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Le rapport du comité colonial n'étant pas achevé, on l'a ajourné au 10, fur l'oblervation de M. Montaut que les troupes deftinées aux colonies devoient partir le 15.

Alors M. Briffot s'eft Alatté de remplir la paro'e qu'il avoit donnée de confondre les calomniateurs des deux mondes : & il a déclamé pendant de mortelles heures, a tordu tous les faits au gré de fes conféquences forcées, a rejetté tout l'odieux de la révolte & des maffacres même fur les colons, fur les victimes; n'a touché à rien que pour l'empoifonner, n'a nommé perfonne, excepté Ogé, fes complices, & M. Gerard, que pour le diffamer. Les blancs fe font à deffein, ex géré le péril, n'ont pris que de lentes précautions; les noirs « dont les progrès pouvoient enfin devenir funeftes à ceux mêmes dont ils avoient d'abord fervi les projets finiftres (en les ruinant, en les affaffinant); après quelques foibles combats, qui Teroient à peine des efcarmouches dans une armée Européenne, les noirs battus, difperfés, ont imploré la clémence de leurs vainqueurs & font rentrés dans le devoir. »

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Ce début ou de foibles combats, des efcarmouches détournent l'attention des immenfes ravages des incendiaires, a conduit leur apologiste à dire de ceux qu il s'eft chargé d'accufer de tant d'horreurs qu'ils pâliffent, comme dit Juvenal, ils ont l'ame glacée par la grandeur de leurs crimes cui frigida mens eft criminibus. C'est un combat entre la liberté & le defpotifme, un combat donné dans le temple de la liberté même, & fous les yeux de fes miniftres, fous les yeux d'un peuple qui l'aime le fuccès peut-il être dou

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Après cet appel aux galeries, il a promis toute

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l'impartialité de fa morale, & a diftingué quatre. claffes d'habitans à Saint-Domingue; 10. les colons riches, propriétaires, économes & les colons diffipateurs & endettés ; 2°. les petits blancs, aventuriers fans fortune, fortis de la lie d'une nation qu'on foutenoit, un jour, à M. Malouet, n'avoir point de lie; 3°. les hommes de couleurs; 4. les efclaves. Un paffage remarquable de ce difcours, auffi dépourvu de logique & de prudence que de vérité, c'eft celui où ne prévoyant aucune induction poffible, M. Briffot a Feint les petits blancs dénués de propriété « cette populace vendue à qui la paye, une foule d'hommes perdus de dettes, qui ne vouloient que le défordre fe rendant affidument aux affemblées primaires, fe faifant un métier d'y affifter, l'emportant fur les propriétaires inférieurs en nombre, viciant les réfolutions, les élections, la repréfentation par leur nuisible influence *...-- Qu'eût-ce donc été fi là comme ailleurs les propriétaires euffent été chaffés, ou se fuffent abfentés de prefque toutes les Affemblées? Beaucoup de clubiftes valent-ils mieux que des petits blancs ... Mais fuivons M. Briffot dans ces importantes découvertes.

Il a trouvé les caufes du foulèvement dans l'amour des colons économes & des gens de coufeur pour la révolution; dans la haine des colons prodigues & courtilans, pour cette même révolution. Liberté ! fut le cri des premiers; defpotifne fut le cri des feconds; & l'adminiftration a connivé avec ceux qui favorifoient le maintien de fon autorité. Pour fecouer le joug miniftériel, l'un des partis s'attacha à l'Affemblée nationale; dès qu'il vit qu'elle étoit fidèle à fes principes Tégalité, il fsépara de la conftitution fran

çoife. A la nouvelle du décret du 15 mai, ce parti, dont étoit l'affemblée générale, conçut le projet d'enlever les colonies à la métropole; de ce projet nulle preuve que de celles qui fuffifen: à M. Briffot, qui le fuppofe conçu d'après le décret du 15 mai 1791, & qui l'apperçoit dans un arrêté ou décret de l'affemblée générale du mois de février ou de mars 1790, où elle fe donncit, a-t-il dit, le caractère d'une aflemblée conftituante, anachronifme abfurde, exagération malveillante d'un fimple défaut de forme.

A en croire M. Briffot, il n'y a rien de fi ext avagant que de croire que l'exiftence de fix millions de François feroit compromife par la perte des colonies. Selon ce profond politique, la deftinée de la France eft dans fes propres mins, & ne dépend point du foit des colons. Son œil d'aigle voit dans la cocarde noire, prife un inftant, par quelques colons défefpérés d'une liberté armée de poignards & de torches, un 'culte rendu au gouvernement Anglois ; & comme chacune des caufes qu'il indique eft toujours la principale, il impure tous les malheurs à M. de Blanchelande, à qui il donne des leçons d'art militaire. Enfin il accufe auffi de tout, ceux qui ot parlé contre l'Assemblée nationale; ceux qui 'ont réfifté aux décrets (même avant qu'ils arrivaffent ou après qu'ils étoient rétractés ); ceux qui ont mis l'embargo; ceux qui ont négligé d'étouffer la révolte (tandis qu'ils avoient à saffurer de foldats indifciplinés, de mulâtres fufpects, de nègres); ceux qui ont arboré les couleurs de l'aristocratie; & tous ceux in globo

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qui infultent à la raifon, à la philofophie, à da liberté, dans le temple même de la philofo phie & de la liberté » M. Briffet applaudi avec

tranfport, a demandé l'ajournement de la lecture du projet de décret qu'il avoit à propofer! Il falloit l'opinion avantageufe qu'il a de luimême, pour avoir le front de débiter cette rapfodie, après ce qu'avoient dit, la veille; les commiffaires de St. Domingue, dont nous regrettons vivement que l'espace ne nous permette pas d'inférer ici l'excellent difcours. MM: Guadet & Vergniaud ont propofé de fufpendre le décret du 24 septembre, qui révoque celui du 15 mai; & de ratifier le concordat paffé librement, fous peine de mort, entre les blancs & les gens de couleur. On a décrété l'impreffion de ce concordat, celle de la déclamation de M. Briffot, & l'ajournement à famedi de fon projet & de la motion de M. Guadet.

Du jeudi, féance du foir.

On annonce une lettre timbrée d'Angleterre, adreffée à M. Varnier. MM. Bazire & Fauchet demandent qu'elle foit imprimée, publiée. Des murmures out couvert cette propofition du defpotilme le plus immoral; mais perfonne n'a réclamé contre les motifs peu fatisfaifans du renvoi de la lettre aux archives.

Ur oncle de M. Varnier écrit à l'Assemblée, Quelqu'un s'eft écrié « je fais là motion, une fois pour toutes, qu'on ne nous parle plus de lui». Et la falle a retenti de l'ordre du jour Enfin, après de ces débats auxquels leur fréquence n'ôte pas le droit d'étonner les ames fenfibles, il a été décreté que « les deux procurateurs nationatix & les quatre grands-juges fe rendront, dans quatre jours, à Orléans, pour y commencer de fuite l'exercice de leurs fonc¬ tions » ; quoique le crime de lèze-nation ne soit

pas encore défini.

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Divers autres objets ont été ajournés & feront par conféquent reproduits. Le miniftre de la marine a annoncé que les canonniers & matelots, & le détachement d'infanterie fervant de garnison fur le vaiffeau l'Eole ftationné aux ifles du vent, ont refufé, le 12 octobre, de débarquer à Sainte-Lucie cent fufils deftinés à la défense des habitans de cette colo Renvoyé au comité de marine.

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Du vendredi, 2 décembre.

M. Tarbé avoit notifié hier à l'Affemblée les noms des nouveaux commissaires de la comptabilité; ce font MM. Beaulieu, Boucher, Brière de Surgy, Delle, Silléry, Surveille, Michelin Choify, Parifot, Normandie, Faron des Pujets, le Gardin, Ducarvieils & le Rocher. Aujourd'hui, M. François de Neufchâteau a prétendu qu'il auroit bien quelque reproche à faite contre chacun de ces commiffaires, mais il s'eft borné à l'observation que trois d'entr'eux étoient parens ou beaux frères des miniftres. M. Gilbert propofé d'examiner fi des parens de députés l'Aflemblée nationale pouvoient remplir ces places, & fi l'on ne devroit pas réduire leur traitement de 15000 à 5000 livres. Toutes ces questions. ont été renvoyées au comité de légiflation; & l'on a décrété qu'ils feront adinis à la barre dimanche, fans rien préjuger fur les conditions d'éligibilité dont le comité s'occupera.

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M. Duportail a fait part à l'Affemblée de fa démiffion que le Roi venoit d'accepter. Une voix s'eft écriée tant mieux. Il annonce qu'il donnera à fon fucceffeur tous les éclairciffemens néceffaires fur la comptabilité du département de la guerre. On a demandé qu'aucun ministre ne

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