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qui s'entretenoient avec lui de ses supplices, et de la mort qu'il deVoit souffrir à Jérusalem. Alors Pierre prenant la parole, proposa à Jésus-Christ de dresser trois tentes dans cet endroit, une pour lui, une pour Moyse, et une pour Elie. Comme il parloit encore, une nuée lumineuse les couvrit, et il en sortit une voix qui proféra ces paroles: C'est ici mon. fils bien aimé, en qui j'ai mis toute mon affection : écoutezle. Les disciples à ces mots furent frappés d'une grande crainte, et tombèrent le visage contre terre; mais Jésus s'approchant, les toucha, et les rassura. Alors, levant les yeux, ils ne virent plus que Jésus seul. Moyse et Elie parurent avec Jésus-Christ pour nous convaincre que la loi représentée par le premier, et les prophètes figurés par le second, n'avoient pour but que JésusChrist, ne regardoient que lui, et que c'est n'y rien entendre que d'y chercher autre chose que Jésus-Christ et son Eglise. Il est constant, suivant le texte sacré, que ces deux prophètes parurent en personne et non en figure, comme le prétendent quelques uns. La jalousie des Pharisiens et des Docteurs de la loi, animée par les prodigés qu'opéroit le Sauveur, le fit condamner à un supplice infame. Un de ses disciples le trahit, un autre le renia, tous l'abandonnèrent. Le pontife et le conseil condamnèrent JésusChrist parce qu'il s'étoit dit le Fils de Dieu. Il fut livré à PoncePilate, président Romain; et condamné à mourir, attaché à la croix; il offrit le sacrifice qui devoit être l'expiation du genre hamain. A sa mort, le ciel s'obscurcit, la terre trembla le Voile du temple se déchira, les

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tombeaux s'ouvrirent, les morts ressuscitèrent. L'Homme-Diett mis en croix expira le soir dut vendredi 3 avril, le 14 de Nisan, l'an 33° de l'ère, et le 36° de sa vie. Son corps fut mis dans le tombeau, où l'on posa des gardes. Le 3 jour, qui étoit le dimanche, Jésus-Christ sortit vivant du sépulcre. Il apparut d'abord à plusieurs saintes femmes, ensuite à ses disciples et à ses apôtres. II resta avec eux pendant 40 jours, leur apparoissant souvent, buvant et mangeant, leur faisant voir par beaucoup de preuves, qu'il étoit vivant, et leur parlant du royaume de Dieu. Quarante jours après sa résurrection, il monta au ciel en leur présence leur ordonnant de prêcher l'Evangile à toutes les nations, et leur promettant d'être avec eux jusqu'à la fin du monde. Les bornes de cet ouvrage ne nous permettent pas d'exposer les preuves sur lesquelles la religion Chrétienne est fondée: Bossuet, Pascal, et plusieurs autres grands écrivains, ont épuisé cette matière. Il nous suffira de dire que, dans ce siècle où l'impiété triomphe, il s'est trouvé des philosophes qui n'ont pu s'empêcher de reconnoître la sublimité de la morale de l'Evangile. Voici ce que dit l'un d'entre eux le passage est long; mais il est d'une beauté et d'une vérité frappantes. « La sainteté de l'Évangile parle à mon cœur. Voyez les livres des philosophes avec toute leur pompe qu'ils sont petits auprès de celui-là! Se peutil qu'un livre à la fois si sublime et si simple, soit l'ouvrage des hommes? Se peut-il que celui dont il fait l'histoire, ne soit qu'un homme lui-même? Est-ce là le

ton d'un enthousiaste ou d'un

ambitieux sectaire? Quelle dou

ceur

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quelle pureté dans ses mours! Quelle grace touchante dans ses instructions! Quelle élévation dans ses maximes! Quelle profonde sagesse dans ses discours! Quelle présence d'esprit, quelle finesse et quelle justesse dans ses réponses! Quel empire sur ses passions! Où est l'homme, où est le sage qui peut agir, souffrir et mourir sans foiblesse, et sans ostentation? Quand Platon peint son Juste imaginaire, couvert de tout l'opprobre du crime, et digne de tous les prix de la vertu, il peint, trait pour trait, J. C. la ressemblance est si frappante, que tous les Pères l'ont sentie et qu'il n'est pas possible de s'y tromper... Socrate mourant sans douleur, sans ignominie, soutint aisément jusqu'au bout son personnage; et si cette facile mort n'eût honoré sa vie, on douteroit si Socrate, avec tout son esprit, fut autre chose qu'un sophiste. Il inventa, diton, la morale. D'autres avant lui l'avoient mise en pratique; il ne fit que dire ce qu'ils avoient fait; il ne fit que mettre en leçons leurs exemples. Aristide avoit été juste avant que Socrate eût dit ce que c'étoit que justice; Léonidas étoit mort pour son pays, avant que Socrate eût fait un devoir d'aimer la patrie; Sparte étoit sobre, avant que Socrate eût loué la sobriété; avant qu'il eût défini la vertu, la Grèce abondoit en hommes vertueux. Mais où Jésus avoit-il pris chez les siens cette morale élevée et pure, dont lui seul a donné les leçons et l'exemple? La mort de Socrate, philosophant tranquillement avec ses amis, est la plus douce qu'on puisse desirer; celle de Jésus expirant dans les tourmens, injurié, raillé, maudit de

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tout un peuple, est la plus hor rible qu'on puisse craindre. Sola coupe empoiprenant sonnée, bénit celui qui la lui présente, et qui pleure; Jésus, au milieu d'un supplice affreux, prie pour ses bourreaux. Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d'un Sage, la vie et la mort de Jésus sont d'un Dieu. Dironsnous que l'histoire de l'Evangile est inventée à plaisir? Non : ce n'est pas ainsi qu'on invente; et les faits de Socrate, dont personne ne doute sont moins attestés que ceux de JésusChrist. Au fond, c'est éluder la difficulté, sans la détruire. Il seroit plus inconcevable que plusieurs hommes d'accord eussent fabriqué ce livre, qu'il ne l'est qu'un seul en ait fourni le sujet. Jamais des auteurs Juifs n'eussent trouvé ni ce ton, ni cette morale; et l'Evangile a des caractères de vérité si grands, si frappans, si parfaitement inimitables, que l'inventeur en seroit plus étonnant que le héros. » (EMILE de J. J. Rousseau.) Les nations infidelles, les Païens, les Mahométans ont reconnu les miracles et la sagesse divine de Jésus-Christ. Un poëte musulman a parlé de sa morale dans ces termes: «Le cœur de l'homme affligé tire toute sa consolation de vos paroles. L'ame reprend sa vie et sa vigueur en entendant seulement prononcer votre nom. -Si jamais le cœur de l'homme peut s'élever à la contemplation des mystères de la Divinité;

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C'est de vous qu'il tire ses lumières pour les connoître, et c'est vous qui lui donnez l'attrait dont il est pénétré. » Après la mort de leur divin maître, les Chrétiens se dispersèrent dans toute la Palestine et dans une

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partie de l'Orient. L'Evangile fut bientôt prêché par les apôtres à toutes les nations. On vit donc sur la terre une société d'hommes, qui attaquoient ouvertement le paganisme; qui annonçoient aux hommes qu'il n'y avoit qu'un Dieu, qui a créé le ciel et la terre, dont la sagesse gouverne le monde; que l'homme s'est cor rompu par l'abus qu'il a fait de la liberté qu'il avoit reçue de son Créateur: : que sa corruption s'est communiquée à sa postérité; que Dieu, touché du malheur des hommes, a envoyé son Fils sur la terre pour les racheter; que ce Fils étoit en tout, égal à son Père ; qu'il s'étoit fait homme; qu'il avoit promis un bonheur éternel à ceux qui croyoient sa Doctrine et qui pratiquoient sa Morale; qu'il avoit prouvé la vérité de ses promesses par des miracles, etc. Les apôtres annonçoient tout ce qu'ils avoient vu; ils mouroient plutôt que de méconnoître les vérités qu'ils étoient obligés d'enseigner. Si leur morale étoit sublime et simple, leurs mœurs étoient irréprochables.On avoit vu, dans le sein de l'idolàtrie, des philosophes attaquer le Polythéisme, mais avec précaution, et sans éclairer l'homme sur son origine, sur sa destination. Ils avoient découvert dans l'homme, au milieu de ses éga→ remens, des semences de sagesse; mais ils avoient cherché vainement un remède à la corruption, un frein aux vices, un motif d'encouragement à la vertu ; et ceux d'entr'eux qui s'étoient élevés au-dessus des passions, se soutenoient à ce degré de hauteur par le ressort de l'orgueil. Mais on n'avoit point vu encore une société entière d'hommes grossiers et ignorans pour la plus

part, expliquer ce que les philosophes avoient cherché inutilement sur l'origine du monde, sur la nature et sur la destination de l'homme; enseigner une morale, qui tend à produire sur la terre une bienveillance générale, une amitié constante, une paix perpétuelle ; qui met l'homme sans cesse sous les yeux d'un Etre suprême et tout-puissant, qui hait le crime, et qui aime la vertu; qui récompense, par un bonheur infini, le culte qu'on lui rend, le bien qu'on fait, la résignation dans les maux; et qui punit, par des supplices sans fin, l'impiété qui l'offense, la vice qui dégrade l'homme, et le crime qui nuit au bonheur géné¬ ral de la société humaine. Les premiers Chrétiens offrirent dono au monde un spectacle aussi nouveau qu'intéressant: spectacle dont le tableau raccourci ne doit pas paroître un hors d'oeuvre dans l'article du divin auteur du Christianisme. Tout ce qui regarde ce Dieu sauveur est si précieux aux Chrétiens, que plusieurs églises se flattent d'avoir quelqu'une des choses qui lui ont appartenu ou qui contribuèrent à ses souffrances. Toutes les reliques et les instrumens de la passion de Jésus-Christ peuvent se réduire à son sang, au bois de la croix, au roseau, à la colonne cloux, à la lance, à la robe sans couture, aux linceuls ou suaires, au tombeau. Mais de tous ces précieux rastes, les critiques ne conviennent que de la conservation de la croix, trouvée par l'impératrice Hélène (Voyez ce mot) et de celle du saint sépulcre. La figure de la croix a été différente, suivant les temps et la diversité des nations. La plus ancienne n'étoit qu'un pal de bois

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tout droit, sur lequel on atta choit le criminel: les autres croix composées de deux pièces de bois, ont été de trois sortes de figures; l'une étoit comme un X, ou ce qu'on appelle sautoir, en terme de blason; c'est ce qu'on entend par croix de St. André: l'autre étoit faite en T, c'est-à-dire que l'une des deux pièces de bois étoit droite, et l'autre en travers, précisément au bout de celle-là: la troisième enfin étoit faite de telle manière, que la pièce de bois, qui étoit en travers, n'étoit pas sur le haut de la pièce droite, mais le bout du bois droit passoit un peu au-delà du bois en travers; et c'est de cette manière qu'étoit la croix où JésusChrist fut attaché, comme on peut le conjecturer par l'inscription que Pilate fit mettre au bout d'en haut. Quant au saint sépulcre, ce tombeau étoit taillé dans un roc sur la colline du Calvaire. C'est là que ce monument exposé à la vue des fidelles, a reçu leurs hommages dans tous les siècles, quelques oppositions que les princes païens ou hérétiques,

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Mahometans aient mises à la conservation du tombeau ou à la vénération des peuples. Les Chrétiens s'y rendoient de toutes parts avant la paix rendue à l'église. Mais, sous Constantin, ce sépulcre ayant été tiré de l'espèce d'humiliation où les païens, et sur tout l'empereur Adrien avoient voulu l'ensévelir, l'af fluence fut bien plus grande. On renversa les temples de Jupiter et de Vénus, qu'on y avoit élevés, pour les profaner, et l'empereur y substitua une superbe basilique. Depuis cette restauration, les peuples, selon le témoignage de St. Augustin, y alloient en foule, et en apportoient

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de la poussière préservative contre les maux de l'ame et du corps. Dans le 12° siècle, les Croisés tirèrent des mains des Sarasins ce saint lieu; mais le succès des Croisades entreprises pour en faire la conquête, ne se soutint point. Les Mahométans qui s'en rendirent encore les maîtres, en ont enfin laissé la garde aux religieux de St. François, dont ils exigent un tribu. Le grand Seigneur, à ce que dit Baillet, prend avec ostentation la qualité de protecteur du Saint Sépulcre du Christ, avec celle d'Esclave de Mahomet. Voyez l'excellente Vie de JÉSUS-CHRIST, par le P. Montreuil, Jésuite Paris, 1741, 3 vol. in~12.

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JETHRO, surnommé Raguel, sacrificateur des Madianites, reçut Moïse dans sa maison, garda tout le temps qu'il fut obligé de se cacher, de crainte que Pharaon ne le fit mourir, et lui fit épouser sa fille Séphora. Lorsque Moïse eut délivré les de son gendre, vers l'an 1490 Israélites, Jethro alla au-devant

avant Jésus-Christ, et lui amena sa femme et ses enfans. Il lui conseilla de choisir des personnes prudentes, capables de former un conseil sur lequel il pourroit se décharger d'une partie des af faires dont il étoit accablé. Il lui enseigna ensuite l'art de discipliner ceux qui étoient destinés à dans porter les armes. Artapan, Eusèbe, le nomme roi d'Arabie, sans doute parce que dans ce pays la royauté étoit jointe au

sacerdoce.

I. JEUNE, (Jean le) naquit à Poligny en Franche-Comté, lan 1592, d'un père conseiller au parlement de Dôle. Il renonça à un canonicat d'Arbois, pour

entrer

entrer dans la congrégation naissante de l'Oratoire. Le cardinal de Berulle eut pour lui les bontés, qu'a un père pour un enfant de grande espérance. Le P. le Jeune se consacra aux missions', pendant soixante ans que durèrent ses travaux apostoliques. Il perdit la vue en prêchant le Carême à Rouen, à l'àge de 35 ans. Cette infirmité ne le contrista point, quoiqu'il fût naturellement vif et impétueux. Le P. le Jeune eut d'autres infortunes. Il fut deux fois taillé de la pierre, et on ne l'entendit ja-, mais laisser échapper aucune parole d'impatience. Les plus grands prélats avoient tant d'estime pour sa vertu, que le cardinal Bichi le servit à table durant tout le cours d'une mission. La Fayette, évêque de Limoges, l'engagea, en 1651, à demeurer dans son diocèse. Le P. le Jeune y passa toute sa vie, et y établit des Dames de la Charité dans toutes les villes. Dans sa dernière maladie qui fut longue, il reçut souvent la visite des évêques de Limoges et de Lombez. On lui avoit permis de dire la messe quoiqu'il fût aveugle; mais il ne voulut jamais user de cette permission, dans la crainte de commettre quelque irrévérence en célébrant les saints mystères. Il mourut à Limoges, le 17 août 1672, à 80 ans, en odeur de sainteté. Son humilité étoit admirable. Plusieurs seigneurs de la cour étant venus à Rouen, où il prêchoit le Carême, le priè rent de leur prêcher son plus beau Sermon; mais il se contenta de leur faire une instruction familière, touchant les devoirs des grands et touchant l'obligation de veiller sur leurs familles et leurs domestiques. Les Tome VI.

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conversions que ce directeur sagement sévère, opéroit, étoient solides et persévérantes. Sa réputation étoit si grande, qu'on venoit de fort loin pour se met¬ tre sous sa conduite. On a de lui, des Sermons, en dix gros vol. in-8°, Toulouse, 1688. Ils furent traduits en latin, et imprimés à Mayence sous ce titre Johannis JUNII Delicia Pastorum, sivè Conciones, in-4.o Le célèbre Massillon puisa dans l'étude de ce prédicateur, non cette facilité, cette onction > cette chaleur qui le caractérisent: (car ce sont des talens qu'on ne doit qu'à la nature;) mais il y trouva des matériaux pour plusieurs de ses discours. Ce Sermonnaire, disoit-il, est un ex cellent répertoire pour un Prédicateur, et j'en ai profité. Lo F. le Jeune est simple, touchant, insinuant; on voit qu'il étoit né avec un génie heureux et une ame sensible. Si son style étoit moins suranné, j'oserois le mettre à côté de quelques orateurs de ce siècle. Le recueil de ses Sermons est devenu peu commun. On a encore de lui, une Traduction du Traité de la vérité de la Religion, volume in-12, imprimé en Hollande.

IL JEUNE, (Martin le) célèbre imprimeur de Paris dans le 16 siècle, succéda à Robert Etienne, et publia avec soin divers ouvrages en langues orien→ tout son tales. On estime sur Ancien Testament, en hébreu. JEUNESSE, Voyez Jou

VENCE.

JEWEL, (Jean) Ivellus, écrivain Anglois, se fit Protestant sur la fin du règne de Henri VIII, et fut exclu du collége LI

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