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Celles dont l'existence eft manifefte, il les défère au Tribunal des Loix; mais pour celles qui font douteufes, il veut des Juges domestiques: & ces Jues quels feront-ils ? Les parens mêmes de celui des deux époux qui fe plaint de l'autre, & qui demande: le Divorce. L'épouse ou l'époux oppofant » au Divorce, feroit averti de cette affem. » blée, & fommé de s'y trouver. Il pour» roit Y défendre fa caufe & réfuter les » accufations. Alors s'éleveroit une espèce » de Tribunal qui pourroit inftruire l'af» faire fans fcandale & fans crainte d'être trompé. Lorfque les parens auroient re» connu la légitimité du Divorce, ils figneroient un Acte de famille.... L'Acte ainfi rédigé, la partie plaignante le pré» fenteroit aux Juges; & il auroit été communiqué à la partie oppofante, qui n'auroit alors d'autres moyens de défenfe » que de contefter la légitimité des parens, » ou la validité des fuffrages «.

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Nous n'oppoferons à l'Auteur que fes propres réflexions.

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Qu'un homine adroit, dit-il, fache " concentrer fes fureurs dans l'intérieur de fon ménage, où fa irifte compagne trou" vera-t-elle des preuves & des témoins? Qu'une femme artificieufe fache voiler " fes défordres, comment fon malheureux époux appuiera-t-il fes juftes plaintes «? Les voilà donc bien fouvent inpoffibles pour l'innocent, les preuves d'incompati

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bilité. Mais fi le plaignant eft le coupable; fr c'est l'homme bizarre, impérieux, jaloux, qui follicite le Divorce; fi c'eft la femme altière, impatiente, violente à l'excès, qui, prenant fes devoirs pour des chaînes, veut les brifer; fi l'un ou l'autre fait donner à fa fituation les apparences du malheur, & d'un malheur intolérable; quelle fera la défense de l'accufé devant l'accufateur & devant fa famille? Quels feront les parens affez incorruptibles pour n'être pas féduits ou prévenus en faveur de leur propre fang? Les difficultés de la preuve font les mêmes pour la féparation légale; mais les Juges y font exempts de toute vection perfonnelle. L'accufateur lui-même n'y a point, pour être injufte, ce dangereux attrait de liberté, cette efpérance, ce défir d'aller goûter fans honte les plaifirs d'un nouvel hymen.

Cependant, puifque du Divorce il réfulte au moins pour l'innocent la même liberté qui eft rendue au coupable; qu'il en réfulte auffi pour lui le repos, le droit, Pespérance de fe faire un fort plus heureux; qu'importe, dira-t-on que le Divorce plus attrayant & plus facile foit auffi plus fréquent? C'eft ici le vrai noeud de la difficulté; car il s'agit du fort & du partage des enfans.

L'Avocat du Divorce prend foin de leur fortune, & pourvoit à leur fubfiftance; mais que deviennent-ils dans la diffolution du mariage dont ils font nés?

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Lorfque la famille de l'époux plaignant jugeroit que l'éducation phyfique ou morale des enfans court quelques dangers avec l'autre époux, elle pourroit convo"quer les plus proches parens de ce dernier; & fi la plupart d'entre eux s'accordoient avec les autres, laiffer pour les enfans à l'un des conjoints exclufive»ment, l'acte de famille en feroit mention, & feroit homologué par les Juges". Et fi la caufe du Divorce eft prife dans les mœurs, quels feront les parens qui voudront convenir que leur fils, leur neveu, leur frère leur fille, leur nièce leur fœur ef indigne d'avoir avec foi fes enfans? Ne voit-on pas que cette exclufion feroit pour une femme la tache la plus infamante, & pour un homme le dernier degré d'opprobre & d'aviliffement? Comment donc arriveroit-il que la famille de l'oppofant confentît à fa honte?

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S'il y a des garçons & des filles, l'Auteur propofe que les filles reftent à la mère, & qu'au fortir de la première enfance, le père emmène les garçons. Mais qu'il se retrace lui-même les caractères qu'il nous a peints; & qu'il regarde en quelles mains tomberoient bien fouvent ces foibles victimes du Divorce.

A l'égard des conditions pécuniaires, La femme, dit-il, après le Divorce, au"roit feulement la moitié du douaire". Cela eft dur pour la femme innocente.

Mais l'cût-elle en entier, quel indigne partage! un douaire, ô ciel! en échange de toutes les fleurs de jeuneffe, de grace & de beauté qu'un barbare auroit profanées! Il vaut mieux, nous dit-on, pour une » femme fe voir remplacer par une nouvelle épouse que par une maîtreffe «. Cela eft il vrai pour une mère?

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L'Ami de l'enfance doit être l'Apôtre » du Divorce «. Quoi ! ce qui rompt tous les liens d'un père & d'une mère, ce qui les rend étrangers l'un à l'autre, seroit favorable aux enfans!

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» Une belle-mère vaut mieux qu'une mauvaise mère «. Mais une bonne mère, qui la remplacera? Et une mauvaise mère eft-elle digne de former de nouveaux liens ? L'idée que l'on pourra être quitté éta» blira plus d'égards, plus de ménagemens“. Mais l'idée que l'on pourra quitter, introduira plus de licence.

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» Diminuer le nombre des femmes mal» heureuses, c'eft diminuer le nombre des » femmes infidelles «. Mais pour remédier à l'infidélité, faut-il légitimer & faciliter l'inconftance?

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» La Loi du Divorce eft le plus grand préfervatif du Divorce même: dès qu'il eft poffible, il devient prefque inutile; » dès qu'il eft permis, il eft très-rare, » il s'anéantit lui-même ". Cela peut être vrai en tel lieu, en tel temps; & nous penfons avec l'Auteur, que dans un pays où

les mœurs font bonnes, il eft poffible que le Divorce les rende encore meilleures. Mais dans un pays où les mœurs font mauvaifes, nous perfiftons à craindre que le Divorce les rende encore pires; & hormis les cas de démence déclarée incurable, d'adultère prouvé, d'abandon volontaire & de peine infamante ou févices graves, nous croyons au moins très-douteux qu'il foit, quant à préfent, convenable aux mœurs de Paris. ( M.....

LA Liberté, Ode, avec des notes; par M. DE LA VICOMTERIE. A Paris, chez Letoy, Libraire, rue St-Jacques, No. 15~ Prix, 12 f. br..

C'ÉTOIT un beau fujet d'Ode que la Liberté. Il ne paroît pas que l'Auteur l'ait ni conçu ni rempli; il ne manque pas d'une forte de verve, mais dont le déréglement ne produit que du vague dans les idées les tableaux & les expreffions, ce qui eft fort différent du défordre qui eft un effet de L'art. Voici les meilleurs vers de cette Ode. L'Auteur dit, en parlant de la Bastille dé

truite ::

D'un pied libre, sûr & tranquille,
J'ar foulé ce barbare afile:

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