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Pendant que le Comte Seckendorf_negocioit cette Convention avec le Roi de Pruffe car tout fe pafla entre ce Prince & ce Ge neral, fans que les Miniftres de Sa Majefté y euffent que très peu de part; le Baron de Mardefeldt, Miniftre Pruffien à Petersbourg, y conclut avec l'Imperatrice Catherine, le 10. d'Août un Traité d'Alliance defenfive, ou plutôt de Garantie, dans lequel les deux Puiffances, après s'être garantiers mútucllement les Etats dont ils étoient en poffeffion, ftipulent les fecours qu'elles fe donneroient en cas que l'une ou l'autre fut attaquée; on comprend aifement que ce furent les demêlez que le Roi de Pruffe avoit alors avec les Polonois & les Lituaniens, tant par raport à Elbing qu'aux griefs de Religion & des enrolemens forcez qui donnerent lieu à cet te Negociation de la part de la Cour de Berlin; & du côté de celle de Petersbourg, on n'étoit de gueres plus d'accord avec les Po lonois, foit par raport à la Courlande, foit par raport aux pretenfions refpe&tives; en forte que l'on n'avoit pu convenir de rien avec les Miniftres Polonois de la part de ces deux Cours, ni avant la Diete de Warfovie, ni avant la Refumption de Grodno. Comme ce Traité eft entierement particulier, nous nous contenterons d'en mettre ici un Article fecret, après avoir remarqué que, quelque inftance que firent les Miniftres Ruffiens dans le cours de la Negociation pour obtenir de la Cour de Pruffe le libre paffage des Troupes Ruffiennes par les Etats pour entrer en Allemagne, ils ne purent y determiner Sa Majesté Pruff. qui le refufa toujours conftamment. N 3

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Article fecret du Traité d'Alliance defenfive conclu à St. Petersbourg entre l'Imperatrice de Ruffie & le Roi de Pruffe le 10. d'Août 1726.

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A Majesté Imperiale de Ruffie declare qu'elle, auffi bien que d'autres Puiffances fe trouvent dans un engagement d'affifter fon très-cher Gendre, Son Alteffe Royale le Duc de Slefwig-Holftcin, pour obtenir une fatisfac tion équitable au fujet de fon ancien Patrimoine le Duché de Slefwig, ufurpé fur lui depuis plufieurs années par la Couronne de Dannemarc & du grand dommage qu'il en a fouffert, & que par confequent elle fonge abfolument de quelle maniere remplir effectivement cette obligation où Elle fe trouve.

Et comme Sa Majefté Pruffienne fera bienaife à l'avenir, de même que par le paflé, que Son Alteffe Royale ledit Duc foit, fans plus de delai, delivré des inconveniens qu'il a foufferts jufqu'ici; Auffi employera-t-Elle encore de fon côté fes bons offices par tout où il fera convenable, afin que Son Alteffe Royale, ledit Duc, parvienne le plutôt qu'il fera poffible à un accommodement raisonnable & fatisfaifant fur ce fajer.

Mais en cas qu'on ne puiffe pas obtenir le but defiré par des reprefentations amiables, & que Son Alteffe Royale le Duc foit d'intention de folliciter des fecours plus efficaces & de s'en fervir actuellement; dans ce cas Sa Majcfté Pruffienne promet, qu'Elle observera

une

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une exacte neutrahté & ne fe declarera point contre Son Alteffe Royale. D'un autre côté Son Alteffe s'offre à ne point infifter d'avantage fur cette Refervation qu'elle à interpofée auprès de Sa Majesté Imperiale des Romains au fujet de l'Inveftiture du District de Stettin, mais plutôt à s'en defifter entierement!

Sa Majesté Imperiale de Ruffic, en vertu de cet Article feparé, fe charge auffi, de difpofer Monfieur le Duc, fuivant cette ftipulation, qu'il annulle & catle effectivement ladite Refervation.

En foi de quoi on a expedié, figné, scelé & échangé deux Exemplaires de même teneur de cet Article fecret, qui fera du même pouvoir & effet, que s'il avoit été inferé mot à inot dans le Traité principal conclu ce jourd'hui. Fait à St. Petersbourg le 10. d'Aout 1726.

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La conduite douteufe du Roi de Pruffe, par raport aux deux Rois Alliez par le Traité d'Hanovre, ne les empecha pas de pouffer autant qu'ils purent les intérêts de cette Alliance dans les autres Cours, fur tout dans celles de Dannemarc & de Suede, & dans celle de Turin. Le Comte de BrancasChereft fut envoyé e près à Stocholm par le Roi Très-Chrêtien pour cette importante Négotiation; il s'y joignit à Mr. Pointz, Miniftre de la Grande Bretagne. Le Baron de Bulow fe trouvoit alors en Suede chargé des interêts du Roi de Pruffe, & il arriva entre lui & le Comte Gollowin. Ministre de Ruffic, quelque brouillerie au fujet de Finvitation à

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cette acceffion. Dans ce tems-là la mine n'é toit pas encore éventée enforte que l'on croyoit toûjours le Roi de Prufle fincerement dans l'Alliance; ainfi le moindre mot qui pouvoit donner quelque foupçon fur ce fujet étoit important, c'est pourquoi certains bruits s'étant repandus comme fi, Mr. Bulow s'étoit trop decouvert, il écrivit la Lettre fuivante au Comte Gollowin, qui lui fit reponce: ces Lettres mettront au fait de cette brouillerie fatale' à Mr. Bulow, qui fut rapellé peu de tems après.

Lettre de Mr. Bulow Miniftre de Sa Majefté Pruffienne à Mr. le Comte Gollowin, Miniftre de Sa Majesté Czarienne à Stockholm du 12.

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LE bruit s'eft repandu depuis quelques jours

qu'auffi-bien à vous, Monfieur, qu'à Monfieur l'Envoyé Extraordinaire Reichel, j'avois donné des affurances de n'être chargé d'aucun ordre de ma Cour pour me joindre aux Confe rences des Miniftres de France & d'Angleterre touchant l'Acceffion de la Suede au Traité d'Ha

novre.

J'ai fait jufqu'ici peu d'attention à ce bruit, ainfi je n'en ai rien marqué à ma Cour. Mais comme l'on vient de n'affurer que c'eft de votre bouche, Monfieur, que l'on pretend,

.

le

le tenir ; & même que vous l'aviez mandé à votre Cour, & à Monfieur le Comte Golofkin; j'ai cru de mon devoir de vous en avertir.

Je fuis trop perfuadé du contraire, & l'idée que Monfieur le Comte de Golofkin m'a donné de vous, m'a paru fi conforme à votre merite, Monfieur, que jamais je n'oferois m'imaginer des demarches de cette nature d'u ne perfonne de votre caractere & que ces fortes d'infinuations mal dirigées ne viennent que des efprits, qui peut-être tachent de nous defunir, pour en tirer quelque avantage. Vous n'ignorés point, Monfieur, que notre premiere converfation ne roula que fur les points fui

vants.

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I. Je marquai, Monfieur, combien ma Cour étoit fenfible à la Mediation, dont la votre s'eft chargée par raport à l'accommodement avec la Suede.

II. Vous me demandates fi la nouvelle du depart de Monfieur le Comte Golofkin pour la Cour de Vienne fe trouveroit veritable, j'affurai de n'en avoir rien entendu à mon depart de Berlin.

- Lorfqu'après j'eus l'Honneur de me trouver chez vous, Monfieur, je vous notifiai l'audience que j'eus ce même matin de Sa Majefté Suedoife, en y ajoutant, que j'efperois que fuivant les ordres de vôtre Cour, vous prefferiez l'envoi d'un Miniftre de la part de la Suede pour la Cour du Roi mon Mai

tre.

Surquoi, Monfieur, vous me donnâtes des affurances; en pourfuivant, que fans doute l'on m'auroit muni d'ordre de parler pour le Duc d'Holstein.

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