DICTIONNAIRE HISTORIQUE, OU HISTOIRE ABREGÉE DES HOMMES QUI SE SONT FAIT UN NOM PAR LEUR GÉNIE, LEURS TALENTS PAR L'ABBÉ F.-X. DE FELLER. SEPTIÈME ÉDITION, ENRICHIE D'UN GRAND NOMBRE D'ARTICLES NOUVEAUX, INTERCALES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE; TOME DOUZIÈME. PARIS. MÉQUIGNON-HAVARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR, RUE DES SAINTS-PÈRES, N° 10. M DCCC XXVIII. MOLINA (Louis), né Cuenca, dans la Castille-Neuve, d'une famille noble, entra chez les jésuites en 1535, à l'âge de 18 ans. Il fit ses études à Coïmbre, et enseigna pendant vingt ans la théologie, dans l'université d'Ebora, avec grand succès. Son esprit était vif et pénétrant, sa mémoire heureuse : il aimait à se frayer des routes nouvelles, et à chercher de nouveaux sentiers dans les anciennes. Cet habile jésuite mourut à Madrid en 1600, à 65 ans. Ses principaux Ouvrages sont: 1o des Commentaires sur la première partie de la Somme de saint Thomas, en latin; 2o un grand et savant traité: De justitia et jure; 3° un livre, De concordia gratiæ et liberi arbitrii, imprimé à Lisbonne en 1588, en latin, avec un Appendix, imprimé l'année d'après, in-4°, fort cher. C'est cet ouvrage qui fit naître les disputes sur la grâce, et qui partagea les dominicains et les jésuites, en thomistes et en molinistes. Dès que la production du jésuite parut, Henriquez, son confrère, la censura dans son traité De TOME XII. MOL 9 fine hominis. Les dominicains soutinrent thèses sur thèses pour foudroyer le nouveau système. Le cardinal de Quiroga, grand-inquisiteur d'Espagne fatigué de ces querelles, les porta au tribunal de Clément VIII. Ce pontife forma, pour les terminer, en 1597, la célèbre congrégation qu'on appelle de Auxiliis. Mais après plusieurs assemblées des consulteurs et des cardinaux, où les dominicains et les jésuites disputèrent contradictoiremen en présence du pape et de la cour de Rome, il ne fut rien décidé. Paul V, sous lequel ces disputes avaient été continuées, se contenta de donner un décret en 1607, par lequel il permit aux deux écoles d'enseigner leurs sentiments, leur défendit de se censurer mutuellement, et enjoignit aux supérieurs des deux ordres de punir sévèrement ceux qui contreviendraient à cette défense: décision sage et parfaitement équitable. Les deux écoles se réunissant dans tous les points décidés par l'Eglise, et détestant les erreurs opposées, il était inutile de prononcer sur I |