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jours distingués par leur attachement à la religion et au Saint-Siége.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. M. le comte de Ruppin et le prince son fils ont dîné, le 4 juillet, avec S. M. au palais des Tuileries.

Mr. le duc de Berry, a passé, le même jour, aux ChampsElysées la revue du régiment du Roi (hussards.)

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Mme. la duchesse d'Angoulême est arrivée aux eaux de Vichy, le 29 juin au soir, accompagnée de Mme: la duchesse de Serrent, Mmes. les comtesses de Choisy et Etienne de. Damas, et de M. le vicomte d'Agoust. S. A. R. avoit passé la nuit précédente à Nevers, où sa présence avoit excité une joie et un enthousiasme inexprimables. A son arrivée,. les chevaux de sa voiture avoient été dételés par le peuple: jusqu'à l'hôtel de la préfecture. Les illuminations et les fêtes durerent toute la nuit.

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Depuis quelque temps le Roi prend, dans son palais des Tuileries, des bains et des douches d'eaux factices de Barrèges. On espère que le résultat de ce traitement répondra à nos vœux, et qu'il contribuera beaucoup à soulager S. M. des douleurs qu'elle ressent quelquefois. Déjà S. M. en éprouve d'heureux effets.

-M. l'abbé de Montesquiou, ministre de l'intérieur, et M. le comte de Blacas, ministre de la maison du Roi, et M. le directeur général de la police, ont porté à la Chambre des Députés, le 5 de ce mois, un projet de loi sur la presse. M. l'abbé de Moutesquiou a prononcé un discours où il a développé les motifs de la loi. Elle porte que tout écrit de plus de trente feuilles d'impression pourra être publié sans censure. Les Mandemens, Catéchimes et livres de prières ne sont soumis à aucune censure. Quant aux écrits de trente feuilles et au-dessous, le directeur général de la librairie pourra les faire examiner par des censeurs, et surseoir à l'impression, quand on la jugera dangereuse. La loi entre ensuite dans le détail des formalités à remplir, et des réglemens auxquels les imprimeurs seront soumis. Ce projet sera discuté dans les bureaux, suivant les formes prescrites.

LIVRE NOUVEAU.

Mémoire sur les Administrations capitulaires des Evêques nommés, en réponse au Mémoire pour M. le cardinal Maury. 64 pages in-8°.; prix, 1 fr. Au bureau du Journal.

Nous en rendrons compte incessamment.

A M. le Rédacteur de l'Ami de la Religion et du Roi. Lyon, le 30 juin 1814.

Monsieur, je ne doute pas que vous ne connoissiez un ouvrage qui a paru, il y a y a déjà trois ans, et qui étoit digne de voir le jour à une époque où tous les bons livres étoient proscrits, et où tous les écrivains sages avoient la bouche close. Je veux parler, Monsieur, du volume publié en 1811, sous ce titre : La Vérité et l'Innocence vengées contre les erreurs et les impostures d'un livre anonyme intitulé: Mémoires pour servir à l'Histoire ecclésiastique pendant le 18°. siècle, par le P. B. L., ancien professeur en théologie. Le titre est imposant, comme vous voyez, et à l'inspection seule il fait juger de ce que sera le livre. L'auteur n'étoit pas doux dans ses écrits. Ce n'est pas à vous que j'apprendrai son nom. Vous connoissez du reste le Père Lambert, et vous n'êtes pas étranger aux productions de ce théologien, qui s'est signalé par un zèle si vif pour la cause à laquelle il s'étoit voué. On ne peut lui refuser certainement des connoissances, de la facilité à écrire, un style vif et énergique. Malheureusement cette vivacité étoit devenue, sur la fin de ses jours, quelque chose de plus, et ses écrits avoient pris un caractère d'aigreur qui ne ressembloit pas mal à la satire. C'est ainsi qu'il gâta sa réfutation de Dupuys, par un ton et des expressions aussi peu conformes à la charité chrétienne, qu'à la modération d'un homme de bonne compagnie. II tutoie son adversaire et l'apostrophe durement. On Tome Ier. L'Ami de la R. et du R. No. XXIV.

n'a pas été moins choqué de la hauteur de son style et de la rudesse de son langage dans d'autres écrits, par lesquels l'ardent dominicain a signalé la fin de sa carrière. Mais rien en ce genre n'est plus fort que son dernier ouvrage, c'est-à-dire, celui sur lequel je voudrois appeler un instant votre attention.

Le Père Lambert vouloit réfuter les Mémoires pour servir à l'Histoire ecclésiastique pendant le 18. siècle, qui ont été publiés en 1806. A lui permis d'écrire contre ces Mémoires. Mais rien ne l'autorisoit à traiter l'auteur de cet ouvrage avec cette arrogance insultante qui trahit l'homme de parti. Il faut toujours être poli dans ses écrits comme dans sa conversation, sans quoi la controverse sera un répertoire d'injures, et la littérature une halle. L'auteur des Mémoires auroit eu mille fois plus de torts qu'il n'en a eus, qu'il ne donnoit point à son adversaire le droit de lui montrer du mépris, et de lui donner ces épithètes grossières que le goût réprouve, et que la charité condamne. Dès l'abord, le Père Lambert a l'air d'un homme en colère. Dès la rere. page, il appelle les Mémoires, uR sot livre, une triste rapsodie, un livre méprisable, un libelle ennuyeux; et l'auteur, un déclamateur sans bonne foi, une espèce d'illuminé, un détracteur obscur, misérable écrivain. Il le renvoie tailler des pierres. Le reste de l'ouvrage répond à ce début aimable et gracieux. Quand le Père Lambert parle de l'auteur des Mémoires, c'est toujours avec quelque épithète du même genre. Il l'appelle un lourd gazetier, un épais compilateur, un petit libelliste, un parfait ignorant, un effronté menteur, un niais, un Jésuite de robe courte, un Père de la foi, (ce qui est sans doute, à ses yeux, une grosse injure) un écrivain inepte, un insensé,

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impie. Ces douces images et ces tendres apostrophes reviennent à chaque page, et le Père Lambert ne s'est pas même donné la peine de les varier. Il ne parle des Mémoires que comme d'une production misérable, froide, sans goút, sans sel, sans autorité, qu'il faut abandonner au mépris. Mais ici le réfutateur n'étoit pas très-conséquent. Car si les Mémoires méritoient réellement ces qualifications, pourquoi se donner la peine de les réfuter? Ils seroient tombés d'euxmêmes, et il étoit même à craindre, en écrivant contre, de leur donner une importance qu'ils ne méritoient pas. Il faut donc que le Père Lambert n'ait pas jugé tout-à-fait les Mémoires aussi méprisables qu'il veut bien le dire, et sa colère même contre l'auteur me feroit présumer qu'il ne le croit pas, au fond, digne de toutes les épithètes qu'il lui prodigue avec une si triste facilité.

Au surplus, l'auteur des Mémoires a de quoi se consoler des sorties véhémentes et des dénominations énergiques qu'on lui adresse ici. Le Père Lambert, en le traitant ainsi, l'a mis en fort bonne compagnie. S'il l'injurie sans pitié, il fait le même honneur à des hommes dont l'auteur peut être glorieux de partager la destinée. A la page 435 commence une longue et verte tirade contre un Pape respectable, contre Clément XI. C'est un prévaricateur, un opiniâtre, un orgueilleux, un despote, pour qui Satan se transformoit en ange de lumière, et qui a été plus d'une fois le misérable jouet de l'esprit des ténèbres.... On ne peut l'excuser de blaspheme...., et s'il y avoit eu un concile général, ou ce Pape y auroit fait amende honorable de ses scandales, ou une irrévocable déposition auroit été la juste peine de son endurcissement. Tel est le portrait

respectueux et fidèle que le religieux écrivain, qu'un prêtre, qu'un théologien, qu'un enfant de saint Dominique trace d'un successeur de saint Pierre, d'un Pontife assis sur la chaire de vérité. Il n'avoit pas lu dans l'Evangile qu'il faut toujours honorer le Prince des prêtres, et il n'a pas craint de s'exposer au châtiment dont est menacé celui qui parle mal de l'oint du Seigneur.

Après cette témérité d'expressions et ces accusations flétrissantes pour le chef de l'Eglise, on n'a plus lieu de s'étonner de voir le Père Lambert frapper à tort et à travers sur les cardinaux, les prélats et les hommes les plus recommandables. Le cardinal de Fleury étoit un homme inepte; ce qui peut consoler l'auteur des Mémoires de l'être aussi. C'étoit d'ailleurs un hypocrite, un administrateur ignorant et infidèle, un visir qui regardoit du même œil le bien et le mal et qui n'écrasa les appelans qu'afin que rien ne troublát ses digestions et son sommeil. Fénélon est plus maltraité encore. C'est un doucereux, un pitoyable théologien, un déclamateur emporté, le protecteur et l'apologiste des erreurs les plus révoltantes et des maximes les plus corrompues. M. de la Mothe, évêque d'Amiens, dont on connoît la piété et la vertu, est un calomniateur atroce, un sanglier envoyé dans la vigne du Seigneur, un libelliste, un barbare. Le cardinal de Bissy, évêque de Meaux ; le cardinal de Tencin, archevêque de Lyon; M. Languet, archevêque de Sens; M. de Belzunce, évêque de Marseille, ne sont pas peints avec plus d'indulgence. On ne parle d'eux qu'avec un mépris qu'on ne se donne pas la peine de déguiser. La forme ajoute encore ici au fonds, et le Père Lambert relève ses injures par une familiarité d'ex

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