soutenue; et Sully dit : « Qu'elle avoit honte qu'on dît que le roi l'avoit aimée sur-tout depuis que sa laideur éloignoit ceux qui auroient pu la consoler de l'inconstance de Henri. » On a plusieurs des lettres que Henri IV lui écrivoit, dans l'ouvrage intitulé L'Esprit d'Henri IV, 1775, in-8.a

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de cultiver la science qui lai plairoit le plus. Il s'attacha à l'histoire et aux recherches généalogiques, et il devint l'un des historiens les plus judicieux du XVIIe siècle. Le duc de Savoie lui donna le titre de son historiographe, avec une pension. On a de Guichenon: I. L'Histoire Généalogique de la Maison de Savoie, in-fol., 1660, Lyon 2 vol., savante et exacte. La duchesse de Savoie, Christine de France, à laquelle il présenta cet ouvrage, lui fit présent d'une croix et d'une bague, estimées chacune six mille livres. Elle récompensoit le travail de l'auteur, et non son sty', qui est lourd et peu correct. II. L'Histoire de Bresse et de Bugey, in-fol. ; Lyon, 1650. Cet ouvrage, devenu rare, mérite le même éloge que le précédent. Il y en avoit un exem¬ plaire dans la bibliothèque des Augustins du faubourg de la Guillotière à Lyon, où l'on trouvoit, en manuscrit, des choses curieuses sur les familles. III. Bibliotheca Sebusiana, in-4°, 1660. C'est un recueil des actes et des titres les plus curieux de la province de Bresse et de Bugey,

GUIDALOTI, (Diomède) savant de Bologne, vivoit au milieu du 16 siècle. Il a publié d'assez bons commentaires sur

plusieurs poëtes latins, et entre autres sur les Eclogues de Né– mésien. Bologne, 1554, in-fol. Ce commentaire a été réimprimé dans la collection des Poetæ la-. tini rei venaticæ Scriptores.

GUIDE, (Le) ou GUIDO RENI, peintre Bolonois, né en 1575, étoit fils d'un joueur de flûte. Son père lui fit apprendre à toucher du clavecin; mais la

musique avoit moins de charmes pour lui que le dessin. On le mit chez Denys Calvart, peintre Flamand: il passa ensuite sous la discipline des Caraches, et ne fut pas long-temps sans se distinguer par ses ouvrages. La jalousie que les meilleurs peintres concurent contre lui, étoit une preuve de l'excellence de ses talens. Le Caravage s'oublia même au point de le frapper au visage. Si son pinceau lui fit des envieux, il lui procura aussi des protecteurs. Le pape Paul V, qui prenoit un plaisir singulier à le voir peindre, lui donna un carrosse avec une forte pension. Le prince Jean-Charles de Toscane lui fit présent d'une chaîne d'or, de sa médaille, et de 60 pistoles, pour une tête d'Hercule qu'il avoit peinte en moins de deux heures. Sa facilité étoit prodigieuse. Il auroit fini ses jours, comblé de biens et d'honneurs; mais le jeu le détournoit du travail, et lui enlevoit dans un instant tous les fruits de son application. Réduit à l'indigence par cette folle et malheureuse passion, il ne peignit plus que pour vivre, peignit mal , parce qu'il le fit avec trop de rapidité. Il eut la douleur de voir dans sa vieillesse ses tableaux négligés par les connoisseurs. Poursuivi par ses créaneiers, et abandonné par ses prétendus amis, il mourut de chagrin à Bologne en 1641, à 67 ans. Le Guide étoit jaloux qu'on Jui rendît beaucoup d'honneurs comme peintre; en cette qualité, il étoit fier et superbe. Sur ce qu'on lui reprochoit qu'il ne faisoit pas sa cour au cardinal-' Légat de Bologne, il repondit: je ne troquerois pas mon pinceau contre sa barrette. Il ne rendoit aucune visite aux grands. Quand

et

ils viennent me voir, disoit-il, ils recherchent mon art et non ma personne. Il travailloit avec un certain cérémonial: il étoit pour lors habillé magnifiquement; ses élèves, rangés autour de lui en silence, préparoient sa palette, nettoyoient ses pin

ceaux,

et le servoient. Il ne mettoit point de prix à ses tableaux; c'étoit un honoraire, et non une récompense qu'il recevoit. Hors de son atelier, il étoit modeste, homme de société ami tendre et généreux. Ennemi de la galanterie, quoiqu'il eût la physionomie la plus agréable, il ne restoit jamais seul avec les femmes qui lui servoient de modèle. Il aimoit à occuper des appartemens vastes, qu'il ne meubloit que des choses absolument nécessaires. On vient voir chez moi, disoit-il, des tableaux et non des tapisseries. Les dettes qu'il avoit contractées à Rome l'ayant obligé de quitter cette ville, le cardinal-Légat de Bologne, le menaça de le faire arrêter, s'il n'y retournoit. Un gentilhomme témoin de cette menace, dit au Légat: S'il faut des chaînes au Guide, elles doivent être d'or. Il se rendit " et Paul V le combla de bontés.

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Ses principaux ouvrages sont en Italie; il y en avoit plusieurs en France, dans le cabinet du roi, et au palais royal. On remarque dans tous un pinceau léger et coulant, une touche gracieuse et spirituelle, un dessin correct, des carnations si fraîches, qu'on semble y voir circuler le sang. Ses têtes surtout sont admirables. Ce peintre allia la douceur et la force. Ses dessins sont marqués au même coin que ses tableaux. On a beaucoup gravé d'après lui.

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