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stance: c'est qu'il faut mettre au-dessus de la perche une boîte de six pouces et carrée, remplie de résine, dans laquelle résine, au lieu de plâtre, vous infixerez le cul de la bouteille cassée; et ne pas oublier l'entonnoir renversé pour couvrir le cul de la bouteille et la boîte; il faut, en effet, que le fil de fer que vous attacherez au-dessus de l'entonnoir à la verge de fer, et que vous amènerez dans votre galerie, ne touche à rien et soit soutenu par des cordons de soie. Si, au lieu d'une pointe de fer, vous mettez une pointe d'argent, vous verrez que le feu électrique des nuages rendra cette pointe d'un beau jaune doré. Voilà, comme vous voyez, une singulière façon de faire du vermeil; mais, sans plaisanterie, cette expérience est jolie, et prouve que le feu du tonnerre n'est pas tout à fait du soufre; car le soufre rend l'argent noir. Il y aurait aussi une belle expérience à tenter, mais je n'en ai pas le temps: ce serait de savoir si l'électricité ne serait pas le phlogistique des chimistes. Pour cela il faudrait faire fondre du plomb dans un vaisseau de verre, le remuer jusqu'à ce qu'il fût calciné en poussière jaune, et ensuite l'électriser continuellement, pour voir si l'on ne viendrait pas à le revivifier en métal par le moyen de l'électricité; j'en doute, mais cependant cela vaut la peine d'être tenté. Piron, que j'ai rencontré hier, n'a refusé d'être de votre société que parce qu'il a cru que cela l'engageait à quelque thème en vers ou en prose; je lui ai dit que non, et il m'a dit qu'en ce cas il consentait à être mis sur la liste ; mais il ne faut pas non plus oublier l'abbé Le Blanc. Il ne m'en a pas parlé, et c'est de moi-même que je pense à lui; et, comme vous avez quelque amitié pour lui, vous devez y penser aussi, et à l'abbé Sallier, comme étant de la province; car il me semble que le plan de votre société est bien vaste: 1° la ville; 2° la province; 3° le royaume; 4° toutes les nations. Adieu, mon cher monsieur, vous pouvez être sûr des tendres et respectueux sentiments qui m'attachent à vous pour ma vie. BUFFON.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

XXXIX

A GUENEAU DE MONTBEILLARD.

Au Jardin du Roi, lundi 18 septembre 1752.

Je vous ai, mon très-cher monsieur, tout autant d'obligations que si vous m'eussiez envoyé la dispense; votre avis est aussi sûr. L'évêque est arrivé vendredi soir; samedi matin j'ai eu la dispense, non pas sans peine, mais enfin je l'ai, et nous partons demain mardi pour aller coucher à Sens. Le mercredi nous coucherons à Cussy-les-Forges, jeudi nous serons à la Maison-Neuve, entre sept et huit, et je serai comblé de joie si je vous y trouve. N'oubliez pas d'envoyer le perruquier à la Villeneuve, où nous irons coucher le jeudi, et j'espère que le vendredi matin la cérémonie sera faite et que nous reviendrons à Montbard le même jour, et vous verrez, mon cher monsieur, que je me soucierai encore moins des critiques de mon mariage1 que de celles de mon livre. J'ai marqué à Mlle de Malain les obligations qu'elle vous a. Adieu, à jeudi, sept ou huit heures à la Maison-Neuve. Je vous embrasse bien tendrement, mon très-cher monsieur. J'emporte votre habit dans ma malle.

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BUFFON.

Appartient à la ville de Semur et est conservée dans sa Bi

XL

AU PRÉSIDENT DE RUFFEY.

Montbard, le 12 décembre 1752.

Je vous renvoie, monsieur et très-cher ami, l'écrit que vous m'avez communiqué. Je le trouverais bon si je n'en étais pas l'objet; mais j'y suis loué beaucoup plus que je ne mérite, et cela suffit pour m'engager à vous supplier de ne le

pas faire imprimer1; car du reste vous avez très-bien saisi le fond des systèmes et les circonstances des hypothèses, et la manière dont vous les défendez est fort bonne, fort simple et fort naturelle. Il n'y a que le commencement et la fin de votre ouvrage que je regarde comme peu utiles à la question.

Je n'avais pas besoin, mon cher ami, de cette nouvelle preuve de votre amitié et de vos sentiments pour moi; je vous en remercie cependant de tout mon cœur, et je vous supplie d'être bien persuadé de tout l'attachement et de l'amitié sincère avec lesquels je serai toute ma vie votre très-humble et très-obéissant serviteur.

BUFFON.

Je pars après-demain pour Paris. Donnez-moi, je vous en prie, de temps en temps de vos nouvelles.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

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XLI
AU MÊME.

Montbard, le 25 mars 1753.

Je vous envoie, mon cher Président, une lettre de M. Pagny1, qui a grande envie d'aller à Dijon faire un cours de physique, et je crois que vous le favoriserez volontiers en lui donnant votre belle salle pour faire des expériences, et même un logement si cela ne vous incommodait pas. Vous pourriez, mon cher ami, lui procurer aussi des leçons en ville. Si rien ne s'oppose à ce projet, ayez la bonté de lui écrire vous-même; son adresse est dans sa lettre.

Comme Mme de Ruffey est venue à Montfort', nous avons espéré pendant quelque temps d'avoir l'honneur et le plaisir de vous voir à Montbard; mais elle est partie et elle a emporté avec elle toutes nos espérances. Adieu, mon très-cher

monsieur; je vous suis toujours plus inviolablement attaché

que personne.

BUFFON.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

XLII

AU MÊME.

Montbard, le 4 juillet 1753.

Je ne doute pas, monsieur et cher ami, de l'intérêt que vous prenez à ce qui me regarde, et c'est avec autant de plaisir que de reconnaissance que je reçois les nouvelles marques d'amitié que vous me donnez au sujet de mon élection à l'Académie française. C'est la première fois que quelqu'un a été élu sans avoir fait aucune visite ni aucune démarche, et j'ai été plus flatté de la manière agréable et distinguée dont cela s'est fait que de la chose même, que je ne désirais en aucune façon1. Je suis bien fâché d'avoir des compliments bien différents à vous faire sur la mort de M. de Vesvrotte et sur celle de la pauvre Mme de Chomel'. Je sais que Mme de La Forest' est bien affligée et qu'elle revient au premier jour à Montfort. Vous viendrez peut-être la consoler. En ce cas, je me flatte que j'aurais le plaisir de vous voir, et Mme de Buffon vous en prie avec autant de sincérité que d'empressement. Je suis à Montbard pour jusqu'au 15 d'août, que je retournerai à Paris pour ma réception. Je ne sais pas trop encore ce que je leur dirai; mais il me viendra peut-être quelques inspirations comme à Marie Alacoque, et je ne parlerai pas d'elle de peur du coq-à-l'âne. Je vous prie d'assurer Mme de Ruffey de tout mon respect. Vous connaissez, monsieur et cher ami, tous les sentiments du tendre et inviolable attachement avec lesquels je suis votre très-humble et très-obéissant serviteur.

(Inédite. De la collection de M. le comte de Vesvrotte.)

BUFFON.

XLIII

A LA SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE,

FONDÉE A DIJON PAR LE PRÉSIDENT DE RUFFEY,

Messieurs,

Montbard, le 8 juillet 1753.

Le compliment que vous avez la bonté de me faire est un nouveau suffrage aussi précieux pour moi que celui d'aucune autre compagnie. Il est des temps où les honneurs sont plus doux, et c'est quand on voudrait honorer une Société1 qui nous honore. J'étais dans ce cas, et je suis très-satisfait d'avoir au moins un titre à vous offrir, et quelque chose à joindre aux sentiments de respect avec lesquels je suis, messieurs, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

BUFFON.

(Inédite. Tirée des archives de a Société, aujourd'hui entre les mains de M. le comte de Vesvrotte.)

XLIV

A MM. DE L'ACADÉMIE DE DIJON.

Montbard, le 16 juillet 1753.

Messieurs et illustres confrères,

C'est avec autant de respect que de sensibilité que je reçois le compliment que vous avez la bonté de me faire au sujet de mon éléction à l'Académie française. J'aurais été bien fâché de ne pouvoir compter votre suffrage parmi ceux dont on a bien voulu m'honorer, et je ne puis, messieurs, vous en faire mes remercîments autrement que par les assurances de mon zèle, de ma reconnaissance et

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