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mes fins falutaires par tous les moyens juftes & convenables; & fi dans ce cas-là au lieu d'aller au devant des fouhaits & de la requifition de la Suede, elle fe contente pour l'avenir de remplir fes engagemens envers cette Couronne, dans les propofitions & dans les tems marquez par les Traitez, & felon que l'amitié reciproque de la Couronne de Sucde, & fes foins à concourir à fa propre confervation pourront juftifier cette defenfe anprès du grand Confeil de Sa Majefté, & de la Nation Britannique, qui en a fourni tant de fois les moyens, fans que la Grande-Bretagne ait jamais reclamé jusqu'ici l'affistance de la Suede, & fans qu'elle fe trouve à prefent dans aucune probabilité de la devoir reclamer pour l'avenir.

Mais le Sereniffime Roi mon Maitre veut toujours mieux efperer de l'amitié de Votre Majefté & de la fageffe d'un Confeil auffi éclairé que celui de la Suede, Sa Majefté ne peut pas encore s'imaginer que la crainte de dangers puiffe paffer pour une raifon valable de ne fe pas affermir contre ces mêmes dangers, ni que l'efperance vague, & incertaine de quelques avantage à venir, que la Couronne, dont on les attend, n'ofe pas avouer, puiffe être une raison pour rejetter l'amitié de ces Puiffances qui feront toujours le foutien le plus ferme de tous les avantages prefens & futurs de la Suede; ni enfin que des promeffes imaginaires, & peutêtre infidieufes, puiffent être mifes en balance contre un fubfide clair de près de cent mille Ducats par mois, que Votre Majefté fera fondée par l'acceffion, de reclamer en cas

d'at

d'attaque avec un fecours encore plus confiderable felon l'exigence du danger, & cela promis par des Puiffances qui fe trouvent en état de bonnifier leurs engagemens fans être obligées de chercher leurs reffources ailleurs que chez elles, & qui ont un interêt, non occafionel, mais conftant de vouloir du bien à la Suede.

Le fouffigné efpere que Votre Majefté reflechiffant gracieufement fur ce que deffus, voudra bien à la fin l'honnorer d'une reponic favorable, qui étant le fruit d'une confideration fi mure, puifle jetter les fondemens d'une liaifon éternelle & indiffoluble. En attendant il a l'honneur de fe recommander trèshumblement à la protection & à la bienveillance de Votre Majefté. Fait à Stockholm le 4. Juin 1726.

Signé,

POINTZ.

Le Comte de Freytag, Miniftre de l'Empereur des Romains, & le Prince Dolgoruki, Ambaf-. fadeur Extraordinaire de Ruffie, avec le Comte Gollowin, Miniftre ordinaire, & les Miniftres de Holltein s'opoferent à l'acceffion de toutes leurs forces; le premier en prefentant le Memoire ci-joint qu'il accompagna d'un long difcours, le fecond & le troifieme, en fai fant les offres les plus confiderables en argent & en fubfides; les autres en pratiquant adroitement des intrigues dans la Diete.

Метой

Memoire du Comte de Freytag au
Roi de Suede.

LE

E Souffigné Envoyé Extraordinaire de l'Empereur a l'honneur depuis un an entier de reprefenter à Vôtre Majesté & à fon loüable Senat de la maniefe la plus circonftanciée & la plus étendue, tant de bouche que par écrit, que le Traité de Hanovre ou Herenhaufen & toutes les acceffions qui portent ce nom ne tendent de la par des Anglois à autre chofe, qu'à un renversement de l'entiere Conftitution de l'Empire & de la Subordination fi bien établie & fi neceffaire entre les Membres & le Chef; Enfin à y introduire une anarchie capable de bouleverfer entierement l'Allemagne. Le but de cette Alliance, fous pretexte de conferver la Paix & la tranquilité publique eft visiblement d'animer la moitié de l'Euro pe contre l'autre moitié. Premierement par une Alliance injurieufe, & enfuite, fuivant le beau projet qui eft dreffé, la precipiter dans une guerre declarée. C'eft pourquoi le Souffi gné à fait tout ce qu'il a pu au nom de Sa Majefté Imperiale, pour detourner Votre Majefté & ce Royaume de donner tête baiffée dans ce dangereux deffein. Dans cet intervale il a réüffi, avec le fecours du Ciel, à unir Sa Majesté Imperiale & Votre Majelté dans une Alliance defentive par l'acceffion de l'Empereur au Traité fait avec la Ruffie en 1724,, malgré toutes les oppofitions du parti contraire.

Ce fuccès faifoit efperer au Miniftre Souffigné qu'il avoit par là fermé le chemin à tou

tes

tes les inftances des Anglois, & que l'amitié &. la confiance établie entre les deux Etats feroit inalterable.

Le tems & les circonstances ont fait voir de puis, combien il s'étoit vainement flatté, & l'on n'a que trop de preuves que, nonobftant toutes les remontrances contraires, les vûes des Anglois apuyées par quelques perfonnes preoc cupées, ont pris tellement le deffus, qu'à leur follicitation on a convoqué long-tems avant le tems ordinaire les louables Etats de ce Royaume, auxquels on a renvoyé l'importante decifion de cette affaire.

Ainfi ledit Miniftre pourroit fe tranquilifer & en laiffer l'examen à la fageffe & la prudence de Votre Majefté & de fes louables Etats, fe repofant fur leur inclination & leur confiance pour Sa Majesté Imperiale, affuré qu'on leur aura communiqué fidelement toutes les propofitions verbales & par écrit qu'il a fait, ainti qu'elles font dans le Protocol du Senat.

Mais comme depuis la convocation des Etats & l'Examen des affaires prefentes, il s'eft prefenté diverses circonftances qui font connoitre que le Traité de Hanovre ou de Herenhaufen, & l'acceffion à ce Traité ne peuvent pas fubfifter avec l'amitié de Sa Majefté Imperiale, le Souffigné fe trouve indifpenfablement obligé de les expofer humblement à vos confiderations.

6

1. Il rapelle ici in extenfo tout ce qu'il a deja allegué des le Juin de l'année derniere, tant par écrit que de bouche, pour faire voir l'incompatibilité de ce Traité avec les veritables interêts de ce Royaume & de Votre MaTome III.

P

jesté

jelté comme Duc de Pomeranie & avec les interêts de la Maison Imperiale.

2. Il adhere, en vertu de l'Alliance reciproque à tout ce que l'Ambaffadeur de Ruffie Dolgoruki a remontré tant en conferences que dans fon dernier Memoire touchant la conduite de la Cour d'Angleterre. Ses vûës tendant à troubler la Paix & l'incompatibilité qui s'enfuit de l'acceffion que les Anglois demandent ici avec l'Alliance de l'Empereur & de la Ruffie.

3. Il est certain & notoire par des avis dignes de foi que la Cour d'Angleterre n'épargne auprès de celle de France ni peine ni perfuafion pour l'engager dans une Guerre declarée avec Sa Majelté Imperiale. Pour cet effet il a été propofé que la France envoyeroit l'Eté prochain vers la Mofelle & le Rhin 70. mille hommes, en Catalogne 20. mille, & en Brabant 30. mille, pour commencer les hoftilitez pendant que du côté de la Hollande un femblable corps de troupes agiroit, & que l'on formeroit dans la Baffe Saxe une Armée de 30000. Danois à la Solde de la France & de l'Angleterre, de 28000. Hanoveriens, & de 12. mille Heffois pour allumer en même tems le feu de la Guerre dans le fein de l'Empire & fur fes Frontieres.

Quoique ce funefte projet de la part d'un Etat Electoral de l'Empire, dont on a fi peu lieu de l'attendre, foit encore fort eloigné de fon execution puifque la France n'y a pas encore confenti & que le Dannemark trouve des difficultez infurmontables à prêter tant detroupes pendant qu'il eft dans une fituation fi

dou

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