D'UN TÉMOIN DE LA RÉVOLUTION, OU JOURNAL DES FAITS QUI SE SONT PASSÉS SOUS SES YEUX, ET QUI ONT PRÉPARÉ ET FIXÉ LA CONSTITUTION FRANÇAISE. Mercredi 15 juillet. JE me rendis à l'Assemblée à dix heures; et, autant que je puis me le rappeler, un bruit courait déjà dans la ville que le roi allait venir à l'Assemblée. M. de Custines a proposé de faire une adresse au roi pour lui demander d'éloigner de lui les perfides conseils. M. de Sillery a lu un projet qui a été fort goûté de l'Assemblée, et dans lequel il disait : « Les Français adorent leur roi, mais ils >> ne veulent pas avoir à le redouter (1). » M. de (1) Cette phrase, copiée par Bailly dans le journal intitulé le Point-du-Jour, est rapportée par d'autres historiens d'une manière' beaucoup moins absolue. Suivant ces derniers, elle aurait été ainsi conçue : « Les Français, Sire, adorent leurs rois, mais ils » ne veulent jamais les redouter. » On comprend que cette rédaction attaquait bien moins directement Louis XVI. Au reste, cette adresse de Sillery avait principalement pour but l'éloignement des troupes, le renvoi des ministres qui étaient |