Page images
PDF
EPUB

nous pour remercier le ciel. C'est lui qui a entonné le Te Deum et donné la bénédiction du saint Sacrement. Les autorités constituées de la ville, ainsi que les généraux, officiers et soldats de l'ancienne garde que nous avons dans nos murs, assistoient à la cérémonie, et chacun a fait éclater sa joie. On a arboré le drapeau blanc à la porte de la municipalité. Ç'a été un jour de fête où tout le monde a pris part. Le 16 mai, M. l'évêque de Tournay s'est mis en route pour Rome, où il va rendre ses devoirs à S. S.

LORGUES, département du Var. Nous pouvons dire que notre ville a toujours montré un vif attachement à la religion et à la cause de nos rois. Elle a été, dès le commencement de la révolution, le refuge de plusieurs proscrits, qui venoient y chercher l'obscurité et le repos. Ses prêtres, et surtout les membres du chapitre, n'échappèrent point à la persécution; ce qui ne les empêcha pas d'être les premiers dans le diocèse de Fréjus, qui exercèrent publiquement le culte, malgré la présence de l'évêque constitutionnel qui s'y étoit établi. On prétend que nous avions eu l'honneur de déplaire à l'usurpateur, que nous appréciions en effet trèsbien. Sa chute a produit chez nous une grande joie. Nous avons voulu célébrer, d'une manière particulière, cet heureux événement et le retour du Roi dans ses Etats. On a désigné un jour de la semaine pour cette fête. Les travaux ont été suspendus. Toute la ville s'est rendue à l'église, d'où on est allé en procession à la chapelle de Saint-Ferréol. On y a chanté la messe. La musique, des drapeaux blancs, des devises, le Te Deum, et le soir des illuminations et des réjouissances dans toute la ville, tels ont été les signes de l'allégresse publique, qui continue à se manifester par tous les moyens qu'elle peut imaginer.

er

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. On répandoit depuis quelques jours que la paix étoit signée. Cette heureuse nouvelle s'est confirmée. Elle a été annoncée, le 31 mai au soir, par le canon des Invalides, et proclamée, le 1oo. juin, dans les rues de la capitale, avec beaucoup de solennité, par des héraults d'armes, précédés et suivis de détachemens de la garde à cheval, ainsi que de la garde nationale. La joie publique a éclaté à la vue de ce cortége, et en entendant cette proclamation. Nous allons enfin jouir de cette paix, dont nous ne connoissions plus les douceurs. Nous allons avoir, non plus de ces trèves dictées par la force, qui abusoit de ses succès, et rompues bientôt après par des prétentions nouvelles, non plus de ces traités humilians et onéreux, qui ne satisfaisoient même pas un vainqueur ambitieux, mais une paix sage, raisonnable, permanente, fondée sur des intérêts mutuels, et qui par-là même qu'elle remet chaque chose à sa place, nous offre une garantie pour l'avenir. La magnanimité d'une part, la prudence et la fermeté de l'autre, ont souscrit des conditions honorables pour chacun. Plus de ces secousses violentes, si funestes à l'Etat et aux particuliers. Une heureuse stabilité va nous réconcilier avec l'Europe, et nous laisser, dans notre intérieur, les moyens de nous livrer au commerce, à l'agriculture, aux sciences, aux lettres, aux arts, suivant nos goûts et nos besoins. En attendant que nous fassions connoître les clauses de la paix, nous pouvons dire que la France acquiert une nouvelle lisière dans le nord, une communication entre l'Alsace et Landau, et quelques districts de la Savoie. On nous rend la plupart de nos colonies. Il nous semble que nous ne pouvions raisonnablement en espérer davantage. Nous sommes des gens échappés du naufrage, et nous sommes fort heureux de nous sauver avec tout ce qui nous appartenoit. Nous n'avons perdu que ce que nous avions pris. Nous pouvons nous en consoler. La France sera encore grande, forte et puissante.

-L'état de S. A. R. MONSIEUR, est fort tranquillisant. Il n'y aura plus de bulletins.

[ocr errors]

La séance royale du Sénat et du Corps-Législatif, qui devoit avoir lieu, le 31 mai, est remise à samedi,

Le 29 mai, S. A. R. Mr. le duc d'Orléans a reçu la croix de saint Louis de la main du Roi, conformément au cérémonial établi. Le Roi étoit debout, l'épée nue à la main; M. le duc à genoux devant S. M.: S. Exc. le ministre de la guerre a lu la formule du serment de l'ordre, et ce serment a été prêté par S. A. Le Roi lui a ensuite donné l'accolade

dans les formes accoutumées de la chevalerie: au moment où S. M. relevoit M. le duc pour l'embrasser, S. A. s'est inclinée de nouveau, et a baisé respectueusement la main de S. M. Le même jour, ont été admis à prêter serment entre les mains de S. M.:

M. le comte de Blacas, grand-maître de la garde-robe, nommé au ministère de la maison du Roi;

M. de la Besnardière, ancien conseiller d'Etat, en qualité de directeur des travaux politiques au ministère des affaires étrangères;

M. le baron de Reinhard, en qualité de directeur des chancelleries du même ministère.

-L'empereur Alexandre a passé, le 30 mai, la revue de toutes ses troupes, qui se disposent à quitter Paris. Cette revue avoit attiré un concours immense. Le duc d'Angoulême, le duc de Berry, le duc d'Orléans, et un grand nombre de généraux et d'officiers françois y ont assisté.

-L'empereur Alexandre part samedi pour l'Angleterre. On dit que S. M. l'empereur d'Autriche part, de son côté, pour retourner dans ses Etats.

-S. M. l'empereur de Russie a dîné, le 31 mai, au palais des Tuileries. LL. MM. l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse y avoient dîné la veille.

[ocr errors]

Les troupes alliées qui sont à Paris ont commencé à se mettre en route le 31 mai. Celles qui étoient dans les provinces sont aussi en marche sur beaucoup de points, et se dirigent sur le Rhin. Quelques-unes l'ont même déjà passé.

TURIN, 24 mai. Voici le préambule d'un édit royal qui vient d'être publié :

Victor-Emmanuel, par la grâce de Dieu, roi de Sardaigne, de Chypre, de Jérusalem, duc de Savoie, prince du Piémont, etc.

nos

La paix, qui, par une grâce spéciale de la Providence, et par les magnanimes et généreux efforts des puissances alliées, a été rendue à l'Italie et à l'Europe entière, nous ayant mis à même de reprendre l'exercice de notre souveraineté dans Etats de Terre-Ferme, nous avons jugé, dans notre paternelle sollicitude, que nous devions d'abord nous occuper des moyens qui, après un bouleversement total de l'ordre. politique et civil, pouvoient être les plus propres à ramener le bonheur, qui est l'unique but de nos intentions souveraines; et que nous avons vu depuis si long-temps bauni de nos provinces désolées. Convaincu que le systême de gouvernement, établi par les rois nos prédécesseurs dans l'administration publique, dans les dicastères politiques, militaires économiques et judiciaires, étoit, d'après l'expérience de plusieurs siècles, le plus convenable à la constitution du pays, aux mœurs, coutumes des habitans, et au bien général de nos peuples, nous avons résolu de rétablir toutes choses dans l'état où elles étoient à la première époque de la révolution, nous réservant de faire, après un mûr examen, les changement nécessités par le temps et les circonstances..... En conséquence, d'après l'avis de notre conseil, nous ordonnons qu'à dater de la publication du présent édit, on n'observera dans nos Etats d'autres constitutions et d'autres lois que les constitutions de 1770, et les lois émanées de nos prédécesseurs jusqu'au 23 juin 1800, etc. etc.

il a

MADRID. L'arrivée de notre roi a produit la plus vive sensation. Le 15 mai au soir, il a parcouru à pied toute la capitale. La joie du peuple a éclaté sur son passage. Le 16, été chanté un Te Deum dans l'église de Sainte-Marie. Le / roi a adressé une circulaire dans les provinces, pour recommander l'ordre, et défendre les voies de fait et les émeutes. Il y en a eu en plusieurs endroits, mais qui venoient plutôt d'un excès de zèle, et qui n'ont pas eu de suites bien fâcheuses. Cordoue et Séville avoient rétabli l'inquisition. Le roi a prescrit d'attendre ses ordres à cet égard. Le cardinal de Bourbon, archevêque de Tolède, a reçu l'injonction de se rendre dans cette ville. S. M. montre la fermeté qui convient à sa dignité et à notre position. Les esprits se rallient d'eux-mêmes à son autorité tutélaire.

Séance royale du 4 juin.

L'importance de cette séance et l'intérêt

DE

5.

cen

[ocr errors]

SEINE

qui y ont été traitées, nous obligent à entre
détails suivans, extraits textuellement du Journal Offi-
ciel. Nos lecteurs, et surtout ceux des provinces, au-
roient à se plaindre de ne pas trouver dans notre feuille
des faits, des discours et des déclarations qui excitent
une si juste curiosité, qui doivent être consignés dans
l'histoire, et qui sont des monumens durables de l'amour
et de la sagesse du Prince que le ciel nous a rendu. Nous
aurons soin de les dédommager, dans les numéros sui-
vans, du peu de place que nous sommes forcés de donner
ici aux matières qui sont plus particulièrement de notre

ressort.

Le Roi s'est rendu, le 4, avec son cortége, au palais du Corps-Législatif.

Des salves d'artillerie ont annoncé, à deux heures et demie, l'arrivée de S. M.

Le marquis de Dreux-Brézé, grand-maître des cérémonies de France, le marquis de Rochemore, maître des cérémonies, et MM. de Watrouville et de Saint-Félix, aides des cérémonies, précédés par cinq députés des départemens, ont été recevoir S. M. au bas de l'escalier du grand portique.

Le Roi, après s'être reposé quelques instans dans son appartement, s'est rendu dans la salle des séances. A l'entrée de S. M. l'assemblée entière s'est levée aux cris mille fois répétés de vive le Roi! vivent les Bourbons! proférés avec un enthousiasme et une énergie qu'il seroit impossible d'exprimer et de décrire.

S. M. s'est placée sur son trône, ayant à sa droite S. A. R. Mgr. le duc d'Angoulême; à sa gauche S. A. R. Mr. le duc de Berry; à droite de S. A. R. Mr. le duc d'Angoulême, S. A. R. M. le duc d'Orléans; à gauche de S. A. R. Mgr. le duc de Berry, S. A. S. Mr. le prince de Condé; M. le chanTome Ier. L'Ami de la Relig. et du Roi. No. XIV.

« PreviousContinue »