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il défendit la mémoire, que Condorcet avait attaquée dans son Éloge du chancelier de l'Hôpital. Le jeune Molleville termina son éducation à Paris, et fut nommé maître des requêtes sous le ministère du chancelier Maupeou. Dans ces funeste discussions entre les parlements et la cour, M. de Molleville, en sa qualité de commissaire du roi, et de concert avec M. le marquis de Thiars, fut chargé de dissoudre le parlement de Rennes. Mais les jeunes gens de la ville ayant pris les armes pour le défendre, les commissaires du roi furent obligés de s'enfuir pour mettre leur vie en sûreté. Le 4 octobre 1791, Louis XVI donna à M. de Molleville le portefeuille de la marine. Dès le commencement de la révolution, il s'était montré fortement opposé à ses principes, et le comité de marine s'étant déclaré en opposition avec le ministre, les dénonciations commencèrent à pleuvoir contre lui. Le 7 décembre, les députés du Finistère l'accusèrent, par l'organe de Cavalier, d'avoir trompe le corps législatif dans les états de revue de la marine de Brest, et d'avoir employé des aristocrates pour l'expédition de Saint-Domingue; mais, six jours après, M. de Mol. leville se justifia pleinement dans un Mémoire si bien conçu, que l'assemblée en demanda unanimement l'impression. Le 19 du même mois, il parla à la tribune sur les malheurs arrivés à Saint-Domingue, qu'il attribua aux amis des noirs. On l'écouta avec attention; mais il n'en fut pas de même le 13 janvier 1792, lorsqu'il présenta un Mémoire sur les officiers en congé : jour-là le même député Cavalier

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l'accusa de nouveau de vouloir soutenir le pouvoir absolu, comme le plus utile pour les ministres; et les députés du côté gauche, et même quelques-uns du côté droit, se déclarèrent contre M. de Molleville. A la séance du 19, où tous les ministres assistèrent, le député Charles Duval parla contre le ministre de la marine, et le somma de donner à l'assemblée des éclaircissements sur quelques points importants. M. de Molleville s'y prêta de bonne grâce, et annonça, entre autres choses, la destitution du marquis de Vaudreuil, officiergénéral, et qu'on regardait comme un des ennemis de toute réforme. M. de Molleville eut encore à subir, le 1er février, une autre accusation, celle de s'opposer secrètement à l'émancipation des hommes de couleur. Mais les avis étaient partagés, et on conclut enfin qu'il n'y avait pas lieu à accusation contre ce ministre. Malgré cette décision, le lendemain l'assemblée rédigea un rapport contre M. de Moйleville, que Hérault de Séchelles fut chargé de présenter au roi, et auquel Louis XVI répondit : « Je >> conserverai toujours ma con>> fiance à mon ministre, malgré » les dénonciations élevées con» tre lui. » Cependant il s'amoncela tant d'accusations injustes sur le compte du fidèle ministre, que ses collègues l'engagèrent eux-mêmes à quitter le portefeuille. Il n'y a pas de doute que M. de Molleville voulait la monarchie intacte, et qu'il cherchait à opposer une digue au torrent de la révolution; mais lá digue n'était pas assez forte; et, pour arrêter le torrent, il aurait fallu en tarir la principale source, ce qui répugnait au cœur trop

humain du meilleur des rois. Louis XVI, qui avait conservé la même confiance à M. de Molleville, le chargea de la direction d'une police secrète, dont le but était de surveiller le parti ja cobin, et d'exercer de l'influence sur la garde nationale et les sections de Paris. La présence d'un bon royaliste étant toujours importune aux factieux, Carra accusa l'ex-ministre d'être un des principaux membres du comité autrichien, et en correspondance avec l'Autriche. M. de Molleville porta plainte contre cette accusation au tribunal de police correctionnelle, et elle fut admise par le juge de paix, Larivière. Mais bientôt l'assemblée législative décréta le juge d'accusation, pour avoir, disait-elle, poursuivi illégalement plusieurs de ses membres. Rien ne pouvant décourager sa fidélité, l'ex-ministre fit, au mois de juin, parvenir au roi le plan du juge de paix Buot, son adjoint dans la police secrète, pour neutraliser les tribunes du Corps législatif. Il présenta un autre plan à ce prince, après la triste journée du 20 juin; plan qui tendait à faciliter et à assurer la sortie du monarque de la capitale; l'indiscrétion ou la perfidie en empêcha l'exécution, et, cinq jours après (le 10 août, où Louis XVI cessa de régner), Gothier décréta d'accusation M. de Mol

leville. Étant parvenu à s'évader, il se rendit à Londres, où il se montra toujours attaché à la cause des Bourbons. C'est dans cette ville qu'il composa les Annales de la révolution française, que M. Dallas traduisit en anglais, et qui furent réimprimées en 1802 9 vol. in-8. M. de Molleville ne revint en France qu'a

près la restauration. II ne fut appelé à aucune place, et mourut dans la retraite en 1824, âgé de 80 ans. On a de lui: 1o Histoire de la révolution française, Paris, 1801, 1803, 10 vol. in-8° (ce sont ses Annales, publiées à Londres). Cette histoire est aussi exacte que bien écrite, et l'auteur y raconte des faits qui se sont passés sous ses yeux. 2o Castumes des états héréditaires de la maison d'Autriche, consistant en 50 gravures coloriées, dont les descriptions, ainsi que l'introduction, ont été rédigées par M. B. de M., in-fol., Paris, 1815, 6 vol. in-8°. Ouvrage très estimé. Il avait paru à Londres, en 5 vol. in-8°; 3° Mémoires particuliers pour servir à l'histoire de la fin du règne de Louis XVI, Paris, 1816, 2 vol. in-8°. Ces Mémoires avaient déjà été imprimés à Londres, en 1797, et avaient eu, comme en France, un succès mérité.

MOLOCH, fameux dieu des Ammonites, à l'idole duquel ils sacrifiaient des enfants et des animaux. La statue de cette divinité barbare était un buste ou demicorps d'homme, qui avait une tête de veau, et tenait les bras étendus. Elle était creuse, et dans sa cavité on avait ménagé sept armoires, dont la première était destinée pour la farine, les cinq suivantes pour les différents animaux qu'on lui immolait, et la septième pour les enfans qu'on voulait lui sacrifier. Ce demicorps était posé sur une espèce de four, où on allumait un grand feu; et, de peur qu'on n'entendît les cris des enfants, on faisait un grand bruit avec des tambours et d'autres instrumens qui étourdissaient les spectateurs. Quelques auteurs pré

tendent qu'on ne brûlait point absolument les enfants; mais que pour les purifier, on se contentait de les griller en les faisant passer entre deux feux que l'on allumait devait l'idole. Après cela des philosophes ont paru surpris de ce que les adorateurs insensés de cette abominable divinité aient été l'objet de l'anathème prononcé contre eux dans les saintes Lettres, et quelquefois exécuté par des princes zélés des princes zélés pour la raison, l'humanité, et la gloire du vrai Dieu. V. Josué.

MOLORCHUS, vieux pasteur du pays de Cléone, dans le royaume d'Argos, reçut chez lui Hercule avec magnificence. Ce héros, pénétré de reconnaissance, tua en sa faveur le lion néméen, qui ravageait tous les pays des environs. C'est en mémoire de ce bienfait qu'on institua, en l'honneur de Molorchus, les fêtes appelées de son nom Molorchéennes.

est rempli d'obscénités, sous ce titre La Ficheide del padre Siceo, col comm. di ser Agresto, 1549, in-4°. Ses Poésies italiennes se trouvent avec celles du Berni, ou séparément, 1513, in-8°; et 1750, 2 vol. in-8°, avec celles de Tarquina Molza, sa petite-fille. Ses Poésies latines se trouvent dans Delicia poet. italor. Ses OEuvres complètes ont été recueillies par Pierre-Ant. Serassi, Bergame, 1747-54, 3 vol. in 8. L'éditeur les a fait précéder d'une Vie de Molza, remplie de détails intéressants. Molza écrivait aussi en prose avec beaucoup d'éloquence; mais il déshonorait ses talents par le commerce honteux qu'il avait avec les courtisanes de Modène. Il contracta cette honteuse maladie, fruit et punition de la débauche, dont il mourut à l'âge de 56 ans, le 28 février 1544.

MOLTZLER. Voyez MICYLLE. Dublin en 1656, y établit une MOLYNEUX (Guillaume), né société de savants, semblable à la société royale de Londres. Il était ami intime de Locke. Molyneux mourut de la pierre en 1698. On a de lui: 1o un Traité de dioptrique, in-4o: 2o la Description, en latin, d'un télescope de son invention, etc.

MOLSA, ou MOLZA (François-à Marie), né à Modène le 18 juin 1489, s'acquit une grande réputation par ses vers latins et italiens. Ses talents lui auraient procuré une fortune considérable, si sa conduite avait été plus régulière et plus prudente. [ II avait eu pour protecteurs les cardinaux de Médicis et Farnèse; mais ni leurs largesses, ni leurs conseils ne purent jamais le tirer de la misère où le faisait toujours languir une vie licencieuse. Il avait abandonné une épouse vertueuse qui, malgré ses torts, vint souvent à son secours ]. On estime surtout ses Elegies, et sa pièce sur le divorce de Henri VIII, roi d'Angleterre, et de Catherine d'Aragon. Son capitolo in lode dei Fichi, commenté par Annibal Caro, poète italien,

MOMBRITIUS (Boninus), écrivain milanais, est connu par son Sanctuarium, seu Vitæ sanctorum, 2 vol. in-fol., sans nom de ville et sans date. Ce livre, très rare et très cher, est recherché par les bibliomanes, pour l'ancienneté de l'édition. On croit qu'il parut vers l'an 1479. On a aussi des Poésies de cet auteur.

MOMUS, fils du sommeil et de la nuit, et le dieu de la rail

lerie, s'occupait uniquement à examiner les actions des dieux et des hommes, et à les reprendre avec liberté. On le représente levant le masque de dessus un visage, et tenant une marotte à la main. Neptune ayant fait un taureau, Vulcain un homme, et Minerve une maison, il les tourna tous trois en ridicule : Neptune, pour n'avoir pas mis au taureau les cornes devant les yeux, afin de frapper plus sûrement, ou du moins aux épaules, afin de donner des coups plus forts; Minerve, pour n'avoir point bâti sa maison mobile, afin de pouvoir la transporter lorsqu'on aurait un mauvais voisin; et Vulcain, de ce qu'il n'avait pas mis une fenêtre au cœur de l'homme, pour que l'on pût voir ses pensées les plus secrètes. On voit par cet essai de critique, le genre d'esprit de ce Dieu. C'est la fable du gland et de la

citrouille.

MONALDESCHI (Louis-Bonconte de), gentilhomme d'Orviette, naquit en 1326. Il passa à Rome une longue vie de cent quinze ans, pendant laquelle il jouit d'une santé parfaite et d'un jugement très sain. Il mourut en 1442. On a de lui des Annales romaines, en italien, depuis 1328 jusqu'en 1340. On croit qu'il les avait poussées beaucoup plus loin, mais que le reste est perdu ou caché dans quelque bibliothèque. [Muratori en a donné un fragment (script. rer. ital., tom. 12); un autre fragment plus considérable est conservé à Paris dans la bibliothèque du roi.

MONALDESCHI (Jean de), favori ou écuyer de la reine Christine de Suède, composa secrètement, contre cette prin

cesse, un libelle où il dévoilait ses intrigues. Christine le fit traîner à ses pieds, l'interrogea, le confondit. Après les reproches les plus violents, elle ordonna au capitaine de ses gardes et à deux nouveaux favoris de l'égorger. Cet attentat contre l'humanité, l'opprobre de la vie de Christine, fut commis à Fontainebleau en 1657. Le Bel, religieux de l'ordre de la Trinité, en a donné la relation. Voyez ce nom et CHRistine.

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MONARDES (Nicolas ), célèbre médecin de Séville, mourut en 1577 ou 1578. On a de lui: 1° un Traité des drogues de l'Amérique, Séville, 1574, in-8° en espagnol; traduit en français par Collin, Lyon, 1619, in-8°, et en latin par Charles de l'Escluse, Anvers, 1579; 2o De rosa, Anvers, 1564, in-8°; 3° plusieurs autres ouvrages en latin et en espagnol. Ce savant n'y enseigne que ce qu'une longue expérience lui avait appris. Ses livres ne sont pas communs.

MONBRON (Fougeret de), mort au mois de septembre 1761, était né à Péronne. C'était un de ces auteurs qui ne peuvent vivre avec eux-mêmes ni avec les autres; frondant tout, n'approuvant rien, médisant de tout le genre humain qui les hait par représailles. On a de lui : 1°o La Henriade travestie, in-12, qui ne vaut pas le Virgile travesti de Scarron, quoiqu'il y ait quelques bonnes plaisanteries. Voltaire lui-même en a ri, dit-on, ce qui est très difficile à croire. 2° Préservatif contre l'anglomanie, in-12 ouvrage écrit avec emportement; 3° Le Cosmopolite, ou le Citoyen du monde, in-12: livre où l'on trouverait quelques vérités morales assez utiles

si l'auteur ne paraissait outré ; 4o des Romans infâmes et indignes d'être cités.

MONCADE (Hugues de), capitaine espagnol, d'une très illustre et ancienne famille originaire de Catalogne, et autrefois souveraine du Béarn, accompagna dans sa jeunesse Charles VIII, roi de France, dans son expédition d'Italie. L'alliance de Ferdinand, roi d'Espagne, avec le monarque français étant rompue, Moncade s'attacha à la fortune de César Borgia, neveu du pape Alexandre VI. Mais lorsqu'après la mort de son oncle, Borgia se déclara pour les Français, Moncade passa dans l'armée espagnole, commandée alors par le grand Gonsalve. La guerre étant terminée en Italie, il se distingua contre les pirates des côtes d'Afrique, par des actions éclatantes, qui lui méritèrent le riche prieuré de Messine. [En 1516, il reçut de Ferdinand le Catholique l'ordre de réunir les milices napolitaines, pour aller au secours du pape, pressé par le duc d'Urbin, que les Français appuyaient secrètement.] Les services importants qu'il continua de rendre sur mer à Charles-Quint furent récompensés par la vice-royauté de Sicile. Il fut fait prisonnier, en 1524, par André Doria, sur la côte de Gênes, et n'obtint sa liberté que par le traité de Madrid. Le pape Clément VII étant entré, en 1526, dans la ligue formée entre les Vénitiens et François Ier, pour le rétablissement de François Sforce dans le duché de Milan, Moncade, qui commandait pour l'empereur en Italie, fit avancer vers Rome un corps de troupes considérable s'en empara sans ré

sistance, contraignit le pape à se réfugier dans le château SaintAnge, abandonna au pillage le palais du Vatican et l'église de Saint-Pierre, qui se trouve dans son en ceinte, et obligea le pape à signer une trève avec l'empereur trève qui n'empêcha pas le duc de Bourbon d'attaquer Rome quelques mois après. (V. CLÉMENT VII.) Paul Jove, qui se récrie beaucoup sur cette conduite, attribue à la vengeance céleste la mort de Moncade, arrivée deux ans après, en 1528, au combat naval de Capo-d'Orso, près du golfe de Salerne, où Philippin Doria remporta une victoire complète sur la flotte impériale, que Moncade commandait.

MONCEAUX (François de), en latin Moncæus, jurisconsulte et poète d'Arras, s'appliqua à l'étude de l'Ecriture sainte; il était seigneur de Froideval, et fut envoyé par Alexandre Farnèse, duc de Parme, en ambassade vers Henri IV, roi de France. On a de lui: 1o Bucolica sacra, in-8°, Paris 1589; 2° Aaron purgatus, sive De vitulo aureo non vitulo, libri duo, 1606, in-8.: livre qui a été réfuté par Robert Visorius. Il est inséré dans les Critici sacri de Pearson, et il a été prohibé à Rome, l'an 1609; 3. l'Histoire des apparitions divines faites à Moïse, Arras, 1594, in-4° 4° Templum justitie, poème, Douai, 1590, in-80; 5o Lucubratio in caput et vii Cantici Canticorum, Paris, 1587, in-40; 6o une Paraphrase en vers sur le psaume 44. Tous ces Ouvrages sont en latin; il y a des recherches et des singularités..

MONCHESNAY (Jacques Lôme de), né à Paris le 4 mars 1666, d'un procureur au parlement,

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