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En 1739, dans le temps où, après la mort du prince de Condé, le gou vernement de Bourgogne fut donné au duc de Saint-Aignan, alors ambassadeur à Rome, il commandait encore la province. « Le duc de Saint-Aignan, écrit d'Italie le président de Brosses, m'a beaucoup surpris en me disant qu'il comptait faire sa résidence habituelle à Dijon, et qu'il lui paraissait, par la lettre de son fils, que c'était l'intention de la Cour. Il m'a demandé si cela ne ferait pas de la peine à M. de Tavannes, et quelle maison il pourrait habiter. Je ne comprends pas trop bien ceci; car il n'est pas vraisemblable, ni que l'on ôte le commandement à M. de Tavannes, ni que l'on laisse ensemble dans la même ville un gouverneur et un commandant. Vous savez l'effet de deux soleils dans un lieu trop étroit. »>

Charles-Henri de Saulx-Tavannes était menin de Monseigneur le Dauphin. Il a laissé des mémoires inédits. «Il est à remarquer, dit Courtépée, que les Tavannes ont toujours joint la gloire des lettres à celle des armes. »

Note 3, p. 17. L'hôtel habité par le père de Buffon, et où demeura ce dernier durant le temps où il faisait ses études à Dijon, était situé rue du Grand-Pôtet : c'était l'ancien hôtel Quentin, vendu, après la mort du dernier procureur général de ce nom, à Claude Varenne, avocat célèbre. Claude Varenne, dont la famille était originaire de Semur près de Montbard, et depuis longtemps en relation avec la famille Leclerc, vendit l'hôtel Quentin à Benjamin Leclerc, lorsque, ayant acheté une charge au parlement de Bourgogne, il vint se fixer à Dijon pour y remplir les devoirs de sa place. La rue du GrandPôtet se nomme aujourd'hui rue de Buffon, et, sur l'hôtel habité durant sa jeunesse par le célèbre naturaliste, le conseil municipal de la ville de Dijon a fait placer une plaque de marbre noir avec l'inscription suivante :

Ges Li LECLERC

DE BUFFON,

né le 7 septembre 1707,

habita cet hôtel

de 1717 à 1742.

Note 4, p. 17. - Louis, marquis de Vienne de Commarin, baron de Châteauneuf, après avoir servi avec distinction dans les dragons, fut pourvu, le 29 juin 1697, d'une charge de chevalier d'honneur au parlement de Bourgogne. Il succédait dans cette dignité à FrançoisBernard Sauve, démissionnaire. En 1721, il fut élu député de la noblesse aux états généraux de la province. On s'étonne de le voir chercher à louer une maison à Dijon en 1732. En effet, sa famille, ancienne

et puissante en Bourgogne possédait encore à cette époque deux hôtels à Dijon : 1o l'hôtel de Saint-Georges, bâti en 1430 par un de ses ancêtres, Guillaume de Vienne, sire de Saint-Georges et de Sainte-Croix, ambassadeur du duc de Bourgogne au concile de Constance et premier chevalier de la Toison d'Or; 2o l'hôtel de Vienne, rue SaintÉtienne, construit par Guillaume de Vienne, neveu d'Étienne, comte de Bourgogne.

X

Note 1, p. 17. Jean Folin entra au parlement de Bourgogne le 11 janvier 1715.

Note 2, p. 18. A la suite du mariage qu'il avait désapprouvé, Buffon se décida à demander judiciairement compte à son père du bien de Christine Marlin, sa mère. Ce bien consistait d'abord en une donation faite par Georges Blaisot, alors maître ordinaire de la Chambre des comptes de Chambéry, oncle de Christine Marlin, lors du mariage de sa nièce avec le conseiller Leclerc; mais la part la plus importante provenait d'une seconde donation faite le 21 novembre 1714 à Buffon par Jeanne Paisselier, « veuve de noble Georges Blaisot, seigneur de Saint-Étienne et de Marigny, conseiller-maître auditeur en la Cour souveraine des comptes de Savoie, et directeur des fermes du roi de Sicile, » qui, suivant en cela les instructions de son mari, léguait, avant de mourir, à Georges Leclerc, âgé d'environ sept ans, arrière-neveu et filleul dudit seigneur Blaisot, fils du sieur BenjaminFrançois Leclerc, avocat à la cour, demeurant à Montbard, et de demoiselle Anne-Christine Marlin, son épouse, nièce dudit seigneur, « plusieurs contrats de rente qu'elle avait reçus de défunt son mari.... et qui, montant ci-devant à la somme de 91 800 livres, ne reviennent, en conséquence de la dernière réduction ordonnée par la déclaration de Sa Majesté, qu'à celle de 78000 livres.» Ce fut en partie pour faire emploi de cette somme, que le conseiller Leclerc acheta des héritiers du président Jacob, parmi lesquels se trouvait en première ligne le président Bouhier, la terre de Buffon et une charge de conseiller au parlement de Dijon.

La fortune qui lui était confiée ne prospéra pas entre ses mains. La terre de Buffon fut vendue, et Buffon, craignant de voir sérieusement compromise la fortune assez considérable qui lui était personnelle, actionna son père en justice. Le président Bouhier écrivait à M. de Ruffey, à Paris, à la date du 29 janvier 1733 : « Nous avons

depuis peu ici M. Leclerc de Buffon, votre ami, qui se trouve tristement engagé à entrer en procès avec M. son père par le sot mariage que vient de faire ce dernier. Heureusement le procès n'eut pas lieu. La famille intervint, et obtint que le différend se terminât par une transaction amiablement consentie. Il en résulta d'abord la rétrocession de la terre de Buffon. En 1729, le conseiller Leclerc, sous le coup d'obligations pressantes, en avait opéré la vente au profit de M. de Mauroy; Buffon tenait à une seigneurie dont il portait déjà le nom, et peut-être aussi au modeste manoir où il avait passé ses premières années. La terre de Buffon fut rachetée en son nom et devint sa propriété.

A trente années de distance, en 1771, un nouveau traité de famille intervint entre le père et le fils. Cette fois le conseiller Leclerc abandonna à son fils le reste de son bien, et ce dernier le prit chez lui en pension; ce traité, qui mit fin aux discussions d'intérêt entre le père et le fils, est ainsi motivé: «Entre nous soussignés Benjamin-François Leclerc de Buffon, conseiller honoraire au parlement de Bourgogne, demeurant au château seigneurial de Buffon, d'une part, et nous Georges-Louis Leclerc, chevalier, comte de Buffon, intendant du Jardin du Roi à Paris, déclarons que comme M. Nadault, conseiller au parlement de Dijon, et la dame son épouse, sont sur le point de quitter, nous ledit Leclerc de Buffon, conseiller honoraire, leur père et beaupère, avec lesquels nous demeurons, pour aller s'établir à Dijon, à l'effet par ledit sieur Nadault d'y remplir les fonctions de sa charge; c'est pourquoi nous ledit Leclerc de Buffon père, étant âgé de quatrevingt-neuf ans, nous reconnaissons qu'il ne nous serait pas possible de conduire notre maison seul, n'ayant plus notre fille et son mari auprès de nous. En conséquence, nous déclarons que nous nous départons purement et simplement au profit du comte de Buffon, notre fils aîné du premier lit.... de la totalité de nos biens. >

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Note 3, p. 18. Fils de Pierre de La Mare, conseiller au Parlement, et neveu de Jean-Baptiste de La Mare, alors second président au Parlement.

Note 4, p. 18.

Chartraire de Montigny, trésorier des états de

la province de Bourgogne.

ΧΙ

Note 1, p. 19. Pierre Daubenton, avocat au Parlement, maire, châtelain et lieutenant général de police de la ville de Montbard, subdélégué de l'intendance de Dijon au département de la même ville, colonel des armes de ladite ville et capitaine de l'exercice de l'arquebuse; membre des académies de Lyon et de Dijon, des sociétés littéraires d'Auxerre et d'agriculture de Rouen, membre honoraire de la société économique de Berne, naquit à Montbard le 10 avril 1703 et mourut le 14 septembre 1776. Son frère, beaucoup plus jeune que lui, et qui faisait alors son cours de médecine à Paris, fut le collaborateur de Buffon.

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Note 2, p. 19. - M. de Montigny, sous les ordres duquel se trouvait M. Daubenton, en sa qualité de subdélégué de l'intendance, était alors trésorier des états de Bourgogne. La charge de trésorier des états fut pendant plus de deux cents ans dans cette famille. La seigneurie de Montigny avait été érigée, en 1706, en comté pour François Chartraire de Montigny, conseiller au Parlement et trésorier des états.

Le dernier maire de Dijon, avant les réformes introduites par la Révolution dans l'administration communale, fut le dernier des Chartraire de Montigny, Marc-Antoine, qui exerça cette fonction du 24 février 1790 au 20 novembre 1791. Son élévation donna lieu au quatrain suivant :

Par un choix libre et pur, Dijon vous a fait maire.
Vous avez su monter les cœurs à l'unisson;

Et la reconnaissance, en votant pour Chartraire,

A su mettre d'accord la rime et la raison.

Note 3, p. 19. M. Daubenton avait affermé, moyennant un abonnement fixe, la perception de certains impôts qui devaient être versés dans la caisse des états de la province. Il s'était trompé dans ses calculs; la difficulté que présentait la rentrée de l'impôt, les charges qui lui étaient imposées, avaient rendu sa position fort précaire, et il employa l'entremise de Buffon près du trésorier des états, pour obtenir d'être déchargé d'une partie de ses obligations.

Note 4, p. 19. Louis Leclerc, écuyer, procureur du Roi et syndic au grenier à sel, bailli de Fontenay, juge-prévôt de la châtellenie de Montbard, conseiller-secrétaire du Roi près la chancellerie de Dijon,

né à Montbard le 11 novembre 1646, mort le 1er mars 1734, à l'âge de quatre-vingt-huit ans. Il avait été maire et gouverneur de la ville de Montbard, de 1695 à 1697, en attendant que Jean Nadault son parent, qui était titulaire de cet office, eût atteint sa majorité.

Le grand-père de Buffon mourut à l'âge de quatre-vingt-huit ans; son père vécut quatre-vingt-douze ans, et le naturaliste quatre-vingtdeux.

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XII

Note 1, p. 20. Le 6 juin 1735, on représenta pour la première fois sur le Théâtre-Français la tragédie d'Aben-Saïd, dont l'abbé Le Blanc était l'auteur. Aben-Saïd fut joué à la cour et accueilli avec faveur; imprimé l'année suivante, il soutint à la lecture le succès qu'il avait eu au théâtre. (Aben-Saïd, empereur des Mogols, tragédie en cinq actes et en vers. Paris, 1735, in-8.)

Note 2, p. 20.- La Bourgogne était Pays d'états. Avec quelques autres provinces elle partageait le privilége de s'occuper seule de la répartition des impôts. Les états se réunissaient tous les trois ans, sous la présidence du prince de Condé, gouverneur de la province. Les trois ordres y étaient représentés, la noblesse, le clergé et le tiers. L'évêque d'Autun était président-né de la Chambre du clergé, comme le maire de Dijon était président-né de la Chambre du tiers. La session durait un mois environ. En se séparant, l'assemblée nommait une commission composée de trois membres, pris dans chacun des trois ordres, et qui, sous le nom de Chambre des élus, administrait les intérêts de la province jusqu'à la nouvelle assemblée. Les élus rendaient alors leurs comptes entre les mains de délégués choisis par les états, et qui prenaient le nom d'Alcades. Dans les réunions générales et dans les solennités auxquelles assistaient les états en corps, l'évêque d'Autun avait le pas sur tous les autres évêques de la province, appelés comme lui à faire partie de l'assemblée.

Note 3, p. 20. Jean Bouhier, sacré évêque de Dijon le 16 septembre 1732, se démit de son siége en 1743, et mourut le 15 octo bre 1745.

Note 4, p. 20. Gaspard de Thomas de La Valette, pourvu en 1733 de l'évêché d'Autun, fut remplacé en 1748 par Antoine de Malvin de Montazet, depuis archevêque de Lyon et membre de l'Académie française.

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