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qui eft fon ami en particulier auffi ne feroit-il point bienfeant à l'Empereur d'offrir à la Republique des parties avantageufes avant que Vos Seigneuries l'en priaffènt & qu'on entrât en Negociation, car on pourfoit l'attribuer à la feule crainte de vôtre acceffion à un Traité défensif. Il ne feroit pas même de fon honneur de faire des avances quand on en viendroit aux armes ; extremité qui rendroit impoffible un accord convenable, & expoferoit aux viciffitudes qui entrainent plufieurs inconvenients imprevus. Puifque de vôtre propre aveu vous ferez toûjours en état d'entendre les propofitions qu'on voudra faire; le fouffigné au nom du Roi fon Maitre offre à Vos Seigneuries un Traité qui renferme deux points dependants l'un de l'autre.

Le premier regarde directement Sa Majefté afin qu'elle faffe reparer les dommages on préjudices que les fujets de la Republique prétendent fouffrir de quelque Traité qui fe foit conclu anterieurement par l'Espagne, preuve évidente de l'amour fincere que le Roi mon Maitre à pour la Paix, & pour le repos de l'Europe.

Le deuxième Point eft de s'interpofer auprès de Sa Majesté Imperiale pour accommoder à l'amiable les differents & ôter tout fujèt de plainte à Meffieurs les Etats Generaux. Comme pour parvenir à ces 2. points il eft indifpenfable que Vos Seigneuries expliquent les raifons de leur mecontentement, il femble qu'il feroit affez naturel de les expofer en droiture au Roi par une Lettre ou par des nouvelles répréfentations

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re.

tations que leur Ambaffadeur en pourroit faiIl eft, fûr qu'on en tirera de meilleures Conditions traitant directement avec Sa Ma jefté, d'autant plus qu'elle eft affiftée de l'Experience & de la prudence de Monfieur le Duc de Ripperda fon Miniftre, lequel doit avoir l'entiere confiance de Vos Seigneuries; non feulement par la Connoiffance particuliere qu'Elles ont de fon habilité & de fa juftice, mais auffi pour être un de Vos Compatriotes, né fous la. Domination de Meffieurs les Etats Generaux. Toutes ces raifons font efperer que Vos Seigneuries voudront bien entrer en Negociation fur lesdits Articles fufpendans leur Résolution ulterieure concernant l'acceffion au Traité de Hanovre, qui rendroit tout accommodement entre Sa Majesté Imperiale & cette Republique fort difficile.

Le fouffigné peut affurer à Vos Seigneuries avec ingenuité qu'elles auront des conditions plus avantageufes par la voie amiable d'un Traité que par une réfolution plus violente que votre Puiflance & vôtre industrie vous pourroient inspirer; & qu'aucun autre Allié ne fera fi bon ami de Meffieurs les Etats Generaux, ni ne traitera avec plus de fincerité, verité & juftice que Sa Majefté Catholique; ce qu'elle montre affez puifqu'elle n'envifage dans tous fes bons offices d'autre objet ni interêts que celui d'entretenir la tranquilité univerfelle de l'Europe. Fait à la Haye ce 7. Mars 1726.1

(Etoit figné)

Le Marquis de St. PHILIPPE.

Leurs

Leurs Hautes Puiffances ne diferèrent à repondre à ce Mémoire qu'autant de tems qu'il en fallut à leurs Commillaires pour en faire l'examen & le rapport, en forte que` le 16. du même mois elles prirent la Refolution fuivante qui fut communiqué à cet Ambaffadeur.

Réponse des Etats Generaux au Memoire du Marquis de St. Philippe; du 16. Mars 1727.

Ui le raport du Sr. de Lintelo & des autres Sierra perdues de Leurs Hautes Puiffances pour les affaires étrangères, qui en confequence de leur Refolution Commifforiale du 7. de ce mois & pour y fatisfaire, ont examiné le Memoire du Sr. Marquis de St. Philippe Ambaffadeur d'Espagne renouvellant l'offre de la Mediation de Sa Majesté le Roi d'Espagne, pour l'accommodement des differens entre Sa Majesté Imperiale & Leurs Hautes Puiffances au fojèr du Commerce des PaïsBas Autrichiens aux Indes, le tout plus amplement mentionné dans ledit Memoire & dans les actes du 7. de ce mois.

Surquoi aiant été deliberé, il a été trouvé bon & arrêté, qu'il fera donné pour reponfe audit Sieur Marquis de St. Philippe fur fon dit Memoire, que Leurs Hautes Puiflances font fachées, de ce que fans le fçavoir, elles aient donné occafion, d'avoir été privées quelques jours de plus des repréfentations dudit Sr. Marquis de St. Philippe, qu'elles ne l'auroient été, fi elles avoient repondu à la Lettre,

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dont Sadite Majefté a bien voulu les honorer; que la raison pour la quelle elles n'ont pas repondu inceflamment à la dite Lettre n'a pas tant été qu'elle n'étoit pas écrite dans la langue ent la quelle Sa Majesté & les Rois fes Prédeceffeurs étoient accoutumez d'écrite à Leurst Hautes Puiffances, ni par ce qu'elle étoit figné, de la manière que les Rois d'Espagne font accoutumés de figner les ordres qu'ils donnent à leurs fujèts, & non pas comme ils font accoutumez de figner les Lettres qu'ils écrivent à des Princes, & Etats Souverains & parce qu'elle étoit fignée d'une toute autre manière que ci devant Sa Majesté auffi bien que fes Sereniffimes Prédeceffeurs ont toujours fignées les Lettres écrites à Leurs Hautes Puiffances: deux defauts dans les formalitez, que Leurs Hautes Puiflances n'ont pû s'empêcher de remarquer comme quelque chofe d'extraor dinaire, ne les attribuant neanmoins à aucune intention de faire tort à la République. Mais que la véritable raifon, qui a fait que Leurs Hautes Puiffances n'ont pas repondu à la dite lettre a été, que Leurs Hautes Puiffances ont confideré qu'elle avoit été écrite à peu près dans le même tems, que Leurs Hautes Puiflances par leur Refolution du 24. Janvier de cette année, ont repondu au Memoire du Secrétaire d'Oliver dont la fubftance étoit la même que le contenu de ladite lettre; en forte que ladite Réfolution contient à peu près la même reponte qu'on auroit pû donner à ladite lettre; qu'ainfi Leurs Hautes Puiflances fe font perfuadées que quand cette refolution, feroit

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* Raportée à la page 259. du T. II.

feroit parvenue à la connoiflance de Sa Majefté; Elle y auroit acquiefcé; car entant, que ladite lettre contient plus que ne portent les Mémoires du Secretaire d'Oliver, une dé claration de l'étroite liaifon dans la quelle Sa Majefte Cath. eft entrée avec Sa Maj. Imp. pour ne faire, en toutes occations, qu'une caufe commune avec Sa Majesté Imperiale & de l'intention de Sa Majesté de fatisfaire à ces engagemens, Leurs Hautes Puitlances n'ont pu envifager cette declaration, que comme un avertiffement, que Sa Majesté a: bien voulu leur donner, afin quelles puiffent faire là deffus leurs Reflexions & prendre leurs mesures, fans que S. M., comme elles le fupofent fe foit attendue à une reponse fur cette declaration qui ne convient d'alleguer; étant là les veritables raifons pourquoi Leurs Hautes Puiffances n'ont point repondu à ladite lettre, Elles font bien aifes de voir, qu'il n'eft refulté aucun autre inconvenient, fi non qu'elles ont reçu quelques jours plus tard la reprefentation contenue dans le Memoire, que le Sieur Marquis de St. Philippe leur a prefenté.

Qu'elles y ont vu avec beaucoup de plaifir la nouvelle aflurance qu'il leur donne de la fincere intention & du zèle de Sa Majefté pour la confervation de la tranquillité públique de l'Europe, & en même tems de ton Amitié envers la Republique, auffi bien que de fon exactitude dans l'observation des Trai

tez.

Que Leurs Hautes Puiflances espèrent & fe perfuadent que ni Sa Majefté ni qui que ce

puif

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