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bon, au Dieu Tout-puissant, de ferventes prières pour qu'il daigne appaiser, par une seule parole, les vents et les tempêtes déchaînés avec tant de fureur contre la barque de Pierre, et qu'il nous conduise enfin à ce rivage si désiré où nous pourrons librement exercer les fonctions de notre ministère. Nous vous donnons de tout notre cœur notre bénédiction apostolique.

Donné à Savone, le 5 novembre 1810, la onzième année de notre pontificat.

PIE VII PAPE.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES ET POLITIQUES.

Le dimanche 17 avril, à midi, MONSIEUR, accompagné des grands officiers de sa maison, M. le duc de Maillé, M. le comte d'Escars, M. le marquis de Chatenay, a traversé les appartemens du palais des Tuileries pour se rendre à la chapelle du château. La messe a été dite par un chapelain. M. l'abbé de Latil, aumônier du Prince, et qui lui est resté constamment attaché, lui a présenté son livre de prières et a reçu son chapeau. S. A. R. a entendu la messe à genoux. Elle y assiste également tous les jours de la semaine. C'est un usage que sa piété auroit rétabli, quand il n'auroit pas été conforme à la pratique de nos Rois. Louis XIV, dit le duc de Saint-Simon, ne manqua, dans sa vie, qu'une seule fois à la messe, un jour qu'il se trouvoit à l'armée.

-Le même jour, après la messe, MONSIEUR est descendu dans la cour des Tuileries, suivi d'un nombreux étatmajor, pour passer en revue la première légion de la garde nationale de Paris. S. A. R. étoit à pied : elle a parcouru tous les rangs, adressant à chacun des paroles pleines de bonté et

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de cette grâce inimitable qui charme tous les coeurs. Pendant la revue, citoyens et soldats, tous faisoient retentir l'air du cri françois de vive le Roi! vive MONSIEUR! S. A. s'étant ensuite placée devant le péristyle du palais, les troupes ont défilé, en donnant à ce bon Prince des signes d'une allégresse mêlée d'attendrissement. La musique militaire a joué l'air chéri de vive Henri IV! S. A. R. est rentrée dans ses appartemens pour y recevoir les félicitations des cours de justice.

Demain lundi, et jours suivans, les autres légions de la garde nationale auront aussi l'honneur de passer la revue du Jieutenant-général du royaume.

S. A. R., depuis son arrivée, a reçu plusieurs corps et beaucoup de particuliers. Elle a parlé à chacun avec cette bonté qui la caractérise. Un peuple nombreux se rassemble souvent sous ses fenêtres. Le Prince s'est rendu plus d'une fois aux désirs qu'on témoignoit de le voir. Il a paru et a reçu des applaudissemens unanimes. Sor: air, sa grâce, ses paroles heureuses, sa gaieté frauche rappellent un digne fils de Henri IV.

S. A. R., informée de l'état de pénurie des hôpitaux, et des besoins qu'éprouvent un grand nombre de militaires blessés, a chargé M. le comte Matthieu de Montmorency, dont tout le monde connoît le zèle actif et la charité généreuse, de prendre des informations à cet égard, et de lui en faire son rapport.

- MONSIEUR, lieutenant-général du royaume, a nommé membres du conseil d'Etat provisoire :

MM. de Talleyrand-Périgord;

Le duc de Conegliano, maréchal de France;

Le duc de Reggio, maréchal de France;

Le duc de Dalberg;

Le comte de Jaucourt, sénateur;

Le général comte Beurnonville, sénateur;
L'abbé de Montesquiou ;

Le général Dessoles.

M. le baron de Vitrolles, secrétaire d'Etat provisoiré, fera les fonctions de secrétaire du conseil.

La cour royale de Paris a eu l'honneur d'être admise à l'audience de MONSIEUR.

Le premier président, Séguier, a dit:

«Enfin la Providence nous restitue nos souverains légitimes. Déjà nous possédons le frère de notre Roi, MONSIEUR. Bientôt nous verrons celui, qui, après avoir été long-temps éloigné du trône, n'en a pas moins régné sur nos cœurs! Falloit-il donc qu'une cruelle absence le rendit plus cher à son peuple? Hâtons, d'un commun accord, le moment solennel où la religion va resserrer, sur le front des Bourbons, la couronne des lis. Tant que se perpétuera la race du saint Roi, la France sera son héritage, les François sa famille. Ainsi la raison le conseille, l'expérience l'enseigne, la loi l'ordonne, la justice le proclame; le véritable pacte entre un père et des enfans qui se réunissent, est une soumission respectueuse, l'oubli des erreurs, un renouvellement d'amour. Les expressions nous manquent aux pieds de MONSIEUR; mais quand les langues balbutient, les ames se parlent. Voilà, comme en ce moment, notre bon Roi, séparé de ses sujets, communique intimement avec eux et tressaille d'une joie sympathique! Les services des anciens magistrats, ses fidèles serviteurs, ne sauroient être effacés de sa mémoire. Que MONSIEUR daigne redire nos transports à son auguste frère; qu'il excuse le désordre où nous jette sa présence miraculeuse. Le Roi retrouvera toujours en nous, pour son service, fermeté, persévérance et dévouement ».

MONSIEUR a répondu à peu près en ces termes :

« C'est avec la plus vive sensibilité que j'ai entendu le >> discours que vous venez de prononcer; j'en rendrai compte » au Roi, mon frère, qui sera aussi reconnoissant que moi des >> sentimens que vous avez exprimés. La justice est le premier >> devoir des souverains envers leurs peuples: ceux qui la >> rendent avec intégrité ont toujours des droits à leur estime. >> Oublions le passé; ne portons nos regards que sur l'avenir,

» que tous les cœurs se réunissent pour travailler, de concert, » à réparer les maux qui ont désolé la France ».

Au moment où la cour se retiroit, MONSIEUR a dit à M. le baron Séguier: « On voit bien, Monsieur, que vous avez » hérité des talens et de l'ame de votre père ».

M. le comte Boson de Périgord et M. le comte Charles de Noailles, sont arrivés, le 16, de Paris à Londres, avec des dépêches pour le Roi de France.

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M. le duc de Duras et M. le duc de Luxembourg sont partis, le 18, pour aller au-devant de S. M. tres-chrétienne. Ils passent par Calais et Douvres, et se rendent à Londres. - Le 13 avril, M. le duc de Berry débarqua à Cherbourg. y fut reçu avec les honneurs dus à song rang. Il a pris sa route par Saint-Lo et Bayeux. Dans cette dernière ville, il a commencé par se rendre à la cathédrale pour y assister au Te Deum. S. A. R. a recueilli, sur sa route, les témoignages de l'allégresse générale. Elle est arrivée à Paris, le 21 avril. La garde nationale étoit allée au-devant du Prince, et la foule s'est pressée sur son passage.

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MM. les vicaires-généraux du chapitre, métropolitain de Paris, le siége vacant, ont ordonné, par un Mandement, qu'il seroit chanté, dans toutes les églises du diocèse, un Te Deum, en actions de grâces des heureux événemens qui ont eu lieu pour la France, et notamment de l'entrée solennelle de S. A. R. MONSIEUR, dans cette capitale (1).

-Les prêtres de la Congrégation de Saint-Sulpice sont rentrés, le 19 avril, dans le séminaire de Paris, et ont repris leurs fonctions dans cette maison. On sait que ces hommes vénérables en avoient été expulsés, il y a deux ans, parce qu'on les supposoit trop attachés au Saint-Siége. On craignoit qu'ils n'inspirassent ces sentimens à leurs élèves. Leur retour a été un jour de fête pour le séminaire. Ils ont été installés par un des vicaires capitulaires du diocèse. C'est un acte de justice qui a réjoui les amis de la religion, et tous ceux qui connoissent le zèle et la piété de ces hommes modestes, qui se sont consacrés à l'enseignement ecclésiastique, et qui s'en acquittent avec tant de succès.

(1) On le trouve chez le même libraire.

L'AMI DE LA RELIGION

ET DU ROI.

Sur le gouvernement de Bonaparte.

« Un homme s'est rencontré d'une profondeur d'esprit incroyable, hypocrite raffiné.... capable de tout entreprendre et de tout cacher, également actif et infatigable dans la paix et dans la guerre.... enfin, un de ces esprits remuans et audacieux, qui semblent être nés pour changer le monde.... Il fut donné à celui-ci de tromper les peuples et de prévaloir contre les rois ». Ainsi parloit autrefois le grand Bossuet, et ce portrait qu'il traçoit de Cromwell, nous pouvons l'appliquer à un usurpateur non moins hardi et à un despote bien autrement funeste à son pays. Sous ce dernier rapport, l'homme qui vient d'être si subitement renversé, laisse bien loin derrière lui Cromwell et les autres tyrans, et l'abus qu'il a fait de son pouvoir est si énorme, qu'on ne sauroit assez s'étonner qu'une nation toute entière ait pu le supporter. Examinons-le au dedans et au dehors; nous le trouverons faux, violent, barbare, insatiable.

Au dedans, quel régime tyrannique! Ce farouche aventurier, affectant l'orgueil de la domination, se faisoit un plaisir de fouler aux pieds les rangs, le mérite, Tome Ia1. L'Ami de la Relig. et du Roi. No. II.

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