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de secrètes persécutions, elle cherchera à les ramener par des persuasions paternelles.

» Au lieu de comprimer la pensée, elle lui laissera son essor, et n'arrêtera que les écarts de l'esprit qui pourroient blesser les mœurs ou troubler la paix de la société.

» Au lieu de répandre la terreur et la haine du gouvernement, elle fera aimer le Prince en le faisant connoître, et son secret sera de n'en avoir aucun.

» Au lieu de violer, dans l'ombre des nuits, l'asile des citoyens, elle veillera autour de leurs demeures pour protéger leur sommeil.

» Enfin, au lieu d'attenter, par une effrayante légèreté, à la sûreté individuelle, elle sera la première à défendre les citoyens de ces attentats; et si le maintien de l'ordre exige qu'un particulier soit arrêté, elle ne perdra jamais de vue que, dans ce cas extrême, toute rigueur inutile est un délit, tout défaut de consolation un tort envers l'humanité.

» Bornée à diriger les esprits vers des idées saines, les mœurs vers des habitudes paisibles, les sentimens vers l'amour du Roi et de la patrie, elle trouvera tout préparé chez le François pour d'aussi nobles impressions, et n'aura qu'une tâche facile à remplir. Heureux de l'inutilité de nos, efforts, nous ne regrettons point cette pénible contention qui jadis étoit nécessaire sous un gouvernement contre lcquel étoient armés tant de sentimens secrets, tant de haines invétérées.

» Loin de fatiguer le Prince par d'inutiles révélations ses sujets par des investigations importunes, que la police soit désormais tolérante, protectrice, discrète et paisible; enfin que, semblable à la goutte d'huile introduite dans les ressorts d'une machine compliquée, elle s'insinue doucement entre les rouages de la société, pour en faciliter les mouvemens, et qu'on jouisse de ses effets sans qu'on s'aperçoive et sans même qu'on lui en sache gré. Tel est son but, et tel sera son résultat; car je ne doute pas que MM. les préfels, les sous-préfets et les maires ne partagent sincèrement mes intentions et mes efforts pour servir le Roi selon ses vues paternelles.

» Je vous prie, Monsieur, de m'accuser réception de la présente, et d'agréer l'assurance de ma considération trèsdistinguée ». Le comte BRUGNOT.

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L'ÉVÉNEMENT heureux qui vient de rendre à l'Eglise son chef, et à Rome son souverain est si prodigieux, si important, si digne des méditations du sage et du chrétien, que nous avons cru qu'on nous permettroit d'y revenir encore, et de faire, à cet égard, quelques réflexions sur l'admirable conduite de la Providence dans cette protection signalée qu'elle accorde à son Eglise. Déjà deux fois l'orgueil humain s'étoit flatté d'abattre cette colonne antique, et de briser cette roche sacrée, et deux fois l'orgueil humain s'est brisé lui-même sur cette pierre. Deux fois l'impiété, en moins de vingt ans, a frappé le pasteur, dispersé le troupeau, enlevé les ornemens du sanctuaire, et livré la ville sacerdotale à la confusion, au vol, au pillage et à la violence. Deux fois le protecteur de l'Eglise a soufflé sur cette œuvre d'iniquité et sur ses auteurs, et a confondu, à son tour, leurs projets insensés. Les papiers publics out rendu compte de la joie et de l'enthousiasme du peuple romain, à l'aspect de ce vénérable Pontife qui vient encore de lui être rendu. Cette joie est aisée à comprendre par la nôtre, et par l'état où ce peuple étoit réduit. Dans la première révolution, on lui avoit fait cadeau des droits de l'homme, des impôts, des réquisitions, des pasquinades républicaines, des apothéoses de Brutus, et des consuls qui n'avoient pas tout-à-fait la majesté des anciens, et il avoit eu la simplicité de regretter ses tableaux et ses statues qu'on lui avoit enlevés en attendant mieux, ses palais déserts, ses princes banTome I. L'Ami de la Relig. et du Roi. No. XVIII.

de secrètes persécutions, elle cherchera à les ramener par des persuasions paternelles.

» Au lieu de comprimer la pensée, elle lui laissera son essor, et n'arrêtera que les écarts de l'esprit qui pourroient blesser les mœurs ou troubler la paix de la société.

>> Au lieu de répandre la terreur et la haine du gouvernement, elle fera aimer le Prince en le faisant connoître, et son secret sera de n'en avoir aucun.

>> Au lieu de violer, dans l'ombre des nuits, l'asile des citoyens, elle veillera autour de leurs demeures pour protéger leur sommeil.

» Enfin, au lieu d'attenter, par une effrayante légèreté, à la sûreté individuelle, elle sera la première à défendre les citoyens de ces attentats; et si le maintien de l'ordre exige qu'un particulier soit arrêté, elle ne perdra jamais de vue que, dans ce cas extrême, toute rigueur inutile est un délit, tout défaut de consolation un tort envers l'humanité.

» Bornée à diriger les esprits vers des idées saines, les mœurs vers des habitudes paisibles, les sentimens vers l'amour du Roi et de la patrie, elle trouvera tout préparé chez le François pour d'aussi nobles impressions, el n'aura qu'une tâche facile à remplir. Heureux de l'inutilité de nos, efforts, nous ne regrettons point cette pénible contention qui jadis étoit nécessaire sous un gouvernement contre lcquel étoient armés tant de sentimens secrets, tant de haines invétérées.

» Loin de fatiguer le Prince par d'inutiles révélations, et ses sujets par des investigations importunes, que la police soit désormais tolérante, protectrice, discrète et paisible; enfin que, semblable à la goutte d'huile introduite dans les ressorts d'une machine compliquée, elle s'insinue doucement entre les rouages de la société, pour en faciliter les mouvemens, et qu'on jouisse de ses effets sans qu'on s'aperçoive et sans même qu'on lui en sache gré. Tel est son but, et tel sera son résultat; car je ne doute pas que MM. les préfels, les sous-préfets et les maires ne partagent sincèrement mes intentions et mes efforts pour servir le Roi selon ses vues paternelles.

» Je vous prie, Monsieur, de m'accuser réception de la présente, et d'agréer l'assurance de ma considération trèsdistinguée ». Le comte BrUGNOT.

tant de ces cardinaux, de ces princes traités avec tant d'indignités, le zèle enfin de tout ce que Rome comptoit de bon, d'honnête et de respectable. Elle dira comment ils furent exilés, emprisonnés, bannis, traînés d'un lieu à un autre, frappés d'amende, privés de leurs biens, plongés dans l'indigence, uniquement parce qu'ils refusoient de reconnoître l'usurpateur, et de violer la foi qu'ils avoient jurée. Et comment, disoit naguère une voix éloquente, comment auroient-ils pu cesser d'être attachés à ce Pontife-Roi, qui, titulaire passager d'une dignité éternelle, et revêtu de la double lieutenance de la souveraineté unique de Dieu, réunit en lui tout ce qui peut inspirer le res-. pect, la confiance et l'amour? Comment auroient-ils pu ne pas aimer un gouvernement dont l'économie est la base, dont la paix est le fruit, dont la douceur paternelle est le caractère distinctif; où les deux puissances réunies dans les mêmes mains ne peuvent jamais être rivales; où on ne parle pas de liberté, mais où il y a plus que partout ailleurs liberté de parler : où l'égalité n'est pas décrétée, mais où elle est réalisée; où on n'établit point de droit qu'il n'y a de distinction que celle des talens et des vertus, mais où de fait les vertus et les talens conduisent à toutes les distinctions, et où il n'y a pas jusqu'au fils de l'artisan et jusqu'au pauvre pâtre qui ne puisse devenir un Sixte-Quint? Qu'avoient-ils donc mis à la place de ce gouvernement tutélaire qui, depuis mille ans, fait le bonheur et la gloire de Rome? qu'avoient-ils mis ces rêveurs politiques et ces fabricateurs de pactes sociaux, qui jusqu'ici n'ont réussi à faire que des châteaux de cartes, aussitôt détruits qu'élevés, et en der nier lieu, ce fanfaron de gloire, qui sembloit se croire appelé à conquérir, à immoler et à détruire tout l'uni

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nis, son souverain expulsé, toutes les richesses taries, toutes les bourses épuisées. Cette fois-ci la révolution avoit pris une autre forme, et n'en avoit été plus douce. Le nouvel empereur valoit presque les Tibère et autres princes magnanimes, à la place desquels il s'étoit mis. Sa jactance et ses rodomontades étoient aussi ridicules que les facéties révolutionnaires. Que n'avoit-il fait pas Rome? Il lui avoit accordé pour l'honneur insigne de la déclarer la seconde ville de l'empire. Il avoit daigné lui donner son fils pour roi. Il en avoit fait un chef-lieu de préfecture. En dédommagement de ces avantages signalés, il y avoit introduit le régime militaire, les impôts sous toutes les formes, les droits réunis, et cette conscription si sage, si douce, si équitable. Eh bien! par une horrible ingratitude, le peuple romain s'est montré insensible à tant de bienfaits. Il osoit témoigner encore quelques regrets de se voir enlever un gouvernement sous lequel il ignoroit les exactions, les levées d'hommes, et les mesures arbitraires et fiscales du despotisme militaire. Il osoit se plaindre qu'on lui eût ravi son souverain, ses cardinaux, ses prélats, ses ministres, ses seigneurs, et cette foule de gens riches qui employoient son industrie, et lui assuroient un travail et des secours. Il osoit se plaindre de la dispersion de ces couvens où on lui prodiguoit tant d'aumônes, et de la solitude de ces palais où il étoit accoutumé à trouver une occupation utile. La tyrannie n'avoit pu le séduire. Fidèle à son prince, il avoit vu l'usurpation avec horreur, et ses agens avec mépris. L'histoire dira la fidélité de ces gardes que les caresses et les menaces n'ont pu ébranler, le dévouement de ces prélats doublement attachés à leurs devoirs comme sujets et comme chargés de fonctions particulières, l'attachement cons

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