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monde, il dirigea, pour résister à la coalition, les salpétrières, les poudrières, fonderies de canons et autres établissements de la république, au moment où elle semblait dépourvue de tout moyen de défense. Ces savants ignoraient-ils que l'emploi de leurs lumières ne servait qu'à prolonger l'anarchie et à perpétuer les échafauds? Dans des temps un peu plus calmes, on établit l'École normale, dont Monge fit partie, et c'est alors qu'il put faire adopter sa géométrie descriptive, éminemment utile pour le perfectionnement de la main-d'œuvre dans les arts, la simplification des machines, etc. Sa nouvelle doctrine embrassait la charpenterie, la coupe des pierres, le défilement, la perspective linéaire, la distribution de la lumière et des ombres. Il donna plus de développement à ces avantages, et en ajouta de nouveaux dans l'École polytechnique qu'il fonda, secondé par Berthollet, GuytonMorveau et les députés Carnot, Fourcroy et Prieur. Chargé, en 1796, par le directoire, d'aller recueillir les chefs-d'œuvre dont Buonaparte avait dépouillé l'Italie, il facilita, par des moyens mécaniques de son invention, le déplacement de ces objets. L'année suivante, il vint, avec le général Berthier, apporter au directoire le traité de Campo-Formio,que Buonaparte avait conclu avec l'Autriche. Il suivit celuici, en 1798, en Egypte, avec Berthollet et d'autres savants. Il fut le premier à observer, dans le désert, le mirage, phénomène qui se reproduit dans ces contrées, qu'un soleil brûlant rend arides Monge en assigna les causes et en décrivit les effets.

TOME XII.

Tous les monuments de l'antique Egypte furent soumis par lui à un scrupuleux examen : les pyramides, l'obélisque, les ruines d'Héliopolis, les débris historiques épars dans la BasseEgypte, les mékias, puits destinés à mesurer les eaux du Nil et construits par le calife Al-Mamountji. Il fut nommé président de l'institut fondé au Caire par Buonaparte; et, lors de la révolte de cette ville, Monge, à la tête des autres savants, défendit, l'épée à la main, ce dépôt des sciences européennes : c'est la tâche la plus difficile qu'eurent à remplir ces savants pendant leur séjour en Egypte. S'étant ensuite rendu à Suez, il chercha les vestiges du canal qui devait communiquer par le Nil à la mer Rouge. De retour en France, il fut chargé de coordonner les Mémoires sur l'Egypte, rédigés par lui et par ses collègues. Tous les honneurs l'attendaient à Paris. Nommé d'abord membre du sénat, Napoléon lui

donna ensuite la sénatorerie de Liége, avec le titre de comte de Peluse. Il le décora, peu de temps après, du grand cordon de la Légion-d'Honneur et de l'ordre de la Réunion, lui assigna une dotation en Westphalie; et enfin il lui fit présent, en 1813, d'une somme de 200,000 livres. Les désastres de Moscou affligèrent vivement Monge,et plus encore la chute de Napoléon La dissolution de l'Ecole polytechnique porta le dernier coup à sa santé, auquel vint se joindre le décret de bannissement contre les conventionnels qui avaient signé la mort de Louis XVI, et sa radiation de l'institut. A chacune de ces sinistres nouvelles, il avait eu une attaque d'apoplexie, et il

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mourut enfin le 18 juillet 1818, âgé de 72 ans. Berthollet prononça sur sa tombe un discours funèbre, et M. Dupin a publié un Essai historique sur les services et les travaux scientifiques de Monge, Paris, 1819, in-4°. Monge était un homme probe, affable et bienfaisant; mais s'il avait eu le courage de quitter plus tôt l'emploi de ministre que lui avait confié l'anarchie, et qu'il se fût contenté de l'honorable titre de savant, il n'aurait pas signé un jugement inique, et son nom serait allé sans tache à la postérité. Son caractère porté à l'enthousiasme lui fit regarder Buonaparte comme une idole qu'il adorait de bonne foi. Madanie Roland prit sa bonhomie naturelle et sa timidité dans la société pour du ridicule; elle fit de ce savant une grotesque caricature; mais ce n'est pas la première fois que cette femme auteur offre des tableaux infidèles. Monge a travaillé à plusieurs journaux scientifiques, et a donné différents Mémoires sur le feu, sur l'attraction, sur les poids et mesures, etc.; il a laissé en outre 1° Observations sur la fontaine de Moïse ( dans la description de l'Egypte), tom: 1er, in-fol; 20 l'Explication du miracle dans la décade égyptienne, tom. 1); 3° Traité élémentaire de statique, Paris, 1786, 5e édition, 1813, in-8°; 4o Description de l'art de fabriquer les canons, Paris, an 2, (1794), in-4°, avec soixante planches; 5° Leçons de géométrie descriptive, Paris, an 3 (1795); 3e édition, 1813, in-8°; 6 Application de l'analyse à la géométrie des surfaces du premier et du deuxième degré, Paris, 4 édit., 1803, in-4°.

MONGIN (Edme), né à Baro

ville, dans le diocèse de Langres, en 1668, fut précepteur du duc de Bourbon et du comte de Charolais. Il mérita, par ses talents pour la chaire, l'évêché de Bazas en 1724. C'était un homme d'esprit et de goût. Ces deux qualités se font remarquer dans le recueil de ses OEuvres, publié à Paris en 1745. Cette collection renferme ses Sermons, ses Panegyriques, ses Oraisons funèbres, et ses Pièces académiques. Ce prélat mourut en 1746 à Bazas. On trouve son éloge dans le recueil de d'Alembert.

MONGODIN (André-Jacques), prêtre et curé, mérite une place entre les hommes illustres avec beaucoup plus de raison que tant de guerriers qui ont désolé la race humaine, et tant de beaux esprits, qui l'ont empoisonnée de leurs erreurs ou amusée par des sottises d'un jonr. Né de parents pauvres, mais d'une condition honnête, il embrassa l'état ecclésiastique, et y porta les lumières convenables. Après s'être distingué pendant son vicariat par un zèle infatigable, il fut, à la demande et aux vœux unanime de la paroisse, nommé recteur, ou curé de Saint-Aubin, dans la ville de Rennes. Au moment de son installation, la fondation de rente pour les pauvres n'était que d'un écu, et à sa mort, arrivée vingt ans après, il en a laissé une d'environ 700 livres constituée en leur faveur. Il ne souffrit jamais qu'on fît des quêtes dans sa paroisse pour les pauvres; et forsque le parlement permit à celles de Rennes de faire des emprunts, il ne consentit point que la sienne en fit il pourvut lui-même à ses besoins; ses dîmes y étaient

employées. « Mon revenu, disait» il, appartient aux malheureux; » je suis leur caissier, qu'ils » viennent chez moi retirer ce » qui leur est dû. » Il se trouva quelquefois dans des moments de disette, et, n'ayant rien à donner, il partagea avec eux son repas. Enfin, épuisé par des travaux vraiment apostoliques, et l'activité d'une charité intelligente, généreuse, sans partialité et sans exception, toujours attentif, autant que les circonstances le permettaient, à cacher ses œuvres, il mourut en 1775 dans son confessional, en réconciliant les pécheurs avec Dieu : mort plus glorieuse aux yeux du vrai sage que celle des héros profanes qui expirent sur un champ de bataille, couverts du sang de leurs frères. Ses paroissiens lui ont dressé un monument avec cette inscription simple, mais touchante et énergi

que :

Hic jacet
Andreas Jacobus Mongodin
Hujus parochiæ rector,
Cleri diocesani procurator;
Virtute, consilio, exemploque potens,
Pauperum pater, pauper ipse,
Ut divinæ Providentiæ, subsidio,
Egenis alimenta, vestes abunde suffecit;
Hanc sacram ædem

Refecit, ampliavit, exornavit;
In sacro pœnitentiæ tribunali sedens
Animam Deo reddidit.

+ MONIGLIA (Le P. ThomasVincent), savant théologien de l'ordre de St.-Dominique, naquit à Florence le 18 août 1686. I alla faire ses études à Pise et revint ensuite à Florence, où il embrassa la vie religieuse dans le Couvent de Saint-Marc. Ses talents le firent bientôt remarquer de ses supérieurs, qui le chargèrent d'enseigner la philosophie; mais cette charge, en lui donnant la faculté de parcourir les écoles publiques, le perdit.

Henri Newton, ambassadeur d'Angleterre près du grand-duc de Toscane, ayant eu occasion de l'y connaître, lui persuada de passer à Londres, où, disaitil, il jouirait d'une considération qu'il ne pourrait jamais obtenir en Italie. Le jeune religieux se laissa séduire, et abandonna sa patrie et son ordre pour passer en Angleterre; mais son espoir fut loin de s'y réaliser; après avoir épuisé toutes ses ressources, il fut obligé d'accepter chez un lord l'emploi de précepteur. Le grand-duc ayant eu connaissance de sa triste position, obtint de l'ordre le pardon de ses erreurs, et Moniglia revint en Italie, où il fut reçu par ses confrères avec une bonté qui augmenta son regret de les avoir quittés. Bientôt après, il fut adjoint au préfet de la bibliothèque

de Casanate, le savant Minorelli. Il sut profiter des connaissances de ce docte vieillard, et lorsque ses supérieurs le rappelèrent à Florence, il leur parut digne de succéder au P. Orsi dans la chaire de théologie. Ses talents le firent connaître à toute l'Italie, et Benoît XIV, ainsi que le duc François, l'honorérent de leur estime et le comblèrent de bienfaits. Il ne s'était pas borné à l'étude de la théologie; il possédait les langues savantes, avait de grandes connaissances en mathématiques et dans l'histoire naturelle, et, ce qui est bien plus précieux, toutes les vertus de son état. Ce savant religieux mourut à Pise le 15 février. 1767. Il a laissé : 1o De origine sacrarum precum Rosarii B. M. V. dissertatio, Rome, 1725, in-8°. Le père Moniglia écrivit cette dissertation par or

dre de ses supérieurs; elle est dirigée contre les bollandistes, qui prétendaient que saint Dominique n'était point l'auteur des prières du Rosaire. 2o De annis Jesus-Christi servatoris, et de religione utriusque Philippi Aug. dissertationes duæ, Rome, 1741, in-4°. Elles sont dédiées au grand duc François, qu'elles disposèrent favorablement à l'égard de l'auteur. 3° Dissertazione contro i fatalisti, deux parties, Lucques, 1744; 4° Dissertazione contro i materialisti ed altri increduli, 2 vol., Padoue, 1750; 5° Osservazioni criticofilosofiche contro i materialisti, divise in due trattati, Lucques, 1760. Moniglia fut un des premiers qui, en Italie, s'élevèrent contre les doctrines philosophiques. 6o La mente umana spirito immortale, non materia pensante, 2 vol., 1766. Il avait entrepris l'histoire des anciennes villes de Toscane; il a aussi beaucoup écrit sur l'introduction et les progrès de la religion catholique dans les Indes, particulièrement en ce qui concernait la mission à la Chine du cardinal de Tournon, dont il prit la défense. On a sa Vie écrite par monsignor Fabroni, et insérée dans ses Vitæ Italorum. Ce célèbre écrivain a d'autant moins cru devoir y dissimuler ce que la conduite de Moniglia avait eu de fautif, que cette erreur de jeunesse, expiée par le repentir, est plus que couverte par le long exercice des vertus veligieuses de nobles travaux, et par de grands services rendus à la religion et aux Jettres.

par "

MONIN (Jean-Édouard du), natif de Gy, dans le comté de

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Bourgogne, a publié, sous le règne de Henri III, des Poésies latines, 1578 et 1579, 2 vol. in8°; et françaises, 1582, in-12. On a encore de lui deux tragédies imprimées, l'une sous le titre du Quaréme de du Monin Paris, 1584, in-4°; l'autre sous celui de Orbec-Oronte, dans le Phoenix de du Monin, 1585, in-12. Il donnait de grandes espérances lorsqu'il fut assassiné en 1586, à 29 ans. On le regardait non seulement comme un génie précoce, mais comme un des meilleurs esprits de son siècle. On ne partage guère ce jugement, quand on lit les vers de du Monin. Ils sont si obscurs, si plats, si traînants, si défigurés par une érudition pédantesque, qu'on ne trouve pas étrange qu'à son âge il eût enfanté de telles productions. Voétius a prétendu que le cardinal du Perron avait eu part au meurtre de ce jeune homme, pour se venger de quelques mauvaises satires : calomnie atroce avancée sans preuve et sans vraisemblance par cet écrivain téméraire et emporté.

MONIQUE (Sainte), née en 332, de parents chrétiens, fut mariée à Patrice, habitant de Tagaste en Numidie, avec lequel elle eut deux fils et une fille. Elle convertit son mari, qui était païen, et obtint par ses prières et par ses larmes la conversion de saint Augustin, son fils aîné, qui était engagé dans les plaisirs du siècle et dans les erreurs du manichéisme. Après avoir enfanté ce cher enfant à l'Église et à la religion, elle mourut en 387 à Ostie, où elle s'était rendue avec lui pour passer en Afrique. L'Eglise célèbre la fête de sainte

Monique le 4 jour de mai. Par une application ingénieuse et touchante, on lit à l'évangile de la messe la résurrection du fils de la veuve de Naïm. L'oraison Deus mærentium consolator, etc., est pleine d'onction et de la plus tendre piété.

MONMOREL(Charles LeBourg de), né à Pont-Audemer, fut fait aumônier de la duchesse de Bourgogne en 1697. L'abbaye de Lannoi fut la récompense de son talent pour la chaire, autant que l'effet de la protection de madame de Maintenon. Nous avons de lui un recueil d'Homélies estimées, sur les évangiles des dimanches, des jours du carême, et des mystères de J.-C. et de la sainte Vierge. Cette collection, précieuse aux curés de campagne et même à ceux des villes, forme 10 vol. in-12. L'auteur écrit avec simplicité, avec précision, et ne s'éloigne guère de la méthode et du style des saints pères, dont il place à propos les plus belles sentences. Nous ignorons l'année de

sa mort.

MONMORENCI. Voyez MONT

MORENCY.

MONMOUTH. Voyez MONT

MOUTH.

MONNEGRO, OU DE TOLÈDE OU DE TOLÈDE (Jean-Baptiste), sculpteur et architecte, mort en 1590, dans un âge fort avancé, à Madrid, lieu de sa naisance, s'est fait une grande réputation en Espagne par son habileté. C'est lui qui fit bâtir, par ordre de Philippe II, l'église de l'Escurial, sous l'invocation de saint Laurent. Les statues des six rois qu'on voit sur la façade de ce temple sont aussi l'ouvrage de son ciseau.

MONNIER (Pierre Le),né dans les environs de Lille, vers l'an

1552, mort vers l'an 1615, parcourut diverses contrées de l'Europe, et particulièrement l'ltalie. A son retour, il publia une Description des monuments tant anciens que modernes qu'il avait observés dans ses voyages, Lille, 1614, in-12.

MONNIER (Pierre Le), né auprès de Vire, d'une famille honnête, mérita par ses talents une chaire de philosophie au collége d'Harcourt à Paris. L'académie des sciences se l'associa, et le perdit en 1757, à 82 ans. Ou a de lui, Cursus philosophicus, 1750, en 6 vol. in-12. Ce cours a eu du succès; ou l'a dicté dans plusieurs colléges de province. L'on y trouve non-seulement les notions géométriques nécessaires à tout physicien, mais encore les questions de physique traitées avec assez d'étendue, et pour l'ordinaire avec méthode et clarté. Son système général est le cartésianisme corrigé, étayé de faits supposés,si communs à tous les faiseurs d'hypothèses, qui supposent toujours ce qu'il faudrait démontrer, et qui élèvent souvent des colosses dont les pieds sont d'argile, semblables à ceux de la statue que Nabuchodonosor vit en songe. L'académie, dont Le Monnier était nembre, lui doit aussi des Mémoires.-Pierre-Charles et LouisGuillaume Le MONNIER, deux fils (le premier, professeur de philosophie au College royal, et savant astronome; le second, médecin ordinaire du roi à SaintGermain-en-Laye), tous deux de l'académie des sciences, ont hérité de ses connaissances et les ont perfectionnées.

ses

MONNOYE (Bernard de la), né à Dijon en 1641, fit paraître dès son enfance de grandes dis

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