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lettre. Les honoraires, associés libres et vétérans, sont dispensés de tout travail. Il faut de la règle dans les compagnies; mais il est encore plus nécessaire d'y éviter la pédanterie.

J'ai beaucoup vu Malteste ici; mais je n'ai pas encore vu Brosses, et je serais très-aise de l'embrasser et de causer avec lui. Adieu, mon très-cher Président; je serai toujours, avec l'amitié la plus tendre, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

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LXXV
AU MÊME.

BUFFON,

Paris, le 26 juin 1764.

Je ne doute pas, mon cher Président, de votre amitié, ni de la part que vous prenez à ce qui m'arrive1. Je vous remercie donc bien sincèrement des témoignages que vous m'en donnez aujourd'hui. J'ai laissé ma femme, après trois semaines de couches, en assez bon état de convalescence, et je compte retourner à Montbard dans le mois prochain, toujours regrettant de ne pouvoir espérer de vous y voir.

Toutes les compagnies sont bien difficiles à conduire, et je sais, par ma propre expérience, que le zèle et les bonnes intentions nuisent souvent plus qu'elles ne servent. Votre secrétaire était un garçon de mérite; mais je l'ai toujours connu un peu susceptible et assez volage. Je ne croyais pas qu'il eût d'aussi grands torts avec vous, vous qui ne voulez que le bien et avec qui il est si facile de vivre. Vous aviez un autre homme que je croyais plus constant et plus doux, et qu'on m'a dit être néanmoins mécontent, c'est M. Lardillon; je suis fâché qu'il se soit retiré. Il faut que les compagnies soient pédantes, et il faut au contraire que ceux qui les mènent soient

fort lestes. Votre ami, M. Le Gouz-Morin, peut, à cet égard, vous être très-utile, aussi bien qu'à beaucoup d'autres. Rien n'est plus noble que de donner, et surtout de donner ce qu'on aime, et, sûrement, il aimait son cabinet; et, si le sacrifice qu'il en a fait ne lui a pas coûté, il en est d'autant plus digne d'éloges. Le don de M. du Terrail' est moindre à mes yeux; car enfin ce n'est que de l'argent, il en a beaucoup, et l'on ne peut être attaché à l'argent autant qu'aux choses de son goût. Ces deux dons feront grand bien à votre établissement, et vos exemples formeront des sujets qui y feront honneur. J'ai deux volumes de mon ouvrage sur l'histoire naturelle à vous remettre. Je n'ai pas encore vu M. de Brosses, et je compte m'arranger avec lui pour vous les faire parvenir. Mes respects, je vous supplie, à Mme de Ruffey. Je suis et serai toute ma vie, avec un très-sincère et respectueux attachement, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

BUFFON.

LXXVI

AU MÊME.

Paris, le 24 février 1765.

Je n'ai reçu votre lettre, mon cher Président, que plus de six semaines après sa date; ainsi vous ne me saurez pas mauvais gré du délai de la réponse. Je vois que le bien public et surtout celui de votre Académie vous occupe continuellement; rien n'est plus estimable; mais, en même temps, je ne voudrais pas que cela troublât votre tranquillité. Il faut tâcher de mépriser les tracasseries, ou du moins de ne les pas prendre à cœur; c'est même le seul moyen de les éviter pour la suite, quoique, dans toutes les compagnies, ce soit un mal épidémique et incurable.

Vous choisissez très-bien les sujets de vos prix1. Une méthode de bonne éducation bien tracée, bien développée, mériterait non-seulement des couronnes académiques, mais des récompenses du gouvernement.

Vous ne m'avez pas même marqué si vous avez reçu les tomes X et XI in-4° de mon ouvrage sur l'Histoire naturelle, que je vous ai envoyés cet été par notre ami le président de Brosses. Les volumes XII et XIII paraîtront après Pâques, et je crois que vous y trouverez quelques morceaux qui vous feront plaisir. Je retournerai à peu près dans ce temps à Montbard. Il n'y a donc plus d'espérance de vous y voir; c'est un de mes regrets les plus vifs. Vous étant si anciennement et si sincèrement attaché, il est dur de passer la vie sans vous voir. Recevez au moins les assurances de ces sentiments, et faites agréer mes respects et ceux de ma femme à Mme de Ruffey.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

BUFFON.

LXXVII

AU MÊME.

Montbard, le 20 août 1765.

J'ai fait tout ce que j'ai pu, mon cher Président, pour engager M. Daubenton à vous payer ce qu'il vous doit1. Je l'ai beaucoup pressé, et tout ce que j'ai pu obtenir, c'est qu'il vous enverrait ces jours-ci 300 livres à compte des 1200, et il promet en même temps de payer avant Pâques les 900 livres restant. Mandez-moi, je vous prie, s'il a tenu parole pour les 300 livres. Il m'a promis si positivement que vous les recevriez avant le 20 d'août, que j'ai peine à me persuader qu'il voulût nous manquer à tous deux en même temps.

On nous a dit que M. votre fils l'aîné était à Montfort en bonne santé, et nous espérons qu'il nous fera l'honneur de

nous venir voir pendant son séjour. Je vous embrasse, mon cher Président, et suis avec un sincère et respectueux attachement votre très-humble et très-obéissant serviteur.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

BUFFON.

LXXVIII

A L'ABBÉ LE BLANC.

Montbard, le 22 septembre 1765.

Je vous avoue, mon cher ami, que j'ai bien des torts envers vous, quoique votre lettre ne soit que la seconde, et non pas la troisième, à laquelle je n'ai pas eu l'honneur de faire réponse. J'ai vu l'article du Mercure1, et d'abord je fus tenté de vous écrire pour remercier M. de La Place2; mais ayant lu une seconde fois, car on relit volontiers ce qui nous flatte, j'ai cru apercevoir des traits de votre style, et d'autres plus évidents de votre cœur, et je vois avec grand plaisir que je ne m'étais pas trompé. Recevez-en, mon cher ami, tous les remerciments que je vous dois. A l'exception de l'éloge qui est trop fort, cet extrait est très-bien fait, et ce que vous dites des orateurs anciens fait bien de l'honneur à votre philosophie. Ma femme, qui vous fait bien des amitiés, a relu l'article dès qu'elle a su qu'il était de vous, et elle l'a trouvé encore mieux qu'à la première lecture. Je suis bien aise de vous avoir cette obligation, et encore bien aise de ne l'avoir point à un autre. Ce que vous m'avez marqué de M. de Bourdonné m'a. fait grand plaisir; car je fais plus de cas de son jugement que de celui de tous les philosophes dont vous me parliez, fussentils même de bonne foi. C'est un homme de beaucoup d'esprit et de sens, et qui, de plus, a sur eux l'avantage de connaître le monde et de le bien juger. Faites-lui mes compliments, je vous supplie, lorsque vous le verrez.

J'ai été très-touché de l'accident arrivé à M. le comte de Saint-Florentin3. Cette nouvelle a fait en province la même sensation qu'à Paris; il n'y a personne qui n'y ait pris un très-grand intérêt. C'est, entre nous, le seul de nos ministres dont j'ai vu constamment désirer la conservation.

J'ai lu un extrait de l'Éloge de Descartes de M. Gaillard', et je n'ai pas été content du style. Si celui de M. Thomas' n'est pas meilleur, ce grand philosophe aura été loué avec de pauvres petites paroles.

Si vous rencontrez M. du Cros, faites-lui nos compliments, et ne nous oubliez pas non plus auprès de notre ami M. Meat; j'espère que sa santé est actuellement bien rétablie. Nous ferons vendange ici dans huit ou dix jours, et nous ferons assez de vin; mais, comme vous savez, ce vin est bien médiocre, et il vaudrait mieux que la grêle fût tombée sur mon finage que sur celui de Beaune, de Pommard ou de Volnay, où il ne reste pas une grappe de raisin.

Je vous renouvelle encore mes remercîments, mon cher ami, et les assurances de l'éternel attachement que je vous ai voué.

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Dans ma solitude, mon très-cher Président, je ne suis souvent informé que fort tard des choses qui m'intéressent le plus. Ce n'est que de ces jours-ci que j'ai appris la cruelle perte que vous avez faite de votre fils unique1. Je vous assure, mon cher ami, que cette nouvelle m'a causé une véritable douleur; je crois connaître votre cœur, et je me suis peint toute son affliction. Je la partage bien sincèrement; car

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