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par trahison, un jour de sabbat, que les juifs l'avaient reçu dans la ville comme ami.

ONIAS II, grand-prêtre, l'an 242 avant J.-C., était un homme de peu d'esprit et d'une avarice sordide. Il refusa de payer le tribut de 20 talents d'argent que ses prédécesseurs avaient toujours payé aux rois d'Égypte, comme un hommage qu'ils faisaient à cette couronne. Ptolémée Evergète, qui régnait alors, envoya à Jérusalem un de ses courtisans, pour demander les arrérages, qui montaient fort haut menaçant cette ville, en cas de refus, d'abandonner la Judée à ses soldats, et d'y envoyer d'autres habitants à la place des Juifs. Ces menaces mirent l'alarme dans Jérusalem.

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Onias fut le seul qui ne s'en effraya point; et les Juifs allaient éprouver les derniers malheurs, si Joseph, neveu du grand-prétre, n'eût détourné l'orage par sa prudence. Il se fit députer à la conr d'Egypte : il sut si bien gner l'esprit du roi et de la reine, qu'il se fit donner la ferme des tributs du roi dans les provinces de Célésyrie et de Palestine. Cet emploi le mit en état d'acquitter les sommes dues par son oncle, et fut le salut de sa nation. Onias eut pour successeur Simon II, son fils.

ONIAS III, fils de Simon, et petit-fils d'Onias II, fut établi dans la grande sacrificature après la mort de son père, vers l'an 200 avant J.-C. C'était un homme juste, dont on voit le plus bel éloge dans le livre de l'Ecclesiastique, chap, 50. Sa piété et sa fermeté faisaient observer les lois de Dieu dans Jérusalem, et inspiraient aux rois mêmes et aux princes idolâtres, un grand respect

pour le temple du Seigneur. C'est sous lui qu'arriva l'histoire d'Héliodore. Un Juif, nommé Simon, outré de la résistance qu'Onias apportait à ses injustes entrepri ses, fit dire à Séleucus,roi de Syrie, qu'il y avait dans les trésors du temple des sommes immenses, qu'il pouvait facilement faire passer dans le sien. Le roi, sur cet avis, envoya à Jérusalem Héliodore (voyez ce nom ), Le perfide Simon, toujours plus animé contre Ouias, ne cessait de le faire passer pour l'auteur de tous les troubles qu'il excitait lui-même. Onias; craignant les suites de ces accusations, se dé, termina à aller à Antioche pour sejustifier auprès du roi Seleucus: ce prince mourut sur ces entrefaites. Antiochus Epiphanes, son frère, lui ayant succédé, Jason, frère d'Onias, qui désirait avec ardeur d'être élevé à la souveraine sacrificature, l'acheta du roi à prix d'argent, et en dépouilla son frère, qui se retira dans l'asile du bois de Daphné. Ce saint homme n'y fut pas en sûreté; car Ménélaüs, qui avait usurpé sur Jason la souveraine sacrificature, et pillé les vases d'or du temple, fatigué des reproches que lui en faisait Onias, le fit assassiner par Andronic, gouverneur du pays. Ce meurtre révolta tout le monde. Le roi lui-même, sensible à la mort d'un si grand homme, ne put retenir ses larmes, et la vengea sur l'auteur, qu'il fit tuer au même lieu où il avait commis cette impiété, Onias laissa un fils qui, se voyant exclu de la dignité de son père par l'ambition de Jason et de Ménélaüs, ses oncles, et par l'injustice des rois de Syric, se réfugia en Egypte auprès du roi Ptolémée Philométor. Ce prince lui

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accorda la permission de faire bátir un temple au vrai Dien dans la préfecture d'éliopolis. Happela ce tempie Onion, et le construisit sur le modele de celui de Jérusalem. li v établit des prétres et des lévités, qui faisaient le même service et pratiquaient les mêmes cérémonies que dans Je vrai temple. Le roi ini assigna de grandes terres et de fort revenus, pour l'entretien des prêtres et pour les besoins du temple. Après la ruine de Jérusalem, Vespasien, craignant que les Juifs ne se retirassent en Egypte, et ne continuassent à faire les exercices de leurreligion dans le temple d'Héliopolis, le fit dépouiiler de tous ses ornements, et en fit fermer les portes.

ONIAL, Juif d'une vertu éminente, obtint de Dieu vers l'an 70 avant J.-C., par ses prières, la fin d'une cruelle famine qui affligeait ses compatriotes; mais il n'obligea que des ingrats. Voyant la guerre allumée pour le pontificat entre Hyrcan et Aristobule, il se retira dans une caverne, pour ne point prendre part à ces horreurs, l'un et l'antre parti étant composés de Juifs. Il fut cependant accusé d'être de celui d'Hyrcan. Comme on voulut le forcer à maudire Aristobule et les sacrificateurs attachés au temple, le saint homme fit cette prière: a Grand Dieu, » puisque ceux-ci sont vos peu»ple, et ceux-là vos sacrifica»teurs, je vous conjure de n'e» xaucer niles uns ni les autres! » Le peuple furieux l'accabla aussitôt de pierres; et ce crime fut puni peu après par le même fléau, dont Dieu, à sa considération, les avait délivrés (Flave Josèphe, Histoire des Juifs, livre 14, chapitre 3).

ONKELOS, surnommé le Prosélyte, fameux rabbin du 1a siècle, est auteur de la première Paraphrase chaidaique sur le Pentateuque, qu'il intitula Targum. On lit dans le Talmud, qu'il fit les funérailles de Gamaliel, maitre de saint Paul, etque, pour les rendre plus magnifiques, il y brula des meubles pour la valeur de plus de 20,000 livres. C'était la coutume des Hébreux de brûler le lit et les autres meubles des rois après leur mort. On observait la mème cérémonies aux funérailles des présidents de la synagogue, tel qu'était Gamaliel. [Le Targum a été imprimé pour la première fois à Bologue en 1481. On le trouve dans toutes les Polyglotes. ]

ONOMACRITE, poète grec, que l'on croit auteur du poème des Argonautes, attribué à Orphée, vivait vers l'an 517 avant J.-C. Il fut chassé d'Athènes par Hipparque, un des fils de Pisistrate.

ONOSANDER, philosophe platonicien, dont il nous reste un Traité Dudevoir et desvertus d'un général d'armée, que Rigault a publié en 1600, in-4°, en grec, avec une bonne traduction latine Blaise de Vigenère l'a traduite en français in-4° et sa version est rare: elle a paru à Paris en 1605. M. le baron de Zurlauden en a donné une plus récente, mais pas meilleure, dans sa Bibliothèque militaire, 1760, 3 vol. in-12. li y en a une édition grecque et française à Nuremberg, 1762, in-fol., qui est estimée.

ONSEMBRAY. Voyez PAJOT. OPHIONÉE, Ophioneus, chef des démons qui se révoltèrent contre Jupiter, au rapport de Phérécide, Scyrien (de Scyros). C'est un des endroits qui marquent que les anciens païens ont

eu quelques connaissances obscures de l'Ecriture sainte. Homère, en décrivant dans son Iliade le châtiment d'Até, que Jupiter chassa du ciel, représente quelque chose de semblable à la chute de Lucifer, que Dieu précipita dans les enfers. Platon avait appris des Egyptiens, que Jupiter avait chassé du ciel les démons impurs, et que ces démons tâchaient d'attirer les hommes dans l'abîme où ils étaient. Il faut por ter le même jugement de Phérécide, lorsqu'il dit qu'Ophionée conduisait une troupe de démons qui s'étaient soulevés contre Jupiter; par où il fait connaître qu'il avait appris quelque chose de la révolte de Lucifer, désigné par le nom d'Ophionée, qui signifie Serpentin; car le Démon, comme nous l'apprend la Genèse, a premièrement paru sous la figure d'un serpent: soit qu'il en ait pris l'apparence corporelle, soit qu'il n'ait employé que l'organe du reptile de ce nom, comme la suite du récit nous le fait croire. » Peut-on s'étonner dit un criti»que, du pouvoir que le Démon » a eu sur l'organe de ce reptile, » vu ce que nous pouvons nous, » mêmes, avec un peu de temps » et de patience, sur différents » oiseaux. » Rawlegh, dans son Histoire du monde, observe que « les auteurs profanes nous of » frent même une tradition, » quoique défigureé, de la chute >> des anges rebelles, dans la fa» ble des Titans, qui, ayant en>>trepris d'escalader le ciel pour » détrôner Jupiter, et régner à »sa place, furent précipités dans » les enfers, où il sont tourmen »tés par un feu qui ne s'éteint » jamais.» (Voyez ASMODEE.) Il est d'ailleurs certain que le paganisme a bâti plusieurs de ses

fables sur le récit des auteurs sacrés ; et il y a plusieurs rapports si manifestes,qu'il n'est pas possible de les méconnaître. L'auteur du premier livre des Machabées dit expressément que les nations ont pris les traits de leurs idoles dans les Livres saints: Ex quibus scrutabantur gentes similitudinem simulacrorum suorum. Tertulien et presque tous les pères, M. Huet et un grand nombre de savants, ont montré dans le plus ample détail la vérité de cette assertion. M. Bergier, dans l'Encyclopédie méthodique, article Auteurs profanes, paraît pencher vers l'opinion contraire par des raisons bien peu dignes de son érudition et de sa logique. Voy. MERCURE, MINERVE, FICIN, LAVAUR, LOCMAN, NUMÉNIUS, PLAton, Ovide.

OPHNI et PHINÉES, enfants du grand prêtre Héli, furent aussi impies et aussi méchants que leur père était sage et vertueux. Ils faisaient violence aux femmes et aux filles qui venaient au temple, s'appropriaient les offraudes, et exigeaient des contributions pour rendre la justice ou plutôt l'injustice. L'Ecriture les appelle Fils de Belial. Mais Dieu arrêta et vengea tous ces crimes par les armes des Philistins dans la sanglante bataille d'Aphec, où Ophni et Phinées, quoiqu'ils eussent apporté l'arche, espérant par sa présence assurer la victoire aux Juifs, furent tués en combattant pour le défense de l'arche, même laquelle tomba au pouvoir de

leurs ennemis.

OPILIUS (Aurélius), habile grammairien, auteur d'un ouvrage intitulé: Libri Musarum, florissait l'an 94 avant J.-C. Ce recueil n'est pas venu jusqu'à

nous.

des sentences, un Traité du sacrement de l'autel, et d'autres ouvrages, Paris, 1476, 2 vol. in-fol., qui prouvent un esprit subtil, mais bizarre.

OCCASION, divinité allégori que qui préside au moment le plus favorable pour réussir dans une entreprise. On la représentait sous la figure d'une femme nue, ou d'un jeune homme chauve par derrière, un pied en l'air et l'autre sur une roue, Lenant un rasoir d'une main et un voile de l'autre, et quelquefois marchant avec vitesse sur le tranchant d'un rasoir sans se blesser. OCCHIALI. Voyez LOUCHALI. OCÉAN, dieu marin, fils du Ciel et de Vesta, père des fleuves et des fontaines, épousa Thétis, dont il eut plusieurs enfants. Les anciens païens l'appelaient le père de toutes choses, parce qu'ils croyaient qu'elles en étaient engendrées; ce qui est conforme au sentiment de Thalès, qui établit l'eau pour premier principe: système que François van Helmont a renouvelé dans le dernier siècle, suivant la destinée ordinaire des spéculations humaines, qui est de périr pour renaître, et de renaître pour périr encore.

nus.

OCELLUS, ancien philosophe grec de l'école de Pythagore, était natif de Lucanie, ce qui lui a fait donner le nom de LucaIl descendait d'une ancienne famille de Troie en Phrygie, et vivait long-temps avant Platon. Il composa un Traité des rois et du royaume, dont il ne nous reste que quelques fragments; mais le livre de l'Univers, ou Achilles, qu'on lui attribue, est parvenu tout entierjusqu'à nous, et il y en a plusieurs éditions en grec eten latin. Les meileures sont celles qui se trouvent dans les

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Opera mythologica, Cambridge, 1670, in-8° ou Amsterdam 1688, in-8°; et séparément, Amsterdam, 1661, in-8°, Boschius en a donné une traduction latine, Louvain, 1554. ValèreAndré et Foppens ont regardé, par une erreur assez plaisante, cette traduction comme celle d'un ouvrage de Lucien : Ocellum Luciani, De universi orbis natura, latinum fecit. Il s'efforce vainement d'y prouver l'éternité du monde. Le marquis d'Argens a traduit en français, et a commenté cet ouvrage en 1762, in12. Son but n'est pas seulement d'éclaircir le texte, mais de répandre plus de jour sur les anciens systèmes. On souhaiterait un peu plus de correction dans le style, plus de sagesse et de solidité dans sa façon de penser. L'abbé Batteux a traduit depuis l'ouvrage d'Ocellus, dans son Histoire des causes premières, in-8°; sa version est regardée comme plus exacte que celle du marquis d'Argens.

OCHIN (Bernardin), moine ambitieux et apostat, appelé en latin Ochinus, et en italien Occhini (on l'appelle quelquefois OKIN, pour conserver la prononciation de l'italien et du la tin), né à Sienne en 1487, il entra jeune chez les religieux de l'observance de Saint-François ; mais il les quitta bientôt, et s'appliqua à l'étude de la médecine. Touché, au moins en apparence, d'un nouveau désir de faire pénitence, il rentra dans l'ordre qu'il avait abandonné, et s'y distingua par son zèle, sa piété et ses talents. La réforme des capucins venait d'être approuvée (voy. BASCHI ); il l'embrassa en 1534, contribua beaucoup au progrès de cet ordre naissant, et

en fut général. Sa vie paraissait régulière et sa conduite édifiante. Ses austérités, son habit grossier, sa longue barbe, qui descendait jusqu'au-dessous de sa poitrine, son visage pâle et décharné, une certaine apparence d'infirmités et de faiblesse affectée avec beaucoup d'art, et l'idée que tout le monde avait de sa sainteté, le faisaient regarder comme un homme merveilleux. Ce n'était pas seulement le peuple qui en portait ce jugement, les plus grands seigneurs et les princes souverains le révéraient comme un saint. Lorsqu'il venait dans leurs palais, ils allaient au-devant de lui, et lui rendaient de grands honneurs, qu'ils accompagnaient de mar ques distinguées d'affection et de confiance. Cet hypocrite avait recours à toutes sortes d'artifices pour confirmer l'opinion si avantageuse que l'on avait conçue de lui. Il allait toujours à pied dans ses voyages; et lorsque les princes le forçaient de loger chez eux, la magnificence des palais, le luxe des habits et toute la pompe du siècle semblaient ne fui rien faire perdre de son amour pour la pauvreté et pour la mortification. On ne parlait que de sa vertu dans toute l'Italie, et cette réputation facilitait le progrès du nouvel ordre. Il était savant, quoiqu'il ne sut pas beaucoup de latin; et quand il parlait sa langue naturelle, il s'énonçait avec taut de grâce et de facilité, que ses discours ravissaient ses auditeurs. Lorsqu'il devait prêcher en quelque endroit, le peuple s'y assemblait en foule: les villes entières venaient pour l'entendre. On fut très surpris, quand on vit tout d'un coup cet homme si renommé,

quitter le généralat des capucins, embrasser l'hérésie de Luther, et aller à Genève épouser une fille de Lucques, qu'il avait séduite en passant par cette ville. L'orgueil le précipita dans cet abîme. Il ne put résister au dépit de n'avoir point obtenu un chapeau de cardinal, qui avait toujours été l'objet de sou ambition; il devint apostat et ennemi forcené du christianisme. Il assista à la fameuse conférence des

:

déistes ou athées, assemblés à Vicence en 1546, où l'on con vint des moyens de détruire la religion de J.-C., en formant une société qui, par des succès progressifs, amena à la fin du xville siècle, une apostasie presque générale. (Voyez les ouvrages intitulés Le Voile levé, la Conjuration contre l'Église catholique, et le Journ. hist. et littér., 1er juin 1792, page 171.) Lorsque la république de Venise, informée de cette conjuration, fit saisir Jules Trévisan et François de Rugo, qui furent étouffes, Ochin se sauva avec les autres la société ainsi dispersée n'en devint que plus dangereuse, et c'est celle qu'on connaît aujourd'hui sous le nom d'Illuminés, comme le prouve l'auteur des ouvrages que nous venons de citer. (Voyez MAIER Michel. Ochin fut un de ceux qui se signalèrent le plus dans l'exécution du projet arrêté. Il versa des flots de bile sur tous ceux qui l'attaquèrent, comme on peut en juger par un écrit de Catarin contre lui, et par la réponse. Voici le titre de l'un et de l'autre Rimedio alla pestilente dottrina di Bern. Ochino da Ambr. Catarino, Rome, 1544, in-8.... Riposta d'Ochino alle bes temmie d'Ambr. Catarino, 1546,

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