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savants bibliographes du dix-septième siècle. Son second fils, l'abbé BouDOT (Pierre-Jean), fut aussi un bibliographe distingué, et rédigea avec l'abbé Sallier les catalogues de la bibliothèque du roi. Il publia en 1768, en société avec L. F. C. Marin, la Bibliothèque du Théâtre-Français, Dresde-Paris, 3 vol. in-8°, ouvrage longtemps attribué au duc de la Vallière. En 1755, il avait fait paraître un Essai historique sur l'Aquitaine in-8° de trente-deux pages; et dix ans après, en 1765, un Examen des objections faites à l'Abrégé chronologique de l'Histoire de France, in-8°. L'auteur de l'article qui lui est consacré dans la Biographie universelle lui attribue à tort l'ouvrage même du président Hénault. L'abbé Boudot mourut à Paris en 1771; il était né dans cette ville en 1689.

BOUÉ (Jean-Baptiste), lieutenant au 57 régiment de ligne, né à SaintGirons, Ariége. A l'affaire qui eut lieu le 20 décembre 1794, à Bagnol, un bataillon de la 57° demi-brigade ayant été obligé de céder à des forces supérieures, Boué, alors sergent, se jeta à la mer pour sauver le drapeau qu'il portait, et le mit en pièces pour qu'il ne tombât pas au pouvoir des Espagnols. Le 30 mai 1803, il fut récompensé par un sabre d'honneur. Parvenu au grade d'officier, Boué, qui était entré au service en 1792, a fait avec honneur toutes les guerres de la révolution, jusqu'en septembre 1813. BOUELLES, BOUILLES OU BOUVELLES, en latin Bovillus (Charles de), chanoine et professeur de théologie à Noyon, auteur de plusieurs ouvrages recherchés des curieux, pour leur singularité, était né à Sancourt, près Ham, Picardie, en 1470; il mourut à Noyon, vers 1553. Les plus curieux de ses ouvrages sont les suivants : Liber de intellectu, de sensu, de nihilo; Ars oppositorum; De generatione; De sapiente; etc.... Paris, Henri Etienne, 1510, in-fol. Commentarius in primordiale Evangelium Joannis, Vita Remundi eremita (Raymond Lulle); Philosophicæ et Historica epis

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tolæ, Paris, 1511 et 1514, in-4°. La Vie de Raymond Lulle contient des détails intéressants. Proverbiorum vulgariorum libri tres, Paris, 1531, in-8° ce livre, où les proverbes sont en français, et leur explication en latin, est très-recherché. Liber de differentia vulgarium linguarum et gallici sermonis varietate, Paris, Robert Etienne, 1533, in-4°.

BOUETTE DE BLEMUR (Jacqueline), religieuse bénédictine de Caen, née dans cette ville, en 1618, morte en 1696, a publié l'Année bénédictine, ou Vies des Saints de l'ordre de SaintBenoit pour tous les jours de l'année, 1667-73, 7 vol. in-4°, et plusieurs ouvrages ascétiques, assez remarquables sous le rapport du style.

BOUFFARICK (défilé de), situé au centre de l'outhan ou district de BeniKhalil, sur la route d'Alger à Belida. On y arrive par le pont d'Oued el Kerma. Le maréchal de Bourmont, pendant son expédition de Belida, traversa le premier ce défilé, que de nombreux combats ont rendu depuis si célèbre.

BOUFLERS, terre et seigneurie dans le Beauvoisis, à 9 kilomètres de Beauvais, érigée en comté en 1640, en marquisat, puis en duché en 1695.

BOUFLERS (maison de). Cette ancienne famille, originaire de Picardie, remonte à Bernard, seigneur de Bouflers, Morlai et Campigneulles, qui vivait en 1133. Après lui nous citerons Guillaume de Morlai, seigneur de Bouflers, qui, en 1239, suivit, avec son fils Henri, le roi saint Louis à la croisade. Guillaume II, fils de Henri, accompagna, en 1266, Charles d'Anjou à la conquête de Naples, et se distingua à la bataille de Bénévent. Son petit-fils, Aleaume Ier, se signala à la bataille de Mons en Puelle, en 1304. Aleaume II, petit-fils d'Aleaume Ier, combattit courageusement les Anglais à Azincourt, où il fut fait prisonnier. Dans les guerres des Armagnacs et des Bourguignons, la famille de Bouflers se prononça pour ces derniers. David, fils du précédent, se trouva dans l'armée qui assiégea Paris sous

lesordres de Jean sans Peur. Pierre II; son frère, fut député par le duc Philippe le Bon à Charles VII pour traiter de la paix qui fut conclue à Arras. Depuis cette époque, Pierre de Bouflers se montra l'un des plus zélés défenseurs de la France contre les Anglais, qu'il força de lever le siége de Dieppe, et auxquels il enleva Gerberoi en 1449. I aida ensuite Charles VII à prendre Falaise et à soumettre toute la Normandie. Après l'expulsion des Anglais, il servit, comme vassal, les ducs de Bourgogne contre les Gantois (1453), et deux de ses fils périrent avec le Téméraire à la bataille de Nancy (1477). Jacques Ier, son fils, se distingua à la première bataille de Guinegate. Adrien Ier, fils de celui-ci, parut avec honneur dans toutes les batailles de son temps, et surtout à Pavie; il avait commencé à servir en 1513 et mourut en 1585. Son fils, Adrien II, se distingua dans les guerres de religion: il se trouva aux journées de Saint-Denis, de Montcontour, d'Auneau, et pendant la ligue resta fidèle à Henri III et à Henri IV; il mourut en 1622. Son frère Louis était surtout célèbre par sa force musculaire; it enlevait de terre un cheval et le portait dans ses bras. Nul ne pouvait lutter contre lui. Il sautait tout armé sur son cheval sans se servir de l'étrier, et courait plus vite qu'un cheval d'Espagne. Ce vigoureux gentilhomme fut tué d'un coup d'arquebuse en 1563, à l'âge de 19 ans. François Ier, fils d'Adrien II, se trouva au siége de Casale et de Trèves, et mourut en 1670.

Louis-François, duc de Bouflers, son arrière-petit-fils, naquit le 10 janvier 1644. Il fit ses premières armes au siége de Marsal, 1663, sous le nom de chevalier de Bouflers, servit tour à tour sous Condé, Turenne, Créqui, Luxembourg et Catinat, prit part à l'expédition de Gigeri, en 1664; fit avec Turenne la campagne de 1672, eut, de l'aveu de ce grand homme, la meilleure part au gain de la bataille de Ensheim (1673), et se distingua dans toutes les campagnes d'Allemagne, depuis cette année jusqu'en 1678.

C'est pendant le cours de ces campagnes qu'il obtint le grade de lieutenant général. De 1688 à 1697, il servit encore avec éclat sur le Rhin, dans les Pays-Bas, et acquit la réputation d'un habile tacticien. Il avait été fait maréchal de France en 1693. Pendant la guerre de la succession d'Espagne, il commanda, dans les Pays-Bas espagnols, l'armée de Flandre, arrêta les ennemis en remportant, en 1703, sur les Hollandais, la victoire d'Ekaren, se renferma à Lille, menacé par le prince Eugène, après la perte de la bataille d'Oudenarde, et fit toutes les dispositions nécessaires pour une vigoureuse défense. Cette place fut investie le 12 août; il ne la rendit que le 25 octobre pour se renfermer dans la citadelle, où il se défendit jusqu'au 11 décembre. Cette héroïque défense valut au maréchal de Bouflers le titre de duc et pair. Peu après, il se trouva à la bataille de Malplaquet sous le maréchal de Villars. Il commanda l'aile droite où il fut vainqueur, et remplaça Villars après que celui-ci eut été blessé. Obligé de céder le champ de bataille, Bouflers fit une retraite admirable, pendant laquelle il enleva 30 drapeaux à l'ennemi. Ce fut son dernier exploit; il mourut le 22 août 1711, à Fontainebleau, âgé de 68 ans.

Son fils, Joseph-Marie, duc de Bouflers, naquit en 1706. Il se distingua par ses talents militaires pendant les guerres du règne de Louis XV; il était maréchal de camp à la retraite de Bohême et à la bataille de Dettingen. Devenu lieutenant général, il se trouva aux batailles de Fontenoi, de Raucoux, et fut ensuite chargé de commander les troupes que Louis XV envoyait au secours de la république de Gênes, attaquée par les Impériaux. Il mourut dans cette expédition le 2 juillet 1747.

BOUFLERS (Stanislas de), né à Lunéville en 1737. Il fut un des hommes J'esprit que goûta le plus la brillante et frivole société du dix-huitième siècle. Il avait été élevé à la cour que tenait en Lorraine le roi Stanislas, cet hôte aimable et bon des poëtes et des

philosophes à la mode. Sa mère, femme remarquable par sa beauté et son esprit, était la reine de cette cour si Souvent célébrée par Voltaire. Le jeune de Bouflers fut le protégé de Stanislas, qui lui assura en Lorraine un bénéfice de quarante mille livres, madame de Bouflers ayant destiné, selon l'usage, son fils cadet à l'état ecclésiastique. C'était, de tous les états, celui auquel il était le moins propre. Il le prouva bien en composant, au séminaire Saint-Sulpice, son conte d'Aline ou la reine de Golconde, ouvrage d'un esprit vif et galant, et d'une imagination voluptueuse. Au reste, dans le temps où il vivait, une pareille fantaisie chez un séminariste n'était pas un scandale, et ne l'aurait pas empêché de rester dans l'église et d'y faire son chemin : mais il se dégoûta lui-même de cette profession. Il n'y tenait plus qu'à cause du bénéfice de quarante mille livres. Pour le conserver en quittant la robe, il se fit chevalier de Malte, et ayant endossé l'habit bleu de l'ordre, il alla faire la guerre dans la Hesse, en 1761. Dans la société de gentilshommes qui s'y trouvait réunie, il se distingua par sa belle humeur, ses folles plaisanteries, ses débauches et ses petits vers. Il se mit ensuite à voyager et courut par la Suisse et l'Allemagne, se livrant, à la faveur de l'incognito, à mille folies, courant après les belles et emportant de tous les lieux où il s'arrêtait, des lettres d'amour et des portraits qu'il avait dessinés lui-même. Car, pour parler le langage du temps, il maniait le crayon non moins que la lyre. Dans ses courses en Suisse, il vit Rousseau et s'arrêta quelque temps chez le vieux Voltaire, qui tourna pour lui en vers un de ses plus jolis compliments, et dont il grava le portrait à l'eau forte. En 1771, le chevalier retourna à l'armée: toujours ami du plaisir, toujours étourdi et prodigue, il acheva de dissiper son bien, et plusieurs années après, ses affaires étaient dans le plus mauvais état. Ce fut afin de pouvoir se tirer d'embarras, qu'il accepta la place de gouverneur du Sénégal. Les con

trastes ne manquent pas dans cette vie. Voilà le brillant auteur de tant de madrigaux, le bel esprit fêté des plus élégants salons de l'époque, transporté sur une plage barbare et dirigeant une colonie. Il y avait plus d'une raison pour que Bouflers fut un mauvais gouverneur; mais il montra dans cet emploi beaucoup de zèle et d'intelligence administrative. Il s'honora par son humanité envers les esclaves, dont il délivra un grand nombre, et qu'il défendit contre la cruauté des traitants. Il forma des projets de voyages scientifiques dans l'intérieur de l'Afrique, et envoya au ministère des plans bien conçus dont l'exécution eût été féconde en heureux résultats. Cependant cet exil commençait à être insupportable au chevalier. Il fut rappelé en France et revint à Paris pour être reçu à l'Académie. On était en 1789. En voyant cette date, on s'aperçoit que Bouflers aurait dû naître trente ans plus tôt dans le dix-huitième siècle. N'est-ce pas un contraste choquant de le voir siéger dans l'assemblée constituante et prendre part aux graves débats soulevés par là génération nouvelle? De quelque manière qu'on juge l'émigration on aime mieux le voir s'en aller rejoindre à l'étranger les débris d'une société à laquelle tout le rattachait, et accepter un asile à la cour du roi de Prusse, auquel d'ailleurs il donna de sages conseils sur la politique à suivre à l'égard de la révolution française. Pourquoi Bouflers ne resta-t-il pas dans cette retraite, ou du moins pourquoi, à son retour en France, vint-il solliciter avec un empressement qui allait bien mal à ce spirituel et noble seigneur d'autrefois, les faveurs du premier consul? N'estil pas triste de voir sous l'empire l'ingénieux ami de Voltaire demander une préfecture, et la demander en vain? Au reste, la légèreté de Bouflers, que les années n'avaient pas diminuée, l'empêchait de sentir ce qu'il y avait de malheureux dans ces disparates de sa vie. Il se consola de l'état fort humble où le laissait l'indifférence du pouvoir nouveau, en faisant de petits vers

qui n'excitaient plus les mêmes applaudissements qu'autrefois, mais qu'on écoutait encore avec plaisir, même dans le salon de madame de Staël, où il était reçu, parce que, après tout, l'esprit plaît toujours et n'est jamais dédaigné que par la grossièreté ou la sottise. Un instant, sans doute à cause du retour que les vicissitudes de sa vie devaient lui faire faire sur luimême, Bouflers eut envie d'être grave. Il composa dans sa vieillesse un traité du Libre arbitre, que peu de gens ont lu parce qu'il est fort ennuyeux. Cet effort n'eut pas de suite, et, dans ses derniers jours, Bouflers fut ce qu'il avait toujours été, un esprit frivole, piquant et aimable. Il mourut en 1815. Il y a une foule de vers charmants dans ses poésies, où l'on peut blâmer d'ailleurs trop de jeux de mots, de fleurs, de fadeurs et d'antithèses. Cependant, après tout, il n'y aurait pas tant à rabattre des éloges que lui donnait Voltaire. Outre ses poésies fugitives, on a de lui des lettres à sa mère sur son voyage en Suisse, le Cœur, poëme érotique avec réponse de Voltaire, un éloge de l'abbé Barthélemy et

des contes.

BOUFFONS. Voyez Fous.

BOUGAINVILLE (Jean-Pierre de), né à Paris, en 1722, fut admis, en 1745, à l'Académie des inscriptions, dont il devint secrétaire deux ans après, et à l'Académie française, en 1754. Il mourut à Loches, en 1763. On a de lui une Traduction de l'Anti-Lucrèce du cardinal de Polignac, en 2 vol. in-8°, et en 1 vol. in-12; Parallèle de l'expédition de Thamas Koulikhan dans les Indes, avec celle d'Alexandre, 1752, in-8°; Droits des métropoles grecques sur les colonies, et les devoirs des colonies envers leurs métropoles, Paris, 1745, in-12. C'est cet ouvrage qui lui avait ouvert les portes de l'Académie des inscriptions, dont il devint plus tard secrétaire perpétuel. Il a, en cette qualité, publié les Mémoires de cette société savante, depuis le tome XVII® jusqu'au XXIV. Ces huit volumes contiennent un grand nombre de disser

tations savantes dont il est auteur.

BOUGAINVILLE (Louis-Antoine de), frère du précédent, naquit à Paris, le 11 novembre 1729. Après de brillantes études, il se fit, pour se conformer aux vœux de sa famille, recevoir avocat au parlement, Mais sa vocation pour l'état militaire, vocation qui s'était déjà manifestée par ses succès dans l'étude des sciences mathématiques, l'emporta bientôt. Peu de temps après, il fut reçu dans les mousquetaires noirs, et entra, en 1753, en qualité d'aide-major, dans le bataillon provincial de Picardie. En 1754, il devint aide de camp de Chevert, et fut la même année envoyé à Londres, avec le titre de secrétaire d'ambassade. Deux ans après, il partit pour le Canada, en qualité d'aide de camp du marquis de Montcalm, qui venait d'être chargé de la défense de cette colonie. Nommé, l'hiver suivant, commandant d'un détachement d'élite, il alla, à la suite d'une marche forcée de près de soixante lieues, brûler au fond du lac du Saint-Sacrement, une flottille anglaise, au pied même du fort qui la protégeait. Le 6 juin 1758, un corps de cing mille Français se trouvait poursuivi par une armée anglaise de vingt-quatre mille hommes; Bougainville ouvrit et fit adopter l'avis d'attendre l'ennemi de pied ferme. En moins de vingt-quatre heures un camp retranché fut construit, et l'ennemi renversé fut obligé de se retirer, après avoir perdu six mille hommes. Bougainville avait été blessé à la tête, à la fin de la dernière action. Le gouverneur, ne croyant pas pouvoir défendre plus longtemps la colonie, l'envoya demander des renforts à Paris. Bougainville retourna en Amérique, en 1759, avec le grade de colonel, mais sans avoir obtenu les secours qu'il demandait; et, le 10 septembre de la même année, la mort de Montcalm décida du sort de la colonie. Bougainville revint alors en Europe, et fut employé, en 1761, à l'armée d'Allemagne, en qualité d'aide de camp du général Choiseul-Stainville. Il s'y distingua tellement, que,

pour le récompenser d'une manière toute particulière, le roi lui fit présent de deux canons. La signature de la paix le fit rentrer dans la vie civile; mais son infatigable activité eut bientôt besoin d'un nouvel aliment. Ses voyages d'Amérique l'avaient mis en relation avec des armateurs de SaintMalo; il les engagea à aller fonder un établissement aux fles Malouines. Ses conseils furent suivis; les armateurs firent les frais de l'expédition;. il fit ceux de l'établissement, dont le roi lui donna le commandement, avec le grade de capitaine de vaisseau. Bougainville partit de Saint-Malo avec sa petite flotte, en 1763, mais à peine était-il de retour, que les Espagnols réclamèrent la propriété des îles Malouines. Le gouvernement français crut devoir céder à cette réclamation, et Bougainville fut chargé de remet tre son établissement aux employés esgagnols, qui devaient lui rembourser les frais qu'il avait faits. Il partit, en 1766, avec la frégate la Boudeuse et la flûte l'Étoile. C'est en revenant de cette expédition qu'il fit ce beau voyage de découvertes qui a immortalisé son nom. De retour en France, en 1769, il publia la relation de son Voyage autour du monde. Ce livre, qui parut en 1771, 1 vol. in-4°, et fut réimprimé l'année suivante, en 2 vol. in-8°, eut un succès immense; mais déjà Bougainville s'était fait connaître comme savant et comme écrivain, par son Traité du calcul intégral, pour servir de suite à l'analyse des infiniment petits, du marquis de l'Hospital, Paris, 1752, 2 vol. in-4°. Il fut promu, en 1779, au grade de chef d'escadre, et l'année suivante, à celui de maréchal de camp des armées de terre. Il fut chargé, en 1790, du commandement de l'armée navale de Brest, et du soin d'y rétablir la discipline. Mais il jugea bientôt cette partie de sa mission au-dessus de ses forces, et il donna sa démission. Il avait servi son pays avec un grand éclat, pendant près de quarante ans; les dernières années de sa vie furent consacrées aux sciences, qu'il avait

toujours cultivées, même pendant ses expéditions militaires. La société royale de Londres l'avait admis au nombre de ses membres, en 1755; il fut appelé, en 1796, dans la section de géographie de l'Institut, et nommé quelque temps après membre du Bureau des longitudes. Il fit partie du sénat, lors de la création de ce corps, et mourut en 1811, dans sa quatre-vingt-neuvième année.

BOUGEANT (Guillaume-Hyacinthe), né à Quimper, en 1690, entra de bonne heure chez les jésuites, et professa successivement les humanités et la rhétorique dans plusieurs de leurs colléges. On lui doit un assez grand nombre d'ouvrages; son Amusement philosophique sur le langage des bétes, Paris, 1739, in-12, fit beaucoup de bruit à l'époque où il parut; il fut plusieurs fois réimprimé et traduit en anglais et en allemand; mais il lui attira de nombreuses vexations de la part de ses supérieurs, qui le punirent par un long exil, de cet agréable badinage. Lors même que le P. Bougeant ne serait auteur que de ce seul ouvrage, on devrait encore le regarder avec raison comme un des plus élégants écrivains du dix-huitième siècle; mais on lui doit en outre des productions d'un ordre plus élevé, et qui sont pour lui des titres plus durables au souvenir et à l'estime de la postérité. Nous voulons parler de l'Histoire du traité de Westphalie, 1744, 2 vol. in-4°, et de l'Histoire des guerres et des négociations qui ont précédé ce traité, Paris, 1727, in-4°. Ces deux histoires, quoique l'on puisse encore leur adresser quelques reproches, sont regardées comme les meilleures qui aient été composées par un membre de l'ordre des jésuites. Elles ont été plusieurs fois réimprimées. Le P. Bougeant mourut à Paris, en 1743. On dit que les persécutions dont il fut l'objet, à l'occasion de son Amusement philosophique, abrégèrent ses jours."

BOUGEREL (Joseph), oratorien, né à Aix, en 1680, mort à Paris, en 1753, est auteur des ouvrages suivants : Mémoires pour servir à l'histoire de

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