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à la mort tous ceux que leurs perfécuteurs pour

roient convaincre...

On a demandé l'impreffion de ce difcours, & l'envoi dans les départemens. L'évêque conftitutionnel de Rennes, M. le Coz a voulu parler comme citoyen, comme prêtre il a traité cette harangue de code d'immoralité, d'anarchie & d'athéifme, qui tendoit à priver un peuple ruiné des dernières confolations; M. Bazire a crié : le prêtre à la barre. Les galeries ont redit en chorus à la barre. Quelqu'un a dit nous ne fommes pas ici en Sorbonne.

Un décret a divifé le comité en 4 fections qui, mercredi, préfenteront chacune fon rapport & fon projet de loi contre les prêtres.

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Du mardi, 15 Novembre.

Sur 343 votans, 257 voix ( environ le tiers de l'Affemblée) ont porté M. de Vaublanc à la préfidence.

Le prétexte du défaut de la fignature du Roi fufpend encore le paiement qu'exige l'armement à oppofer aux entreprifes des Algeriens. Mais le comité diplomatique nous donnera jeudi des extraits de gazettes arrangés par M. Briffot, qui jetteront la plus grande lumière fur les relations mutuelles de la France & de toutes les Puiffances.

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&

Divers autres objets ayant été lus, débattus & remis à des comités qui le reliront encore, qui provoqueront de nouveaux débats, nous nous bornerons à quelques mots fur les deux décrets rendus dans cette féance.

Le premier force un reffort qui n'a pas' reçu de la conftitution une énergie proportionnée à l'effet qu'on femble en attendre. Qu'est-ce que

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la refponfabilité pécuniaire & non-définie d'administrateurs n'ayant, la plupart, d'autre propriété que leur traitement alimentaire, à l'égard de tout un département celle d'un directoire, à l'égard de fon diftrict; & celle de municipaux créatures de la multitude, à l'égard d'une commune furchargée & armée ? S'ils le démettent, où fera le réfültat des comptes périodiques à jour fixe?

Le second tuera les mœurs, l'industrie, le commerce & l'armée, en faifant fermenter dans toutes des têtes la ruineufe manie d'être officier de ligne ; en tranfportant des patriotes de 18 ans, des corpsde-gardes nationaux attenant à la boutique de leur père, dans les garnifons corrompues ou perfonne ne les furveillera ; en donnant des égaux obfcurs pour chefs à de vieux foldats, accoutumés à refpecter des noms illuftrés par des races immé

morialement vouées à l'état militaire.

Par le premier décret, il eft ordonné; 1o. que dans les départemens où la réparrition des contributions n'aura pas été faite entre les districts, elle fera faite par le confeil du département, dans quinzaine, fous les peines de forfaiture portées dans la foi du 28 août ; 2o. que les diftricts répartiront, dans quinzaine, entre les municipalités, faute de quoi, des commiffaires y pourvoiront; 3°. que fi les municipalités ne font auffi leur répartement dans la quinzaine fuivante, des commiffaires accélèreront l'opération ; 4o. que les frais de commiffaires feront retenus fur les traitemens, & qu'il fera rendu compte du tout, de quinzaine en quinzaine, des directoires aux directoires, des départemens au miniftre, & du miniftre au corps légiflatif.

Par le fecond, confiftant en deux articles

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additionnels à la loi fi fouvent remaniée fur le remplacement des officiers de l'armée, il eft ftatué ce qui fuit:

« Art. III. Ne pourront prétendre aux emplois réservés aux gardes nationales par l'article précédent, que les citoyens & fils de citoyens âgés de 18 ans & au-deffus, qui auront fait un - fervice perfonnel & continué dans les gardes nationales depuis & compris le premier Janvier 1790 - jufqu'à ce jour. »

« IV. Les gardes nationales infcrits pour fe rendre aux frontières, en vertu du décret du 21 juin dernier, & qui font entrés dans le bataillon, feront admiffibles aux fous-lieutenances, quelle que foit l'époque à laquelle ils font entrés dans la garde nationale. »

Du mercredi, 16 novembre.

Quoique l'acte conftitutionnel ait établi que les députés aux légiflatures ne repréfentent aucune partie de la France, mais la nation entière (ch. I. fect. III. art. VII ) ; que nul corps armé ne peut délibérer (tit. IV. de la force publique ); que les autorités conftituées n'admettront que des pétitions individuelles (tit. I. §. III); un bataillon des volontaires nationaux du département de Rhône & Loire, qui paroît fe prendre pour la nation, écrit à l'Affemblée : à guftes repréfentans, & lui demande d'être envoyé au fecours des colonics. « Le climat de l'Amérique, difent ces braves volontaires, eft propre à la liberté. Que les corps Américains foient étonnés en voyant des citoyens François d'Europe fous l'uniforme aux trois couleurs, le joindre aux troupes de ligne, pour y affermir le e drapeau chancelant de la liberté »... ( A propos

nos au

d'efcláves révoltés qu'il faut rappeller au devoir)! « Si l'on n'envoie que des troupes de ligne a dit un membre, elles feront entièrement fubordonnées aux chefs (l'inconvénient eft certai nement risible); au lieu que des gardes nationales partageront la confiance des citoyens, ferviront utilement la patrie, & no porteront point la défolation dans ces centiées. » On a renvoyé l'adreffe au pouvoir exécutif, & il en sera fait mention honorable.

M. Audrein a paraphrafé les aventures de curés afsermentés, installés par force, & chaffés par les paroiffiens fur qui de civiques voifins font accourus faire deux décharges en l'air, dont deux hommes ont été tués; jeu de mots qui a beaucoup fait rire. Cela prouveroit à d'autres, qu'il n'eft pas de lei plus ouvertement violée, que la conitution qui donne aux citoyens « le droit d'élire ou choifer les miniftres de leur culte (tit. I. §. III.)». Mais M. Andrein n'y a vu qu'un moyen de provoquer une loi plus cruelle contre les prêtres.

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Dans la même féance, a eu le noble courage de dire M. Laureau j'ai entendu deux motions capables de faire perdre tout efpoir à la patrie; l'une, d'abandonner nos colonies; l'autre, d'expulfer du royaume quiconque n'a pas notre opinion religieufe. Au moment où nous agitons le dé dont la fortie va nous donner ou la paix ou la guerre intérieure, des clameurs populaires tendent à fubftituer l'opinion vulgaire à celle du légiflateur... à nous conduire à une loi qui feroit plus funefte que la révocation de l'édit de Nantes... Que, fi ce jour de calamité arrive, les maux qu'il caufera puiffent retomber

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fur la tête de leurs auteurs! Quand une nation qui a renoncé aux conquêtes tire l'épée, c'eft fon fang qu'elle fait couler... Je n'abandonnerai pas le rôle honorable de fon législateur, pour celui de fon perfécuteur. Je fais la motion que toute propofition incendiaire ennemie du calme d'efprit, fource pure des loix, ne foit pas même écoutée.... Des fentimens fi eftimables n'ont produit que des murmures, & le cri: A l'ordre du jour... L'Affemblée s'y eft trouvée.

M. Brival a dénoncé la dernière proclamation du Roi,comme féduifante, mais contraire à la conftitution. Cette odieufe dénonciation a fagement été repouffée en dépit de M. Briffot qui effayoit d'en relever l'extrême importante. On a fait lecture d'une lettre de l'affemblée coloniale de Saint - Domingue, à l'Assemblée nationale. La voici :

ce Cent mille Noirs fe font révoltés dans la partie du Nord; plus de 200 fucreries font incendiées; les maîtres font maffacrés; & fi quelques femmes font épargnées, leur captivité eft un état pire que la mort même : déjà les Nègres ont gagné les montagnes, le fer & le feu y montent avec eux; un nombre immenfe de cafeyères eft auffi la proie des flammes celles qui reftent touchent au moment de leur deftruction. De toutes parts, femmes, enfans, vieillards échappés au carnage, abandonnent leurs retraites, & cherchent fur les vaiffeaux le feul afyle qui leur eft affuré. »

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Trop foibles pour résister à ce torrent, nous avons demandé des fecours aux infulaires les plus volfins; s'ils arrivent affez tô pour préven notre anéantiffement, ils ne ramèneront pas la

fource

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