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NUIT, déesse des ténèbres fille du Ciel et de la Terre, épousa l'Erèbe, fleuve des Enfers, dont elle eut beaucoup d'enfants. On la représente ordinairement avec des habits noirs, parsemés d'étoiles, tenant à sa main un sceptre de plomb, et traînée dans un char d'ébène, par deux chevaux qui ont des ailes semblables à celles des chauves-souris.

NUMA POMPILIUS, législateur de Rome, né à Cures dans la Sabinie. Il fut élu par le sénat romain, pour succéder à Romulus, l'an 714 avant Jésus-Christ. Retiré à la campagne depuis long-temps, il ne s'occupait que de l'étude des lois et du culte religieux. Le mariage qu'il avait fait avec Tatia, fille de Tatius, 1oi des Sabins, et qui partageait la royauté avec Romulus, n'avait pu l'engager à quitter sa retraite pour venir jouir des honneurs qui l'attendaient à Rome. Il fallut, pour lui faire accepter le sceptre, que ses proches et ses compatriotes joignissent leurs instances à celles des ambassadeurs romains. Les Romains étaient naturellement féroces et indociles, il leur fallait un frein: Numa le leur donna, en leur inspirant l'amour pour les lois et le respect pour les dieux. Persuadé de cette vérité si importante et si féconde en conséquences, dont un philosophe (Plutarque) a fait depuis sa maxime favorite : qu'on bátirait plutôt une maison en l'air, que de fonder une république sans religion, il tourna toutes ses pensées vers cet objet; mais, égaré lui-même, il ne pouvait qu'égarer les autres. Convaincu de la nécessité de la chose, il ne parvint point à en bien distinguer la nature, et à la dégager des er

reurs dont l'ignorance et la corruption des hommes l'avaient chargée. [Il supprima les célères ou les 300 gardes dont Romulus s'était entouré, et s'occupa à former une milice sacerdotale, comme les Saliens, le collége des pontifes, les Vestales. Il consacra le culte du dieu Terme, et aux sacrifices sanglants il substitua les offrandes de fruits et les libations de vin. Il éleva un temple à la Bonne Foi, et le serment prononcé sur cette nouvelle divinité était le plus sacré de tous. Numa établit les féciales, ou ministres du droit des gens, fit de nouvelles lois pour le mariage, et en honneur de Janus, il reporta le commencement de l'année au mois de janvier : sous Romulus, elle commençait au mois de mars, et l'année n'en avait que dix; Numa y ajouta deux autres mois. Il entoura de murailles la ville de Rome, en agrandit l'enceinte, en y comprenant le mont Quirinal. Ayant affaire à un peuple ignorant, et afin de mieux consolider les réformes, il eut recours aux prodiges, et feignit même d'avoir des entretiens avec une nymphe Egérie. ] Pour attacher de plus en plus les Romains à la culture des terres, il les distribua par bourgades, leur donna des inspecteurs et des surveillants. I visitait souvent lui-même les travaux de la campagne, et élevait aux emplois ceux qu'il connaissait laborieux, appliqués et industrieux. Il se fit aimer de ses sujets en publiant un grand nombre de lois qui respiraient la sagesse. Il mourut l'an 672 avant J.-C., après un règne de 42 ans. Plusieurs auteurs ont cru que ce prince était parvenu à reconnaître l'existence d'un seul vrai Dieu; qu'il

en faisait mention dans ses livres; qu'il défendit de représenter la Divinité sous aucune forme corporelle, et qu'en conséquence les Romains n'eurent, pendant plus d'un siècle et demi, aucune statue dans leurs temples. Mais tout ce que nous apprenons du culte religieux de ce peuple ne sert point à confirmer cette opinion; et l'idée que l'histoire nous a laissée de Numa Pompilius la contredit ouvertement. Presque toutes ses institutions se ressentent des erreurs du paganisme; mais,quelque défectueuses,quelque supertitieuse même qu'elles puissent être, elles sont infiniment au-dessus du code de la philosophie irréligieuse. « Telle est, » ditVoltaire, la faiblesse dugenre >> humain, et telle est sa perversité, qu'il vaut mieux sans doute » pour lui d'être subjugué par » toutes les superstitions possi»bles, pourvu qu'elles ne soient point meurtrières, que de vivre » sans religion. L'homme a toujours eu besoin d'un frein, et quoiqu'il fût ridicule de sacri» fier aux Sylvains, aux Naïades, >> il était bien plus utile d'adorer » ces images fantastiques de la » Divinité, que de se livrer à l'a>> théisme. »

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NUMENIUS, philosophe grec du 1 siècle, natif d'Apamée ville de Syrie, suivait les opinions de Pythagore et de Platon, qu'il tâchait de concilier ensemble. Il prétendait que Platon avait tiré de Moyse ce qu'il dit de Dieu et de la création du monde. Qu'est-ce que Platon, disait-il, sinon Moyse parlant athénien? Numénius pouvait dire vrai; et l'on ne peut guère douter en lisant quelques passages de Platon, qu'il n'ait eu connaissance des Livres saints; mais rieu n'em

pêche de croire que la tradition primitive, encore subsistante dans quelques-unes de ses parties, a pu instruire les philosophes de la création et du Dieu créateur, supposé que la raison, abandonnée à elle-même, ne puisse atteindre à cette connaissance. (Voyez PLATON, LAVAUR, OPHIONÉE, etc.) Il ne nous reste de Numénius que des fragments, qui se trouvent dans Origène, Eusèbe, etc. Ce philosophe était un modèle de sagesse.

NUMERIEN (Marcus Aurélius Numerianus), empereur romain, fils de Carus, suivit son père en Orient, étant déjà César, et il lui succéda, avec son frère Carin, au mois de janvier 282. Il fut tué par la perfidie d'Arius Aper, son beau-père, au mois de septembre suivant. Cet empereur possédait toutes les qualités du cœur et de l'esprit. Les affaires de l'état étaient son unique occupation, et les scien ces son seul amusement. (Voyez NEMESIEN.) Il se faisait beaucoup aimer de ses sujets et admirer des savants, qui l'ont fait passer pour le

plushabile de son teinps. [Aper poignarda Numérien dans sa litière, qu'il fit refermer après. Il l'accompagnait, comme si le prince eût été vivant, dans l'espérance de trouver une occasion favorable de se faire déclarer empereur; mais la puanteur du cadavre trahit son crime, et il en subitsur-le-champla peine. Voy.

APER.

NUMÉRIUS, gouverneur de la Gaule narbonnaise. Voyez DELPHIDIUS.

NUMITOR, était fils de Procas, roi d'Albe, et frère d'Amulius. Procas en mourant l'an 795 avant J.-C., le fit héritier de sa couronne avec Amulius, à condition

qu'ils règneraient tour - à - tour d'année en année; mais Amulius s'empara du trône, et donna l'exclusion à Numitor, dont il fit mourir le fils nommé Lausus. Il contraignit ensuite Rhéa Sylvia, fille unique de Numitor, d'entrer parmi les vestales. Cette princesse étant devenue enceinte malgré ces précautions, publia que c'était du Dieu Mars, et accoucha de Rémus et de Romulus, qui, après avoir tué Amulius, rétablirent Numitor sur le trône, l'an 754 avant J.-C. Ces commencements de l'histoire romaine, comme ceux de presque toutes les histoires, sont remplis d'obscurités, de faits défigurés et douteux.

NUNEZ, ou NONIUS (Ferdinand), critique espagnol, connu aussi sous le nom de Pincianus, parce qu'il était de Pincia, près de Valladolid. Il florissait au xve siècle, et introduisit le premier en Espagne le goût de l'étude de la langue grecque. Ce savant était modeste. Quoiqu'il fût de l'illustre maison des Guzman,

il ne crut pas se déshonorer en professant les belles-lettres à Alcala et à Salamanque. Il mourut en 1552, dans un âge fort avancé, emportant dans le tombeau des regrets aussi vifs que sincères. On estime surtout ses Commentaires sur Pline, sur Pomponius Méla, et sur Sénèque. On lui doit aussi en partie la Version latine des Septante, imprimée dans la Polyglotte de Ximénès. Le roi Ferdinand le Catholique le mit à la tête de ses finances. [Pinciano écrivit aussi quelques ouvrages espagnols. On trouve des articles sur Nunez, dans les Eloges des hommes savants, par Teissier, et dans le Dictionnaire de Chantepie. ]

NUNEZ. Voyez NONNIUS. NUZZI. Voyez MARIO. NYMANNUS (Grégoire), professeur d'anatomie et de botanique à Wittemberg sa patrie mourut le 8 octobre 1638, à 45 ans, étant né le 14 janvier 1594. On a de lui: 1o un Traité latin de l'apoplexie de l'apoplexie, Wittemberg, 1629 et 1670, in-4o, estimé; 2° une Dissertation recherchée et curieuse sur la vie du foetus, ibid., 1628, in 4°; Leyde, 1664, in-12. Ce docteur y prouve qu'un enfant vit dans le sein de sa mère par sa propre vie; et que, sa mère venant à mourir, on peut le tirer souvent de son encore vivant et sans l'offenser. Ce qui n'est pas contraire aux faits qui établissent qu'en certains cas le foetus ne s'accroît que par une espèce de végétation et de mouvement animal émané de la mère. Voyez le Catéchisme philosophique, no 167.

sein

NYMPHES, déesses, filles de l'Océan et de Thétis, ou de Nérée et de Doris: les unes, appelées océanitides ou néréides, demeuraient dans la mer; les autres, appelées naïades, habitaient les fleuves, les fontaines et les rivières; celles des forêts se nommaient dryades et hamadryades, et n'avaient chacune qu'un seul arbre sous leur protection; les napées régnaient dans les bocages et les prairies, et les orćades sur les montagnes.

NYNAUD (Jean de ), auteur peu connu, dont nous avons un livre curieux, et plein de choses singulières, mais aujourd'hui fort rare, sous ce titre: De la lycantropie, transformation et extases des sorciers. Paris, 1615, in-8°.

+NYON (Jean-Luc), l'aîné, libraire de Paris, né vers 1730,

s'est distingué par ses connaissances bibliographiques. On lui doit plusieurs Catalogues utiles, tels que ceux de la Bibliothèque de Courtanaux, 1782, in-8°; de la Bibliothèque de la Vallière, 2e partie, 1788, 6 vol. in-8°, qui manque pourtant d'une table des auteurs; de la Bibliothèque de Malesherbes, 1796, in 8. Nyon est mort à Paris en

1799.

NYSTEN (Pierre-Hubert), docteur en médecine, et médecin de l'hospice des EnfantsTrouvés, né à Liége, en 1771 d'une famille de négociants, fit ses études dans sa ville natale,et fut destiné au barreau; mais ses inclinations le portaient aux sciences médicales. Ses parents étant peu fortunés, son oncle, qui était chanoine de Liége, et qui avait pour lui beaucoup d'affection, lui fournit les moyens de se rendre à Paris, li v arriva au moment où l'on réorganisait les Ecoles de Santé ( en 1794 ). Son application à l'étude le fit remarquer de ses maîtres, et il obtint la place d'élève de première classe à l'Ecole pratique, d'où, en 1798, il passa à celle d'anatomie à la Faculté de médecine.Volta et Galvani venaient de découvrir le Galvanisme, qui fixa l'attention du jeune médecin, et il y étudia les différents dégrés de contractabilité des organes musculaires. En 1802, il fit partie de la commission que le gouvernement envoyait en Espagne pour y faire des observations sur la fièvre jaune, et à son retour il fut chargé d'examiuer les maladies épidémiques qui, se manifestaient en France. Dans les départements méridionaux, une semblable maladie détruisait presque tous les vers TOME XII.

à soie; ce qui faisait un tort considérable aux manufactures, et par conséquent au commerce. Le gouvernement chargea eu core Nysten de se porter sur les lieux et d'y étudier les causes de cette épidémie. Ses observations furent favorablement accueillies; mais tous ces travaux n'améliorant pas beaucoup sa fortune, il se consacra au soin des malades. Elève d'Hallé, sa protection le fit admettre comme médecin à l'hospice des EnfantsTrouvés. Il ne jouit pas longtemps de cet emploi, qui lui procurait une honnête aisance. Frappé d'une attaque d'apoplexie, il mourut le 3 mars 1818, âgé de 47 ans, emportant les regrets de tous ceux qui l'avaient connu. Ce savant praticien a laissé: 1° Nouvelles expériences faites sur les organes musculaires de l'homme et des animaux à sang rouge, Paris, Levrault, 1803, in-8°; 2° Recherches sur les maladies des vers à soie, Paris, 1808, in-8°; 3. Nouveau dictionnaire de médecine, chirurgie, chimie, botanique, vétérinaire, etc., avec l'étymologie, suivie de deux vocabulaires (latin et grec) par M. Capuron, 2e édition, entièrement refondue par Nysten et l'auteur de la première, Paris, 1810, in-8°; 4° Dictionnaire dé médecine et des sciences accessoires à la médecine, Paris, 1814, in-8°, fait de concert avec M. Capuron; 5° Traité de matière médicale, par Schwilgué, 2o édition, 1809, 2 vol. in-8° ; 6o Recherches de physiologie et chimie pathologique, C'est une suite de celles de Bichat sur la vie et la mort, Paris, 1811, in-8; 7° Manuel médical, 1814; 28. édition, 1816, in-8°; 8° un grand

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nombre de bons morceaux, notamment les articles Electrici té, Galvanisme, dans le Dic

O(François d'), seigneur de Frênes, né vers 1535, d'une famille illustre de Normandie, fut nommé par Henri lll surintendant des finances. La difficulté des temps rendit son administration odieuse; car il paraissait continuellement quelque nouvel édit bursal: et cette situation de la chose publique contrastait d'une manière révoltante avec son luxe. Paris ayant ouvert ses portes à Henri IV, ce prince, trompé par les nombreux partisans d'O que ses largesses lui avaient attirés, lui donna le gouvernement de cette ville. D'O mourut en 1594. Sully en parle fort désa`vantageusement.

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OANNES, OANÈS, OU OEN, des dieux des Syriens. On le représentait sous la figure d'un monstre avec deux têtes, des mains et des pieds d'homme, le corps et une queue de poisson. On croyait qu'il était sorti de la mer Rouge, et qu'il avait enseigné aux hommes les arts', l'agriculture, les lois, etc. C'est de là sans doute que Maillet, long-temps voisin de cette mer, a pris son système des poissons transformés en hommes, ou bien des hommes originairement pois

sons.

OATES (Titus), Anglais, né vers 1619, fils d'un tisserand, eut successivement deux espèces d'office ou de curè, dont il fut dépouillé pour crime de faux témoignage. Il s'enfuit d'Angleterre, et feignant d'être catholique, il fut reçu au séminaire

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tionnaire des sciences médicales, dont il était collaborateur, etc., etc., etc.

anglais à Valladolid, mais il ne tarda pas d'en être chassé. Il eut le même sort au séminaire de Saint-Omer, où il fut pendant huit mois. De retour en Angleterre, il forma avec deux scélérats, nommés Tong et Digbey, un projet exécrable. Il accusa juridiquement, en 1678, les catholiques anglais d'avoir conspiré contre la vie du roi Charles II et des protestants anglais de concert avec le pape, les jésuites, les Français et les Espagnols,

pour établir par cet horrible attentat la seule religion catholique en Angleterre.Malgré l'absurdité de l'accusation, les preuves démonstratives de l'imposture, les variations des témoins, milord Stafford, d'autres personnes de mérite et quelques jésuites furent mis à mort, comme convaincus de crime de haute trahison, et l'on donna une pension au scélérat Oatès. Jugement qui nous apprend ce qu'il faut penser de plusieurs autres rendus dans le même pays, pour des sujets et des procédures toutes semblables. Sous le règne de Jacques II, la mémoire des suppliciés fut réhabilitée Oates condamné comme parjure à une prison perpétuelle, à être fustigé par la main du bourreau quatre fois l'année, et mis ces jours-là au pilori. Ce châtiment fut exécuté jusqu'en 1689, que le prince d'Orange s'étant emparé de la couronne d'Angleterre, le fit sortir de prison et lui rendit sa pension. Ce malheu

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