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la manière dont elles établissaient leurs conclusions; il suffisait qu'elles y arrivassent bien ou mal. Le défaut de raisonnement, quel qu'il pût être, devenait une affaire de logique et non de théologie. (Voyez LEMOS, LESSIUS, MEYER Livinus, SERRY.) Il pouvait d'ailleurs se faire que les deux partis eussent tort; et en ce cas il eût été injuste de condamner l'un préférablement à l'autre. (Voyez MERLIN Charles.) L'auteur de la Théorie des étres insensibles, ouvrage profond et d'une logique exacte, a parlé de l'hypothèse de Molina d'une manière qui ne plaira pas à ses adversaires, et qui peut consoler en quelque façon sa mémoire, déchirée d'une manière cruelle pour une affaire d'opinion. « Je n'examine pas ici » si Molina a saisi la vraie marche >> du Créateur, et si son système » est quelque chose de plus qu'un système : je ne sais rien. » Mais je vois et je sens que si >> Molina se trompe dans son système, il se trompe du moins » en grand homme, en homme » de génie, et que s'il n'a pas at» teint et saisi la vérité des cho» ses, il a du moins démontré » qu'il n'y a point d'incompta» bibité dans les dogmes qu'il a » à concilier, point de contra>> diction dans les opérations du Créateurqu'il a à justifier, puisqu'il est évident que les opéra» tions du Créateur, dans tout ce » qui concerne la liberté de l'hom» me, relativement à l'ordre natu»rel et à l'ordre surnaturel, doi» ventêtre quelque chosedemieux >> encore que ce que présente un » système destiné à en montrer » l'action et l'harmonie. En vain » la rivalité aboya et cabala con>>tre cette très ingénieuse et très

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>> philosophique hypothèse. En » vain une plate et fabuleuse » histoire fut composée pour la » défigurer et la calomnier. En >> vain la fanatique supercherie » osa fabriquer une bulle sup» posée, pour l'anathématiser et » pour la foudroyer. Tout cela » n'a servi qu'à démontrer au philosophe que le génie survit >> aux cabales, et que l'amour de » la vérité ne préside pas tou» jours aux bruyantes disputes » de l'école. » Théorie des étres ins., tom. 2, no 1027, pag. 647. -C'est un artifice des jansénistes d'appeler molinistes tous ceux qui rejettent la doctrine de leurs coryphées, comme si tous les catholiques professaient la doctrine de Molina. Les nouveaux philosophes mettent en opposition le molinisme et le jausénisme, pour faire entendre que les catholiques ne sont pas d'acord: en quoi il y a deux impostures grossières, 1° parce qu'on met de niveau un sentiment orthodoxe avec une hérésie proscrite; 2° parce qu'on range parmi les catholiques une secte anathematisée et plus ennemie de l'Eglise que les nestoriens et les ariens.

MOLINA (Antoine), chartreux de Villa - Nueva-de-los-Infantes, dans la Castille, dont on a un traité de l'Instruction des prétres. Cet ouvrage est très propre à honorer le sacerdoce, et à sanctifier ceux qui en sont revêtus. On l'a traduit en latin, à Anvers, 1618, in-8°, et en français, à Paris, chez Coignard, 1677, in8°. Molina mourut vers 1612, après s'être acquis une grande reputation de piété.

MOLINA (Louis), jurisconsulte espagnol, fut employé par Philippe II, roi d'Espagne, dans les conseils des Indes et de Cas

tille. On a de lui un savant Traité sur les substitutions des terres anciennes de la noblesse d'Espagne, en 1603, in-fol. Il est intitulé: De Hispanorum primogenitorum origine et natura.

MOLINA (Dominique ), religieux dominicain, natif de Séville, publia en 1626 un Recueil des bulles des papes, concernant les priviléges des ordres reliligieux.

MOLINET (Jean), né à Désurennes, dans le diocèse de Boulogne, fut aumônier et bibliothécaire de Marguerite d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas, et chanoine de Valenciennes. On a de lui plusieurs ouvrages en prose et en vers. Le plus connu est intitulé : Les Dits et faits contenant plusieurs beaux traités, oraisons et chants royaux, Paris, 1537, in-fol., 1540, in 8°. Les curieux le recherchent. Ses Poesies ont été réimprimées à Paris en 1723, in-12. On a encore de lui r une Paraphrase en prose du roman de La Rose, Paris, 1521, in-fol., commencé par Guillaume de Lorris et achevé par Jean Clopinel. (Voyez ce nom.) Jean Gerson, dans son Sermon pour le quatrième dimanche de l'Avent, fait une sortie fort vive contre ce roman, qu'il croyait avec raison digne des flammes. 2° Une Chronique depuis 1474 jusqu'en 1504, manuscrite. Il mourut en 1507. L'abbé Goujet a donné une bonne analyse des ouvrages de cet écrivain dans la Bibliothèque française,

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ses études à Paris, et s'appliqua ensuite à découvrir ce qu'il y a de plus caché dans l'antiquité. Il amassa un cabinet considérable de curiosité, et mit la bibliothèque de Sainte-Geneviève à Paris dans un état qui l'a rendue l'objet de l'attention des curieux. Louis XIV se servit de lui pour aider à ranger ses médailles et à lui en trouver de nouvelles. Le P. du Molinet en fournit à ce monarque plus de 800, qui lui méritèrent des gratifications considérables. Ce savant antiquaire mourut en 1687, à 67 ans, regretté de plusieurs illustres amis, que son savoir autant que son caractère lui avaient procurés. Ses principaux ouvrages sont : 1o une Edition des Epîtres d'Etienne, évêque de Tournai, avec de savantes notes, 1682, in-8°; 2° l'Histoire des papes par médailles, depuis Martin V jus-. qu'à Innocent XI, 1679, in-fol., en latin; 3° des Réflexions sur l'origine et l'antiquité des chanoines séculiers et réguliers; 4° un Traité des différents habits des chanoines; 5° une Dissertation sur la mitre des anciens ; 6o une autre Dissertation sur une téte d'Isis, etc.; 7o le Cabinet de Sainte-Geneviève, Paris, 1692. in-fol., peu commun. Ces differents écrits offrent des choses curieuses et recherchées.

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MOLINETTI (Antoine ), médecin de Venise, enseigna et pratiqua la médecine à Padoue avec une réputation extraordinaire. C'était un des plus habiles ana-tomistes de son siècle. On estime beaucoup son Traité des sens et de leurs organes, imprimé à Padoue en 1669, in 49, en latin, et à Venise en 1675, avec des augmentations. Molinetti mourut à Venise vers 1675, avec la

reputation d'un savant présomptueux, trop amoureux de ses' idées, et trop ennemi de celles des autres.

MOLINEUX. Voyez MOLY

NEUX.

MOLINIER (Jean-Baptiste), né à Arles en 1675, entra dans la congrégation de l'Oratoire en 1700, et prêcha dans la suite avec applaudissemement à Aix, à Toulouse, à Lyon, à Orléans et à Paris. Massillon l'ayant entendu, fut saisi des traits vifs et saillants de son éloquence, et, surpris de ce qu'avec un talent si décidé, il était si inégal, il lui dit alors: « Il ne tient qu'à vous » d'être le prédicateur du peuple » ou des grands. » Il est certain que lorsqu'il travaillait ses discours, il égalait les plus célèbres orateurs; mais il comptait trop sur sa facilité, et ne modérait pas assez l'impétuosité de son imagination. Molinier quitta l'Oratoire vers 1720, pour se retirer dans le diocèse de Sens, d'où il revint à Paris reprendre l'exercice du ministère de la prédication. Le successeur du cardinal de Noailles (Vintimille) le lui ayant interdit à cause de son opposition à la bulle Unigenitus, et de ses liaisons avec les convulsionnaires, il ne s'occupa plus qu'à revoir ses sermons. Il mourut le 15 mars 1745, à 70 ans. On a de lui: Sermons choisis, en 14 vol. in-12, 1730 et années suivantes. Ces discours sont la production d'un génie heureux, qui s'exprime avec beaucoup de feu, d'énergie, de force, de dignité et de naturel. 11 ne lui manquait que le goût; son style est incorrect, inégal et défiguré par des termes communs, qui font un étrange contraste avec plusieurs morceaux

pleins de vie et de noblesse. De ces 14 volumes, il y en a trois de Panegyriques, et deux de Discours sur la vérité de la religion chrétienne. 2o Exercice du pénitent et office de la pénitence, in-8°; 3° Instructions et prières de pénitence, in-12, pour servir de suite au Directeur des ames pénitentes du P. Vauge; 4° Prières et pensées chrétiennes, etc.

MOLINOS (Michel), prêtre espagnol, naquit dans le diocèse de Saragosse en 1627, d'une famille considérable par ses biens et par son rang. Né avec une imagination ardente, il s'établit à Rome, et y acquit la réputation d'un grand directeur. Il avait un extérieur frappant de piété, et il refusa tous les bénéfices qu'on lui offrit. Le feu de son génie lui fit imaginer des folies nouvelles sur la mysticité. Il débita ses idées dans sa Conduite spirituelle livre qui le fit enfermer dans les prisons de l'inquisition en 1685. Cet ouvrage parut d'abord admirable. « La théologie mysti» que, disait l'auteur dans sa » préface, u'est pas une science » d'imagination, mais de senti

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ment........ On ne l'apprend » point par l'étude, mais on la >> reçoit du ciel. » Cela était vrai à bien des égards, mais l'auteur en porta trop loin les conséquences, et en fit de fausses applications. Ce ne fut qu'en creusant dans une espèce d'abîme ou Molinos s'enfonce et son lecteur avec lui, qu'on aperçut tout le danger de son système. Le P. Segneri ayant entrepris d'en découvrir le venin dans un livre qu'il publia sous le titre de l'Accord de l'action et du repos dans l'oraison, peu s'en fallut qu'il ne lui en coûtât la vie. On le regarda comme un homme jaloux,

aveuglé par une basse envie, qui calomniait un saint. Son livre fut censuré, et on ne lui rendit justice que lorsque l'hypocrisie fut démasquée. « On vit, dit le P. » d'Avrigny, que l'homme pré» tendu parfait de Molinos est » un homme qui ne raisonne » point; qui ne réfléchit ni sur » Dieu ni sur lui-même; qui ne » désire rien, pas même son sa» lut; qui ne craint rien, pas » même l'enfer; à qui les pen»sées les plus impures, comme >> les bonnes œuvres, devien» nent absolument étrangères et >> indifférentes. » La souveraine perfection, suivant le rêveur espagnol, consiste à s'anéantir pour s'unir à Dieu

de façon que, toutes les facultés de l'ame étant absorbées par cette union, l'ame ne doit plus se troubler de ce qui peut se passer dans le corps. Peu importe que la partie inférieure se livre aux plus honteux excès, pourvu que la supérieure reste concentrée dans la

ma

Divinité par l'oraison de quiétude. Cette hérésie se répandit en France, et y prit mille formes différentes. Malaval, dame Guyon et Fénelon en adoptèrent quelques idées, mais non pas les plus révoltantes. Celles de Molinos furent condamnées en 1687, au nombre de 68. II fut obligé de faire une abjuration publique de ses erreurs, et il fut enfermé dans une prison, où il mouruten 1696, âgé de près de soixante-dix ans. Quelquesuns ont avancé que Molinos en était venu jusqu'à ouvrir la porte aux abominations des Gnostiques; mais d'autres le justifient sur ce point, et soutiennent qu'il n'a pas admis cette horrible conséquence. Les sentiments dans lesquels on dit qu'il est mort

viennent à l'appui de cette assertion. Des lecteurs superficiels ont quelquefois confondu avec le quiétisme ou la quiétude de Molinos, cette paix de l'ame que nous devons garder, même dans la détestation et la fuite du péché. Le quiétisme enseigne qu'il n'y a pas de péchés pour les ames unies à Dieu, et que dès lors il ne faut pas s'en inquiéter. La vraie théologie dit qu'il faut pleurer ses péchés sans agitation, sans se tracasser et sans s'abattre. «Il est difficile de com» prendre, dit un ascétique, » qu'on puisse confondre de » telles disparates, et cela à la » faveur du misérable équivo» que qui porte sur le mot quies; » la douleur, la componction » les regrets les plus vifs d'avoir >> offensé Dieu sont calmes et » paisibles. Le Peccavi Domino » de David, le Flevit amare de » saint Pierre, étaient sans agi>>tation et sans trouble. La si>>tuation contraire vient de la » grande idée qu'on a de soi» même, de ses vertus, d'un dé» sir de perfection rapporté à soi » et non pas à Dieu. ». On trouve dans l'édition des OEuvres de Fénelon, chez Lebel, Versailles, tom. 4, une analyse judicieuse de la doctrine de Molinos. Le même volume renferme une Re

futation des 68 propositions de Molinos, par l'archevêque de Cambrai.

MOLITOR (Ulrich) est connu par un livre rare, intitulé De pythonicis mulieribus, Constance, 1489, in-4°, où il y a des choses fort singulières, qu'on traiterait aujourd'hui de fables, et dont quelques-unes néanmoins paraissent avec tout l'appareit d'une critique savante. Son style est assez pur et nourri; et dans

ce qu'il raconte de plus extraordinaire, on reconnaît le ton d'un homme circonspect et réfléchi. Il mourut vers 1492.

MOLLER, ou MOELLER (Henri), théologien protestant, se rendit habile dans la langue hébraïque, et professa longtemps dans l'université de Wittemberg. Il mourut à Hambourg, son pays natal, le 26 novembre 1589, à l'âge de 61 ans. On a de lui des Commentaires sur Isaïe et sur les Psaumes, et des Poésies latines.

MOLLER (Daniel-Guillaume), né à Presbourg en 1642, voyagea dans toutes les parties de l'Europe, fut professeur en histoire et en métaphysique, et bibliothécaire dans l'université d'Altdorf, où il mourut le 25 février 1712. [Il s'était réfugié dans cette ville après avoir été à Vienne réclamer les priviléges des protestants de la Hongrie. Son langage déplut aux ministres, qui l'invitèrent à quitter cette capitale dans vingt-quatre heures. Craignant d'être arrêté à Presbourg, il se retira à Altdorf. ] On a de lui plusieurs ouvrages. Les principaux sont, 1° Meditatio de hungaricis quibusdam insectis prodigiosis, ex aere una cum nive in agro delapsis 1673, in-12; Opuscula ethica et problematico-critica, Francfort, 1674, in-12; 3° Opuscula medico-historico-philologica, 1694, in-12; 4 Mensa poetica, Altdorf, 1678, in-12; 5° Indiculus medicorum,philologorum ex Germania oriundorum, etc., Altdorf, 1691, in-4°; 6o divers autres ouvrages, et une prodigieuse quantité de thèses sur différents snjets, qui prouvent son érudition. Czittinger a rassemblé une foule de détails pleins

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d'intérêt sur la vie et les ouvrages de Moller, dans le Specimen hungariæ litterar., pag. 256-75. On peut consulter aussi Horanvi, Mem. Hungar., n° 628-41. Will, Dictionnaire des Nurembergeois, tom. 2, pag. 640-49; et Klein, Notice des pasteurs hongrois.

MOLLER (Jean), né à Hensbourg, dans le duché de Schleswick, en 1661, fut fait recteur du collège de son pays en 1701. On lui offrit dans des colléges étrangers des chaires qu'il refusa. Il ne voulut pas même accepter l'emploi de biblothécaire d'Oxford, quelques instances qu'on lui fit. Il mourut le 20 octobre 1725. On a de lui plusieurs ouvrages. Les principaux sont: 1° Introductio ad historiam ducatuum schlesvicensis et holsatici, Hambourg, 1699, in-8°; 2o Cimbria litterata, 1744, 3 v. in-fol. Il contient l'histoire littéraire, ecclésiastique, civile et politique de Danemarck, de Schleswick, de Holstein, de Hambourg, de Lubeck et des pays voisins. 3° Isagoge ad historiam Chersonesi cimbrica, in8, Hambourg, 1671; et dans la Bibliotheca Septentrionis eruditi, Leipsick, 1699, in-8°, qui renferme un détail circonstancié de ce qu'il faut lire pour l'histoire de ces provinces; 4° De cornutis et hermaphroditis, Berlin, 1708, in-4°. Sa Vie a été donnée par ses fils, en latin, à Schleswick, 1734, in-4°.

+ MOLLEVILLE (Le marquis Antoine François BERTRAND DE), historien, et ministre de Louis XVI, naquit à Toulouse en 1744. Il descendait de la famille de Jean de Bertrand ou Bertrandi, cardinal et chancelier au xvIe siècle, dont en 1775

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