" L'UNIVERS, OU HISTOIRE ET DESCRIPTION DE TOUS LES PEUPLES, DE LEURS RELIGIONS, MOEURS, COUTUMES, etc. ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE. PAR M. ROUX DE ROCHELLE, INTRODUCTION. EXPÉDITIONS ANTÉRIEURES A L'ÉTABLISSEMENT DES COLONIES ANGLAISES.- PONCE DE LEON, VASQUEZ DE AILLON, Narvaez, FERDINAND DE SOTO, TRISTan de Luna, RIBAUT, LAUDONNIÈRE, MENENDEZ, DoMINIQUE DE Gourgues, L'ORIGINE des États-Unis d'Amérique remonte aux premières colonies anglaises qui furent établies sur ce rivage. Nous passerions sous silence plusieurs expeditions antérieures à ces établissements, si elles n'intéressaient pas des contrées qui devaient entrer un jour dans la confédération américaine. Les acquisitions successives de cette puissance devant être comprises dans le cadre de notre histoire, il nous paraît utile à l'enchaînement des faits qui se dérouleront sous nos yeux, de suivre et de rapprocher les annales des différents membres de ce vaste corps nous indiquerons comment toutes ces régions furent découvertes, et par quelles vicissitudes elles passèrent, avant d'être réunies en une seule nation. Dans ce tableau général, quelques grands traits domineront nécessairement-tous les autres. Les événements féconds en résultats, ceux qui règlent les destinées des empires, sont les seuls qui puissent rester dans la mémoire des hommes, les seuls dont l'examen puisse offrir quelques salutaires leçons. La première expédition pour les côtes de Floride fut faite en 1512, par Juan Ponce de Léon, qui avait accompagné Colomb dans son second voyage. Il avait porté ses premières armes contre les Maures, lorsqu'ils furent expulsés du royaume de Grenade, et sa valeur, son habileté le firent ensuite remarquer dans les guerres des Indes occidentales. Ponce de Léon, devenu conquérant et gouverneur de Porto-Rico, apprit de quelques Indiens, qu'il existait vers le nord une contrée riche et fertile, dont les eaux avaient la propriété de rajeunir, et qu'une source douée d'une vertu semblable coulait dans l'île de Bimini, située au milieu de l'archipel 1re Livraison. (ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE. ) 1 de Bahama. Le vieux guerrier, désirant se signaler par de nouvelles en treprises, et se laissant peut-être séduire par une illusion vaine, partit de Porto-Rico avec trois navires: il se dirigea vers cet archipel, en parcourut les îles, sans y trouver la fon'taine merveilleuse, et atteignit ensuite le continent, vers le 30 degré 8 minutes de latitude. Sa découverte eut lieu le jour des Rameaux ou de Pâques fleuries, et il donna le nom de Floride au pays qu'il venait de reconnaître. Ponce de Léon parcourut, du nord au midi, tous les parages de cette contrée; il y débarqua sur différents points, et il eut plusieurs engagements avec les indigènes. Après avoir doublé la pointe méridionale de la Floride, et avoir reconnu l'archipel des Tortues, il revint à Porto-Rico, encore ébloui de ses premières espérances. Les trésors et la jeunesse qu'il cherchait lui échappèrent, mais il trouva la renommée, et sa mémoire a été consacrée par une grande découverte. Perez de Ortubia entreprit ensuite un voyage et des recherches semblables; et quelques reconnaissances sur d'autres points de cette côte furent faites en 1520, par Lucas Vasquez de Aillon. Une tempête l'ayant surpris dans une expédition contre les Caraïbes des fles Lucayes, il fut jeté sur les côtes orientales du continent, et il prolongea ses découvertes vers le nord, jusqu'au cap Sainte-Hélène; mais il n'y forma aucun établissement; et le seul résultat de son voyage fut l'enlèvement de cent trente Indiens, qu'il amena dans l'île d'Haïty, où ils furent condamnés aux travaux des mines, et où ils moururent incessamment de fatigue et de tristesse. Pour remplacer dans cette île et dans celle de Cuba les anciens habitants moissonnés par les vainqueurs, on allait souvent faire des esclaves dans l'archipel des Caraïbes; et lorsque le continent eut été reconnu, ce genre de piraterie put s'exercer sur ses rivages, jusqu'à ce qu'on en eût transporté le sanglant théâtre sur les côtes d'Afrique. Ponce de Léon avait paru renoncer depuis quelques années à toute entreprise nouvelle, lorsque le bruit des exploits de Fernand Cortez, conquérant du Mexique, vint ranimer son ambition. Les récentes découvertes de Vasquez de Aillon l'avertissaient d'ailleurs de la vaste étendue de la Floride; car ce nom s'était appliqué de proche en proche à toutes les contrées contiguës. Ponce de Léon partit en 1521 avec deux navires équipés à ses frais, pour s'établir sur ce littoral; mais les Indiens s'avancèrent contre lui (voy. pl. 1): la plupart de ses hommes furent tués; lui-même, ayant été blessé d'un coup de flèche, fut contraint de regagner ses vaisseaux, et il remit à la voile pour l'île de Cuba, où il mourut quelques jours après son arrivée. Une nouvelle expédition fut formée en 1524 par Vasquez de Aillon; mais il ne put pas même parvenir au cap qu'il avait reconnu dans son premier voyage. Les Indiens de la côte où il débarqua lui firent un accueil simulé, pour attirer une partie de ses soldats dans l'intérieur du pays : deux cents hommes y furent tués; les autres furent assaillis sur la plage, et Vasquez de Aillon tomba lui-même sous les coups des Indiens. Toutes les tribus de cette contrée cherchaient à repousser les Européens : le bruit des enlèvements commis sur le rivage s'était répandu de toutes parts: les Indiens en étaient indignés, et ils avaient saisi l'occasion de se venger On n'avait encore exploré que la côte orientale de Floride; Pamphile Narvaez suivit une autre direction. Cet ancien rival de Fernand Cortez était déja connu par sa malheureuse expédition du Mexique : il voulut ensuite réparer noblement sa disgrace et se signaler à son tour par des découvertes. L'escadre qu'il vint équiper à Cadix mit à la voile en 1527, relâcha dans l'île de Cuba, et se dirigeant vers le nord, découvrit la baie de Pensacola, où elle débarqua au mois d'avril 1528. Narvaez avait avec lui trois cents hommes, dont quarante étaient à cheval: il vénétra dans l'in |