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tre part, les maux de la Rupture, s'il en arrive autrement, ne doivent être imputez qu'à ceux qui auront été les Auteurs de ces infractions.

J'ai ordre exprès de l'Empereur, de vous écrire ceci en fon nom, pour que vous foyez en état de détruire les faufletez & calomnies avec lequelles on a chargé le les Hauts Contractans du Traité de Vienne, dont le but n'a été que de faire leur Paix fans lefion de personne. Je fuis, &c.

A Vienne ce 20. Fevrier 1727.

Les fuites de ces Declarations, Memoires, Lettres, &c. raportées depuis la pag. 327. furent que Mr. Palm reçut ordre de fortir de Londres & d'Angleterre, & les Miniftres de la Grande-Bretagne & de Hanovre furent traitez de la même maniere à Vienne & à Ratisbonne. Les Efprits parurent fort aigris de part & d'autre, & l'on travailla plus ferieufement que jamais aux preparatifs de la Guerre, d'autant plus que l'Efpagne avoit rompu la Paix avec la Grande-Bretagne, en alliegeant Gibraltar dans toutes les formes, fous les ordres du General Comte de las Torres, qui avoit ouvert la tranchée devant cette Forterefle le 22. Fevrier.

Le Marquis de Pozzo Bueno, Ambafladeur du Roi d'Espagne à la Cour Britannique, étoit parti de Londres dès le commencement de l'année, après avoir remis entre les mains de Milord Newcastle, Secretaire d'Etat une Lettre, dont Sa Majefté Britannique parle dans la Harangue fous le nom d'une Decla ration de Guerre. C'étoit une Reponse ou

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plutôt une Refutation d'une longue Lettre du Colonel Stanhope au Marquis de la Paz, qui peut à fon tour paffer pour un Manifefte de la Nation Britannique. Voici ces deux Pieces.

Lettre de Monfieur Stanhope au Marquis de la Paz. De Madrid le 15. Novembre 1726.

MONSIEUR,

Yant envoyé à ma Cour la Lettre que vous me fites l'honneur de m'écrire le 30. Septembre dernier, en réponse à mon Mcmoire du 24. du même mois, j'ai reçu ordre du Roi mon Maitre de vous temoigner fa furprife fur le contenu de cette Lettte, & l'extre me chagrin qu'il a de voir, qu'après que Sa Majefté s'eft expliquée fi clairement & d'une maniere fi ouverte fur les raifons qui l'ont portée à faire ces Armemens de Mer, dont le Roi d'Efpagne s'étoit plaint; Sa Majesté Catholique au lieu d'une reponfe directe, claire & fatisfaifante, que Sa Majefté attendoit fur les divers Articles de mon Memoire, fe foit laiffé determi ner, à éluder une réponse, & à avoir recours a des avis venus des Indes Occidentales pour s'exemter de donner la fatisfaction qui lui avoit été demandée.

Comme le Roi a un defir très fincere & ardent de maintenir la bonne correfpondance avec l'Espagne, il auroit fouhaité de tout fon cœur que la conduite de Sa Majefté Catholi que dans cette occafion, ne l'eut pas mis dans

l'indifpenfable neceffité de l'expofer dans fon veritable jour, & avec toutes les circonftances, par raport à Sa Majefté, depuis l'établiffement de l'étroite union qui fubfifte entre l'Empereur & l'Espagne. Par le recit fimple & tout nud de ce qui s'eft paffé, il paroitra évidemment que Sa Majefté Catholique, depuis le tems qu'Elle est entrée dans des Engagemens avec la Cour de Vienne, n'a attendu qu'une occafion favorable pour rompre avec Sa Majefté, pour attaquer fes Etats, & pour tâcher de placer le Pretendant fur le Trône de la Grande-Bretagne.

Les Traitez de Vienne ne furent pas plutôt conclus, que le Duc de Ripperda prit la liberté de tenir publiquement des difcours menaçans, & de faire des reflexions de la manicre la plus infolente fur Sa Majesté & fur les Alliez. J'en fis mes plaintes, mais, bien loin que Mr. de Ripperda reçut la moindre reprimande à cette occafion, une partie de ce qu'il avoit avancé fut en même tems confirmé par la demande peremptoire de Gibraltar, contenue dans la Lettre que la Marquis de Grimaldo m'écrivit le 13. Juillet 1725., par ordre du Roi d'Efpagne. Il étoit declaré formellement dans cette Lettre, que la continuation de l'Alliance & du Commerce d'Angleterre avec l'Espagne, dependoit abfolument de la refti. tution de Gibraltar. Cette declaration fut confirmée par le difcours que la Reine me tint elle-même, dans une audience que j'eus peu de tems après de Leurs Majeftez Catholi ques.

Il ne peut y avoir de preuve plus forte de l'aprobation que Leurs Majeftez Catholiques Z4

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ont donnée à la conduite de Mr. de Ripperda, que les grands honneurs auxquels Elles l'éleverent, & l'entiere & l'entiere confiance qu'Elles mirent en lui à fon retour à Madrid; Et ce qu'il avoit declaré à Vienne, par raport à Gibraltar, fut verifié; en forte que depuis ce t ms là on prit des mefures pour confirmer ce qu'il y avoit dit auffi, favoir, que le Roi feroit chaffe de fes Etats & le Pretendant placé Sur le Trône de la Grande-Bretagne. Pour cet effet, une perfonne de diftinction, avec qui ce Miniftre avoit fait une connoiffance la plus intime, pendant fon fejour à Vienne, fut envoyée de Rome à Madrid, avec des Lettres de Creance du Pretendant, & eut de frequentes conferences avec les Miniftres d'Espagne, qui, conjointement avec lui, formerent des projets pour envahir les Etats de Sa Majesté. Et, pour executer ce deffein, on fit des preparatifs conformes à ces projets, & l'on envoya un Corps de Troupes fur les Côtes de Gallice & de Biscaye; & les Bâtimens qui ont été depuis envoyez d'Efpagne aux Indes Occidentales, auffi bien que les Vaiffeaux de Guerre Ruffiens qui étoient alors en Espagne, devoient fervir au tranfport de ces Troupes. Car, quoiqu'il vous ait plu de foutenir que les Vaiffeaux Mofcovites n'avoient entrepris ce voyage que pour trafiquer, cependant Sa Majefté a aujourd'hui entre les mains des preuves inconteftables, qu'ils ont été équipez aux depens des Adherens du Pretendant, & envoyez exprès de Mofcovie, pour s'en fervir dans une expedition contre Sa Majefté; &c'cft par cette raifon qu'ils furent envoyez de Cadix à St. Andero, afin d'y être prêts

pour

pour cette expedition. Rien n'a empêché l'execution de cette entreprife, que les vigoureufes Refolutions du Parlement, & les preparatifs qu'il a mis Sa Majesté en état de faire pour s'y opofer.

A l'égard de l'Alliance fecrete offenfive dont Mr. de Ripperda me fit la decouverte l'Hiver paffé, non-feulement à moi, mais auffi à l'Ambaffadeur de Hollande; quoiqu'il vous plaise d'appeller cette decouverte une fauffe confidence, cependant on en laiffe le libre jugement à toute perfonne impartiale, qui voudra feulement remarquer, que celui qui avoit declaré à deux Ambatfadeurs, qu'il y avoit réellement une Alliance fecrete offenfive, étoit actuellement Premier Miniftre de Sa Majetté Catholique, qui l'avoit honnoré de fon entiere confiance, que c'eft lui qui avoit fait lui-même les Traitez de Vienne, & qui par confequent favoit mieux, que qui que ce foit, la verité de ce qu'il difoit aux Miniftres de deux Puiffances confiderables, à qui il donnoit audience; & qu'il n'a jamais nié d'avoir fait une telle declaration, lorfque l'on en a parlé publiquement; qu'il n'a jamais été defavoué en cela par le Roi fon Maître, qui l'a continué long-tems aprés dans fon Miniftere, avec la mê me confiance & la même autorité; en un mot que cette decouverte d'un Traité fecret offent.f n'a jamais été alleguée pour une des caufes de fa difgrace.

L'établiffement que l'Empereur a fait d'une Compagnie des Indes-Orientales à Oftende, qui porte le Commerce de cette Ville aux IndesOrientales, en violant les Articles V. & VI. du Traité de Munfter, & de divers autres Traitez

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