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der avant de fe défaifir de rien. Du tems du Roi Charles II., & long-tems depuis, Mef fieurs les Etats faifoient confifter leur Barriere, & toute la fureté qu'ils attendoient, dans la fimple interpofition du Pais-Bas Autrichien entr'eux & la France, fans y prétendre d'ailleurs aucune forte de Droit, & c'est dans ce fens là qu'il en eft toûjours parlé dans la grande Alliance, mais les Traitez de l'an 1715., & de l'an 1718. ont bien changé les chofes. Ce qu'on en dit ici, n'eft pas pour s'en plaindre, ni pour regretter à Leurs Hautes Puiffances les avantages qui leur en reviennent, on fe perfuade qu'elles n'en feront jamais qu'un bon ufage, & l'unique but qu'on fe propose ici, eft de montrer, que fi elles ont bien fait la Guerre, elle leur a bien réuffi, & qu'il ne feroit pas à fouhaiter pour elles que ce fut à

recommencer.

Ad fecundum Bien loin que le nouveau Commerce des Indes établi par Oftende en faveur du Pais-Bas Autrichien, foit contraire à la Grande Alliance, on peut dire, que Meffieurs les Directeurs des deux Compagnies Hollandoifes ne peuvent s'y oppofer fans contrevenir ouvertement à fes Difpofitions, furtout à celles de l'Article premier qui porte exprellement, Que les Hauts Alliez feront tenus reciproquement de procurer les avantages l'un de l'autre, & de détourner autant qu'il leur fera poffible, tout ce qui pourroit leur être nuisible & dommageable; teneanturque alter alterius commoda promovere, damna vero & incommoda pro poffe avertere Or on demande, & on laif fe au jugement de toute perfonne équitable, fi c'eft procurer les avantages de l'Em

pereur,

pereur, & detourner de tout fon pouvoir ce qui lui eft dommageable & nuifible, que de s'élever, comme on fait, contre le Com merce de fes Sujets, jufques à vouloir l'oprimer entierement, au mépris de fes Commiffions & Lettres d'Octroi? Et à mettre en mouvement toutes les machines imaginables, pour engager les autres Cours dans le même deffein? On répondra fans doute ici, que les Avantages, dont parle cet Article, & que les Alliez s'engagent reciproquement d'avancer l'un en faveur de l'autre, doivent être entendus des avantages juftes & conformes au Droit des Gens, & aux Traitez, & non pas de ceux qui y feroient contraires. Nous admettons très volontiers cette diftin&tion, elle est raifonnable, mais fuivant cela il faut donc fçavoir avant toutes chofes file Commerce d'Oftende eft legitime, ou non; s'il y eft conforme au Droit des Gens, & aux anciens Traitez, ou s'il y répugne; & jufques à ce que cela foit fait, on ne peut point fe fervir contre nous, pour l'oprimer, du Traité de la Grande Alliance, autrement nous nous en fervirons nous-mêmes pour le maintenir, & pour nous plaindre, comme nous faifons avec juftice, du trouble, & des empêchemens violens que l'on veut y aporter de la part des deux Compagnies Hollandoifes. On voit par là que cette allegation eft une pure petition de principe, & que toute la Question fe réduit à fçavoir, fi le Commerce d'Oftende aux Indes eft contraire à la Claufe artificielle du Traité de Munster; furquoi pour éviter les redites, nous renvoyons le Lecteur à notre feconde Section, où nous croyons que la Veri

Tome 111.

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té du Droit a été suffisamment établie.

Ad tertium: Au défaut du Droit, qu'on ne fçauroit prouver, on fe jette fur les principes de Nature, d'honneur, & de reconnoiffance, qui ne permettent pas, que ce qui a été fait pour l'utileté de quelqu'un, foit tourné par lui-même, au préjudice de ceux qui l'ont fervi, & qui après un auffi bon office, que celui que les Etats Géneraux ont renda à Sa Majesté Imperiale, en lui faifant reftituer les Pais-Bas Autrichiens: la ruine & la perte de leur Commerce aux Indes n'eft pas la recompense qu'ils en doivent attendre. Ce font les penfées de Monfr. de Wefterveen, dans fa premiere Differtation 6. X VI Mais il fe trompe du tout au tout : Car pour dire les chofes comme elles font, ce ne fut point pour faire plaifir à l'Empereur, que Meffieurs les Etats s'apliquerent fi fortement au recouvrement des Païs-Bas ce fut comme porte l'Article V. du Traité, dans l'intention, qu'ils ferviffent de Digue, de Rempart & de Barriere pour feparer & éloigner la France des Provinces-Unies, & pour affurer leurs Frontieres, & comme ils avoient fait de tout tems jusques à ce que le Roi Très Chrétien les eut occupez par fes Troupes. Ut fint Obex Repagulum, vulgo Barriére, Galliam à Belgia Foederato removens & feparans, pro fecuritate Dominorum Ordinum Generalium, quemadmodum ab omni tempore infervierunt, donec Rex Chriftianiffimus nuper eas milite fuo occupavit. Ainsi l'on ne doit point mettre fur le compte de l'Empereur, tout ce qui a été fait par Leurs Hautes Puiffances pour le recouvrement du Païs Bas, puifqu'en cela elles ont travaillé pour elles mêmes & que la Sureté qu'elles y envifageoient pour

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leurs

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leurs Provinces, ne pouvoit fubfifter fans ce bon office qu'elles rendoient à l'Empereur. Monfr. Wefterveen, & avec lui tous les au tres, qui employent ce raifonnement là contre le Commerce d'Oftende, ne confiderent pas, qu'on pourroit avec beaucoup plus de fondement & de justice le rétorquer contre les deux Compagnies Hollandoifes & qu'ils y donnent eux-mêmes occafion. Car enfin on ne peut pas nier, que l'Etat entier ne doive deux fois fon Salut aux puiffantes & oportunes affiftances de l'Empereur Leopold, de glorieufe mémoire, Pere & Predcceffeur de Sa Majefté Imperiale & Catholique regnante, la premiere fois en 1672., & la feconde en 1689., & on laiffe à confiderer, fi la conduite que les deux Compagnies Hollandoifes des Indes Orientales & Occidentales tiennent aujourd'hui contre celle du Païs-Bas Autrichien s'accorde avec la reconnoiffance que tout l'Etat doit conferver éternellement de deux tels bons Offices.

NB. Nous n'ajoutons pas ici les Preuves citées au bas des pages, parce qu'on les trouve ou dans le Corps de ce Recueil, ou dans d'autres Livres qui font entre les mains de tout le monde.

Ce Traité de la Verité du Droit, du Fait, &c. ne resta point fans réponse; elle parut même peu de tems après, & il n'a point paru de réplique. Nous raportons ces Picces, parcequ'elles contiennent non feulement l'état du Procès & la maniére dont les Parties le conçoivent, mais encore les raifons fur lefquelles chacun eft fondé. La réponse qui paroit

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être

-être fortie de la même plume que les quatre Lettres raportées dans le fecond Tome étoit auffi en forme de Lettre, la voici.

Lettre d'un Membre de la Province de Hollande à un Membre de la Province de Gueldres.

MONSIEUR,

E Comte de Konigsegg paroit enfin rebutre Ecrivain nous fournit le long procès par écrit dont on s'étoit refervé de nous payer. L'Imprimé s'en répand intitulé, La Verité du Fait & du Droit &c... du Commerce aux Indes établi aux Pais-Bas Autrichien par Octroy, &c.

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...

L'Auteur nous y conduit d'abord au tems de Salomon & des Tyriens, & ce n'eft qu'après bien des circuits qu'il nous ramene enfin au Commerce d'Oftende dont il s'agit. Ce feroit l'imiter que de le fuivre dans une érudition fi étrangere à la queftion. Elle fe reduit uniquement à fçavoir.

1. Si le Païs-Bas, tandis qu'il a été fous la Domination des Rois d'Efpagne, étoit exclus ou non du Commerce aux Indes.

2. Si ce n'eft pas cette exclusion connuê qui rendoit inutile la mention des Sujets de l'Espagne autres que les Caftillans, dans les Articles . & 6. du Traité de Munster, qui ont ftatué entre l'Espagne & nous fur ce Com

merce,

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