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par Havercamp, et de 1767, in-4°. On a encore de lui: 1o une Apologie du libre arbitre contre Pélage; 2o une Lettre à saint Augustin sur les erreurs des priscillianistes et des origénistes.

+OROSIO, chef d'une tribu d'Indiens, appelée Penobscot, du nom de la rivière près de laquelle cette tribu habite. Depuis plusieurs années elle suit la religion catholique, et a une église de ce culte. Orosio gouverna long-temps son peuple avec une sagesse et une modération dignes des éloges des nations les plus policées. Lors de la guerre de l'indépendance, en 1776, il fit avec le gouvernement américain un traité qu'il observa religieusement. Il est mort à Oldtown, île de la rivière de Penobscot, en 1802, à l'âge avancé de 131 ans, ayant vécu dans trois siècles. Jusqu'au dernier moment de sa vie, il conserva ses facultés intellectuelles, et n'interrompit jamais ses exercices ordinaires. Sa femme est morte à l'âge de 115 ans, vers la fin de 1809.

ORPHANEL. Voy. ORFANEL. ORPHÉE, fils d'Apollon et de Calliope, jouait si bien de la lyre que les arbres et les rochers quittaient leurs places, les fleuves suspendaient leur cours, et les bêtes féroces s'attroupaient autour de lui pour l'entendre. Eurydice, sa femme, étant morte de la morsure d'un serpent le jour même de ses noces, fuyant les poursuites d'Aristée, il descendit aux enfers pour la redemander, et toucha tellement Pluton, Proserpine et toutes les divinités infernales, par les accords de sa lyre, qu'ils la lui rendirent, à condition qu'il ne regarderait pas derrière lui jusqu'à ce qu'il fût sorti des enfers.

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Ne pouvant commander à son impatience, il se retourna pour voir si sa chère Eurydice le suivait; mais elle disparut aussitôt. Depuis ce malheur, il renonça aux femmes. Son indifférence irrita si fort les Bacchantes qu'elles se liguèrent contre lui, le mirent en pièces, et jetèrent sa tête dans l'Hèbre. Les Muses recueillirent ses membres dispersés, et leur rendirent les lionneurs funèbres. Il fut métamorphosé en cygne par son père, et son instrument fut placé au nombre des constellations. Rien de plus beau, de plus touchant que l'histoire d'Orphée au 4° livre des Georgiques : c'est le chefd'œuvre de Virgile. On représente ordinairement Orphée avec une lyre ou un luth à la main. Les anciens lui attribuent la civilisation de quelques nations sauvages, c'est-à-dire devenues féroces et grossièrement vicieuses; car la nature de l'homme ne comporte pas l'état de sauvage proprement dit, comme M. de Buffon l'a démontré, et il est d'une fausseté ridicule de dire avec les philosophes modernes, que les hommes ont été originairement sauvages. Quelques savants ont cru voir dans Orphée des traits défigurés de quelques. hommes illustres de l'ancien Testament; d'autres ont cru que l'histoire d'Orphée était un assemblage de diverses actions qu'il faut rapporter à des hommes différents. Quoi qu'il en soit, en attribuant à Orphée le talent de civiliser les sauvages, les païens observaient qu'il n'y avait que les moyens religieux qui pussent avoir cet effet, qu'Orphée n'a parlé que comme prétre et interprète de la Divinité, et que ce n'est qu'en donnant aux,

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leçons morales une sanction surnaturelle, qu'il a réussi à dépouiller de leur férocité des hommes regardés comme des lions et des tigres;

Sylvestres homines sacer interpresque deorum
edibus et vietu fœdo deterruit Orpheus;
Dictus ob hoc lenire tigres rabidosque leones.'
HOR. Art. poet.

Saint Théophile, dans son troisième Livre, adressé à Autolycus, rapporte qu'Orphée ayant, pendant quelque temps,

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connu une multitude de dieux, n'en reconnut qu'un seul à la mort, dont il chanta les grandeurs par des vers que le P. Pé tau rend ainsi :

Unicus est per se existens, qui cuncta creavit, Inque his ipse extat nulli e mortalibus unquam Lumine conspectus, mortales conspicit omnes... . Magnum adeo præter regem non alter habetur.... In cunctis Deus unus.

Nous avons sous son nom des Hymnes et d'autres pièces de poésie, dont la première édition est de Florence, 1500, in-4°; mais on les regarde communément comme supposées. Son Poème des Argonautes est, selon quelques-uns, d'Onomacrite, qui vivait du temps de Pisistrate, et, selon d'autres, de Musée. Platon parle des Hymnes d'Orphée dans le 8 livre des Lois; Pausanias dit qu'elles étaient courtes, ce qui convient à celles que nous avons. Quelques critiques prétendent que les vers d'Orphée, rapportés par saint Justin, saint Clément d'Alexandrie et d'autres pères, sont d'un poète chrétien; mais il n'est pas croyable que des gens si instruits, qui vivaient au commencement du christianisme, aient pris l'ouvrage d'un contemporain pour celui d'un si ancien poète, moins encore qu'ils aient pu le citer sous le nom d'Orphée, sans devenir la risée des littérateurs païens. Com

mel'histoire d'Orphée appartient en partie à la mythologie, il est difficile de dire dans quel temps il a vécu ; il paraît certain qu'il est antérieur à Homère. Quelquesuns ont cru que ce n'était point un personnage réel; mais cette opinion doit se réduire à Orphée, affublé des anecdotes de la fable car l'on ne peut guère douter qu'il n'y ait eu très anciennement un homme de ce nom qui a excellé dans la poésie. ORPHIREUS. Voy. s'GRAVE

SANDE.

ORRERY. Voy. BOYLE.

ORSATO (Le comte Sertorio), Ursatus, littérateur et antiquaire, né à Padoue en 1617, d'une des premières familles de cette ville, fit paraître de bonne heure d'heureuses dispositions pour les lettres et pour les sciences. La poésie fut pour lui un amusement, et la recherche des antiquités et des inscriptions anciennes, une occupation sérieuse : c'est ce qui lui fit entreprendre plusieurs voyages en différentes contrées de l'Italie. Sur la fin de ses jours, il fut chargé d'enseigner la physique dans l'université de Padoue, et il s'en acquitta avec beaucoup de succès. Le doge et le sénat de Venise voulurent bien agréer l'hommage de son Histoire de Padoue. En leur présentant cet ouvrage, il leur fit un long discours, pendant lequel il lui survint un be. soin naturel qu'il maîtrisa, et qui lui causa une rétention d'urine dont il mourut en 1678. On a de lui un très grand nombre d'ouvrages estimés, les uns en latin et les autres en italien. Les principaux de ceux qui sont en latin, sont: 1° Sertum philosophicum, ex variis scientiœ naturalis floribus consertum, 1635,

in-4°; 2° Monumenta patavina, 1652, in-fol.; 3° Commentarius de notis Romanorum, ouvrage utile et très rare avant qu'on l'eût réimprimé à Paris en 1723, in-12. On le trouve aussi dans le tome e de Grévius. 4° Prænomina, cognomina et agnomina antiquorum Romanorum; 5° Deo rum dearumque nomina et attributa; 6° Lucubrationes in quatuor libros meteororum Aristotelis 7 Orationes et carmina. Voici les principaux de ceux qu'il a composés en italien : 1o Histoire de Padoue, en 2 parties, 1678, in-fol.; 2° Marmi eruditi, Padoue, 1662 et 1719, in-4°, ouvrage curieux, aussi en 2 parties; 3° des Poésies lyriques, 1637, in-12; 4° des Comédies et d'autres pièces de poésie, etc.; 5. Chronologia de' reggimenti di Padova, avec des notes, 1666, in-4°.

ORSATO (Jean-Baptiste), habile médecin et antiquaire, né à Padoue en 1673, et mort en 1720, cultiva les belles-lettres et la médecine avec un succès égal. On a de lui: 1° Dissertatio epistolaris de lucernis antiquis; 2° un petit traité De sternis veterum; 3° Dissertatio de patera antiquorum. Il règne dans ces ouvrages une profonde érudition.

ORSI (Jean-Joseph), philosophe et poète, né à Bologne en 1652, de Mario Orsi, patrice de cette ville, étudia avec soin les belles-lettres, la philosophie, le droit et les mathématiques, et s'appliqua aussi à la poésie. Il avait surtout du goût pour la morale. Sa maison était une espèce d'académie, où plusieurs geus de lettres se rassemblaient régulièrement. En 1712, il alla s'établir à Modène, et y continua ses exercices académiques. Il se

signala surtout dans les sonnets italiens. La netteté, la légèreté, le tour et la liaison des phrases, formaient le caractère des siens. Il mourut en 1733, à 81 ans. Il avait des sentiments de religion, qui avaient modéré son tempérament naturellement bilieux et emporté. On a de lui: 1. des Sonnets ingénieux, des Pastorales et plusieurs autres poésies; 2° Considerazioni sopra la maniera di ben pansare del P. Bouhours, Modène, 1735, 2 vol. in-4; 3° des Lettres; 4° la Traduction de la Vie du comte Louis de Sale, écrite en français par le P. Buffier.

ORSI (Joseph-Augustin), cardinal, né à Florence en 1692, prit l'habit de Saint-Dominique, et profita des leçons et des exemples des hommes pieux et savants que renfermait cet ordre. Après avoir professé la théologie et rempli l'emploi de maître du sacré palais, il fut honoré de la pourpre romaine par Clément XIII, en 1759. Son élévation ne changea rien au caractère de son ame simple et modeste, ni à celui de son esprit uniquement occupé de l'étude et de son zèle pour la gloire de l'Eglise. Il est principalement connu par une Histoire ecclésiastique en 20 vol. in-4. et in-8°, un peu prolixe, mais très bien écrite, en italien. Le 20 volume de ce savant ouvrage a été publié en 1761, année de la mort de cet illustre cardinal. Il contient la fin du vie siècle, depuis l'an 587 jusqu'à l'an 600. On voit quelle aurait été l'étendue de ce livre, si l'auteur l'avait poussé jusqu'à nos jours. Cette histoire est continuée par le P. Philippe-Ange Becchetti, du même ordre. Le tome 21 de cette continuation a paru à Rome

en 1779, in-4°, et renferme l'histoire de l'Église jusqu'à l'an 1179. On a encore de lui: Infallibilitas romani pontificis, 1741, 3 vol. in-4°. [Il a donné, en outre, plusieurs Dissertations savantes sur des matières de religion et de controverse. ]

ORSINI. Voy. FULVIUS. +ORTEGA (Don Casimiro Gomez de), célèbre botaniste espagnol, né à Madrid en 1730. A l'âge de 16 ans, il fut envoyé au college de sa nation, établi à Bologne par le cardinal d'Albornos. Il étudia dans cette université les humanités, la philosophie, les mathématiques, les langues savantes, la chimie, et la botanique, et eut pour maître les savants Monti, Benasi, Aldobrandi, Laghi, Bassi, etc. Il se distingua par la rapidité de ses progrès dans toutes ces sciences, et par son talent à faire des vers latins et grecs. De retour à Madrid, son oncle Joseph Ortega le présenta à Charles III, qui le nomma professeur et directeur du Jardin des plantes de BuenRetiro; les académies d'histoire et de médecine de Madrid l'admirent dans leur sein, et il fut aussi membre de l'académie des sciences de Paris, de celles de Londres, de Berlin, etc. Il mourut à Madrid, en novembre 1810. On a de lui: 1° Elégie en grec et en latin, à l'occasion de la mort de Ferdinand VI, roi d'Espagne, Bologne, 1758; 2o Tentamen poeticum, seu de laudibus Caroli III Hispaniæ regis carmen, Bologne, 1758; 3° Commentarius de cicuta, Madrid, 1769, qui a beaucoup servi à Vincenti, premier médecin du roi de Naples; il en fait lui-même l'aveu dans l'ouvrage qu'il a publié sur ce sujet; 4° De nova que

dam stirpe, seu cotyledonis, muzizoni, et pistormice descriptio

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earum iconibus, Madrid 1773, in-4°; 5° Tabula botanica, in usum prælectionum botanicorum, ibid. 1778, in-4°; 6o Méthode facile pour acclimater des plantes exotiques à peu de frais, publiée par ordre du roi, ibid., 1779; 7° Histoire naturelle de la malaguatte (piper jamaycense), ibid., 1781; 8° Tables botaniques, avec l'explication des plantes dont Tournefort fait mention dans ses Institutions, Madrid, 1783, in-8°; 9° Cours élémentaires de botanique théorique et pratique, à l'usage du jardin royal de botanique de Madrid, dans le Buen-Retiro, de concert avec Casimiro Ortega, Antoine Palau, et Verdera, et publié par ordre du roi, ibid., 1785, 2 vol. in-8°. Parmi ses traductions en espagnol, on distingue : Voyage du commodore Byron autour du monde, enrichi de notes et d'une carte du détroit de Magellan, traduit de l'anglais, Madrid, 1759, in-4°; 11° Ouvrages de Duhamel du Monceau, enrichis de notes, ibid, 1772-17731774; 12° Eléments d'histoire naturelle et de chimie d'Adolphe de Guillemborg et de son maître J. Gotschalt Valerio, traduit de l'anglais, ibid., 1775, in-8°; 13° Expériences sur l'alcali vola til dans la guérison des asphyxies, par M. Sage, ibid., 1776, in-8,; 14° Traduction des ouvrages de M. Janin, seigneur de CombleBlanche, ibid., 1782, etc.

10°

ORTELIUS ou ORTELL (Abraham), célèbre géographe, né à Anvers en 1527, se rendit habile dans les langues et dans les mathématiques, et surtout dans la géographie. Il fut surnommé le Ptolémée de son temps. [ Un

.

Atlas, qu'il publia, lui mérita d'être nommé géographe de Philippe II, roi d'Espagne. ] Orteil, qui n'avait pas d'ambition, prit pour devise un globe avec ces mots: Contemno et orno mente, manu. Juste-Lipse, et la plupart des grands hommes du xvie siècle, eurent des liaisons de littérature et d'amitié avec ce savant. Il mourut à Anvers en 1598,

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72 ans, sans avoir été marié. On a de lui d'excellents ouvrages de géographie: 1o Theatrum orbis terrarum, plusieurs fois imprimé, et augmenté par JeanBaptiste Vrientius, qui l'a publié en latin, en espagnol et en italien Michel Coignetus en a donné un Abrégé. [Cet ouvrage a été la base de tous les autres publiés depuis sur la même science.] 20 Synonyma geographica, 1578, in-4°; cet ouvrage a été donné avec des additions sous le titre de Thesaurns geographicus, 1578 et 1596, in-fol. [C'est un Dictionnaire que l'on consulte encore journellement et avec profit.] 3° Aurei seculi imago, 1598, in-4°; c'est une description des mœurs et de la religion des Germains, avec des figures; 40 Itinerarium per nonnullas Galliæ Belgicæ partes, par Ortelius et Jean Viviane, 1588, in-8°, léna, 1684, avec les Opuscules de Conrard Peutinger; 5° Syntagma herbarum encomiasticum, Anvers,

1614, in-4°. Juste-Lipse a fait à Otelius cette épitaphe, qui donne une idée bien favorable de ce savant :

Brevis terra eum capit,
Qui ipse orbem terrarum cepit,
Stilo et tabulis illustravit,

Sed mente contempsit
Qua cœlum et altum suspexit ;
Constans adversum spes aut metus;
Amicitiæ cultor, candore, fide, officiis;
Quietis cultor, sine lite, uxore, prole;
Vitam habuit quale alius volum.
Ut nune quoque æterna ei quies sit,
Votis fave lector.

ORTIZ (Alphonse), né à Tolède, au milieu du xv° siècle mort vers 1530, s'appliqua à l'étude des matières ecclésiastiques. Sa science et son mérite lui procurèrent un canonicat dans la métropole de sa patrie. Le cardinal Ximénès l'honora de sa confiance, et le chargea de rédiger l'Office mozarabe: Ortiz s'en acquitta avec intelligence. Le rit romain avait été d'abord intro

duit en Espagne; les Goths substituèrent à la liturgie de Rome celle qu'Urphilas avait composée d'après les liturgies orientales. Saint Léandre en fit une nouvelle d'après ces deux premières et d'après celle des Gaulois; elle fut perfectionnée par saint Isidore son frère l'Espagne ayant ensuite passé sous la domination des Sarasins ou Arabes, on donna le nom de Mozarabique à cette liturgie: elle fit place à celle de Rome dans le xre et le xi。 siècle. Le cardinal Ximénès voulant perpétuer la mémoire de ce rit particulier, qui était presque tombé dans l'oubli, et qui, comme toutes les anciennes liturgies, est une preuve sans réplique de la croyance et des usages

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de ces siècles reculés, fit imprimer à Tolède, en 1500, le Missel mozarabe, et en 1502 le Bréviaire; ce sont deux petits volumes in-fol., très rares. Ortiz en dirigea l'édition et orna chacun de ces ouvrages d'une préface aussi savante que curieuse. Il faut y joindre, pour la parfaite connaissance de cet office: 1° l'Histoire du rit mozarabe, en espagnol, sous le titre : Breve suma y relacion de l'officio gotico mozarabe, Tolède 1603, in-4°, de 23 feuillets. lí est extrêmement rare. 2o Joannis Pinii liturgia mozarabica

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