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en mer, puifque celles-ci étoient de ro. Vaiffeaux, fans un nombre infini de Galeres & autres petits batimens.

A peine l'Efcadre Angloife eut elle paru à Elfnap, que Mr. Pointz, Miniftre de la GrandeBretagne, profita de la circondance pour preffer la Cour de terminer au plutôt l'affaire de l'Acces. Voici le beau Memoire qu'il prefenta à cette occafion.

Memoire de Mr. Pointz, Miniftre de la Grande-Bretagne, au Roi de Suede.

E fouffigne Envoyé Extraordinaire & Plenipotentiaire de Sa Majesté Britannique a reçu ordre de reprefenter à Votre Majetté, que le Sereniffime Roi fon Maitre, toujours attentif à conferver le repos du Nord, & a affurer le bonheur de la Suede contre quelques entreprises dont il l'a cru, & dont il la croit encore menacée : dans cette vue, d'abord après avoir conclu l'Alliance defentive de l'année paflée, pour marquer fa confideration particuliere envers Votre Majesté, & le Royaume de Suede, ordonna au fouffigné de fe joindre aux Miniftres de fes Alliez, en communiquant ledit Traité à Votre Majefté, & en l'invitant de la maniere la plus cordiale, d'y vouloir acceder, afin de renouer & de refferrer les liaisons de l'amitié commune, & de procurer par là un apui plus folide & plus ftable pour la fureté de la Suede, dans une conjonature, où prefque toutes les Puiffances de 05

l'Eu

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l'Europe fongent à s'affermir par de nouveaux engagemens.

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Sa Majefté s'eft cru fondée de demander cette marque de l'amitié de Votre Majesté, non feulement par l'interêt qu'elle prend au bonheur d'une Nation toujours alliée très étroitement avec fa Couronne, & qui a foutenu autrefois avec tant d'éclat & de gloire l'équilibre du Nord, & la clause proteftante dans l'Empire, mais auffi par ies grandes & onereufes dépenfes auxquelles Sa Majesté Britannique & fes Royaumes fe trouveroient obligez fi la Suede, faute des precautions neceffaires, demeuroit expofée aux deffeins dangereux de fes voisins; mais nonobftant toutes ces avances d'amitié, & de confideration diftinguée envers la Couronne de Suede Sa Majesté ne peut pas s'empêcher de fe plaindre amiablement à Votre Majefté, que la conduite de cette Couronne n'a pas repondu pleinement jufques ici aux bonnes intentions, & aux juftes efperances de Sa Majefté, puifque, loin de voir accepter les offres d'amitié avec un empreffement mutuel, elle a eu le deplaifir de voir, trainer cette Negociation au de là de fix mois par fes delais, dont on ne comprend pas la raifon, & quoique ce Traité ne puiffe juftement offenfer perfonne que ceux qui cherchent des pretextes pour troubler la tranquili té publique, les Articles auxquels on a trouvé le plus à redire, étant dretfez fur le modele & prefque dans les Termes de plufieurs anciens Traitez de la Couronne de Suede: neaninoms on a vu former tant de difficultez & d'exceptions contre fon contenu, que ti les Commiffaires de Votre Majetté ont ordre d'y infilter,

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la Negociation pourra bien tomber d'elle même, fans donner à Votre Majetté la peine d'un refus direct.

En attendant on a vû la Couronne de Suede prendre de nouveaux engagemens avec d'autres Puiffances, qui, fi l'on en doit juger par l'experience des tems paffez, n'ont ni le même interet, ni le même pouvoir, ni les mêmes inclinations de fecourir la Suede dont la Couronne de la Grande-Bretagne a toujours été en poffeffion, & dont elle a donné en plufieurs rencontres des preuves connuës & réelles; de plus on a vû conclure ces nouveaux engagemens, non feulement fans aucune restriction, mais avec tant de facilité & d'empreffement, que nonobftant que la Couronne de Suede ait declaré par un Traité figné dans l'an 1720. qu'il étoit même alors de notoricté publique, qu'aux prejudices des Traitez de Paix de Wettphalie & d'Oliva, la Religion Proteltante étoit tellement oprimée & perfecutée en plusieurs endroits au dehors, & au dedans de l'Empire Romain, qu'il étoit à craindre qu'on ne détruifit entierement cette Religion, neanmoins on n'aprend pas que cette Couronne ait intité dans les nouveaux engagemens, fur le moindre redreifement de ces Griefs, ni qu'elle en ait excepté les fuites des cas de fecours qu'elle s'eft obligée de fournir, qui vont au delà du double de ce que les Commiflaires de Votre Majefté nous ont offert par raport au Traité de Hanovre.

Quoique ces longs delais, & cette partialité de conduite envers des Puillances, qui, felon les aparences, & felon pluticurs avis dignes de foi, ne veulent pas trop de bien à la Cou

ron

ronne de la Grande-Bretagne, ni à la Succef fion Proteftante, dont Votre Majefté s'eft rendu garante, euflent juftement pu rebuter les bonnes intentions de Sa Majefté envers la Suede, néanmoins la conftance de fon amitié a été telle que de peur que la Couronne de Suede par les delais qu'elle a aportez elle même à cette acceffion, ne fe trouvât exposée en attendant, à quelque danger; Sa Majesté, pour montrer par avance fon exactitude à remplir fes engagemens, & fon attention à fecourir la Suede, a bien voulu faire anticiper a cette Couronne les fruits de l'acceffion, en envoyant ici une puiffante Efcadre, fans en avoir été requife, & en ordonnant à fon Amiral de fe rendre ici en perfonne, pour affurer Votre Majefté, tant par Lettre que de bouche, de l'amitié & de la droiture des intentions du Sereniffime Roi fon Maître, & en même tems de s'informer fi Votre Majefté fe croiroit en quelque danger immediat par l'armement de fes voitins, & dans ce cas - là de concerter des mesures plus precifes avec Votre Majefté, & fes Miniftres, pour l'avantage & la defenfe de la Suede, en vertu du Plein - Pouvoir dont l'Amiral fe trouvoit muni pour cet effet, mais coinme pendant le fejour dudit Amiral à Stockholm, il a plu à Votre Majefté de faire favoir au fouffigné, par une reponse gracieufe par écrit, que Votre Majefté ayant une Alliance defenfive avec la Ruffie, ne fe croyoit pas en danger de ce côté-là; l'on fe promet de l'équité de Votre Majefté, que fi par l'éloignement de la Flotte Britannique, & faute des mesures prises à tems, il arrivoit dans la fuite quelque mal

heur

heur à la Suede, l'on ne voudra pas, comme quelques-uns ont fait très-injuftement en d'autres conjonctures, l'imputer au defaut d'ordres neceffaires pour l'Amiral de Sa Majefté, ni au manque de fon inclination pour executer fes ordres avec fidelité & exactitude.

Et puique la faifon de l'année, & les conjonctures des affaires rendent important à Sa Majefté & à fes Alliez, auffi bien qu'à la Couronne de Suede, de favoir au plutôt à quoi l'on s'en doit tenir, de part & d'autre, le Souffigné a reçu ordre de fuplier Votre Majefté encore une fois, de vouloir bien, felon fa fagelle, & fe prevoyance extraordinaire, faire une attention ferieufe aux offres amiables de Sa Majefté, & aux veritables interêts de la Suede, & nous accorder une réponse finale par raport à l'acceffion fufdite, qui ne donne pas lieu aux Alliez d'Hanovre de fe croire amufez par une Negociation infructueufe. J'ai reçu ordre en même tems de declarer, qu'il n'y a rien aux monde que le Sereniffime Roi mon Maitre fouhaite plus ardemment que de fe voir étroitement uni avec cette Couronne, pour le repos du Nord,, pour la libre Navigation de la Mer Baltique, pour le bien de la cause proteftante, & pour l'avantage recipro que des deux Royaumes. Mais fi Votre Majefté, avertie à tems des dangers aparens qui menacent ces biens inestimables de quelque atteinte. ne trouve pas fa convenance à prendre les liafons neceffaires pour s'y opofer, Sa Majefté fe croira excufée devant Dieu, devant tout le monde impartial, fi elle fe trouve obligée, quoiqu'à fon grand regret, de pren dre des mesures ailleurs pour obtenir les mê

&

mes

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