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de mon dévouement. C'est dans tous ces sentiments que

j'ai l'honneur d'être,

Messieurs et illustres confrères,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur.

BUFFON.

(Tirée des archives de l'Académie, publiée en 1819, par C. X. Girault.')

XLV

AU PRÉSIDENT DE RUFFEY.

7 août 1753.

J'ai reçu, mon cher Président, la petite rescription de 290 livres, et lorsque je serai à Paris, je demanderai un livre d'explication sur l'usage du microscope pour vous l'envoyer. J'ai fait quelques changements à mon discours1, et entre autres, j'ai ôté le considéré et considérable dont, en effet, on pouvait faire une mauvaise épigramme. Je vous embrasse bien sincèrement, et je vous suis attaché pour ma vie.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

BUFFON.

XLVI

A L'ABBÉ LE BLANC.

Montbard, le 23 novembre 1753.

J'ai reçu, mon cher ami, votre compliment avec d'autant plus de sensibilité que vous êtes plus en droit de penser que j'avais tort avec vous de ne vous avoir point parlé de mon mariage. Je vous remercie donc très-sincèrement de cette marque de votre amitié, et je ne puis mieux y répondre qu'en Vous avouant tout bonnement le motif de mon silence. Il en

était de cette affaire comme de quelques autres, sur lesquelles nous ne pensons pas tout à fait l'un comme l'autre; vous m'eussiez contredit ou blâmé, et je voulais l'éviter, parce que j'étais décidé et que, quelque cas que je fasse de mes amis, il y a des choses qu'on ne doit pas leur dire; et de ce nombre sont celles qu'ils désapprouvent, et auxquelles cependant on est déterminé. Au reste, je ne doute nullement, mon cher ami, de la part que vous voulez bien prendre à ma satisfaction, et je serais très-fâché que vous eussiez vous-même quelque soupçon sur ma manière de penser. Les mauvais propos ne me feront jamais d'impression, parce que les mauvais propos ne viennent jamais que de mauvaises gens. Mme de Buffon, qui connaît votre ancienne amitié pour moi et qui vous a lu plus d'une fois, me charge de vous faire ses compliments et de vous dire qu'elle aime beaucoup vos lettres. Je compte partir le 15 décembre pour retourner à Paris, où j'espère vous voir souvent et vous renouveler l'assurance de mon attachement.

BUFFON.

(Inédite. Une copie de cette lettre, dont l'original est perdu, appartient à M. V. Cousin, qui a bien voulu nous la communiquer. — M. Flourens en a publié des extraits.)

XLVII

AU PRÉSIDENT DE RUFFEY.

Paris, le 24 décembre 1753.

Mme de Buffon m'écrit, monsieur et cher ami, qu'elle a reçu une feuillette de vin blanc que vous avez eu la bonté de m'envoyer; je vous en fais tous mes remercîments, et je vous promets bien d'en boire à votre santé. Mais, quelque désir que j'aie qu'elle soit bonne, je vous avoue que je ne pourrai boire ici assez longtemps pour vider ce tonneau : il n'y a que vous au monde qui envoyiez des essais d'un pareil volume. J'espère être de retour à Montbard dans le commence

ment de février, pour y rester jusqu'à Pâques. Je n'ose espérer de vous y voir; mais la première fois que vous viendrez à Montfort, tâchez d'amener M. Lardillon, qui vous est fort attaché, et que je désespère d'avoir sans votre secours. L'abbé Le Blanc vous a adressé une belle lettre1 sur un beau sujet et bien nouveau, et sur lequel il aurait dit encore de meilleures choses s'il avait eu plus de temps. Le jour de la réception n'est pas encore fixé 3. Mandez-moi si je vous ai donné les premiers volumes de l'Histoire naturelle in-12, afin que je vous envoie le septième et le huitième qui vont paraître.

Je vous supplie de faire agréer les assurances de mon respect à Mme de Ruffey, C'est avec les sentiments de la plus tendre amitié et du plus entier attachement que je serai toute ma vie, monsieur et cher ami, votre très-humble et trèsobéissant serviteur.

BUFFON.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte; appartient aujourd'hui à M. de La Porte.)

XLVIII

AU MÊME.

Montbard, le 26 août 1754.

J'attendais, mon cher Président, que vous fussiez hors du tourbillon, pour vous répondre et vous remercier de ce que vous avez bien voulu me donner de vos nouvelles, et de celles de vos amusements et de vos voyages. Les nôtres se sont bornés à aller jusqu'à Montfort, où vous ne venez plus, et où je crois cependant qu'on ne serait pas fàché de vous voir, malgré la mauvaise humeur qu'on laisse un peu paraître sur votre compte. J'eus même ces jours passés une espèce de querelle à ce sujet, mais qui se termina bien. Je suis fâché de votre brouillerie, d'abord à cause de Mme de Ruffey, et ensuite à cause de moi, parce que cela vous éloigne de Montbard.

Il y a déjà du temps que je vous dois de l'argent pour du vin blanc et du vin rouge que vous m'avez envoyé ; faites-moi le plaisir de me marquer la somme, et je vous la ferai tenir à Dijon. Si vous avez fait quelque pièce de vers sur l'avènement du prince de Condé, j'espère que vous me ferez l'amitié de me l'envoyer. M. le docteur Daubenton doit arriver dans quinze jours, et il sera peut-être bien aise d'avoir le secret du chartreux de Nancy pour conserver les oiseaux. L'abbé Le Blanc vous aura sans doute envoyé sa traduction du livre de M. Hume sur le commerce, dont j'ai été fort content'.

Mme de Buffon, qui a pris beaucoup d'estime et d'attachement pour Mme de Ruffey, me charge de vous faire ses compliments. Elle espère toujours que nous pourrons nous revoir ici. Adieu, mon cher Ruffey; je vous embrasse et suis de tout mon cœur votre très-humble et très-obéissant serviteur.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

XLIX

BUFFON.

AU MÊME.

Le 6 janvier 1755.

Je vous offre, mon cher Président, mes vœux pour vous et pour tout ce qui vous est cher. Je vous envoie une rescription de 200 livres pour les deux queues de vin que vous m'avez envoyées. Je l'ai trouvé bon, et dans quelque temps je vous prierai de m'en envoyer du pareil, si vous en avez encore.

Le discours de d'Alembert à l'Académie, quoique bon, n'a pas réussi à l'impression autant que je l'aurais désiré; celui de Gresset est devenu célèbre par une tirade assez hors de propos contre les évêques ; vous les avez tous deux sans doute, et vous pouvez en juger'. L'abbé d'Olivet' se dit fort de vos amis, et j'ai quelque peine à le croire; tant de gens disent qu'il n'est nullement aimable, que je me suis laissé persuader.

Donnez-moi, mon cher Ruffey, des nouvelles de votre santé, de vos occupations, de votre Académie, et comptez que de vous tout m'intéresse. Mes respects, je vous supplie, à Mme de Ruffey. Ce n'est pas d'aujourd'hui et ce sera pour toujours que je suis, mon cher Président, dans les sentiments les plus sincères et les plus inviolables, votre très-humble et trèsobéissant serviteur.

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J'ai reçu, mon cher Président, avant mon départ de Montbard, les deux queues de vin rouge et la feuillette de vin blanc que vous m'avez envoyées. J'ai goûté l'un et l'autre, et j'en suis fort content. Je vous ferai toucher dans quelque temps les 225 livres à quoi monte, je pense, le prix de ce vin, savoir 200 fr. pour le rouge et 25 fr. pour la feuillette de blanc; et tous les ans, si cela vous convient, je prendrai auprès de vous ma petite provision.

On nous a dit que votre voyage d'Italie était un peu différé, et que votre santé était bonne; je suis cependant peiné de vous entendre plaindre de ces faiblesses de tête, vous qui l'avez bonne, et qui, par votre goût pour les lettres et pour toutes les bonnes choses, avez dans vous-même une ressource sûre contre l'ennui1.

Personne n'a ici de nouvelles de l'abbé Le Blanc; il boude tout le monde parce qu'on ne l'a pas nommé de l'Académie française pendant son absence. On dit seulement qu'il revient incessamment de Dresde assez peu content. Je suis bien aise que vous soyez en liaison avec Voltaire; c'est en effet un très-grand homme, et aussi un homme très-aimable.

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