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cortès diminuoit sensiblement, leur langage devenoit plus poli, leurs prétentions moins hautes. Ils avoient écrit deux fois au Roi pour l'engager à hâter son arrivée · à Madrid. Leurs lettres étoient respectueuses, mais on voit en même temps qu'ils sentoient le besoin d'enchaîner le prince par les promesses qu'ils lui demandoient de faire. Si tel a été leur dessein, ils ont complétement échoué. Agités si long-temps par tant d'orages, les Espagnols ont senti la nécessité d'un centre, d'une autorité souveraine qui fut pour eux comme un port et un abri après la tempête. L'absence de cette autorité avoit fait fermenter dans quelques têtes des idées aristocratiques, car nous ne voulons pas dire révolutionnaires. Il étoit temps de revenir aux principes constitutifs de la monarchie. C'est ce qui vient d'être fait. Le peuple s'est prononcé ouvertement, le 11 mai. Les principaux membres des cortès sont arrêtés ou ont pris la fuite. Les membres de la régence ont été mis au château de Villaviciosa. On croit que les évêques exilés par les cortès vont être rendus à la liberté. L'approche du Roi, dont on attend l'arrivée pour le 14, a donné cette impulsion. S. M. a publié une proclamation pour exhorter ses sujets à l'union et à l'oubli du passé. Il annonce qu'il se propose de donner à ses peuples une constitution telle qu'ils peuvent la désirer. Les coeurs volent tous au-devant de lui. Le clergé, l'armée, le peuple rivalisent de zèle et de dévouement. Quelques généraux et quelques grands seulement que le désir du pouvoir avoit séduits, et qui, dans un temps d'anarchie, s'étoient accoutumés à gouverner, peuvent témoigner encore quelques regrets, qui disparoîtront bientôt devant la volonté générale et devant l'intérêt bien entendu du royaume.

PALERME, 26 avril. DÉCLARATION. Ferdinand IV, par la grâce de Dieu, roi des Deux-Siciles et de JérusaIem, infant d'Espagne, etc.

Profondément indigné du bruit perfide, répandu par nos ennemis, que nous avons renoncé ou que nous sommes disposé à renoncer à nos droits sur le royaume de Naples, nous croyons qu'il est de notre devoir de faire connoître

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la fausseté d'un tel bruit aux puissances nós alliées, toutes les nations, et particulièrement à nos sujets et enfans très-chéris du royaume de Naples, en déclarant hautement que nous n'avons jamais renoncé, et que nous sommes invariablement résolu à ne jamais renoncer à nos droits légitimes et incontestables sur le royaume de Naples, et que notre volonté constante et immuable est de n'accepter aucune offre d'indemnité, aucune compensation quelconque pour ledit royaume, lequel nous entendons conserver pour nous et transmettre à notre successeur immédiat, ainsi qu'il nous a été transmis par notre père de très-glorieuse mémoire. Toutes les mesures que nous avons prises jusqu'à ce jour, et que nous sommes dans le cas de prendre, l'emploi de nos troupes, leur union avec les forces de nos augustes et anciens alliés, n'ont eu et n'ont d'autre but que de coopérer avec eux au triomphe de la juste cause géné rale, et de concourir à leurs vues magnanimes, tant de fois manifestées pour le renversement de toutes les usurpations, et pour le rétablissement de la justice et de la légitimité.

Palerme, 24 avril 1814.

FERDINAND.

-A travers toutes les conjectures sur les arrangemens futurs, rapportées par les journaux allemands, on remarque qu'ils supposent que le prince qui règne à Naples depuis 1808, renoncera à ce royaume, et recevra en indemnité la Sardaigne, et que le roi de Sardaigne aura une extension de territoire en Italie. Ces bruits n'ont encore aucun caractère d'authenticité.

GÊNES, 11 mai. Lundi dernier à trois heures après midi, notre port offrit un spectacle des plus imposans et des plus magnifiques, au moment de l'arrivée du roi de Sardaigne. Aussitôt que le vaisseau qui portoit S. M. parut à l'entrée du port, des salves d'artillerie retentirent de tous les bâtimens rangés en ligne. Aux premiers coups de canon, une partie de la population ac

courut sur les remparts, et l'autre se précipita dans les barques pour jouir de plus près de ce spectacle. Les salves recommencèrent au moment où le Roi sortit de son vaisseau pour monter une barque, qui fut conduite vers le Port-Royal, au milieu des plus vifs applaudissemens de tous les équipages. S. M. fut complimentée par une députation, à laquelle elle répondit dans les termes les plus affectueux. Elle monta ensuite en voiture avec lord Ben→ tinck, le prince Kolowski, ministre russe en Sardaigne, le comte de Roburent, grand-écuyer. Les rues qui furent traversées par le cortége du Roi étoient bordées d'une haie de troupes, la plupart piémontoises. S. M. descendit au palais Carrega, qui avoit été préparé avec beau→ coup de magnificence pour le recevoir. Le même jour, le Roi admit à son audience différentes députations, ainsi que les personnes les plus distinguées du Piémont qui étoient venues au-devant de lui.

Oraison funèbre de LOUIS XVI, Roi de France et de Navarre, prononcée à Saint-Hélier, île de Jersey, le 21 janvier 1794, au service solennel fait pour l'anniversaire de sa mort, dans la chapelle de M. l'abbé Carron; par M. l'abbé Berlier, docteur de l'ancienne faculté de théologie de Paris, et l'un des réfugiés alors dans cette île. A Paris, chez Adrien Le Clere, imprimeur de N. S. P. le Pape et de l'archevêché de Paris, quai des Augustins, no. 35; in-8°. : prix, 1 fr. 50 cent. port franc. Nous rendrons compte incessamment de ce Disqui nous a paru fort bien écrit.

cours,

On vient de publier une petite brochure très-curieuse intitulée : La Régence à Blois, ou les Derniers soupirs du Gouvernement impérial. Elle renferme des détails intéressans qui sont relevés par un air de bonhomie et de simplicité où il règne de la finesse et même quelqué malice. Nous en parlerons plus au long.

LES amis de la religion ont vu avec plaisir le Roi montrer, dès son arrivée à Paris, son attachement aux pieux usages de ses prédécesseurs. Il a rétabli les observances antiques de sa maison. Il assiste chaque jour aux saints mystères. Il a voulu que le service de la chapelle se fit comme autrefois; qu'on y chantât l'office; que les jours de fête il y eût une messe solen→ nelle; que la parole de Dieu y fût annoncée; que la cour pût y trouver enfin, comme dans sa paroisse, tous les secours religieux. Celui qui ne faisoit de la religion qu'une affaire de politique, et du culte qu'une parade, se contentoit de suivre à cet égard une vaine étiquette. Il ne croyoit point assez pour se gêner beaucoup sur cet article. Mais un Prince attaché à la foi, le fils aîné de l'Eglise, le Roi très-chrétien devoit suivre d'autres erremens et donner d'autres exemples. Il honore la religion, et se fait un devoir d'en pratiquer les observances. La fête de la Pentecôte été célébrée dans la chapelle royale avec la solennité convenable au mystère du jour. La messe a été chan

a

tée
par M. de Bernis, ancien archevêque d'Albi, qui
officioit pontificalement suivant le rit romain. Le soir,
S. M. a assisté à vêpres et au salut. Avant vêpres,
elle a entendu le sermon qui a été prêché par M. l'é-
vêque de Troyes. S. M. étoit pour cela descendue de
sa tribune, et s'étoit placée dans le bas de la cha-
pelle. Elle avoit à sa droite, Madame, et à sa gauche,
M. le duc d'Angoulême. M. le duc de Berry étoit à
côté de Madame. Les grands-officiers de la couronne,
les maréchaux de France, les personnes de la cour, plu-
sieurs évêques et un grand nombre d'ecclésiastiques,
remplissoient la chapelle. On avoit été attiré par le désir
Tome Jer. L'Ami de la R. et du R. N°. XII.

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d'entendre le prélat éloquent, condamné depuis trois ans au silence par la tyrannie, et qui venoit de recouvrer à la fois sa liberté, son siége et sa voix. Le sujet de son discours a été le Triomphe de la vérité, sujet analogue à la fête du jour, qui est la manifestation de la vérité, et aux circonstances où se trouve la France, après le temps d'erreur et de mensonge dont nous sortons. Ce double rapprochement a amené la suite d'un bel exorde qu'on va lire, qui a fait verser des larmes d'attendrissement, et que nous avons pu recueillir, grâces à quelque habitude dans ce genre et au débit heureux, à la prononciation nette, et à l'action grave, forte et soutenue de l'orateur, qui paroissoit animé par l'intérêt que lui inspiroit l'attention du Monarque et un aussi auguste auditoire. Nous pouvons garantir la fidélité des morceaux que nous présentons; et nous aimons à croire que M. l'évêque de Troyes nous pardonnera sans doute le larcin que lui a fait notre mémoire:

<«< Mais s'il est dans l'ordre de célébrer le triomphe de la vérité dans ce jour solennel, où sa prédication fait son premier miracle, et où l'apostolat reçoit sa première consécration, il ne l'est pas moins d'en retracer la force et la beauté dans cette heureuse circonstance où se fait l'inauguration de cette chaire de vérité, et de cette tribune auguste, qui, renversée avec le trône, se relève avec le trône, et qui, depuis si long-temps muette et veuve de tous ses orateurs, va désormais ouvrir un nouveau champ à leurs talens, un nouveau théâtre à leur zèle. Providence éternelle! il est donc vrai ce changement ou ce miracle de la droite du Très-Haut : et nos yeux ne nous trompent point, quand, après tant d'orages, et au sortir d'une si longue nuit, nous voyons briller parmi nous ces lis éclatans des Bourbons, dont la tige superbe, qu'avoit flétrie des mains impies, se relevant plus belle que jamais, remplace majestueusement ces

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