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que l'usurpateur eût conservé le sien après tant de violences et d'injustices, après cette guerre faite à l'Eglise, après son excommunication, après qu'il avoit déclaré lui-même le Concordat rompu, le Concordat qui faisoit son titre pour la présentation aux évêchés?

M. le cardinal Maury ne peut donc se prévaloir en sa faveur de ce qui se passa sous Louis XIV. Ils est dans un cas particulier, et sa nomination ne peut être assimilée aux autres. Cardinal, lié au Saint-Siége par des sermens étroits, toutes sortes de raisons lui faisoient un devoir de déférer aux ordres positifs et pressans du chef de l'Eglise. Il les a, au contraire, méconnus. D'autres diroient même qu'il les a bravés. Je conclus que son Mémoire ne le justifie pas. Il ne le justifie pas aux yeux des personnes éclairées. Je doute qu'il le justifie mieux aux yeux de la cour de Rome. C'est-là son tribunal naturel, et je crois que S. E., quand elle y paroîtra, n'a rien de mieux à faire que de renoncer à une apologie inutile et impuissante; elle n'a d'autre ressource que la clémence de son juge. (Article communiqué).

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Nous craindrions de nous répéter si nous prétendions extraire seulement toutes les relations qui nous arrivent des provinces sur les cérémonies religieuses, et les services d'expiation décernés à la mémoire de Louis XVI et des personnes de sa famille, qui ont subi le même sort que lui. Nous ne pouvons toutefois passer entièrement sous silence ce qui s'est passé, à cet égard, dans quelques villes où ces cérémonies paroissent avoir eu un caractère particulier d'intérêt. A Poitiers, leservice a été célébré, le 2 juin. Toute la ville y a assisté. Un chanoine de la cathédrale a prononcé l'oraison funèbre. On nous en a adressé quelques extraits, que nous sommes fâchés de ne pouvoir mettre sous les yeux du lecteur. Les sentimens et le style nous en ont paru convenables, et au sujet, et à la chaire

chrétienne. A l'Orient, M. l'abbé de Saint-Pierre a pro noncé l'oraison funèbre de Louis XVI devant les autorités civiles et militaires réunies dans l'église de SaintLouis. Son discours étoit fait pour émouvoir. La même cérémonie a eu lieu à Gien, le 26 mai. M. le curé y a prononcé une oraison funèbre, dans laquelle il a su entremêler des éloges pour l'ancienne garde, dont une partie est en garnison dans cette ville, et s'y est toujours conduite de manière à mériter l'estime des habitans. Les processions de la Fête-Dieu s'y sont faites avec une pompe dont cette même garde a relevé l'éclat. Des généraux et colonels portoient les cordons du dais. On a célébré aussi un service à Arques, dans ce lieu bien connu par l'histoire, et qui rappelle le souvenir du bon et sage Henri. Les campagnes rivalisent même, à cet égard, avec les villes. On nous a envoyé une relation de Champeaux, dans le Perches, où M. de Greuthe, ancien chanoine régulier, qui a constamment porté l'habit de son ordre, a fait un service et prononcé un discours. A Desne, dans le Jura, le curé a célébré également un service. Pour oraison funèbre, il a lu le Testament de Louis XVI, qui a touché ses bons paroissiens, et il n'a pas cru pouvoir mieux faire que de lire les détails de sa mort, tels qu'ils sont rapportés dans les Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique pendant le 18o. siècle ; 2 vol. in-8°. (1). Nous ne reviendrons plus sur ces services ; il nous suffira d'avoir montré l'esprit général et l'empressement qu'on a eu partout à offrir des prières et un sacrifice expiatoire pour d'augustes proscrits. Cet empressement témoigne que la nation est ranimée par les mêmes sentimena, et qu'elle sent le besoin d'effacer et de couvrir, par des démarches solennelles, des crimes qui ont affligé toutes les ames honnêtes et tous les coeurs chrétiens.

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On annonce l'arrivée de M. le cardinal Consalvi, de retour de sa mission à Londres. Plusieurs évêques

(1) Il ne reste qu'un très-petit nombre d'exemplaires de cet ouvrage, et leur rareté en a beaucoup haussé le prix. Se trouve au bureau du Journal; prix, 30 francs.

françois qui étoient en Angleterre, sont, depuis quelques jours, à Paris. On nomme parmi ces prélats M. de la Laurencie, évêque non-démissionnaire de Nantes; M. de Bethisy, d'Uzès; M. de Caux, d'Aire; et M. de Vintimille, de Carcassonne. M. d'Agoult, évêque de Pamiers, étoit arrivé depuis assez long-temps. On croit que les autres arriveront successivement. Ces prélats sont en tout au nombre de onze.

SÉEZ. Le chapitre de cette ville vient de prendre une mesure qui a fait du bruit dans ce diocèse. M. l'abbé Baston, ancien chanoine et grand-vicaire de Rouen avoit été nommé, l'année dernière, à l'évêché de Séez, et le chapitre lui avoit accordé des pouvoirs par ses délibérations des 50 avril et 27 août 1813. Néanmoins son administration n'avoit pas réuni tous les suffrages. Beaucoup de curés et d'ecclésiastiques répugnoient à reconnoître son autorité, et les élèves du séminaire avoient refusé de prendre les ordres en vertu de ses démissoires. On lui reprochoit de vouloir tout diriger despotiquement dans le diocèse. Ces plaintes, auxquelles les circonstances donnoient une nouvelle force, ont engagé le chapitre à s'assembler, le 11 juin dernier, et là, malgré l'opposition de trois chanoines, les autres membres du chapitre, au nombre de cinq, ont proposé et adopté la révocation des pouvoirs de M. l'abbé Baston. Cette délibération lui a été notifiée, et envoyée à tous les curés du diocèse, où il ne paroît pas qu'il soit fort regretté. On s'accorde à dire qu'il auroit dû prendre son parti de lui-même, et se retirer, ainsi que l'ont fait plusieurs des nommés aux évêchés, qui ont eu le bon esprit et la sagesse de renoncer, dès qu'ils l'ont pu, à leurs nominations.

GENÈVE. Lors du Concordat de 1801, et de l'organisation des cultes protestans en France, on exigea, par réciprocité, que la ville de Genève donnât une église aux catholiques. Cela paroissoit assez juste. Toutefois il y eut beaucoup de difficultés. Des protestans, qui apparemment n'étoient pas assez avancés dans leurs idées de tolérance, répugnoient à une concession qu'ils regar

doient comme un scandale. Ils ne se rendirent qu'à l'autorité, et cédèrent avec peine, et pour cinq ans seulement, la petite église de Saint-Germain, que les catholiques s'empressèrent de disposer convenablement. Le gouvernement donna 5,000 francs pour cet objet. Un François d'un grand nom, qui se trouvoit dans le voisinage, et dont le zèle et la piété sont bien connus, contribua pour la même somme. Le préfet de Genève donna les ornemens de la chapelle du résident François, dont il occupoit l'hôtel. Les catholiques qui sont établis à Genève, au nombre de plus de trois mille, virent avec joie s'ouvrir une église où ils pussent exercer librement leur religion, et à l'expiration des cinq années, ils continuèrent à jouir d'un édifice où ils avoient fait de la dépense. On dit qu'aujourd'hui, quelques calvinistes ardens parlent de leur ôter cette église, et de laisser ainsi leurs compatriotes catholiques privés de l'exercice de leur culte. On se flatte que le gouvernement et les plus sages protestans adopteront un autre plan. Il seroit assez étrange que, tandis que les protestans obtiennent tant d'avantages en France, les catholiques fussent condamnés chez nous à des prohibitions rigoureuses. On ne reconnoîtroit point là cette tolérance dont on parle tant, et qui ne seroit plus qu'un jeu, si ceux qui la réclament avec tant d'instance pour eux-mêmes, étoient assez peu conséquens pour la refuser aux autres. Plus de trois mille catholiques valent bien la peine qu'on ne leur envie pas une très-petite église dans une ville où la religion dominante a toutes les autres.

DUBLIN. Le lord lieutenant d'Irlande ayant ordonné la dissolution du comité catholique, cette mesure a occasionné de vives plaintes de la part des catholiques, et surtout des membres du comité. Ils se sont assemblés dans cette ville, le 18 juin, sous la présidence de M. Th. French. Parmi les résolutions adoptées, on remarque celles qui suivent:

«1°. Nous nious formellement que le comité catho lique soit une assemblée illégale, soit qu'on en juge d'a

près les stipulations de l'acte de convention ou autrement; et en cela nous nous fondons spécialement sur l'acte de convention lui-même, portant: «Qu'il est pourvu à ce » qu'aucune de ses dispositions ne soit interprétée de >> manière à entraver ni restreindre le droit incontes>> table qu'ont les sujets de S. M. partout le royaume, » d'adresser des pétitions aux deux chambres du parle>> ment ensemble, ou en particulier à l'une d'elles, pour >> les redressemens de tous griefs publics ou particuliers ».

» 2°. S. Exc. le lord lieutenant ayant jugé convenable d'interdire les réunions de ce comité, dans un moment où la discussion de nos réclamations auprès du parlement doit être regardée comme prochaine, et où, par conséquent, il est le plus important et le plus nécessaire pour nous de communiquer avec nos nobles et honorables avocats des deux chambres, il est évident qu'une telle prohibition est, de sa nature et par ses inévitables conséquences, calculée pour entraver et restreindre, de diverses manières, les succès de nos humbles démarches près de l'autorité législative, pour les traverser par mille difficultés; que ces procédés ne sont justifiés par aucune circonstance connue de nous; qu'ils sont contraires à l'esprit de la constitution angloise que ces difficultés tendent évidemment à nous interdire, pendant la durée . d'une session entière, le droit de pétition, ou à en rendre les effets inefficaces et dérisoires.

» 3°. Nous avons résolu que la présente assemblée soit ajournée au 24 juin courant, pour prendre alors en considération la forme d'une pétition, par laquelle le parlement sera prié de faire jouir les catholiques d'Irlande, pendant la durée des lois pénales et prohibitives, du bienfait de l'article de la constitution, qui donne aux étrangers un juri composé moitié d'étrangers ».

NOUVELLES POLITIQUES.

Le Roi a été, le 25, à Saint-Cloud pour voir MONSIEUR. Le Prince s'est trouvé assez bien pour aller à pied au-devant de S. M., et l'a reconduite de même au moment de son départ.

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