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Sceau de Jean sans peur, Duc de Bourgogne.

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tres d'abolition. Dès ce moment le gouvernement passa presque tout entier dans ses mains; il s'empara de l'éducation du dauphin, et mit dans les principaux emplois des hommes qui lui étaient dévoués; mais les princes, effrayés de ses progrès et de son despotisme, s'entendirent secrètement, et formèrent une ligue contre lui. Le duc; informé à temps, fit entrer des troupes dans Paris, et força ses ennemis à signer un traité qui fut appelé Paix de Bicêtre. La principale clause était que les princes s'éloigneraient de Paris avec leurs troupes. Le duc de Bourgogne s'éloigna de son côté, mais il continua d'intriguer de loin,et bientôt les deux partis armèrent de nouveau, malgré les défenses réitérés du conseil. Le jeune duc d'Orléans, chef du parti opposé au duc de Bourgogne, et qui travaillait à venger son père, lui déclara de nouveau la guerre par un cartel, signé de lui et de ses trois frères. Ce cartel commençait de la sorte: « Charles, duc d'Orléans et de Valois, << comte de Blois, Philippe et Jean d'Orléans, comtes de Vertus et d'Angoulême, à toi Jean qui te dis duc « de Bourgogne, pour l'homicide hor«rible par toi, proditoirement, de guet-apens, et par tes assassins ordinaires, commis en la personne de « notre très-redouté seigneur et père, prince, duc d'Orléans, frère unique « du roi.....»

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Leduc de Bourgogne avait réussi, par ses menées, à faire nommer un des siens, le comte de Saint-Pol, gouverneur de Paris. Celui-ci s'appliqua à gagner la populace, qu'il regardait comme un instrument propre à l'exécution de ses desseins, et il arma une milice en partie composée de bouchers. Les deux armées se mirent en campagne, et ravagèrent la Picardie. En la cour, cédant au parti le plus fort, se prononça pour le duc de Bourgogne, et déclara confisqués tous les biens de ceux qui prendraient fait et cause pour la faction opposée, connue sous le nom de faction d'Armagnac (Voyez ARMAGNAC). Jean se mit en campagne avec une armée de 60,000 hommes, et fit le siége

de Ham', qui résista fortement. Les deux partis demandèrent secours au roi d'Angleterre, et le duc de Bourgogne fut seul écouté (1411). Il recula cependant à l'approche du duc d'Orléans Ses partisans voulurent faire une sortie quand les Armagnacs s'approchèrent de Paris; mais ils donnèrent dans une embuscade, et se firent tailler en pièces. Il y eut alors de part et d'autre de sanglantes représailles. Mais l'absence du duc compromettait le succès de sa cause; sur les instances de son parti, il revint avec une poignée de troupes, débris de sa puissante armée, dont il n'avait pu prévenir la désunion. Sa présence calma et rassura les esprits. Il fit d'heureuses sorties, et reprit bientôt l'avantage. Il s'empara de la faible volonté du roi, le mena à Saint-Denis prendre l'oriflamme, et l'entraîna jusqu'au siége de Bourges. Des maladies et les pertes essuyées de part et d'autre ralentirent l'ardeur des combattants, et un arrangement fut accepté. Le traité de Bourges mit fin à la guerre (1413); mais le duc de Bourgogne, aussi difficile à contenter que ses rivaux, fomentait de nouveaux troubles dans Paris, où il était resté. Il essaya de s'emparer du roi. Il l'alla trouver à l'hôtel Saint-Pol et lui proposa une partie de chasse au bois de Vincennes. Le prince y consentit; mais, averti à temps, il rebroussa chemin. Le duc de Bourgogne ayant manqué son coup, s'enfuit en Flandre. De là, il mit tout en œuvre pour se justifier; il écrivit au roi des lettres qui avaient pour but de préparer les voies à son retour; mais il reçut l'ordre de ne point reparaître sous les murs de Paris, sous peine d'être traité en rebelle. Il se remit donc en campagne et entra en Picardie. Soissons, Compiègne et Troyes lui ouvrirent leurs portes; il se fit livrer Saint-Denis par trahison, puis il envoya un héraut à Paris, pour dire qu'il se rendait aux ordres de Paris et du dauphin, qu'il venait les tirer de la captivité; mais on renvoya le héraut sans réponse. Il se présenta un jour à la porte Saint

Honoré, et y resta en bataille une heure et demie; mais il ne se fit aucun mouvement du côté des assiégés. Le comte d'Armagnac leur avait fait défense de tirer une seule flèche. Le duc de Bourgogne apprit alors qu'une ordonnance venait d'être rendue, qui le déclarait auteur de tous les troubles du royaume, rebelle et ennemi de l'État, et convoquait l'arrière-ban de France pour marcher au plus tôt contre lui. Il reprit aussitôt le chemin de la Flandre. Són apologie du meurtre de Louis d'Orléans fut brûlée de la main du bourreau, et le peuple, en entendant la réfutation qui fut faite de cette pièce, en assemblée publique, prodigua au prince, dont il avait d'abord fait un héros, les épithètes de traître et d'assassin. Le duc s'approcha de nouveau de Paris; mais il s'arrêta à Lagny, qu'il abandonna au pillage en se retirant. Le long et inutile séjour qu'il y fit lui valut, de la part du peuple de Paris, le sobriquet de Jean de Lagny qui n'a hate. Sa fille, veuve du jeune dauphin, lui fut renvoyée; mais il réclama vainement sa dot. Ce fut alors qu'il refusa des troupes pour repousser les Anglais, avec lesquels il traitait en secret. La mort du second dauphin, qui appelait à la couronne le jeune Charles, comte de Ponthieu, dont l'esprit était tout asservi à d'Armagnac, lui ayant alors fait perdre tout espoir de réussir par la voie des négociations, il ne ménagea plus rien, attaqua plusieurs places, s'en empara, et parvint enfin à enlever la reine qui était à Tours. Mais il échoua dans une attaque sur Paris. Quelques efforts tentés pour arriver à la paix furent sans résultat. Les propositions de Jean sans Peur étaient inacceptables. Enfin la trahison lui ouvrit une des portes de Paris. (Voir PÉRINET LE CLERC.) Il y retrouva sa popularité parmi les basses classes, que le comte d'Armagnac s'était aliénées. Il fut reçu en grande pompe. (Voir CABOCHIENS.)

Cependant le roi d'Angleterre, le belliqueux Henri V, voyant le parti qu'il pouvait tirer de ces déchirements intérieurs, se porta hardiment au cœur du

royaume; il était déjà maître de la Normandie lorsque les deux factions, alarmées, songèrent à négocier. Leurs chefs se rapprochèrent. Le dauphin et le duc se donnèrent rendez-vous près de Melun. Jean sans Peur se mit à genoux devant son jeune souverain. Le prince l'embrassa, et dit qu'il oubliait le passé. Ils se promirent de vivre en bonne intelligence, et fixèrent à Montereau le lieu d'une nouvelle entrevue. Malgré les craintes et les défiances qui pouvaient subsister de part et d'autre, ils s'y rendirent, et chacun d'eux s'avança sur le pont, escorté de dix personnes de son choix. Les princes étant entrés, on ferma les portes des barrières qu'on avait élevées. Ce qui se passa alors est rapporté diversement par les chroniqueurs des deux partis. La seule chose certaine, c'est que le duc de Bourgogne fut massacré. Le dauphin, suivant l'opinion de quelques historiens, était étranger à ce meurtre; mais le projet en était conçu depuis longtemps autour de lui par d'anciens serviteurs du duc d'Orléans, qui n'avaient cessé de chercher l'occasion de venger leur maître. Cette représaille terrible du meurtre de Louis d'Orléans frappa de stupeur la population, et fut regardée comme l'expiation du crime que le duc de Bourgogne avait commis.

Jean sans Peur, dont l'ambition désordonnée fut pour la France une des causes décisives des calamités de ce temps, laissa un souvenir cher à ses sujets de Flandre et de Bourgogne. Son humeur libérale, son courage et l'ascendant de son caractère lui avaient conquis la plus grande popularité. Il mourut le 11 septembre 1419.

Philippe dit le Bon, fils de Jean sans Peur, comte de Charolais, hérita du duché de Bourgogne après le meurtre de son père. Obéissant aux sentiments de haine et de vengeance qui l'animaient contre le dauphin, il seconda de tous ses efforts les conquêtes de Henri V et ses prétentions à la couronne de France. Le traité de Troyes qu'il signa, portait que Henri V, après la mort de Charles VI, succéde

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