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plus reculée que la Bible connue que Fusth et Schaeffer imprimèrent l'an 1462 en caractère de fonte; il est très-probable, dis-je, que cette Bible fut un des premiers fruits de leurs travaux. Il est encore assez vraisemblable que cette même Bible, dont tous les sommaires et les lettres initiales sont ajoutées à la main est celle dont on a tant parlé, pour avoir été vendue à Paris par Fusth, comme manuscrite; plutôt que la Bible de 1462, annoncée dans la suscription, comme une production du nouvel art d'imprimer. Il faut pourtant convenir que cette raison, souvent alléguée par quelques-uns de ceux qui ont écrit sur l'origine de l'imprimerie, n'est pas aussi décisive qu'elle le paroît au premier coup d'œil; car la suscription n'est pas la même dans tous les exemplaires de cette Bible de 1462, sans qu'on soit d'accord sur la cause de cette variété. Il y en a deux différentes : l'une annonce clairement la nouvelle invention d'imprimer, absque calami exaratione l'autre porte simplement que l'ouvrage a été achevé par Fusth et Schaeffer, tel jour en 1462, industriè finitum, completum et consummatum est. Or on ne voit pas ce qui auroit pu empêcher de vendre ces derniers exemplaires comme manuscrits... Guttemberg se sépara de ses associés vers 1455. Les dix années de sa vie qui s'écoulèrent entre cette époque et l'année 1465, sont remplies différemment par les auteurs qui ont parlé de lui. Les uns, prétendant qu'il s'étoit brouillé avec ses associés en 1456, le font revenir à Strasbourg; les autres le font rester à Mayence, où il étoit au ser

vice de l'électeur Adolphe de Nassau en 1465. Mais, comme on ne peut citer aucun ouvrage imprimé qui porte son nom il n'y a là-dessus que des conjectures plus ou moins arbitraires. Ce que les monumens du temps nous apprennent, c'est qu'en 1465 il fut reçu au nombre des gentilhommes d'Adolphe de Nassau, électeur de Mayence, avec des appointemens annuels; et qu'il mourut vers 1468, àgé de plus de 60 ans. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il n'étoit pas en vie le 24 février de cette année. Un plus long détail sur l'origine de l'imprimerie, devien◄ droit une dissertation, et excéderoit les bornes que la forme de cet ouvrage nous prescrit. Nous avons résumé le plus briè→ vement qu'il nous a été possible, ce qui nous a paru de plus constant et de moins hasardé dans les auteurs les plus accrédités parmi ceux qui ont traité cette matière; et nous croyons en avoir dit assez pour satisfaire le lecteur, qui d'ailleurs trouvera encore dans les articles COSTER " FUSTH et MENTEL, quelques éclaircissemens sur le même sujet. En 1801, M. Oberlin a publié un Essai sur la Vie de Guttemberg, plein d'érudition et d'intérêt.

GUY, Voyez MÉAD, à la fin de l'article.

I. GUYARD, (Bernard) né à Craon dans l'Anjou en 1601, Dominicain, docteur en théologie, mourut à Paris le 19 juillet 1674, à 73 ans. Il est auteur, I. De la Vie de St. Vincent-Ferrier, 1634, in - 8.o II. Discrimina inter doctrinam Thomisticam et Jansenianam 1655, in-4.0 III. La Fatalité

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de Saint-Cloud, in-folio, où il tache de prouver que ce n'est pas un Dominicain qui a tué Henri III; il a été réfuté par La véritable Fatalité de Saint-Cloud, qui se trouve dans le Journal de Henri III, avec l'ouvrage du P. Guyard.

II. GUYARD, (Dom Antoine) Bénédictin de Saint-Maur, né à Saulieu dans le diocèse d'Autun

mort à Dijon en 1760, étoit pieux et savant. On a de lui quelques écrits, parmi lesquels on doit distinguer sa

Dissertation sur l'honoraire des Messes, in-8°, 1748. Ce livre, plein de recherches, déplut à quelques journalistes, parce que

l'auteur, ramenoit tout à l'anti

quité. Voyez l'Histoire de la Congrégation de Saint-Maur, pag. 730.

III. GUYARD de Berville, (N...) né à Paris en 1697, ne fut pas favorisé de la fortune, et il traîna une vie obscure, qu'il finit à 73 ans, en 1770, à Bicêtre, où la misère l'avoit forcé de se retirer. Nous avons de lui: I. Histoire de Bertrand Duguesclin, Paris 1767, in-12, 2 vol. Le sujet est intéressant, mais le style de l'historien ne l'est point : il est diffus peu heureux dans le choix des détails

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et encore moins dans celui des réflexions, qui sont la plupart très communes. II. Histoire du Chevalier Bayard, Paris, 1760, in-12. On y trouve des faits curieux, mais la diction est plutôt celle d'un compilateur que d'un écrivain élégant.

GUYARD, Voyez GUIARD. GUYAUX, (Jean-Joseph) né l'an 1684 à Wamfercée,

village du Brabant Wallon, fut professeur de l'Écriture - Sainte en 1723, docteur en théologie, et chanoine de Saint-Pierre en 1727; et enfin doyen et prévôt de cette église. Il ne dut tous ses emplois qu'à ses vertus et à sa science, rien n'étant plus éloigné de son caractère que l'ambition. Il mourut le 8 janvier 1774, à Louvain après avoir fait des legs considérables aux pauvres. On a de lui: I. Commentarius in

Apocalypsim, Louvain, 1781, in-8° où il combat le système que Kerkherder établit dans sa Monarchia Romæ pagana. Le style de cet ouvrage n'est ni pur ni agréable. II. Quæstio monastico-theologica de carnium esu, Louvain, 1749, in-4.o III. Præ

lectiones de S. Jesu-Christi Evangelio, deque Actis et Epistolis Apostolorum. M. Gerard, chanoine de l'église de Gand, et ci-devant professeur en philosophie à Louvain, a donné l'édition de cet ouvrage en sept volumes in-8.0

GUYET, (Charles) Jésuite à Tours, né en 1601, mort en 1664, à 63 ans, travailla sur les cérémonies de l'Eglise; le fruit de ses travaux fut un gros infolio, intitulé: Heortologia, sivè De Festis propriis locorum. Ce livre, plein d'érudition, est - Il ne curieux. Voyez GUILLET. faut pas le confondre avec François GUYET, habile critique d'Angers, né en 1575, mort en 1655. Il avoit fait des Notes sur differens auteurs, dont Boecler et Grævius ont profité.

GUYMIER, (Côme) conseiller clerc au parlement de Paris, sa patrie, et président aux enquêtes, étoit un magistrat plein d'intégrité et de lu

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I. GUYON, (Symphorien) né à Orléans, entra dans l'Oratoire en 1625. Il fut envoyé quel que temps après avec le P. Bourgoing à Malines, pour y établir une maison de sa congrégation. Nommé curé de Saint-Victor d'Orléans, en 1638, il gouverna cette paroisse avec édification, et s'en démit en faveur de son frère, trois mois avant sa mort, arrivée en 1657. On a de lui: L'Histoire de l'Eglise et Diocèse, Ville et Université d'Orléans, 1647, in-folio. La seconde partie de cet ouvrage curieux, mais mal écrit, ne parut qu'en 1650, avec une préface de Jacques GuroN, son frère. Celui-ci est auteur d'un petit ouvrage, intitulé: Entrée solennelle des Evêques d'Orléans, 1666, in-8°, posé à l'occasion de l'entrée de d'Elbène. - Il y avoit eu auparavant un autre GUYON, (Louis) dont les Leçons diverses, imprimées à Lyon, 1625, 3 vol. in-8°, sont au nombre des livres peu communs et curieux.

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II. GUYON, (Jeanne-Marie Bouvières de la Mothe) née à Montargis en 1648, épousa, à l'âge de 18 ans, le fils de l'en

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trepreneur du canal de Briare, appelé Guyon. Devenue veuve à 25 ans, avec de la beauté et du bien, de la naissance et un esprit fait pour le monde elle s'entêta de cette espèce de spiritualité, qui est le délire de la dévotion, du Quiétisme. Un voyage qu'elle fit à Paris, lui donna le moyen de se lier avec d'Aranthon, évêque de Genève, qui, touché de sa piété, l'appela dans son diocèse. Elle s'y rendit en 1681 et passa ensuite dans le pays de Gex. Il y avoit alors dans cette contrée un la Combe, Barnabite Savoyard, d'une physionomie sinistre, homme ardent pour les plaisirs dans sa jeuet pour la dévotion dans l'âge mûr. Devenu le directeur de Mad. Guyon, le P. la Combe communiqua toutes ses rêveries

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à

sa pénitente. Dieu m'a fait la grace de m'obombrer par le P. la Combe, disoit la mysti que; et le Barnabite répondoit : j'ai obombré Mad. Guyon. Ces deux enthousiastes prêchèrent chez les Ursulines de Gex, le renoncement entier à soi-même, le silence de l'ame, l'anéantissement de toutes les puissances, une indifférence totale pour la vie ou la mort, pour le Paradis ou l'Enfer. Cette vie n'étoit, en suivant la nouvelle doctrine qu'une anticipation de l'autre qu'une extase sans réveil, L'évêque de Genève, instruit du progrès que faisoient ces deux apôtres d'un nouveau Quiétisme, cessa de les favoriser. Ils quittèrent Gex, et passèrent à Turin, de Turin à Grenoble, de Grenoble à Verceil, et enfin à Paris; et par-tout ils se firent des prosélytes. Les jeûnes, les courses la persécution achevèrent d'affoiblir leur cerveaų,

Mad. Guyon se donnoit des titres aussi pompeux qu'insensés : elle se qualifioit de Femme enceinte de l'Apocalypse, de Fondatrice d'une nouvelle Eglise. Elle prophétisa que tout l'Enfer se banderoit contre elle: que la Femme seroit enceinte de l'Esprit intérieur; mais que le Dragon se tendroit debout devant elle. Sa prédiction ne tarda pas de s'accomplir. Elle fut enfermée en 1688 , par ordre du roi, dans le couvent de la Visitation de la rue Saint-Antoine à Paris. Libre de cet esclavage, par le crédit de Mad. de Maintenon, elle parut à Versailles et à SaintCyr. Les duchesses de Charost, et Chevreuse, de Beauvilliers, de Mortemart, touchées de l'onc tion de son éloquence et de la chaleur de sa piété douce et tendre, la regardèrent comme une Sainte, faite pour amener le ciel sur la terre. L'abbé de Fénélon, alors précepteur des Enfans de France, se fit un plaisir de former avec elle un commerce d'amitié, de dévotion et de spiritualité, inspiré et conduit par la vertu

Noailles, l'abbé Tronçon, supérieur de Saint-Sulpice, et Fé nélon, assemblés à Issy, dressèrent trente-quatre articles. On vouloit, par ces articles, proscrire les maximes pernicieuses de la fausse spiritualité, et mettre à couvert les saines maximes de la vraie. Mad. Guyon, retirée à Meaux, les souscrivit, et promit de ne plus dogmatiser. Une femme enthousiaste pouvoit-elle tenir sa parole? Deux jours après, elle chercha à faire de nouveaux disciples. La cour, fatiguée des plaintes qu'on portoit contre elle, la fit enfermer d'abord à Vincennes, puis à Vaugirard, et enfin à la Bastille. Libre au milieu de ses chaînes, elle composoit des cantiques, où elle se livroit aux transports que lui inspiroit l'amour pur. L'affaire de Mad. Guyon produisit la querelle du Quiétisme entre Fénélon et Bossuet. Cette dispute ayant été terminée par la condamnation du livre des Maximes des Saints, et: par la soumission de l'illustre auteur de cet ouvrage, Mad. Guyon sortit de la Bastille en 1702 : et si fatal depuis à elle mourut à Blois le 9 juin tous les deux. Un rapport d'hu- 1717, à 69 ans, dans les transmeurs, une sympathie invincible, ports de la piété la plus affecun je ne sais quoi de touchant tueuse. « Tous les jours du deret d'élevé dans le caractère de nier âge de sa vie; dit un de ses Fun et de l'autre, les lia bientôt panégyristes, se passèrent dans étroitement. Mad. Guyon, sûre la consommation de son amour et fière de son illustre disciple, pour son Dieu. Ce n'étoit pas. se servit de lui pour donner de seulement plénitude; elle en étoit la vogue à ses idées mystiques; enivrée. Ses tables, les lambris elle les répandit sur-tout dans de sa chambre, tout ce qui tomla maison de Saint-Cyr, L'évêque boit sous sa main, lui servoit à de Chartres, Godet-Desmarets, y écrire les heureuses saillies d'un s'eleva contre la nouvelle doc génie fécond et plein de son trine. Un orage se. formoit; unique objet. » Après sa sortie Mad. Guyon crut le dissiper, de la Bastille, elle vécut dans en confiant tous ses écrits à un oubli entier, et mena la vie Bossuet. Ce prélat, l'évêque de la plus retirée et la plus uniChâlons depuis cardinal de forme. L'illustre archevêque de

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Cambrai conserva pour elle la plus singulière vénération. Sur le point de mourir, elle fit son testament, à la tête duquel elle mit sa Profession de foi, sur laquelle, dit le P. d'Avrigni, je laisse au lecteur à faire ses réflexions. «JE proteste, dit-elle, que je meurs fille de l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine; que je n'ai jamais voulu m'écarter de ses sentimens; que depuis que j'ai eu l'usage parfait de la raison, je n'ai pas été un moment sans être prête moins de volonté, à répandre pour elle jusqu'à la dernière goutte de mon sang, comme je l'ai toujours protesté en toute occasion; ayant toujours soumis, et en tout temps, les livres et écrits que j'ai faits, à la sainte Eglise ma mère, pour laquelle j'ai toujours eu et aurai, avec la grace de Dieu, un attachement inviolable et une obéissance aveugle; n'ayant point d'autres sentimens, ne vouÏant point admettre aucuns autres que les siens; condamnant, sans nulle restriction, tout ce qu'elle condamne, ainsi que je l'ai toujours fait. Je dois à la vérité, et pour ma justification, protester avec serment qu'on a rendu de faux témoignages contre moi, ajoutant à mes écrits, me faisant dire et penser ce à quoi je n'avois jamais pensé, et dont j'étois infiniment éloignée; qu'on a contrefait mon écriture diverses fois qu'on a joint la calomnie à la fausseté, me faisant des interrogatoires captieux, ne voulant point écrire ce qui me justifioit, et ajoutant à mes réponses; mettant ce que je ne disois pas, supprimant les faits véritables. Je ne dis rien des autres choses, parce que je pardonne tout et de tout mon

cœur.» Tout ce qu'on peut conclure de cette protestation, c'est que si les expressions dont se servit Mad. Guyon, dans ses livres, étoient mauvaises, son intention étoit bonne et son cœur droit; mais que la condamnation de ses erreurs lui avoit laissé des impressions injustes et défavorables contre ceux qui avoient contri→ bué à les faire proscrire. L'abbé de la Bletterie a écrit trois Lettres estimées et rares, dans lesquelles il la justifie des impostures que ses ennemis avoient inventées pour noircir sa vertu. Malgrè des lettres interceptées du Barnabite la Combe à son élève, et de l'élève à son maître, trèstendres et très-vives, les gens sensés regardèrent toujours la Combe et Mad. Guyon, comme deux personnes d'un esprit peu réglé, mais de mœurs pures. Les principaux ouvrages de cette femme célèbre sont : I. Les Torrens spirituels, où l'on trouve le Moyen court et très-facile de faire Oraison, et le Cantique des Cantiques expliqué, in-8.o II. Sa Vie écrite par elle-même, en 3 vol. in 12 Cologne 1720. De toutes les productions de Mad. Guyon, c'est la moins commune. « Comme elle se croyoit favorisée de toutes les graces qui ont si fort distingué Ste Thérèse, elle voulut bien à l'exemple de cette Sainte, dit le P. d'Avrigni, écrire sa VIE nouvelles révélations, ou plutôt nouvelles folies. Elle dit qu'elle voyoit clair dans le fond des ames, sur lesquelles elle recevoit une autorité miraculeuse aussi bien que sur les corps; que Dieu l'avoit choisie pour détruire la raison humaine, et rétablir la sagesse Divine. Ce que je lierai, ajoute-t-elle, sera

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