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LA Régence à Blois, ou les derniers momens du Gou vernement impérial, recueillis par u habitant Paris, réfugié à Blois.

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C'EST un spectacle toujours curieux pour un ob servateur que le d'un ordre échoses à un passage autre. Mais quand la révolution est subie quand elle frappe des dominateurs détestés, qu'elle elève une famille auguste, et qu'elle se fait d'ailleurs avec le moins de désastres possible, alors l'intérêt s'accroît, et les plus petites particularités excitent la curiosité et deviennent précieuses pour l'histoire. Alors on doit désirer qu'elles soient recueillies par un témoin calme, attentif, exact, qui raconte simplement ce qu'il a vu.' C'est le service que vient de rendre l'auteur de l'écrit que nous annonçons. Transporté par les événemens loin de la capitale, il a vu se dissoudre à Blois cette machine colossale qui avoit épouvanté le monde. I a recueilli les derniers soupirs d'un gouvernement bruyant et dévastateur. Son écrit doit entrer dans les matériaux de nos annales, et sera consulté par ceux qui rédigeront notre histoire. Il est plein d'art, d'esprit et de mesure. L'auteur ne se permet ni reproche, ni réflexions amères contre ceux dont il a vu la chute. Il raconte les faits, et est fort sobre d'accessoires. Il a su donner à son écrit une forme très-piquante en ayant l'air du calme, de l'impartialité, et même du respect. Ainsi, quand il parle des ministres et des perTome I. L'Ami de la Relig. et du Roi. No. XVII.

sonnes les plus élevées en autorité sous ce régime expirant, c'est toujours avec les formules qui convenoient à leurs dignités passées. Il ne manque jamais de nommer leurs excellences, leurs altesses, leurs majestés. Il ne parle qu'avec une réserve amusante de leur frayeur, de leur embarras, de l'incertitude de leurs démarches. Les égards qu'il montre pour eux, relèvent l'éclat de leur disgrâce. Il n'a point l'air de youloir s'égayer à leurs dépens, et n'en est que plus plaisant quand il rapporte, avec une apparente bonhomie, leur empressement à fuir, le soin qu'ils prirent de se distribuer le trésor, et tout à coup leurs soumissions auprès d'un général allié, et leur langage humble et obséquieux, si différent de celui qu'ils tenoient la veille. Nulle part l'observateur n'insulte à leur chute, mais il ne leur en épargne aucun détail. Il est sobre dans ses réflexions, mais ses traits n'en font que plus d'effet. Sa réserve n'est pas sans malice, et sa simplicité n'est pas sans finesse. Ainsi, ce petit écrit, outre le merite de l'à-propos et l'intérêt du sujet, se recommande par sa forme, par la modération qui y règne, et en même temps par des tournures pleines d'esprit et de sel. On peut conjecturer, en le lisant, que l'auteur est en état de s'appliquer à des ouvrages plus importans.

Cette relation marquera dans la liste des brochures éphémères que la circonstance a fait éclore, et que le même jour souvent a vu naître et mourir.

Oraison funèbre de Louis XVI, Roi de Navarre, pro noncée à Jersey, le 21 janvier 1794, par un ecclé➡ siastique, réfugié dans cette tle (1).

Lorsqu'arriva l'affreux attentat qui nous arrache encore des larmes, la France, courbée sous le joug, ne put ni faire éclater son deuil, ni laisser entendre ses plaintes douloureuses. Muets de terreur, nous fùmes contraints de soupirer en secret, et on ne pouvoit parler tout haut d'un crime atroce que pour y applau→ dir, Ce ne fut que sur une terre étrangère que les bons François, les ames religieuses et sensibles, purent manifester librement leur tristesse et leur indignation. Ce ne fut que là qu'il fut permis d'adresser des hommages publics à la mémoire du meilleur et du plus malheureux des rois, et d'appaiser, par des expiations solennelles, la colère du ciel, offensé par la plus grande des iniquités.

Ce discours, dont nous avons parlé, fut prononcé dans l'île de Jersey, qui étoit alors le refuge de plu→ sieurs milliers de prêtres et d'émigrés. Presque tout le clergé, et la noblesse de Bretagne et de Norman→ die étoient rassemblés dans cette île, et se flattoient encore d'un retour prochain dans leur patrie. Les prêtres y avoient érigé des chapelles où ils faisoient l'office prêchoient et donnoient les secours de la religion, non-seulement à leurs compatriotes, mais encore aux habitant de l'île, dont plusieurs se firent catholiques.

(1) Brochure in-8°.; prix, 1 fr. 50 c. port franc. Au bureau du Journal.

Là étoit M. l'abbé Carron, si célèbre par son zèle charitable, son dévouement et ses bonnes œuvres. Ce fut lui qui conçut, le premier, l'idée de faire un service pour le Roi, et qui engagea un ecclésiastique à composer le discours que nous présentons. Ce discours fut très-goûté, et l'auteur le prononça dans plusieurs occasions pareilles, soit à Jersey, soit à Londres, où il se rendit depuis. Il ne s'est pas nommé en tête de son oraison funèbre, et nous respecterons la modestie qui lui a fait cacher son nom. Nous devons dire néanmoins que son discours nous a paru sage et chrétien. L'auteur y a mis, sinon de la chaleur, au moins de l'intérêt, et en même temps la modération qui convenoit à la chaire. Il déplore, comme il le devoit, un malheur affreux, mais sans y mettre d'amertume ni de vengeance. Il appelle, au contraire, les miséricordes du Seigneur sur cette terre de sang, et il in-, vite tous les François à rouvrir leurs cœurs à la voix de la religion et au cri de la vertu.

Ce discours pourra être lu avec fruit par les fidèles, et surtout par les ecclésiastiques qui auroient à parler sur ce sujet, et qui trouveront ici des sentimens et des pensées propres à leur en inspirer d'autres et à leur faciliter leur travail.

Aux Rédacteurs de l'Ami de la Religion et du Roi (1).

Monsieur, voulez-vous bien donner place dans votre Journal aux observations suivantes :

que nous

l'avons reçue,

(1) Nous donnons cette lettre telle et en avouant même que nous ne partageons pas entièrement l'opinion de l'auteur, au moins dans toute son étendue.

pre

S. M. vient d'ordonner que les usages romains fussent substitués à ceux de Paris, et exclusivement employés pour le service de la chapelle royale. En nant cette détermination, S. M. donne un exemple qu'il seroit bien à désirer de voir incessamment imiter par toutes les églises du royaume. En effet, depuis un demi-siècle environ (1), des intentions pieuses, sans doute, mais qui peut-être n'avoient point été suffisamment examinées, ont porté un certain nombre de prélats et de chapitres diocésains à abandonner les usages romains qui subsistoient en France depuis l'origine de la foi, pour y substituer une liturgie et des rits particuliers. Cette opération a produit un inconvé➡ nient bien sensible, c'est une diversité d'usages fort incommode, et qui véritablement ne semble pas parfaitement conforme à l'esprit de l'Eglise, qui n'a qu'une même foi, qu'un même baptême, qu'un même senti– ment, qu'un même langage.

En effet, en supposant même que, dans la réforme des bréviaires, ont ait réussi à faire disparoître certains défauts de détails qui se rencontroient dans quelques parties de la liturgie romaine; que l'on soit parvenu à avoir des hymnes de meilleur goût, quelques leçons mieux choisies, quelques applications plus ingénieuses des textes de l'Ecriture, ces avantages peuvent-ils se comparer à ceux qui résultent de cette unanimité de sentimens et d'expressions qui naissent.

(1) Cela n'est pas exact. Il y a bien plus long-temps qu'on avoit commencé, en France, à s'occuper de liturgies nou-velles, et l'auteur nous paroît déprécier trop les travaux des hommes estimables et savans qui s'y étoient livrés.

(Note des Rédacteurs.)

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