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DE CHIMIE

ET D'HISTOIRE NATURELLE.

THERMIDOR AN 8.

MÉMOIRE.

SUR

L'AMALGAMATION DE JOACHIMS-THAL, EN ВОНЁМЕ,

Contenant une description exacte de tous les travaux qu'on y pratique, avec quelques observations,

Par M. FRAGOSO DE SIGUERA, de l'académie royale des sciences de Lisbonne, et correspondant de la société économique de Leipsic.

AVERTISSEMENT.

Je vais donner une description exacte des travaux qui se pratiquent actuellement dans l'atelier d'amalgamation de Joachims-Thal, en Bohème. Cette amalgamation a de grands avantages sur celle de la Saxe, ce qui la rend digne de l'attention du métallurgiste; pour qu'elle puisse être très-utile dans les pays

des mines où on voudra suivre cette méthode. Je furai en mène temps quelques observations sur quelques-unes des manipulations de cette amalgamation, qui me semblent pouvoir être Tome LI. THERMIDOR an 8,

M

susceptibles d'améliorations, et sur quelques changemens wiles qui y ont été faits par M. Helmig, directeur actuel de cet atelier. Si une fois il n'est possible de publier ce mémoire avec quelques-autres sur la métallurgie, je crois que les compagnies des exploiteurs et les propriétaires des fonderies m'en sauront bon gré; ce n'est que pour l'utilité publique que je pourrai me résoudre à publier ce que j'écris pour conserver la mémoire de ce que j'ai vu en faisant mon apprentissage dans les ateliers métallurgiques où j'ai eté.

Les travaux qui se pratiquent actuellement dans ces ateliers se réduisent aux suivans: 10. le mélange des minéraux avec le sel commun pour les griller; 2°. le grillage des mêmes minéraux; 3°. le travail de moudre les minéraux grillés; 4°. celui de les amalgamer; 5o. celui de filtrer l'amalga ne; 6o. Celui de faire le départ du mercure d'avec l'argent; 70. le travail de rafiner l'argent séparé de l'amalgame. Je tâcherai donc d'exposer tous ces travaux avec la plus grande clarté qu'il me sera possible.

ARTICLE Ier.

De la qualité des minéraux à amalgamer, et de leur mélange avec le sel commun pour les griller.

§. I. Les minéraux qu'on choisit pour l'amalgamation, sonť les mines maigres, c'est-à-dire les mines d'argent qui ne contiennent ni plomb, ni cuivre, et qu'on appelle en allemand (darren erze). Ces minéraux sont fournis à l'amalgamation de Joachims-Thal par les mines des contrées de Joachims-Thal, de Aberdam Platen, Gottes-Gabe, Weipert, Presnitz, Nickelsberg, Grabe, Bleystadt, Miss, etc.; its contiennent en mélange, surtout ceux de Joachims Thal, du cobalt, du bismut, du nikel, de la pechblende, de la terre argileuse, de la pierre cornée, de la pierre à chaux, du quartz, du gneus, de la pyrite arsenicale, du fer, del'arsenic natif; mais ils sont en général pauvres en pyrite de fer ou sulfureuse (1).

§. II. Pour ce qui regarde la quantité de sel à mélanger avec les minéraux, on n'a point encore à Joachims: Thal une règle

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(1) Ces minéraux, de même que ceux de Saxe, ne contiennent point les moindres parcelles d'or.

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sûre, mais on se règle en cela d'après ce qui semble le plus raisonnable. Cette quantité est donc toujours ajoutée d'abord au hasard sans qu'on puisse savoir si on y a ajouté trop ou trop peu; on se règle donc d'après la teneur en argent des mineraux : ceux qui ont jusqu'à 8 onces sont préparés avec 8 à en sel pour 100; et ceux qui contiennent jusqu'à quatre marcs et davantage, sont préparés avec 10 jusqu'à 12 pour 100 en sel. On se règle donc ensuite selon l'effet de l'amalgamation des premières tâches grillées pour voir si on y a ajouté trop ou trop peu en scl, et pouvoir en garder cette proportion, ou l'augmenter ou diminuer dans les tâches suivantes (1). On voit de ce récit, qu'on n'amalgamme dans cet atelier que des mines maigres, riches et très-riches en argent, quand au contraire en Saxe on n'aualgame que les minéraux pauvres, dont la teneur du mélange ne montre jamais que de 3 onces et demie à 4 onces, Il est aussi vrai qu'heureusement dans les contrées ci- mentionnées on n'a point de nines maigres si pauvres qu'en Saxe; on prépare donc tous les jours les tâches qu'on doit griller pendant vingt-quatre heures: et on procède ensuite au grillage de la façon qui suit.

§. III. Avant de parler du grillage, il sera convenable de donner une description des fourneaux de grillage, qui sont pré

ne les

(1) Il est bien facile de voir combien cette méthode de préparer les minéraux avec le sel est fautive, et combien les grillages doivent être imparfaits. Or il est sans contredit que le succès complet de l'amalgamation dépend de la perfection du grillage. Il seroit à propos de déterminer la quantité de sel à mélanger par l'essai de la matte crue, comme on le fait à Freyberg, d'après les recherches de fon M. Gellert. Je sais bien que les minéraux qu'on amalgame à Joachims-Thal ne peuvent pas donner la même quantité de matte crue que ceux de Freyberg, parce qu'ils sont trop pauvres en pyrites; mais les recherches pourront donner d'autres proportions sûres. En outre, je crois qu'on pourroit se procurer une grande quantité de pyrites cuivreuses de Cupfesberg, près de Joachims-Thal; ces pyrites sont extrêmement pauvres en cuivre : on emploie que pour faire du vitriol, et les filons sont très-riches; il me semble donc que si on faisoit le mélange de ces pyrites avec les minéraux dans les proportions convenables, on pourroit règler ainsi la proportion du sel à ajouter. et on obtiendroit un grillage parfait. On ne procederoit plus à tâton, et on épargneroit beaucoup en sel, et l'amalgamation seroit plus parfaite. Le cuivre des pyrites s'amalgamera à la vérité avec l'argent, mais il n'y aura pas de mal à celu; ce cuivre se brûlera au raffinage de l'argent; en outre on pourra même employer ce cuivre pour l'alliage des monnoies, ne raffinant pas l'argent que jusqu'au point nécessaire pour le monnoyer, et ainsi le trésor du roi ménagera les dépenses de l'alliage.

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