Page images
PDF
EPUB

l'abbé Lamennais, tome premier, p. 397.)

MONTESQUIOU D'ARTAGNAN (Pierre de), maréchal de France, d'une famille très ancienne, qui tire son origine de la terre de Montesquiou, l'une des quatre baronnies du comté d'Armaguac, naquit en 1645, et fit ses premières armes contre l'évêque de Munster. Il servit avec distinction dans les guerres de Louis XIV, depuis le siége de Douai en 1667 jusqu'à celui d'Ypres en 1678. Le roi l'envoya, trois ans après, dans toutes les places du royaume, pour y montrer un exercice uniforme à toute l'infanterie. Montesquiou commanda l'infanterie française à la bataille de Ramillies et à celle de Malplaquet. Le bâton de maréchal de France fut la récompense de sa valeur, le 20 septembre de la même année 1709. Cette dignité ne l'empêcha pas de servir encoré sous le maréchal Villars. Ce général mourut le 12 août 1725 avec les titres de chevalier de ordres du roi et de gouverneur d'Arras. Le maréchal de Montluc, et son frère l'évêque de Valence, étaient de la même famille. Voy. MONTLUC. +MONTESQUIOU-FEZENSAC (Anne-Pierre, marquis de), né à Paris en 1748, fut élevé à la cour, où il se fit remarquer par un esprit facile et aimable, qui n'excluait point en lui une instruction aussi solide que variée. Son goût pour les belles-lettres lui mérita la bienveillance de Monsieur (Louis XVIII), dont il fut nommé premier écuyer en 1771. Son avancement dans les grades et les honneurs fut rapide. Elevé en 1780 au grade de maréchal-de-camp, il fut décoré, troisans après, des ordres du roi.

Ces faveurs auraient dû l'attacher aux intérêts de ses maîtres; mais lorsque la révolution vint éprouver la fidélité des courtisans, Montesquiou, s'il n'abandonna pas la cause des Bourbons, montra bien peu de zèle à la défendre. Ami des philosophes et de leurs principes, il s'était lié avec Voltaire, dont il ne parlait jamais qu'avec la plus grande admiration; ce qui explique un peu sa conduite équivoque lorsqu'il s'agissait de défendre la religion et le trône. Nommé, en 1789, député aux états-généraux par la noblesse de Paris, il fut un des premiers de son ordre à se réunir au tiers-état. Il parla plusieurs fois avec assez de talent sur des . questions de finance, et présenta mêmes des projets sages et utiles. Après l'arrestation du roi à Varennes, Montesquiou s'empressa d'aller à l'assemblée protester de son dévouement, et fut envoyé dans les départements de la Meuse, de la Moselle et des Ardennes, pour y préparer les esprits en faveur de la constitution. C'est alors que Monsieur fit demander à Montesquiou sa démission de la place de son Ier écuyer. Montesquiou l'envoya, et l'accompagna d'une lettre où il cherchait à se justifier, mais qui, par le ton dont elle était écrite, n'était pas digue du prince à qui il l'adressait. A la fin de la session, il remplit plusieurs missions, et fut ensuite mis à la tête de l'armée du Midi, et entra le 22 septembre 1792, dans la Savoie, dont il fit la conquête sans verser une goutte de sang. Le 9 novembre 1792, il fut décrété d'accusation par les révolutionnaires, à qui sa modération le rendait suspect, et qui lui reprochaient de s'être rendu coupable de dilapidation,

et d'avoir avili la dignité nationale dans le traité avec l'état de Genève. Montesquiou, pour se soustraire à l'exécution de ce décret, quitta Genève, où il était alors, et se retira dans le fond de la Suisse. En 1795, lorsque l'orage commença à se calmer, il écrivit à la convention un mémoire justificatif et demanda la permission de rentrer en France, où il reparut en 1796. Après avoir fait de vains efforts pour se faire nommer député, il ne s'occupa que de belleslettres, et figura pendant quelque temps dans un club formé à Paris sous le nom de Cercle constitutionnel. Montesquiou mourut dans cette ville le 30 décembre 1798.Il avait été reçu àl'accadémie çaise en 1784, à la place de M. de Coëtlosquet, évêqué de Limoges. On a de lui, outre quelques pièces de vers insérées dans les Correspondances de Laharpe et de Grimm, et une comédie, intitulée Emilie, ou les joueurs, Paris, 1787, in-8° 1° Correspondance, in-8°; 2° Mémoire justificatif, 1792, in-4°; 3° Du gouvernement des finances de France, 1797, in-8°; 4° Coup d'œil sur la révolution française; 5° plusieurs Articles dans le Journal de Paris. On peut consulter pour plus dedétails La France littéraire de Ersch, et ses suppléments.

:

MONTÉZUMA, ou Moteuczoma, dernier roi du Mexique, dont quelques écrivains romanesques ont voulu faire un héros, était un tyran affamé de sang et de carnage, qui ne ravageait les pays voisins que pour multiplier les victimes de ses idoles. Les Américains euxmêmes invoquaient le secours des Espagnols contre cette bête féroce, plus redoutable que les monstres du Maragnon et de l'O

rénoque; et ce n'est qu'aux instances de ces peuples que Cortez résolut de porter la guerre dans le Mexique. « Dans ce des» sein (dit-il en rendant lui» même compte de cette expé»dition à Charles-Quint), je par»tis de Cempoal (que j'appelai » Séville) le 16 d'août, avec quinze cavaliers et trois cents » fantassins des plus aguerris; >> la circonstance était favorable. » Je laissai à la Véra-Cruz cent >> cinquante hommes et deux ca

[ocr errors]
[ocr errors]

valiers, avec ordre d'y con»struire une forteresse, qui est déjà bien avancée, et quant à >> cette province de Cempoal, » qui contient cinquante villes » ou forteresses, et qui peut >> fournir environ cinquante mil» le hommes de guerre, je la lais» sai en paix, et composée de » sujets d'autant plus sûrs, >> loyaux et fidèles, qu'à peine >> venaient-ils d'être soumis, à » force de violence, par Monté» zuma, qui les tyrannisait et fai»sait enlever leurs enfants pour » les sacrifier, à ses idoles. In

struits de la puissance formida» ble de votre majesté, ils m'a» dressèrent leurs plaintes con» tre Montézuma; ils se soumi» rent, me demandèrent mon » amitié et me prièrent de leur » accorder ma protection; com» me je les ai bien traités, que » je les ai toujours favorisés, je » ne doute point qu'ils ne de» viennent de fidèles sujets, quand ils n'auraient d'autre » motif que la reconnaissance de » les avoir délivrés de la tyran>> nie de Montézuma. » Ces animaux guerriers, sur qui les principaux Espagnols étaient montés s; ce tonnerre artificiel, qui se formait dans leurs mains; ces châteaux de bois, qui les avaient apportés sur l'Océan, ce

[ocr errors]
[ocr errors]

fer dont ils étaient couverts; leurs marches comptées par des victoires, tant de sujets d'étonnement, joints à cette faiblesse qui porte le peuple à admirer, tout cela fit que quand Cortez arriva dans la ville de MexiCO il fut reçu par Montézuma comme son maître, et par les habitants comme leur dicu. Mais la conduite que tint Cortez à l'égard du temple de cette ville occasiona des mécontentements. « Il y a, dit Cortez, trois nefs » dans l'intérieur de ce temple » où sont placées des idoles de la plus haute stature. Je fis >> renverser tontes ces idoles; je >> fisnettoyer toutes les chapelles » où se faisait les sacrifices hu» mains, et j'y plaçai des images » de Notre-Dame et d'autres » saints. Montézuma, fut, ainsi » que ses sujets, très affecté de >> ce changement; il me fit prier » d'abord de le suspendre, et me > fit dire que je devais m'atten» dre à voir soulever contre moi » le peuple, qui croyait que ces » idoles lui donnaient tous les biens temporels, et qu'en les » laissant maltraiter, il s'expo» serait à les fâcher, à voir sé»cher tous les biens de la terre » et à mourir de faim. » Le peu d'égard qu'eut Cortez à ces remontrances irrita les esprits. Montézuma voyant l'impossibilité de se défaire des Espagnols par la force ouverte, tâcha de les rassurer par des témoignages d'amitié et de bonne foi, pour les accabler lorsque la sécurité leur aurait fait partager leurs forces et affaibli feur vigilance. Un général de l'empereur, qui avait des ordres secrets, attaqua les Espagnols restés à la VéraCruz, et quoique ses troupes fussent vaincues, il y eut trois ou quatre Espagnols de tués. La

[ocr errors]

.

tête de l'un d'eux fut même portée à Montézuma. Alors Cortez fit ce qui ne s'est jamais fait de plus hardi en politique : il va au palais, suivi de cinquante Espagnols, et, mettant en usage la persuasion et la menace, il emmène l'empereur prisonnier au quartier espagnol, le force à lui livrer ceux qui avaient attaqué les siens à la Véra-Cruz, et fait mettre les fers aux pieds et aux mains de l'empereur même, comme un général qui punit un simple soldat. Ensuite il le força à se reconnaître publiquement vassal de Charles - Quint. Montézuma et les principaux de l'empire donnèrent pour tribut attaché à leur hommage 600 mille marcs d'or pur. Il est à croire que cet hommage de Montézuma fut sincère; il ne fit du moins rien dans la suite qui pût le contredire, et finit par être la victime de sa fidélité. Les seigneurs méxicains conspirèrent contre lui et les Espagnols. Mon.. tézuma et Alvarado, un des lieu. tenants de Cortez, furent assaillis dans le palais par 200,000 Méxicains. Montézuma proposa de se montrer à ses sujets, pour les engager à se retirer; mais, au milieu de sa harangue, il reçut un coup de pierre qui le blessa mortellement; il expira bientôt après, en 1520. Ce prince laissa des enfants: deux de ses fils et trois de ses filles embrassèrent le christianisme. L'aîné reçut le baptême, et obtint de Charles Quintdes terres, des revenus, et le titre de comte de Montezuma. Il mourut en 1608. Sa famille est comprise dans la grandesse d'Espagne,cent fois plus heureuse que sur un trône cimenté par la tyranie, et dansles erreurs d'une superstition sanguinaire et atroce. Quel jugement porter de ces pré

tendus sages, qui déclament avec un zèle infatigable contre les conquêtes de Cortez, et qui ne sen tent aucune émotion en lisant les étranges horreurs des Mexicains; qui entassent les exclamations les plus pathétiques sur le nombre plus ou moins exagéré des Américains tués par Cortez sur le champ de bataille, et qui ne témoignent nulleindignation contre les sacrificateurs des hommes, nulle horreur de cette innombrable multitude de victimes humaines, immolées suivant les lois les plus solennelles et les plus chères des Mexicains? Mais, diton, quels que fussent les excès et les crimes de ces peuples, quel droit avait Cortez de les soumettre au joug de l'Espagne? Admirons la timide et consciencieuse jurisprudence des philosophes; mais différons de leur donner des éloges mérités, jusqu'à ce qu'ils aient déployé autant de tele ou de fureur contre les Scipion, les César, les Alexandre, qu'ils en montrent contre Cortez, Pizarro, Charles-Quint et Philippe; jusqu'à ce qu'ils aient accablé d'outrages et ce cher MarcAurèle, et ce Trajan, et cet Antonin, qui n'avaient d'autre ambition que d'étendre la gloire roinaine sur les débris des nations qui valaient mieux que les vainqueurs. N'attendons pas cette époque, elle n'arrivera jamais. Les héros de l'ancienne Rome ne combattaient les nations que pour nourrir dans leur sang la célébrité d'un vain nom, et pour entrer à Rome au bruit des timbales. Mais Cortez avait la faiblesse de se proposer d'autres vues; il cût voulu abolir les sacrifices humains et tant de monstrueux usages quioutrageaient la nature. Il eut l'extravagance de

[ocr errors]

>>

parler quelque fois du vrai Dicu. Voilà son crime de lèse-philosophie. Le bon homme en fait luimême la confession. « Je tâchai » de leur faire entendre par mes » interprètes combien il était » insensé de mettre leurs espé>> rances dans des idoles travail» lées de leurs mains et compo»sées d'ordures; qu'ils devaient » savoir qu'il n'y avait qu'un » seul Dicu, souverain,universel, » qui avait créé le ciel, la terre » et toute la nature; qui était » éternel, c'est-à-dire saus com>> mencement ni fiu, qu'ils de» vaient l'adorer, ne croire qu'en >> lui, et non pas dans aucune » créature ni matière périssable: j'y ajoutai tout ce qui pou» vait les détourner de leur ido- . lâtrie, et les attirer à la con»> naissance du vrai Dieu. » La maxime qu'il ne faut pas occuper les pays qui ne nous appartiennent pas est raisonnable sans doute, mais si elle a lieu même à l'égard des anthropophages et des sacrificateurs d'hommes, il faut l'étendre jusqu'aux repaires des tigres et des hiènes. Non dubitamus, dit Grotius, quin justa sint bella in cos qui in parentes impii sunt, quales Sogdiani, antequam eos Alexander hanc feritatem dedoceret : in eos qui humanam carnem epulantur, a quo more absistere Gallos veteres Hercules coegit..... de talibus enim barbaris et feris, magis quam hominibus, dici recte potest quod de Persis, qui Græcis nihilo deteriores erant, perverse dixit Aristoteles, naturale in eos esse bellum; et quod Isocrates Panathe naico dixit, justissimum esse bellum in belluas, proximum in homines belluis similes. De jure hell. et pac., 1. 2,c. 20. V.CORTEZ, ATABALIPA, MANCO-CAPAC, etc.

MONTFAUCON (Bernard de) savant bénédictin, vit le jour le 17 janvier 1655, au château de Soulage en Languedoc, de l'ancienne famille de Roquetaillade, dans le diocèse d'Aleth. Il prit le parti des armes, et servit en qualité de cadet dans le régiment de Perpignan; mais la mort de ses parents l'ayant dégoûté du monde, il se fit bénédictin dans la congrégation de Saint-Maur, en, 1675. L'étendue de sa mémoire et la supériorité de ses talents lui firent bientôt un nom célèbre dans son ordre et dans l'Europe. En 1698, il fit un voyage en Italie pour y consulter les bibliothèques, et y chercher d'anciensmanuscrits propres au genre de travail qu'il avait embrassé. Pendant son séjour à Rome, il exerça la fonction de procureur de son ordre en cette cour, et y prit la défense de l'édition des ouvrages de saint-Augustin, donnée par plusieurs habiles religieux de sa congrégation, et attaquée par quelques critiques. De retour à Paris en 1701, Montfaucon travailla à une relation curieuse de son voyage, sous le titre de Diarium italicum, in-4o, qu'il publia en 1702. Cet ouvrage offre une descriptionexacte de plusieurs monuments de l'an tiquité, et une notice d'un grand nombre de manuscrits grecs et latins, inconnus jusqu'alors. Le P. de Montfaucon, cher à ses confrères par la bonté et la candeur de son caractère, aux savants par sa vaste érudition, et à l'Eglise par ses travaux, mourut le21 décembre 1741,etfutinhumé dans l'Eglise de Saint-Germain des Prés. [Il était âgé de 87 ans, sans avoir souffert d'infirmités, ce qui fait l'éloge de sa vie aussi laborieuse que réglée.] On a de

lui: 1o un volume in-4° d'Analectes grecques, 1688, avec la traduction latine et des notes, conjointement avec dom Antoine Pouget et dom Jacques Lopin; 20 une nouvelle Edition des œuvres de saint Athanase, en grec et en latin, avec des noles, 1698, 3 vol. in-fol.; elle commence à n'être plus commune; 3° un Recueil d'ouvrages d'anciens écrivains grecs, 1706, en 2 vol. in-fol., avec la traduction latine, des préfaces, de savantes notes et des disser-tations. Ce recueil contient les Commentaires d'Eusèbe de Césarée sur les psaumes et sur Isaïe, quelques Opuscules de saintAthanase, et la Topographie de Côme d'Egypte. On joint ordinairement ce recueil à l'édition de saint Anathase; mais il est peu commun. 4° Une Traduction française du livre de Philon, dela Vie contemplative, in-12, avec des observations et des lettresLe P. de Montfaucon s'efforce de prouver que les thérapeutes dont parle Philon étaient chrétiens opinion qui a été combattue par le président Bouhier. 5° Un excellent livre intitulé: Palæographia græca, in-fol., 1708, dans lequel il donne des exemples des différentes écritures grecques dans tous les siècles, et entreprend de faire pour le grec ce que le P. Mabillon a fait pour le latin dans sa Diplomatie; 6 deux vol. in-fol., 1713, de ce qui nous reste des Hexaples d'Origène; 7° Bibliotheca Coisliniana, in-fol.; 8° L'Antiquité expliquée, en latin et en français, avec figures, 1719, en 10 vol. in-fol., auxquels il ajouta, en 1724, un Supplément en 5 vol. in fol. Cet ouvrage lui procura plus de fatigues que de

[ocr errors]
« PreviousContinue »