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duire, & avec quelles précautions il faut les opérer. Ils n'euffent entraîné qu'une foible partie de ces rifques, il y a dix ans, ou du moins ils n'auroient pas alarmé la prévoyance du Gouvernement; mais l'exemple du bouleverfement de la France nuit à toutes les réformes falutaires, parce qu'en France on a tout détruit au lieu de corriger, & que les Souverains, les Souverains, ainfi que les premières claffes de l'Etat, craignent de fubir le fort du Roi de France, & de l'ancienne hiérarchie de ce royaume. Cependant, le concours des caufes qui y ont produit ces évènemens, n'exifte parmi nous qu'à un moindre degré, & les mêmes vues dans le Monarque ne feroient probablement point récompenfées par la fubverfion totale de fon autorité légi

time.

Différentes promotions fucceffives ont borné depuis quinze jours le cercle de la curiofité publique. L'Empereur a conféré onze Grands Croix de St. Etienne, & créé trois Commandeurs du même Ordre, qui font les Barons de Martini, de Spielman & de Kienmayer. Le Prince Antoine

Efterhazy, Capitaine des Gardes de Sa Maj. Imp., eft nommé Général d'Artille rie, & le Comte d'Efterhazy, ci-devant Député Hongrois au Congrès de Sziftowe, Ambaffadeur à Naples.

Le 23 du mois dernier, Belgrade a été

remis folemnellement aux Commiffaires Ottomans, chargés de recevoir les clefs de cette fortereffe. C'est le même jour qu'on reçut à Pétersbourg la nouvelle de la mort du Prince Potemkin décédé le 16. Auffi-tôt, le Comte Besborodko, Miniftre d'Etat & principal Membre du Cabinet, a préparé fon départ pour Jaffy, où il dirigera les négociations de paix.

De Francfort-fur-le-Mein, le 17 Novembre.

Le dernier Traité d'Alliance entre la Ruffie & la Suède, ayant été porté à la ratification de l'Impératrice, on n'en connoîtra exactement la teneur, qu'après l'exécition de cette formalité. Il ne fenible plus, douteux que cette convention foit la pierre angulaire d'un concordat général, dont l'hiver applanira ou développera les difficultés. Quoi qu'en difent ceux qui déclament avec une violence fi imprudente contre les moyens de préparer la fin des malheurs de la France par des tranfactions préliminaires, & d'épargner à ce Royaume une guerre civile & extérieure, on préfume que la faifon fera remplie par des négociations. Le bruit d'un Congrès général & prochain à Aix-la-Chapelle, s'accrédite plus fortement. Déjà, des avis de Stockholm, y envoyent en qualité de Miniftre Plenipotentiaire de Suede, le Comte de

Ferjen, Colonel Propriétaire du Régiment Français Royal-Suédois, & qui a réfidé à Vienne depuis le départ du Roi de France, dans lequel il joua un rôle important. On annonce encore qu'il fera en niême-temps accrédité auprès du Gouvernement général des Pays Bas, & que le Comte d'Oxenf tiern réfidera auprès des Princes François, avec un caractère public. Ces nominations ne font pas encore affez conftatées, pour que nous prenions fur nous d'en confirmer la certitude.

On continue le long du Rhin, des achats confidérables de foin, de bled & d'avoine, dont la deftination eft ignorée. Par-tout on découvre des mefures de prévoyance. Nos dernières lettres de Berlin nous apprennent qu'on conferve fur le pied de campagne, une partie de l'Artillerie à cheval qui eft à Landsberg, ainfi que les Corps de Henckel & de Hohenlohe, quoique cantonnés actuellement.

M. de Saint-Priest, ancien Miniftre d'Etat de France que les Gazettes envoyoient à Stockholm, eft parti le 20 de Varfovie pour Drefde, & doit être à Berlin

en ce moment.

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GRANDE-BRETAGNE.

De Londres, le 16 Novembre.

Nous rapportâmes la femaine dernière, que les Planteurs & Négocians intéreffés au commerce des Colonies occidentales, avoient pris dans leur Affemblée générale la délibération de requérir les fecours du Gouvernement. Sur la première réponse du Miniltre, l'Affemblée s'eft rouverte le 8; M. Long lui a fait le rapport fuivant.

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Que le Comité s'étoit rendu auprès du Chancelier del'Echiquier, & du Secrétaire d'Etat, pour folliciter un fecours immédiat pour les Indes Orientales, par une augmentation des forces militaires & navales; que le Miniftre, après avoir témoigné le defir que tous les détails contenus dans les lettres particulières fur cet évènement lui faffent communiqués, avoit demandé d'une manière particulière que les Propriétaires & Marchands des ifles Occidentales donnaffent un état exact des forces qu'ils jugeroient être néceffaires pour la fûreté des ifles, en diftinguant le danger relatif des différentes ifles, & la quantité des troupes qu'il faudroit envoyer à la Jamaïque, auffi bien que dans les ifles fur & fous le vent ; qu'en même temps il avoit dit, que fon opinion étoit que les dépenses devoient être fupportées par l'ifle particulière qui auroit besoin d'un renfort additionnel, &c. »

L'Affemblée après avoir entendu ce rapport, prit les réfolutions fuivantes :

« 1°. Que cette Affemblée ne pouvoit point prendre fur elle de décider fur le danger com

paratif des différentes ifles des Indes Occiden tales dans la crife actuelle, ni de confeiller le déplacement d'aucune partie des troupes qui y font ftationnées; car quoique la Jamaïque foit beaucoup plus expofée aux fuites de l'infurrection de St. Domingue, cependant la difpofition à la mutinerie qui a éclaté depuis fi peu de temps à la Dominique, & la fituation précaire, des affaires dans les ifles Françoifes fur le vent font craindre avec raifon que fi l'on retiroit une partie quelconque des forces qui font dans nos ifles fur le vent, ces mêmes ifles ne fuffent exposées. aux plus grands dangers. »>

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« 2°. Que pour les raifons déjà déduites dans les réfolutions de la dernière Aflemblée,, il eft fur-tout à defirer que le Gouvernement faffe un acte oftenfible qui puiffe convaincre nos Nègres, que les Miniftres de S. M. voient le danger, & qu'ils font difpofés à le repouffer. Qu'il paroît qu'il eft prudent de prendre des melures immédiates, pour mettre tout-à-fait au complet les régimens qui font actuellement dans nos ifles fur le vent, & pour envoyer tel furcroît de forces navales & militaires dans les ifles Britanniques Occidentales en général, que le Gous vernement jugera devoir être néceffaire, pour leur confervation. »

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3°. Que les Colonies Britanniques des Indes Occidentales plantées & formées par des Sujets Britanniques, & cultivées par le moyen des efclaves Nègres tirés d'Afrique, non-feulement fous la fanction du Corps Légiflatif, mais encouragées à cette culture par des actes répétés, & par les déclarations, s'étant toujours montrées fidèles & zélées dans leur attachement pour la Mère-Patrie, & par leurs impofitions intérieures,

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