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se fit recevoir avocat, et se livra à la poésie. Il travailla pour le théâtre italien, et il y donna quelques pièces remplies de traits d'esprit, mais mal dialoquées et mal conduites. Dégoûté du théâtre par la religion, suivant les uns, et par trop de sensibilité à la critique, suivant les autres, il fit une satire contre cet art qui l'avait occupé pendant long-temps. Boileau, à qui il marqua ces sentiments, les approuva. Monchesnay était de la société de ce fameux satirique; mais ayant fait imprimer ses Satires nouvelles, 1698, que ce poète ne goûta pas, leur liaison se refroidit. «ll me vient >> voir rarement, disait Boileau, » parce que quand il est avec » moi, il est toujours embar»rassé de son mérite et du »mien.» Propos où l'égoïsme de Boileau se montre au moins égal à celui de Monchesnay. Le théâtre n'étant plus une ressource pour lui, et la médiocrité de sa fortune ne lui permettant pas de rester à Paris, il se retira en 1720 à Chartres, où il mourut le 16 juin 1740, dans sa 75 année. Plusieurs de ses poésies, qui consistent en Epitres, en Satires, et en Epigrammes imitées de Martial n'ont pas vu le jour. [ Les cinq comédies de cet auteur se trouvent dans le Théâtre de Gherardi : elles sont passables, comparées avec les autres de ce recueil.] Il est encore auteur du Bolæana, ou Entretiens de M. de Monchesnay avec Boileau. Si cet ouvrage est vrai dans toutes ses parties, il donne une assez mauvaise idée du caractère de Boileau; et s'il est faux, il ne doit pas faire juger avantageusement de la probité de Monchesnay. On trou

ve l'éloge de Monchesnay dans le Mercure, septembre 1740. MONCHRÉTIEN. Voy. MONT

CHRESTIEN.

MONCHY (Charles de), connu sous le nom de maréchal d'Hocquincourt, était d'une noble et ancienne famille de Picardie, féconde en personnages de niérite. Il se signala par sa valeur dans plusieurs siéges et batailles, à la Marfée et à Villefranche en Roussillon. I commanda l'aile gauche de l'armée française à celle de Rhetel en 1650. Cette journée lui valut, l'année suivante, le bâton de maréchal de France. Il défit les Espagnols en Catalogne, et força leurs lignes devant Arras; mais, sur quelques mécontentements qu'il prétendait avoir reçus de la cour, il se jeta dans le parti des ennemis, et fut tué devant Dunkerque, de trois coups de mousquet, l'an 1658, en voulant reconnaître les lignes de l'armée française.

MONCHY. Voyez MOUCHY

MONCK (George), duc d'Albemarle, né en 1608, d'une famille noble et ancienne, se signala dans les troupes de Charles Ier, roi d'Angleterre; mais ayant été fait prisonnier par le chevalier Fairfax, il fut mis en prison à la Tour de Londres. Il n'en sortit que plusieurs années après, pour conduire un régiment contre les Irlandais catholiques. Après la mort tragique de Charles Ier. Monck eut le commandement des troupes de Cromwel en Ecosse. Il soumit ce pays; et la guerre de Hollande étant survenue, il remporta en 1653, contre la flotte hollandaise, une victoire, où l'amiral Tromp fut tué. Cromwel étant mort en 1658, le général Monck fit pro

clamer protecteur Richard, fils de cet usurpateur. Charles II, instruit de ses dispositions favorables à la famille royale, lui écrivit pour l'exciter à le faire rentrer en Angleterre. Le géné ral Monck forma aussitôt le dessein de rétablir ce prince sur le trône. Après avoir dissimulé quelque temps pour prendre des mesures plus efficaces, il se met en 1660 à la tête d'une armée attachée à ses intérêts, entre en Angleterre, détruit par ses lieutenants les restes du parti de Cromwel, pénètre jusqu'à Londres, où il casse le parlement factieux, en convoque un autre, et lui communique son dessein. On s'y porte avec enthousiasme; Londres se déclare en faveur de son légitime souverain Monck le fait proclamer roi, et va au-devant de lui à Douvres, lui porter le sceptre qu'il lui a rendu. Charles II, pénétré de la plus vive reconnaissance, l'embrassa, le fit général de ses armées, son grand-écuyer, conseiller d'état, trésorier de ses finances, et duc d'Albemale. Le général Mouck continua de rendre les services les plus importants au roi Charles II. II mourut comblé d'honneur et de biens en 1679, Charles qui lui devait sa couronne le fit enterrer à Westminster, au milieu des rois et des reines d'Angleterre. On a de lui des Observations politiques et militaires, Londres, 1671, infol., en anglais. Sa Vie, écrite par Thomas Gumble, in-8°, en anglais, a été traduite en français par Guy-Miége, in-12. On aperçoit dans toute la conduite de ce général un politique adroit qui, si l'on en excepte la lâcheté qu'il eut de reconnaître et de servir Cromwel, n'enfanta que

des projets avoués par la politique, ou ordonnées par les cir

constances.

MONCONYS (Balthasar ) était fils du lieutenant-criminel de Lyon, où il naquit en 1611. Après avoir étudié la philosophie et les mathématiques, il voyagea dans l'Orient, pour y chercher les traces de la philosophie de Mercure Trismégiste et de Zoroastre. Ses recherches n'ayant pas satisfait sa curiosité, ces philosophes asiatiques étant plus célèbres et plus grands en Europe que dans leur pays, il revint en France, et mourut à Lyon en 1665. [11 fut précepteur du fils du duc de Luynes, qui l'avait envoyé à Rome, pour une négociation importante il la termina avec succès, et parcourut ensuite l'Europe avec son élève. Monconys avait beaucoup d'érudition, et il se fit estimer des savants, surtout des amateurs de la chimie. ] Ses Voyages ont été imprimés en 3 vol. in-4°, Paris, 1695, et en 5 vol. in-12. Ils sont plus utiles aux savants qu'aux géographes. L'auteur s'est plutôt attaché à remarquer les choses rares et recherchées qu'à donner des descriptions topographiques. Le style en est traînant, et n'anime pas le lec

teur.

MONCRIF (François-Augustin Paradis de), secrétaire des commandements de M. le comte de Clermont, lecteur de la reine, l'un des quarante de l'académie française, naquit à Paris d'une famille honnête en 1687, et y mourut en 1770. Ses principaux ouvrages sont : 1. Essai sur la nécessité et sur les moyens de plaire, plusieurs fois réimprimé in-12. Production agréablement et finement écrite, mais d'un

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MONDONVILLE (Jeanne de Juliard, dame de ), fille d'un conseiller au parlement de Toulouse, fut distinguée de bonne heure par sa beauté et son esprit. Recherchée par divers seigneurs, elle épousa en 1646 Turles, seigneur de Mondonville. Ayant perdu son époux, elle se mit sous la direction de l'abbé Ciron, et forma le projet d'employer ses biens à la fondation d'une congrégation, dont l'abbé Ciron dressa les statuts et les règlements. Ce nouvel institut fut confirmé par un bref d'Alexandre VII, en 1662, et autorisé de lettres-patentes en 1663, Peu de temps après, ces Constitutions furent imprimées avec l'approbation de dix-huit évêques et de plusieurs docteurs. C'est cet institut si connu sous le nom de Congrégation des Filles de l'Enfance. Il avait déjà formé des établissements dans plusieurs diocèses, lorsqu'on prétendit qu'il servait d'asile à des factions et à des menées dangereuses pour l'Eglise et pour l'état. On nomma des commissaire, et après un mûr examen, la congrégation de l'Enfance fut supprimée par un arrêt du conseil de 1686. L'institutrice fut reléguée dans le couvent des hospitalières de Coutances, et

privée de la liberté d'écrire et de parler à aucune personne de dehors. Elle y mourut en 1703. Les filles de l'Enfance furent dispersées. L'abbé Racine, dans son Histoire ecclésiastique,en fait presque des martyres; les gens impartiaux les regardèrent comme les victimes d'un fanatisme dont elles ne connaissaient ni les vues ni les ressorts. « La » cour (dit un auteur très in>> struit de cette affaire) eut des >> preuves incontestables que

>> cette fondatrice avait donné » asile à des hommes de mau>> vaise doctrine et malinten>>tionnés pour l'état, tels que » le P. Cercle et l'abbé Dorat;

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MONDONVILLE (Jean-Joseph Cassanéa de), l'un des plus célèbres musiciens du xviie siècle, vit le jour à Narbonne le 24 décembre 1715. Il acquit d'abord de la réputation à Paris, où il se rendit en 1737. Trois morceaux de génie annoncèrent une lyre enchanteresse et savante, qui égalait celle de La Lande. C'étaient le Magnus Dominus, le Jubilate et le Dominus regnavit, que l'on entend encore avec applaudissement. Il fut rival et ami de Guignon, qui tenait alors le premier rang en ce genre. Scs

Sonates, ses Symphonies et ses Motets lui méritèrent la place de maître de musique de la chapelle du roi. Il mourut à Belleville, près de Paris, le 8 octobre 1772.

MONDRAINVILLE. Voy. DuVAL Etienne.

MONET (Philibert ), né en Savoie l'an 1566, mort à Lyon en 1643, se distingua chez les jésuites, où il entra par goût pour l'étude. Les langues l'occupèrent d'abord, et elles lui durent quelques ouvrages éclipsés par ceux qu'on a donnés après lui. Son Dictionnaire latin-français intitulé: Inventaire des deux langues, Paris, 1636, in-folio, eut cours dans le temps. Monet se tourna ensuite du côté du blason et de la géographie de la Gaule: ce qu'il a fait sur cette matière est encore consulté les savants. [La Biographie universelle a donné le catalogue le plus complet des œuvres de се laborieux écrivain.]

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par

MONETA (Le père), dominicain de Crémone vivait du temps même de saint Dominique, et mourut vers 1240. Il se rendit célèbre par sa science et son zèle contre les hérétiques de son temps. Le P. Riccinius, du même ordre, fit imprimer à Rome, en 1643, in-fol., un Traité latin du P. Moneta contre les Vaudois.

MONFORT. Voyez MONT

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cault, qui lui procura une place à l'académie des inscriptions, et celle de précepteur du duc de Chartres, fils du duc d'Orléans. L'académie française se l'associa en 1718, et le perdit le 15 août 1746. Fréret prononça son éloge à l'académie des inscriptions. On a de lui: 1o une Traduction française de l'Histoire d'Hérodien, I vol. in-12, Paris, 1745; 2o une Traduction des Lettres de Cicé ron à Atticus, Paris, 1714 et 1738, 6 vol. in-12, réimprimée depuis en 4 vol. Cette version, aussi élégante et aussi exacte que celle d'Hérodien, est enrichie de notes qui font honneur à son goût et à son érudition. On apprend dans le texte et dans les remarques à connaître l'esprit et le cœur de Cicéron, et les personnages qui jouaient de son temps un grand rôle dans la république romaine. 3° Deux Dissertations dans les Mémoires de l'académie.

MONGE (Gaspard), savant célèbre, créateur de la géométrie descriptive, un des fondateurs de l'école Polytechnique, ministre de la marine sous la république, sénateur, etc., était fils d'un marchand forain. Il naquit à Beaune (en 1746), où il étudia chez les PP. oratoriens, avec ses deux frères, dont il était l'aîné. Ayant passé à Lyon,

y

il continua ses études dans un plus grand college dirigé par les inêmes religieux. A l'âge de 16 ans, il savait déjà les langues classiques, les humanités, l'histoire, la physique, la chimie, les mathématiques, et professait cette dernière science dans ce même collége avec un succès étonnant. Il avait aussi appris le dessin, et, de retour dans sa famille, il traça le plan de Beaune

qui fut mis à la tête de l'histoire de cette ville, par Gaudriot. Un officier supérieurs'étant intéressé à lui, le fit entrer comme appareilleur dans l'école du génie établie à Mézières. Cependant, comme on le connaissait bon mathématicien, le commandant de l'école l'ayant chargé de faire les calculs pratiques d'une opération de défilement, Monge s'en acquitta en inventant une méthode plus prompte et aussi exacte que celle qu'on avait suivie jusqu'alors. Le pauvre appareilleur, mieux apprécié, fut employé à des opérations non moins difficiles, qu'il exécuta avec le même succès. Ces preuves de talents lui ayant donné de la réputation, le célèbre Le Bossu, alors professeur de mathématiques à Mézières, le demanda pour son suppléant. Il obtint, peu de temps après, la même place pour les sciences physiques, auprès de l'abbé Nollet, qu'il remplaça l'année suivante, quoiqu'il n'eût que vingt ans. Monge avait déjà fait à cet âge d'importantes découvertes, dont il fit l'application aux différents arts de construction, et il devint ainsi le fondateur de la géométrie descriptive. Mais ce ne fut qu'après vingt ans qu'il put faire adopter sa nouvelle doctrine aux architectes, ingénieurs, charpentiers et tailleurs de pierres, qui s'obstinaient à suivre l'ancienne routine. Quelques ouvrages qu'il publia sur le calcul intégral le firent nommer correspondant de l'académie des sciences, dont il devint membre en 1780. Dans la même année, il fut adjoint à Le Bossu dans l'enseignement de l'hydrodynamique, et donna en même temps des cours de mathématiques transcendantes,

dans lesquels il eut pour élèves

Lacroix et Gay de Vernon; Carnot, Coulomb, Meusnier, Tinseau, Ferry, furent aussi ses élèves à l'école de Mézières qu'il quitta définitivement en 1783, ayant été nommé examinateur de la marine à la place de Bezout. Ce fut à la sollicitation du maréchal de Castries, qu'il composa son Traité de statique. Lors de la formation du Lycée, il y fut nommé professeur de physique; mais la révolution, dont il avait embrassé les principes, quoique avec modération, le jeta dans les affaires politiques. Après le 10 août, Condorcet, son ancien ami, lui fit donner le portefeuille de la marine, et on lui confia, par interim, celui de la guerre pendant l'absence du général Servan. Le pouvoir exécutif résidait alors dans le conseil des ministres, qui n'étaient guère que les exécuteurs des ordres de la convention nationale. Ce fut en sa qualité de membre de ce conseil qu'on vit figurer, le 13 janvier 1793, le nom de Monge sur la mise à exécution du jugement du roi. Il fit cependant une bonne action en sauvant son prédécesseur au ministère, M. Dubouchage; il l'éloigna de Paris et lui confia un grade qui le remettait en activité de service. Monge s'aperçut enfin qu'un savant se trouvait déplacé au milieu des combustions politiques, et demanda sa retraite. Forcé de garder le portefeuille encore deux mois, il donna sa démission et elle fut acceptée. Alors les jacobins l'accusèrent d'avoir abandonné son poste, et d'être du parti des Girondins; mais ces accusations n'eurent pas de suites. De concert avec Berthollet et Vander

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