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tant que vous vivrez, et on ne saurait donner trop d'éloges à votre noble manière de penser.

J'ai entrepris de donner la suite de l'Histoire naturelle en planches enluminées, dont je donnerai les explications lorsqu'il y en aura assez pour faire un volume. Il en a déjà paru quatre cahiers de vingt-quatre planches chacun; chaque cahier coûte 15 liv. en petit papier, et 24 liv. en grand papier. Je ne puis pas vous le donner comme je fais pour mon livre, parce que l'ouvrage appartient à mes peintres et à mes graveurs, et qu'on n'en tire que quatre cent cinquante exemplaires; cependant, je serais bien aise que vous l'eussiez et que vous fussiez du nombre de nos souscripteurs. M. de Puligny, M. du Morey et M. Hébert ont les premiers cahiers, et vous pourrez les voir chez eux.

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Je vous embrasse, mon cher Président, et je serai toute ma vie, avec une amitié tendre et un attachement respectueux, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

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Je vous remercie, mon cher Président, de la peine que vous vous êtes donnée pour l'affaire de Mme la marquise de Scorailles; les papiers, en effet, ont été envoyés, et elle m'a chargé de vous faire aussi des remercîments de sa part.

Je compte bien, mon cher ami, quoique j'aie cinquante-huit ans depuis le mois de septembre dernier, finir toute l'Histoire naturelle avant que j'en aie soixante-huit, c'est-à-dire avant que je ne commence à radoter; et voici les mesures que j'ai

prises pour en venir à bout. Je donnerai en in-4 encore six volumes, dont les matériaux sont prêts pour la plus grande partie. Ces six volumes contiendront, après l'histoire des quadrupèdes, celle des cétacés et des poissons cartilagineux; ensuite celle des quadrupèdes ovipares et des reptiles, et enfin des matières générales sur les végétaux et les minéraux. Ainsi j'aurai donné en gravure noire tous les animaux dont la forme suffit pour qu'on puisse les reconnaître aisément, et je fais faire en même temps, en planches enluminées, tous les oiseaux qui ont besoin d'être présentés avec des couleurs pour être bien connus, et cela abrége les descriptions plus de moitié. J'ai déjà près de deux cents planches de gravées, dont il en a paru quatre-vingt-seize. Cela fera un ouvrage in-folio en quatre ou cinq volumes qui aura pour titre : Suite de l'Histoire naturelle, par M. de Buffon. Et en effet, je donnerai une explication assez étendue de chacune des planches, et on reliera cette explication avec les planches, dès qu'il y en aura un assez grand nombre pour faire un volume; et comme il en paraît un cahier de vingt-quatre planches tous les trois mois, je compte que dans quatre ou cinq ans au plus l'ouvrage pourra être entièrement achevé. Il n'y en aura en tout que quatre cent cinquante exemplaires, et si vous voulez que je vous inscrive, il faut me faire une réponse promptement, parce qu'il ne m'en reste plus que vingt-six. Je vous conseillerais de le prendre comme M. Hébert, en grand papier, parce qu'il est toujours mieux soigné que le petit papier. D'ailleurs, votre Académie aura nécessairement besoin de ce recueil, qui seul tiendra lieu d'un cabinet entier et complet d'histoire naturelle, et vous devriez prendre cette dépense non pas sur vous, mais sur les petits fonds de vos dépenses académiques. Si vous voulez les quatre cahiers qui ont déjà paru, il vous en coûtera quatre louis, et je vous les enverrai par la voie de M. Hébert; ensuite, il y aura un louis à donner dans trois ou quatre mois, en recevant le cinquième cahier, un autre louis trois mois après, en recevant le sixième, ainsi de suite, parce

que chaque cahier coûte un louis, et qu'à ce prix, que j'ai fixé à nos dessinateurs et à nos peintres, ils ont encore bien de la peine à gagner quelque chose au delà de leurs frais.

Je serais bien aise de voir notre ami M. de Brosses, et je serais bien content si je pouvais espérer de vous voir aussi, personne ne vous étant plus anciennement et plus sincèrement attaché que je le suis et le serai toute ma vie.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

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LXXXIII

BUFFON.

AU MÊME.

Avril 1766.

J'ai fait partir hier, mon cher Président, par le carrosse de voiture qui arrivera à Dijon jeudi, une petite caisse à l'adresse de M. Hébert, dans laquelle j'ai mis les quatre cahiers de mes planches enluminées, petit papier, pour le payement desquelles vous m'avez envoyé une rescription de 60 liv. J'y ai joint les volumes X, XI, .XII et XIII de mon ouvrage sur l'Histoire naturelle, que je vous supplie de faire agréer à MM. de l'Académie. J'aurais bien voulu leur faire de même un hommage pur et simple de mes planches enluminées; mais, comme cet ouvrage est pour le compte de mes dessinateurs, et qu'on ne le tire qu'en très-petit nombre, il ne m'est pas possible d'en donner; il n'y en a en tout que cent cinquante exemplaires en grand papier, et trois cents en petit papier.

Comme il n'y a dans la caisse que j'ai adressée à M. Hébert qu'un seul cahier pour lui, et deux autres cahiers, l'un pour M. Rigoley de Puligny, et l'autre pour M. du Morey, et que la principale charge de cette caisse est pour l'Académie, il serait juste que le port qu'il en coûtera à M. Hébert fùt partagé.

Vous me marquez d'envoyer à M. du Morey la souscription de cet ouvrage; vous voyez bien bien que ce n'est point une souscription, mais une simple inscription du nom de ceux à qui on la donne, attendu qu'on ne demande point d'argent d'avance, et qu'on ne paye qu'à mesure que l'on reçoit. J'ai donc fait inscrire votre nom pour l'académie de Dijon sur la liste de ceux qui prennent l'ouvrage, et cela est suffisant.

Le maire de Montbard1 doit arriver ces jours-ci à Paris; je vous promets de lui bien laver la tête et de le presser de nouveau de satisfaire à ses obligations.

Mes respects, je vous supplie, à Mme de Ruffey. C'est avec les sentiments de la plus inviolable amitié que je serai toute ma vie, mon cher Président, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

BUFFON.

Comme la poste presse, je n'ai pas le temps de donner avis à M. Hébert de l'envoi de cette caisse, et je vous prie de l'en faire avertir.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

LXXXIV

AU MÊME.

Montbard, le 7 avril 1766.

Je n'ai pu, mon cher Président, vous répondre plus tôt, parce que, depuis plus d'un mois, j'ai été attaqué de violentes coliques d'estomac qui m'ont beaucoup tourmenté, et qui me réduisent encore aujourd'hui au petit-lait et à la diète. Cependant cela va mieux depuis quatre ou cinq jours, et j'espère que l'air de la campagne et l'exercice feront cesser mon mal, que la vie sédentaire et le trop d'application m'avaient causé. J'ai apporté avec moi les quatre premiers cahiers, grand papier, de nos planches enluminées, que vous avez payés d'a

vance à M. Hébert; je les adresse, par le carrosse qui passe ici demain, à Mlle Buisson1, au Logis-du-Roi, pour les faire tenir à Mme la comtesse de Rochechouart. Il y a longtemps que je connais son goût et toute l'étendue de ses connaissances en histoire naturelle, et je suis charmé qu'elle se soit déterminée à prendre ces planches enluminées, qui seront quelque jour fort rares; car, comme je vous l'ai dit, on n'en peut tirer que quatre cent cinquante exemplaires, et j'aurai soin qu'on lui fournisse les meilleures épreuves. Je vous prie de faire avertir Mlle Buisson afin qu'elle retire ce paquet, dont je ferai charger la feuille.

M. Maret3 a pris la peine de m'écrire, au nom de l'Académie, pour me remercier des derniers volumes que je vous ai envoyés; c'est un hommage trop légitime pour mériter des remerciments, et ce serait à moi à vous en faire de l'accueil toujours très-obligeant que votre compagnie a eu la bonté de faire à mes ouvrages.

Je vous embrasse, mon cher Président, et je vous supplie de faire agréer mes respects à Mme de Ruffey. Mme sa sœur est ici chez Mme de La Forest. Nous avons eu de leurs nouvelles souvent; mais nous n'avons pas encore eu l'honneur de les voir.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

LXXXV

BUFFON.

A MADAME GUENEAU DE MONTBEILLARD1.

Le 2 mai 1766.

Pourquoi me laissez-vous dans l'incertitude, madame, sur votre grande opération?? Je ne sais où vous prendre. Êtes-vous à Chevigny3? avez-vous déterminé le temps, le jour de l'inoculation? Si je n'avais pas d'enfant, je saurais tout ce qui vous intéresse sur cela; car j'aurais été à Chevigny vous en

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