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avait déjà réglé les comptes arriérés des tuteurs. A l'expiratiou des six années assignées à l'emploi de procureur-général, Naville fnt nommé conseiller d'état, et, en 1790, il publia l'Etat civil de Genève, in-8°... « Cet ouvrage offre » un modèle de l'application dela » méthodeanalytiqueà la science » législative. C'est par leurs ef» fets que Naville juge des in»stitutions et des lois civiles de » sa patrie. En rapprochant ses >> recherches des données que les » écrits des jurisconsultes et des >> publicistes lui fournissaient sur » les autres nations, il parvint à » établir que Genève, toute pro» portion gardée, était probable»ment le pays de l'Europe où il » y avait le moins de procès, » celui où la justice coûtait le » moins. De ces effets constatés » de la législation existante, Na>> ville passa à l'examen des prin»cipales lois auxquelles il les » attribue. L'homme d'état et le » jurisconsulte liront toujours » avec fruit les deux chapitres » sur la subhastatation des im» meubles, et celui où l'auteur » décrit ce bureau de concilia» tion volontaire et gratuit, qui » n'abandonne jamais les plai» deurs, depuis le premier juge » jusqu'au tribunal suprême. Cet ouvrage est accompagné de notes, contenant des vues aussi neuves que profondes sur les points les plus difficiles de la jurisprudence. Mallet-Dupan avait tâché de faire adopter en France un bureau de conciliation, lorsque, dans son Mercure du 28 août 1790, il rendit un compte honorable de l'ouvrage de Naville, son compatriote. L'Assemblée constituante discutait alors

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l'organisation judiciaire. La révolution française ayant renversé

la constitution et le gouvernement genevois, en décembre 1792, Naville s'éloigna du barreau, et mena une vie retirée. Quelques mois après, en juillet 1794, il éclata à Genève une violente insurrection. Les meneurs n'ignoraient pas que les membres de l'ancienne magistrature n'avaient pas approuvé le nouvel ordre de choses: on se saisit d'eux et de Naville, ainsi que de plusieurs autres citoyens, qui tous furent entassés dans une prison, et jugés ou plutôt condamnés par un tribunal révolutionnaire. Les qualités personnelles de Naville, les services qu'il avait rendus à sa patrie, la noble éloquence avec laquelle il se défendit devant ses juges illégaux, rien ne put le sauver de la rage de ses persécuteurs, et il entendit prononcer son arrêt de mort, à la majorité d'une seule voix. Il monta à l'échafaud avec courage, et ce zélé et intègre magistrat périt, comme bien d'autres victimes, par le glaive de l'anarchie, le 2 août 1794. Il avait quarante-deux ans.

NAXERA (Emmanuel de), jésuite de Tolède, mort vers 1680, âgé de 75 ans, se distingua dans la société par ses connaissances dans la théologie. I a laissé des Commentaires sur Josué, les Juges et les Rois; des Sermons pour le caréme, in-4°,

etc.

+NEAL (Daniel), théologien anglican, naquit à Londres en 1672 (1), et puisa les principes du presbytérianisme dans une académie de dissenters, dirigée par M. Rowe. A la fin de son éducation, il se rendit en Hol

(1) Watkin's Bibliographical and historical Diction. nary. Le Dictionnaire universel historique (Prudhomme) dit eu 1678.

lande, et séjourna à Utrecht et à Leyde. En 1706, il fut élu pasteur d'une congrégation d'indépendants; il mourut en avril 1743. On a de lui: 10 une Histoire de la Nouvelle-Angleterre, 2 vol. in-8°; 2° une Histoire des puritains, 4 vol. in-8°. Maddox, depuis évêque de Worcester, attaqua cette histoire par un écrit intitulé : Vindication of the church of England, against Neal's history of the puritains. Nal y répondit. 3o Des Sermons, dont plusieurs contre l'Église romaine, prêchés à Old-Jewry lors de la fondation, faite à cet effet par les non-conformistes en 1735. L'Histoire des puritains a eu une seconde édition, donnée par Toulmin. Ce docteur entreprend d'y répondre non-seulement à Maddox, mais encore à Warburton et Gray, qui avaient fait la critique de cette

histoire.

NÉANDER (Michel), théologien protestant, recteur d'llfeldt en Allemagne, mort en 1595, à 70 ans, fut auteur de divers ouvrages : 1o Erotemata linguae græcæ, in-8°; 2° Grammaire hebraïque, in-8°; 3° Pindarica aristologia et aristologia Euripidis, Bâle, 1556, in-8°; 4 Gnomologia e Stobeo confecta, in-8°; 5° des Editions de plusieurs auteurs grecs, etc. (Voyez le 30° vol. de Nicéron.) Ce savant possédait bien les langues. Il ne faut pas le confondre avec Jean NÉANDER, médecin de Brême, auteur d'un livre curieux et peu commun, intitulé Tabacologia, Leyde, 1622, in-4°; c'est une description du tabac, avec des réflexions sur l'usage qu'on peut en faire dans la médecine.On a encore de lui: 1° Sassafrologia, 1627; 2° Syntagma in quo medicinæ laudes, natali

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NÉARQUE (Nearchus), l'un des capitaines d'Alexandre le Grand, qui l'envoya naviguer sur l'océan des Indes, avec Onesicrite. En côtoyant les bords de la mer, depuis l'embouchure de l'Hydaspe jusqu'à celle de l'Indus, et de là, jusque dans l'Euphrate, il parvint jusqu'à Harmusia, aujourd'hui Ormus. Alexandre n'en était qu'à cinq journées. Néarque le joignit, et en fut récompensé d'une manière digne de ses travaux. On a de lui, Relation de sa navigation. Elle est très-curieuse. [ Les plus savants géographes modernes, tels que Vincent, Gosselin et Mamert, font l'éloge de l'exactitude géographique de cette relation.}

NEBRISSENSIS. V. ANToine. NÉCESSITÉ, divinité allégorique, fille de la Fortune, était adorée par toute la terre. Sa puissance était telle, que Jupiter luimême était forcé de lui obéir. Personne n'avait droit d'entrer dans son temple à Corinthe. On la représentait toujours avec la Fortune sa mère, ayant des mains de bronze, dans lesquelles elle tenait de longues chevilles, de grands coins d'airain, des crampons et du plomb fondu. Horace la peint pittoresquement dans

ces vers:

Te semper anteit sæva Necessitas, Clavos trabales et cuneus manu

Gestans abena, nec severus
Uncus abest liquidumque plumbum.

NECHAO Ier, ou plutôt Néchos, ainsi que le suivant, roi d'Egypte, commença à régner l'an 691 avant J.-C., et fut tué huit ans après par Sabacon, éthiopien. Psammitique, son fils, lui succéda, et fut père de Néchao II, qui suit.

roi

NECHAO II, roi d'Egypte, appelé Pharaon Néchao dans l'Écriture, était als de Psammitique, auquel il succéda au trône d'Egypte, l'an 616 avant J.-C. Ce prince, dès le commencement de son règne, entreprit de creuser un canal depuis le Nil jusqu'au golfe d'Arabie, mais il fut obligé d'abandonner cet ouvrage, à cause du nombre prodigieux d'hommes (cent vingt mille) qui y étaient péris. I équipa plusieurs flottes, qu'il envoya découvrir les bords de la mer Rouge et de la mer Méditerranée. Ses vaisseaux coururent dit-on, la mer Australe, et ayant poussé jusqu'au détroit appelé Gibraltar, ils entrèrent dans la Méditerranée, et revinrent en Egypte trois ans après leur départ. On a de la peine à croire qu'on ait osé dans ce temps-là entreprendre de si longues et si périlleuses navigations; mais si l'on considère que ces observateurs ne firent que longer les côtes, et qu'ils mirent trois ans à tourner l'Afrique, l'histoire de ce voyage, rapportée par Hérodote, devient vraisemblable. Néchao, jaloux de la gloire de Nabuchodonosor, qui avait envahi l'empire d'Assyrie, s'avança vers l'Euphrate pour le combattre. Comme il passait sur les terres de Juda, le pieux Josias, qui était tributaire du roi de Babylone, vint avec son ar

mée pour lui disputer le passage. Néchao, qui n'avait rien à démêler avec le roi de Juda, lui envoya dire que son dessein était d'aller du côté de l'Euphrate, et qu'il le priait de ne pas le forcer à le combattre. Mais Josias n'eut aucun égard aux prières de Néchao. Il lui livra bataille à Mageddo, sur la frontière de la tribu de Manassès, et il la perdit avec la vie. Le roi d'Egypte continua sa route, acheva heureusement son entreprise contre les Assyriens; mais il fut vaincu à son tour par Nabuchodonosor, qui le resserra dans ses anciennes limites. Il mourut l'an 600 avant J.-C.

NECKAN, NEQUAM, OU NEKAM (Alexandre), théologien anglais, étudia à Paris, et voulut entrer dans l'abbaye de Saint-Alban; mais ayant reçu quelques mécontentements de l'abbé, il se fit chanoine régulier, et fut nommé à l'abbaye d'Excester. Il y mourut en 1227. On a de lui en latin 1o des Commentaires sur les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, et les Evangiles; 2o un traité De nominibus ustensilium; un autre des Vertus; 3o un De naturis rerum.

+NECKER (Charles-Erédéric de Cuttrin), né vers 1700, fut professeur de droit en Allemagne, vint se fixer à Genève, où il exerça le même emploi dans l'académie de cette ville, qui lui accorda les droits de bourgeoisie en 1724 : il y mourut en 1760. Il a publié 1o Lettres sur la discipline ecclésiastique ( au nombre de quatre ), Utrecht, 1740, in-12; 2° Description du gouvernement présent du corps germanique, Genève, 1742, in-8°, dans la Tempe helvetica, tom. 6;

:

1

3o Responsio ad quæstionem, Quis sit verus sensus commatis; Salus populi suprema lex esto.

+NECKER (Louis ), fils aîné du précédent, naquit à Genève en 1730, vint jeune à Paris, où il fit ses études et apprit les mathématiques sous le fameux d'Alembert. En 1757, il était professeur de cette science à Genève; revint à Paris, se livra au commerce, sous le nom de Germany, en société avec les banquiers Girardot et Haller; passa à Marseille en 1762, et neuf ans après, il retourna à Genève, où il est mort vers 1795. On a de lui: Theses de electricitate, 1747, in-4°. Il rédigea pour l'Encyclopédie les articles forces et frottements; et on trouve aussi de lui dans le tome 4o des Mémoires des savants étrangers, une savante solution d'un problème d'algèbre.

+NECKER (Jacques), ministre de Louis XVI, et frère du précédent, naquit à Genève en 1732. Après y avoir été pendant quelques années commis d'un négociant suisse, il vint à Paris pour chercher de l'emploi, et, aidé par son frère Louis, il entra chez le banquier Thélusson. Sans un heureux hasard qui fut le premier mobile de sa fortune, il aurait peut-être langui dans l'obscurité. Il remplaça un jour le premier commis de Thélusson, chargé de négociations à la Bourse. Il s'agissait d'une opération majeure, et Necker la termina si heureusement, que même en s'écartant des instructions qu'il avait reçues du banquier, il lui procura un bénéfice de 500,000 livres. Il reçut en récompense 12,000 livres. Peu à peu il obtint toute la confiance de Thélusson, qui le fit son associé. La fortune de Necker s'avança rapidement,

et en moins de 15 ans il se vit possesseur d'une somme de six millions. Selon les uns, il l'amassa par des spéculations adroites; il la dut, selon d'autres, à des traités frauduleux avec la compagnie des Indes, et surtout à des négociations sur les fonds anglais au moment de la paix de 1763, dont Favier, employé aux affaires étrangères, l'avertit d'avance. Devenu riche, il chercha à s'élever, et afin de se faire connaître un peu avantageusement, il publia en 1769 sur la Compa gnie des Indes, un ouvrage où il défendait cette compagnie, et rappelait les services importants qu'elle avait rendus à l'état. Il était en cela en opposition avec l'abbé Morellet et M. Lawetelle, qui attaquaient les priviléges exclusifs de la compagnie, et réclamaient la liberté du commerce. Quelque analogues que fussent ces principes avec l'esprit public, le système de Necker lui fit de nombreux partisans. Cependant son écrit, plein de jactance, n'offre que des connaissances superficielles. A cet ouvrage en succéda un autre du même auteur, intitulé: Législation des blés, qui a le même mérite que le premier, et dont le seul but était d'attirer l'attention des personnes de haut parage. A travers les incorrections et la prétention du style, on y remarque un ton philosophique et de philantropisme qui le fit bien accueillir par le vulgaire des lecteurs. Aussi Necker, en popularisant ses idées, accoutuma les classes les moins instruites à parler finances, de même que les Voltaire, les Diderot, etc., les avaient accoutumées à parler philosophie. Il avait publié, en 1773, un Eloge

de Colbert, qui lui avait acquis une certaine réputation littéraire. Il fut employé comme premier commis des finances sous Turgot et sous Clugny. Le pre. mier ayant été disgracié, Necker sut profiter de la dissipation où le second vivait, en remettant à M. de Maurepas des Mémoires dans lesquels il exagérait les ressources jusqu'alors inconnues de la France. La fortune rapide de Necker semblait constater sa capacité dans les affaires. Il avait intéressé en sa faveur le marquis de Pezay, qui, sans occuper aucune place, exerçait une grande influence sur tous les ministères, et à la fin de 1776, après la mort de Clugny, il fut adjoint à Taboureau-des-Réaux, contrôleurgénéral. Le ministre Maurepas, accablé par l'âge et naturellement insouciant, ne voulant cependant pas renoncer au pouvoir auquel il était attaché par une longue habitude, crut se former

une créature soumise et reconnaissante dans Necker; il favorisa son élévation. Taboureau, au bout de huit mois, fut contraint de céder sa place à l'adroit Génevois, le 10 juillet 1777. Il faut avouer qu'il fut mis à la tête des finances à l'époque la plus difficile; mais cette même observation prouve l'ambition présomptueuse de Necker. Son principal soin avait toujours été de se rendre populaire, et pour ne point perdre sa popularité, il n'osait, dans les nouvelles dépenses qu'entraînait la guerre de l'Amérique, recourir aux impôts. Il essaya d'y suppléer par les emprunts et les réformes, sans songer que, la classe indigente ne vivant que des richesses des particuliers, en adoptant ces moyens il finirait par ruiner l'état, et ac

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cabler ce même peuple qu'il voulait caresser. Les innovations du nouveau contrôleur furent sévè→ rement censurées, et notamment par Turgot. « On reprochait à »Necker, dit un écrivain, une » extrême prédilection pour la » caisse d'escompte; on repré>> sentait la suppression des re» ceveurs-généraux comme un » moyen perfide de mettre le mo»narque sous la tutelle des fi»nanciers; la suppression des >> trésoriers, comme le renou» vellement d'une conception » de l'Ecossais Law, dont le » souvenir se liait aux plus af» freux désastres; la réforme de » la maison du roi, comme l'at» tentat d'un esprit républicain » contre la majesté du trône; les >> emprunts comme un expé» dient propre à ruiner l'état, >> en lui créant des ressources >> illusoires et passagères, et qui » imposerait des charges perpé»tuelles aux générations futu» res, ou réduirait le monarque » à l'affreuse nécessité d'une ban» queroute. » Et tous ces expédients faisaient présager des malheurs qu'une triste expérience a réalisés. En 1781, Necker fit paraître le Compte rendu de son administration, qu'on appela avec assez de justesse le Compte bleu, par allusion à la couleur du papier dont ce compte était couvert. En même temps, il renouvela, d'après Turgot, le projet des asssemblées provinciales, qui allarmait les partisans de la monarchie. Mais Necker était esprit-fort, et s'il avait de puissans ennemis, il ne manquait pas non plus de zélés défenseurs parmi les gens irréligieux, « qui regardèrent son élévation comme une des conquêtes de la philosophie. » Enivré de ses succès, il

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