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tinguer. Envoyé en 1679, en qua lité de général, contre les rebelles d'Ecosse, il les défit, mais peu de temps après il se joignit aux factieux, et trempa même dans une conspiration formée pour assassiner le roi Charles II son père, et le duc d'Yorck (depuis Jacques II), son oncle. Charles, sollicité par sa tendresse autant que par la bonté de son cœur, pardonna à ce fils rebelle. Cet excès de clémence ne changea point son cœur, naturellement porté à tous les attentats de l'ambition. Il se retira en Hollande, pour attendre le moment favorable de faire éclore ses projets. A peine eut-il appris que le duc d'Yorck avait été proclamé roi sous le nom de Jacques II, qu'il passa en Angleterre pour y faire révolter les peuples. Il parvint à rassembler des troupes, il leur persuada qu'il était issu du mariage légitime de Charles II, et de Lucy Waltey, et qu'ainsi il était le veritable héritier de son trône. Il hasarda donc le combat contre l'armée de son souverain. I fut vaincu et contraint de se sauver à pied. Deux jours après la bataille, on le trouva dans un fossé, couché sur la fougère. Dès qu'il fut arrêté, il écrivit au roi dans les termes les plus soumis pour demander grâce, et obtint la permission devenir se jeter aux pieds du roi, mais rien ne put toucher le monarque, ni le parent qui craignait l'incorrigibilité de son neveu. Le coupable fut conduit à la tour de Londres, d'où il ne sortit que pour porter sa tête sur un échafaud, le 25 juillet 1685. M. de Saint-Foix a prétendu qu'à la place du duc de Montmouth, on fit mourir un malfaiteur qui lui ressemblait parfaitement, et que ce duc fut

envoyé en France, et enfermé dans une prison des îles SainteMarguerite avec un masque de fer. Il conjecture que le duc de Montmouth est le même que le prisonnier nommé Masque de fer, dont nous avons parlé aux mots MASQUE et BEAUFORT; quoique ses preuves ne soient pas concluantes, il y en a de spécieuses, entre lesquelles il faut compter la permission que le duc eut d'abord de venir se jeter aux pieds du roi, ce qui ne s'accorde guère avec son supplice.

+ MONTPENSIER DE CHATELLAULT (François de Bourbon, duc de), prince de Dombes, dauphin d'Auvergne, fils de Louis de Bourbon, 2 du nom, donna des preuves de sa valeur au siége de Rouen en 1562, aux batailles de Jarnac et de Montcontonr, en 1569 et au massacre d'Anvers en 1572.Henri III le fit chevalier de ses ordres et l'envoya en Angleterre. Après la mort de ce monarque il fut un des plus fidèles sujets de Henri IV, et un de ses plus braves généraux. Il se distingua à Arques et à Ivry en 1590. Il mourut à Lizieux en 1592, après avoir soumis Avranches au roi,et lui avoir rendu d'autres services non moins importants.

MONTPENSIER (Anne-MarieLouise d'Orléans, plus connue sous le nom de Mademoiselle de), fille de Gaston, duc d'Orléans, naquit à Paris en 1627. [Elle fut élevée à la cour d'Anne-d'Autriche, sa maraine, qui, d'accord avecMazarin,lui fit espérer qu'elle serait l'épouse de Louis XIV. 1 Son pére, prince bizarre, impétueux et intriguant, transmit ses défauts à sa fille. Mademoiselle prit le parti de Condé dans les guerres dela fronde, et eut la hardiesse de faire tirer sur les trou

pés du roi le canon de la Bastille. Cette action violente la perdit pour jamais dans l'esprit de Louis XIV, son cousin. Le cardinal Mazarin, qui savait combien elle avait envie d'épouser une tête couronnée, dit alors: Ce canon-là vient de tuer son mari. La cour s'opposa toujours depuis aux alliances qu'elle désira faire, et lui en présenta d'autres qu'elle ne pouvait accepter. [Dans l'espérance d'épouser l'empereur, elle refusa la main du prince de Galles, depuis Charles II; ainsi son ambition démesurée et l'appui qu'elle accorda aux Frondeurs contre Louis XIV et Mazarin lui ôtèrent le moyen de se choisir une couronne. Son esprit élevé, son instruction, et les nombreux amis qu'elle avait, dérangèrent plutôt qu'ils ne les servirent.] Après avoir langui jusqu'à 43 ans, cette princesse, destinée à des souverains, voulut faire à cette âge la fortune d'un simple gentilhomme. Elle obtint en 1669 la permission d'épouser le comte de Lauzun, capitaine des gardes du corps et colonel-général des dragons, à qui elle donnait, avec sa main, tous ses biens estimés 20 millions, quatre duchés, la souveraineté de Dombes, le comté d'Eu, le palais d'Orléans, qu'on nomme le Luxembourg. Le contrat était dressé. La reine, le prince de Condé, représentèrent au roi l'injure que cette alliance faisait à la famille royale; et Louis XIV crut devoir révoquer son consentement. Les deux amants se firent donner secrètement la bénédiction nuptiale. Lauzun avant éclaté contre madame de Montespan, à qui il attribuait en partie sa disgrâce, fut enfermé pendant 10 ans à Pignerol, et n'obtint sa li

berté qu'à condition que Mademoiselle cèderait au ducdu Maine la souveraineté de Dombes et le comté d'Eu. L'élargissement de son époux, la liberté de vivre avec lui, parut contenter Mademoiselle; mais son bonheur ne fut pas de longue durée: Lauzun exerça sur elle un tel empire, qu'on prétend qu'un jour revenant de la chasse, il lui dit : Louise d'Orléans, tire-moi mes bottes. Cette princesse s'étant récriée sur cette insolence, il fit du pied un mouvement qui était le dernier des outrages. Le lendemain il revint au Luxembourg; mais la femme de Lauzun se rappela enfin qu'elle avait été sur le point d'être celle d'un empereur, et en prit l'airetleton: «Jevous dé» fends, lui dit-elle, de vous pré»senter jamais devant moi.... » Mademoiselle, après avoir passé le commencement de sa vie dans les plaisirs et dans les intrigues, le milieu dans l'amour et les chagrins, en passa la fin dans la dévotion et l'obscurité. Elle mourut le 5 mars 1693, peu regrettée et presque entièrement oubliée. On a d'elle des Mémoires, dont l'édition la plus complète est celle d'Amsterdam (Paris), 1735, en 8 vol. in.12. « Ces Mémoires » sont plus d'une femme occupée » d'elle, dit l'auteur du Siècle » de Louis XIV, que d'une » princesse témoin de grands évé»> nemeuts; mais à travers mille » minuties, on y trouve des cho>> ses curieuses, et le style en est » assez pur. » Il y a daus l'édi tion que nous avons indiquée : 1o un Recueil des lettres de mademoiselle de Montpensier à madame de Motteville, et de celleci à cetteprincesse; 2° les Amours de Mademoiselle et du comte de Lauzun; 3o un Recueil des por

traits du roi, de la reine, et des autre personnes de la cour: quelques-uns de ces portraits sont bien faits et intéressans; 4 deux romans, l'un intitulé La Relation de l'ile imaginaire et l'autre La princesse de Paphlagonie. Ils sont pleins de goût et d'une fine critique. Le Cyrus du dernier roman est M. le prince, mort en 1686; et la reine des Amazones est mademoiselle de Montpensier. On a encore d'elle deux livres de dévotion. [ L'un deux va être réimprimé dans la Collection des OEuvres des Bourbons, annoncée il y a quelque temps.]

༣།

MONTPER (Josse), peintre de l'école flamande, né vers l'an 1580, mourut vers le milieu du XVIIe siècle. Il a excellé dans le paysage. Ce maître n'a point imité le précieux fini des peintres fla mands. Il a affecté un goût heurté et une sorte de négligence.Cependant il n'y en a point qui fasse plus d'effet à une certaine distance, qui offre une plus grandeétendue à l'imagination, par l'art avec lequel il a su dégrader les teintes. Verhagen, célèbre peintre, encore vivant (1792), a adopté cette manière avec de brillants succès. Voyez le Journ. histor. et litter., 1er août 1788, page 499. MONTPEZAT (Antoine Lettes, dit des Préz, seigneur. de), maréchal de France. Il n'était que simple gendarme dans la compagnie du maréchal de Foix. Prisonnier à la bataille de Pavie, il se présenta si à propos et de si bon cœur pour servir à François Ier de valet de chambre dans sa prison, que ce prince prit confiance en lui, et l'envoya porter en France des ordres secrets à la régente. Cette aventure fit la fortune de Montpezat. Il se trouva au siége de Naples en 1528. II

de

défendit Fossan, petite ville de Piémont, contre une armée impériale, en 1536. Les assurances qu'il donna d'un heureux succès firent entreprendre le siége de Perpignan en 1541; mais son peu de prévoyance fut cause qu'on le leva. Cette faute n'empêcha point qu'il ne fût fait maréchal de France en 1543. Il mourut le 25 juin de l'année suivante.

MONTPLAISIR { René de Bruc, marquis de ), d'une famille noble de Bretagne, était oncle du maréchal de Créqui. Il passe pour avoir eu quelque part aux ouvrages de la comtesse de la Suze, à laquel il fut très attaché. On a de lui des Poésies, 1759, in-12, parmi lesquelles son Temple de la gloire tient le premier rang. Il est adressé au duc d'Enghien (depuis le grand Condé) à l'occasion de la bataille de Nortlingue, qu'il avait gagnée sur le général Mercy. Montplaisir avait servi avec distinction sous ce prince. Il mourut vers 1673, lieutenant de roi à Arras. Il ne faut pas le confondre avec Caillavet de MONTPLAISIR, avocat du parlement de Bordeaux, qui vivait vers l'an 1634, année de la 2o édition de ses Poésies, in-12.

MONTRÉAL (Jean de). Voyez MULLER.

MONTRÉSOR. Voyez BOUR

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1691, à 71 ans. On a de lui plusieurs pièces de Poésies et des Lettres, qu'il recueillit lui même, in-12, 1666. Montreuil était un de ces écrivains ingénieux et faciles, incapables du grand, mais qui peuvent réussir dans le genre médiocre.On trouve dans le tome per des Mélanges historiques de Michault un Mémoire sur la vie, le caractère, l'esprit et les ouvrages de Matthieu Montreuil, pages 85-94.

MONTREUIL, ou MONTREEUIL (Bernardin de), jésuite, se distingua par ses talents pour la chaire et pour la direction. Nous avons de lui une excellente Vie de Jésus-Christ, revue et retouchée par le P. Brignon. Cette vie peut tenir lieu d'une bonne con⚫ corde des Évangiles. Elle a été réimprimée à Paris en 1741, en 3 vol. in-12. L'auteur a conservé, autant qu'il a pu, cette onction divine, qui est au-dessus de tous les vains ornements de l'esprit.

MONTREUX (Nicolas de), gentilhomme dn Mans, qui prit le nom d'Ollenix du Mont-Sacré, mort vers 1608, à 47 ans, eut pour père un maître des requêtes de la maison de Monsieur, frère du roi. On a de lui : 1o des Romans; 2° plusieurs Pièces de théâtre et une Histoire des Turcs, 1608, in-4o; le tout peu estimé.

MONTRÓSS, ou MONTROSE (Jacques Graham, comte et duc de), généralissime et vice- roi d'Écosse pour Charles Ier roi d'Angleterre, né à Edimbourg en 1612 défendit généreusement ce prince contre les rebelles de son royaume. Il se distingua à la bataille d'Yorck, vainquit plusieurs fois Cromwel, et le blessa de sa propre main. La fortune l'ayant abandonnéen Angleterre, il passa en Ecosse, employa son bien et son crédit à lever une armée,

prit Pert et Aberdeen en 1644, battit le comte d'Argyle, se rendit maître d'Édimbourg. Charles ler s'étant remis entre les mains des Écossais, ils firent donner ordre au marquis de Montross de désarmer. Ce grand homme obéit à regret, et abandonna l'Ecosse à la fureur des factieux. Inutile en Angleterre, il se retira en France, et de là en Alle magne, où il signala son courage à la tête de 12,000 hommes, en qualité de maréchal de l'Empire. Le roi Charles II,, voulant faire une tentative en Écosse, le rap

pela, et l'envoya avec un corps de 14 à 15,000 hommes. Le comte de Montross s'y rendit maître des Orcades, et descendit à terre avec 4,000 hommes. Mais ayant été défait, il fut obligé de se cacher dans des roseaux, déguisé en paysan. La faim le contraignit de se découvrir à un Écossais, nommé Brime, qui avait autrefois servi sous lui. Ce malheureux le vendit au général Lessley, qui le fit conduire à Edimbourg, où, couvert de lauriers, et victime de sa fidélité envers son souverain, il fut pen. du et écartelé au mois de mars 1650. L'empereur, les rois de France et de Suède firent tous leurs efforts pour le sauver. Le premier écrivit au parlement une lettre très vigoureuse; mais l'usurpateur prit toutes les mesures pour que sa victime ne lui échappât point. Charles II rétablit la mémoire de ce fidèle sujet. Il a été peint en deux mots par le cardinal de Retz: « C'est » un de ces hommes, dit-il, » qu'on ne rencontre plus dans >> le monde et qu'on ne retrouve » que dans Plutarque. »

MONTYON ou MONTHYON (Antoine-Jean-Baptiste-RobertAuguste, baron de), ancien con

seiller d'état, et connu parsa bienfaisance, naquit le 26 décembre 1733. Il était frère de madame de Fourgueux, dont il est fait souyent mention dans les anecdotés du xvIIe siècle, et à laquelle on attribue quelques romans et des Confessions que M. de Montyon désavouait. Il entra jeune dans la carrière de la magistrature, et sous le voile de l'anonyme, il donnait des sesecours aux académies littéraires et aux jeunes littérateurs. Un d'entre eux, pauvre, mais d'un talent remarquable, avant de recevoir ces secours voulait en connaître l'auteur; mais M. de Montvon, par un excès de modestie, ne put se décider à en déclarer le nom. Dans un concours, l'académie ayant jugé favorablement quatre ouvrages, et ne pouvant décerner qu'un seul prix, M. de Montyon lui fit parvenir les trois autres prix dans trois lettres anonymes, comme s'ils eussent appartenu à trois bienfaiteurs différents. Ce n'était pas seulement dans ces occasions qu'il employait une grande partie de son immense fortune. L'Auvergne se rappelle encore ses nombreux actes de bienfaisance lorsqu'il était intendant de cette province. Quand il partit, les habitants d'Aurillac élevèrent un obélisque en son honnenr. Il devint, en 1765, conseiller du roi, mais il perdit cette place pour s'être déclaré contre quel ques projets du chancelier Maupeou. Il fut ensuite (en 1775), nommé conseiller d'état.Unjour, s'étant présenté à la cour pour obtenir une audience du roi, son costume antique et sa grande perruque excitèrent le rire des seigneurs. Le comte d'Artois (aujourd'hui Charles X), alors très jeune, se laissa entraîner à la gaîté

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générale. Louis XVI le sut et fut mécontent. Le lendemain, le prince se présenta au roi et lui dit avec la franchise de son noble caractère : « J'ai imaginé un bon » moyen pour réparer mes torts » envers M. de Montyon. Votre Majesté n'a pas encore nommé » à l'emploi de chancelier dans » ma maison; je viens le de» mander pour lui ». Le roi y consentit, et le comte d'Artois donna toute sa confiance à son nouveau chancelier. M. de Montyon accompagna ce prince à l'étranger, en 1791, et ne rentra en France qu'en 1815. Il est mort à Paris le 29 décembre 1820, à l'âge de 87 ans. Les dotations qu'il avait faites à l'académie pour différents prix s'élevaient à un capital de 60,000 francs; et il les a renouvelées après son retour. M. de Montyon a légué en outre aux hospices une somme de près de trois millions, et une clause de son testament porte que, les dif» férents legs qu'il a fondés » pour l'académie française et » les hospices augmenteront, » proportionnellement en rai» son de la fortune qu'il laissait, » et dont il ignorait toute l'é» tendue ». Les legs, depuis ce moment, et d'après cette clause, ont atteint une valeur décuple. M. de Montyon a laissé: 1o Eloge du chancelier de l'Hôpital, 1777, et qui obtint un accessit à l'académie; 2° De l'influence de la découverte de l'Amérique sur l'Europe; écrit qui lui valut le prix de l'académie; 3° Mémoire sur les progrès des lumières dans le xviie siècle, et couronné en 1800 par l'académie de Stockholm, 4° Rapport adressé à Louis XVIII sur les principes de l'ancienne monarchie française, Londres, 1798; 5° Par

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