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Cham, son fils, l'ayant trouvé découvert d'une manière indécente, s'en moqua, et en donna avis à ses frères, qui marchant en arrière, couvrirent d'un manteau la nudité de leur père. Noé à son réveil, apprenant ce qui s'était passé, maudit Chanaan fils de Cham (Voyez ces noms), dont les descendants furent dans la suite exterminés par les Israélites, et bénit Sem et Japhet. Ce saint homme vécut encore 350 ans depuis le déluge, et mourut l'an 2029 avant J.-C., à l'âge de 950 ans. La vie de ses descendants est restée beaucoup au-dessous de son terme, tant par une suite naturelle des altérations que la terre avait essuyées dans toutes ses productions, que par une volonté directe du Seigneur, qui resserra les bornes d'une vie dont l'homme avait si étrangement abusé. Voy. MÉNÈS.

+NOÉ (Marc-Antoine de), évêque de Lescar, issu d'une ancienne famille de Gascogne, naquit au château de la Grimaudière,près La Rochelle, en 1724. Il fit ses études à Paris, eut pour maître le célèbre Le Beau, et fut un de ses disciples les plus distingués. Se destinant à l'état ecclésiastique, il fit ses cours de théologie en Sorbonne. Au sortir de sa licence, il devint grandvicaire de Rouen, et fut élu député à l'assemblée du clergé en 1762. Peu de temps après, le roi le nomma à l'évêché de Lescar. Il fut sacré en cette qualité en 1763. Il était à ce titre président des états du Béarn. Il sut joindre au zèle, à la douceur, à la charité d'un pontife, les talents d'un administrateur. Une épizootie effrayante se déclara dans son diocèse. Il sollicite des secours près du trône, et il les obtient. Il offre lui-même des

sommes considérables, et fait un appel à ceux de ses diocésains qui sont en état de donner, et

aux

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maisons religieuses. De prompts et suffisants secours secondent ses efforts généreux. A l'époque de la révolution, il fut nommé député aux états-généraux par les états particuliers du Béarn il s'y rendit. Bientôt il s'aperçut de l'esprit qui allait y régner. Il protesta contre la réunion des trois ordres; et, fidèle à son mandat, il se retira dans son diocèse, dès qu'il crut que les instructions qu'il avait reçues de ses commettants étaient compromises. Bientôt son siége fut supprimé. Un benédictin,nommé Sanadon, professeur de rhétorique à Pau, fut nommé évêque du départem. des Basses-Pyrénées, dans lequel est enclavé Lescar, et le siége fut transporté à Oleron. Cette suppression fut signifiée à M. de Noé. Ses diocésains voulaient résister à l'exécution du décret; il les arrête, fait un mandement contre cette intrusion, et obéit. Il alla d'abord en Espagne. La guerre l'ayant forcé d'en sortir, il se retira en Angleterre. En 1801, il donna la démission de son siége, pour faciliter l'exécution du concordat. Il revint en France, et fut, en avril 1802, nommé évêque de Troyes. A peine eut-il le temps de prendre possession de cet évêché, la mort l'ayant enlevé le 22 septembre de la même année, au moment où il allait, dit-on, être promu à l'une des plus émi nentes dignités de l'Eglise.Quoiqu'il n'ait fait que paraître dans le diocèse de Troyes, il y fut vivement regretté. Il était d'un caractère aimable, et joignait à de grandes vertus, à des talents rares, une modestie encore plus grande et plus rare. Il aimait les

lettres, et les avait cultivées avec fruit. Il savait l'hébreu et le grec, avait étudié à fond les grands modèles de l'antiquité; il leur devait cette élégance de style, cette pureté qui fait le charme du peu d'ouvrages qu'il a laissés. On a de lui: 1° Discours sur le jubilé de 1775. Il est sagement écrit. On ignore s'il a été prononcé, ou seulement distribué comme une instruction pastorale; 1° Discours prononcé Auch, pour la distribution des guidons du régiment du roi, 1781. C'est le chef-d'œuvre de l'auteur. Les pensées en sont nobles et justes, le style grave et élégant, le fond éminemment religieux. Le patiotisme y respire, mais c'est celui qui est fondé sur l'amour de l'ordre et sur la soumission aux lois. 3° Discours sur l'état futur de l'Eglise. Il avait été composé pour être prononcé devant l'assemblée du clergé en 1785. On sut qu'il contenait des idées singulières, qu'il y était question d'un renouvellement de la défection de la gentilité, d'un nouveau règne de Jésus-Christ. Cette doctrine, revêtue d'ailleurs de couleurs séduisantes, présentée sous l'appât d'une attrayante éloquence, se rapprochait trop du millénarisme, pour pouvoir être soufferte. On invita M. de Noé à ne point prononcer son discours. Depuis, il fut imprimé, suivi d'un Recueil de passages sur l'avénement intermédiaire de J.-C., avec des Remarques. Le P. Lambert, défenseur ardent du même système, avait fourni les passages et les remarques au chevalier de Noé, frère de l'évêque de Lescar éditeur du discours. Voyez Dictionnaire des anonymes n° 9446, et LAMBERT.) 4° Lettre pastorale sur l'épizootie, etc. Il l'écrivit au sujet de ce

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fléau, duquel il a été parlé cidessus. Elle est pleine d'onction; c'est le cœur, et un cœur plein du feu de la charité qui y parle. On a vu l'heureux résultat qu'elle obtint. 5° Discours pour la confirmation, prononcé à Londres en 1799. Il fit un grand effet, et a le même genre de mérite que les précédents. 6° Traduction d'un discours de Périclès, conservé par Thucydide, inséré dans la traduction d'Isocrate de l'abbè Auger. 7° des Mandements, parmi lesquels il faut distinguer celui du 10 mai 1791, au sujet de l'élection de l'évêque constitutionnel qui lui succédait. Il y prémunit son troupeau contre les dangers de l'intrusion et des innovations; il y explique les règles de l'Eglise. Tout cela est accompagné des exhortations les plus tendres et les plus paternelles. Il y prédit pour ainsi dire les maux dont depuis ce temps la religion a été affligée. Les souvenirs que M. de Noé avait laissés à Troyes engagèrent l'académie du département de l'Aube à faire de son éloge le sujet d'un de ses concours. Le prix fut remporté par Luce de Lancival, qui lui avait été attaché, et son discours est imprimé. On a réuni les œuvres de ce prélat dans une édition donnée à Londres, 1801, in-12. Il en a été faite une nouvelleà Paris, avec ce titre : OEuvres de M. de Noé, ancien évéque de Lescar,mort évêque de Troyes; contenant ses discours, mandements et traductions, précédés

d'une notice sur la vie et les écrits de ce prélat, avec un facsimile de son écriture, 1818, 1 vol. in 8°. M. de Noé, tandis qu'il était sur le siége de Lescar, avait été un des quatre évêques qui n'adhérèrent point aux actes du clergé de 1765, concernant

la bulle Unigenitus; mais on ne voit de sa part aucune démarche marquante en faveur du parti qui refusa de la reconnaître,

+NOEL DE LA MORINIERE (Simon - Barthélemi - Joseph ), voyageur, naturaliste et icthyographe, naquit à Dieppe, le 16 juin 1765.Après avoir fait de bonnes études, Noël s'occupa de statistique et d'antiquités, mais s'adonna plus particulièrement à l'histoire naturelle des poissons et à la théorie pratique de la pêche. U Voyagea dans tous les ports de l'Europe, en Amérique, et visita les côtes de l'Afrique. Il parlait plusieurs langues étrangères, qui lui facilitaient des communications avec les différents peuples chez lesquels l'amenaient ses recherches. Ses écrits l'ayant fait bientôt connaître avantageusement, plusieurs académies savantes le reçurent dans leur sein, comme celle de Rouen, de Turin, de Paris, de Pétersbourg, de New-Yorck, de Philadelphie, etc., etc., etc. Il fut en outre nommé inspecteur-général des pêches. Le gouvernement français l'ayant envoyé au Cap-Nord pour observer les grandes pêches sur la côte septentrionale de la Norwège, il mourut à Drontheim, le 22 février 1822, âgé de 56 ans. On a inséré une Notice sur Noël dans les Annales mari

times et coloniales, par M. Bajot, 1822, no 4, 2o partie, pages 373. 83. On a de lui: 1o Prospectus de l'Histoire naturelle du hareng et de sa péche, Rouen, 1789, in4o; 2° Histoire naturelle de l'éperlan de la Seine-Inférieure; 3° Premier Essai sur le département de la Seine Inférieure, ouvrage topographique, historique et pittoresque, Rouen, 1795, in-8°; 4o Deuxième Essai sur le département de la Seine-Infe

rieure, 1797, in-8°; 5° Examen comparatif du pouvoir des Parques scandinaves et grecques sur Odin et Jupiter; 6° Tableau historique de la pêche de la baleine, Paris, 1808, in-8°; 7° Lettres sur les avantages qu'il y aurait à transporter et à naturaliser dans les eaux des rivières, des lacs et des étangs, ceux des poissons qui ne se trouvent que dans les uns ou les autres, Rouen, 1801, in-8°; 8° Mémoire sur le projet du canal de Dieppe (indiqué dans La France littéraire, de Ersch, 2o Supplém.); 9° Tableau statistique de la navigation de la Seine, depuis la mer jusqu'à Rouen, contenant les embouchures anciennes et modernes, 1803, in-8°; 9° Histoire générale des péches anciennes et modernes, dans les mers et les fleuves des deux continents, Paris, imprimerie royale, 1815, I vol. en deux tomes in-4°. La mort empêcha l'auteur de continuer cet ouvrage intéressant. Le volume qui a paru contient trois périodes qui embrassent plus de vingt-un siècles, et relatives à la pêche ancienne (grecque et romaine), pêche du moyen dge et pêche moderne. Tout l'ouvrage devait être porté à dix volumes. Le 1er et le 2o ne devaient être qu'une introduction; le 3o aurait renfermé l'histoire des phoques, des morses, des lamentins et de leur pêche; le 4 celle des cétacées; le 5o celle des poissons cartilagineux; les 6, 7, 8 et ge, celle des poissons osseux; le 10° aurait contenu les vues et réflexions de l'auteur sur l'état présent et futur des pèches. Il serait à souhaiter que quelqu'homme éclairé se chargeât de terminer un ouvrage aussi important pour une des branches les plus étendues de commerce et d'utilité publique.

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NOÉMI, femme d'Elimelech, de la tribu de Benjamin, ayant été obligée de suivre son mari dans le pays des Moabites, l'y perdit, et maria ses deux fils Chélion et Mahalon, à Orpha et à Ruth, filles mohabites. Ces deux jeunes époux étant morts sans laisser d'enfants, Noémi résolut de retourner dans la Judée. Ruth ne voulut point la quitter, et elles arrivèrent ensemble à Béthléem, dans le temps que l'on commençait à couper les orges. Ruth alla glaner dans le champ de Booz, homme fort riche, et le proche parent d'Elimelech, qui l'invita à suivre ses moissonneurs et à manger avec ses gens. Ruth, de retour à la maison, ayant appris à Noémi ce qui s'était passé, celle-ci l'avertit que Booz était son proche parent, et elle lui, donna un expédient pour le déterminer à l'épouser. Ruth sui vit le conseil de sa belle-mère, et vint à bout de se marier avec Booz, dont elle eut un fils nommé Obed, qui fut un des ancêtres de J.-C. Voyez RUTH.

NOET, Noetus, hérésiarque du me siècle, fut maître de Sabellius. Il enseigna que J.-C. n'était pas différent du Père; qu'il n'y avait qu'une seule personne en Dieu, qui prenait tantôt le nom de Père, tantôt celui de Fils, qui s'était incarnée, qui était née de la Vierge, et avait souffert sur la croix. Ayant été cité devant les prêtres, il dés

avoua d'abord ses erreurs. Il ne changea cependant pas d'avis, et avant trouvé le moyen de faire adopter ses rêveries par une douzaine de personnes, il les professa hautement, et se fit chef de secte; il prit le nom de Moyse, et donna le nom d'Aaron à son confrère. Ses sectateurs s'appelèrent Noëtiens. Leurs erreurs étaient les mêmes celles de que Praxéas et de Sabellius.

NOGARET. Voy. VALETTE. NOGARET (Guillaume de ), chancelier de Philippe le Bel, qui le chargea d'aller signifier au pape Boniface VIII l'appel au futur concile, des bulles dont le roi se plaignait. Il s'acquitta de sa commission avec beaucoup de hauteur, de dureté (voyez BONIFACE VIII), et d'une manière très propre à faire oublier les torts du pape, quoique, par une injustice devenue générale, on s'obstine à déclamer contre les fautes des pontifes, et qu'on affecte de taire celles des rois. Les prétentions exorbitantes des uns sont-elles donc plus criminelles que les violences des autres? (Voy. GELASE II, LOUIS V empereur, Le NOBLE ). [ Nogaret, accompagné de SciarraColonne, et de trois cents chevaux, s'était rendu à Anagni, où Boniface s'était réfugié, afin de l'enlever et le conduire au concile de Lyon, pour y être jugé : ce pape voulait publier une bulle qui déliait les sujets de Philippe du serment de fidélité. Les habitants d'Anagni défendirent le pontife et repoussèrent la troupe de Nogaret. ] Celui-ci revint en France, où il eut les sceaux en 1307, et la place de chancelier l'année suivante. Il sollicita l'absolution pour les violences qu'il avait commises contre le

pape: il ne l'obtint qu'à condition de passer en la TerreSainte, et de n'en pas revenir;

savante de Vérone, vivait dans le xve siècle, possédait les langues, la philosophie, la théo

mais il mourut avant que de par-logie, et même les pères de l'E

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tir. «S'étant trouvé comme par hasard, dit un historien estimé, » à la rencontre de quelques che» valiers que l'on conduisait à la » mort, un de ceux-ci, qui pas>> sait les autres de la tête, l'aperçut, et lui cria de toutes ses » forces: Considère, indigne mi»nistre, l'effet de tes calomnies, » et de tes injustices criantes; » nous ne pouvons en appeler à ton » maître, puisqu'il est devenu, » avec le pape, notre plus redou » table ennemi; mais nous en appelons auJuge des vivants et des » morts, plus équitable que ceux » qui abusent de son autorité; » c'est à son tribunal que nous te » citons aujourd'hui, poury com» paraitre dans la huitaine. Effet » surprenant de la vengeance di>> vine! Nogaret mourut subite>>ment le huitième jour, sans » avoir été attaqué ni frappé de » personne. » L'historien "dont nous rapportons ici les paroles, ajoute: « Ce n'est ni d'après le » seul Meïer, ni d'après aucun » écrivain ennemi de la France, » que nous rappelons la fin tra» gique de Nogaret; d'autres en » ont parlé. Belle-Forest dit » s'il fut absous par le pape, il » n'échappa pas à la colère de » Dieu, et qu'il périt misérable»ment. L'auteur de la Chroni» que d'Asti, loué pour sa can» deur et sa sincérité par Muratori, et qui était contemporain, rapporte cette mort ainsi que >> nous l'avons racontée : Meier » se trompe en la plaçant à l'an» née 1307; car il est plus que prouvé que Nogaret vivait en»core en 1312. » Voy. MOLAY.

que

NOGAROLA (Isotta ), fille

glise. Le cardinal Bessarion fit exprès le voyage de Vérone pour s'entretenir avec elle. Isotta était en relation avec la plupart des savants de son temps. Ses lettres les charmaient par la profondeur du savoir et par les grâces du style. Elle mourut en 1468, à 38 ans, d'autres disent en 1466, et quelques-uns en 1446. Elle laissa un Dialogue sur la question : « Qui d'Adam ou d'Eve » avait péché le plus grièvement >> en mangeant du fruit défen>> du?» Elle prit le parti de la première femme, contre Louis Foscara, qui défendit vivement le premier, homme, et qui aurait pu mieux employer son temps. [La bibliothèque royale de Paris possède un Recueil de lettres de cette femme distinguée. Elle ne voulut jamais se marier. Paul Maffei, son directeur, lui dédia un Traité de la virginité. Scipion Maffei, de la même famille que le précédent, et auteur de la Mérope, cite Isotta avec éloge, dans sa Verona illustrata.]

NOGAROLA (Louis ), Véronais, d'une famille illustre, se rendit très habile dans la langue grecque, et s'acquit beaucoup de réputation par ses Traductions de plusieurs livres grecs, en latin. Il parut avec éclat au concile de Trente, eut des emplois honorables dans sa patrie, et mourut à Vérone en 1559, âgé d'environ 50 ans. Scipion Maffei place sa mort en 1554. On a de lui divers ouvrages entre autres 1o De Nili incremento dialogus; 2o De viris illustribus, genere italis, qui græce scripse

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